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rite étaient des ouvrages de bénédictins du treiziéme
nècle. Si Horace a dit :
Dulce ridcntem Lalagen amaboy
Duke loquentem.'
Lalage n’èft autre choie que la religion* chrétienne,
& le poëte galant n’ell qu’un bénédiétin dévot, qui
célèbre la religion. 11 efl difficile de décider fi le P.
Hardouin étoit de bonne foi dans tous ces paradoxes ;
on pourront même en douter, d’après quelques mots
qui lui échappoient de temps en temps. Un de les
confrères lui faifar.t- un jour des remontrances fur le
tort qu’il fe failbit par la bizarrerie de fes- paradoxes,
croyez-vous donc s lùi dit lé P. Hardoum , que je me
ferai kvé toute ma vie à quatre heures du matin y pour
ne dite 'que ce que d’autres avaient dit avant moi ? S’il
ne crôyoit point aux ouvrages des1 anciens, il n avoit
pas grande foi non plus aux conciles tenus avant celui
de T rente.- Pourquoi donc y lui dit un jour l‘e P. le
Brun de l’Oratoire / avez-vous donné une édition des
Conciles ? Le P. Hardouin fentit la« force de l’bbjeélion,
il répondit :: il. n’y a que Dieu & moi qui le fcachions*
Au refte,< cètte édition des Conciles du P. Hardouin ,«
fut arrêtée par le parlement- fur le rapport de plufieurs
doéleurs en théologie / comme contraire aux libertés
de l’églife gallicane ;Tauteur fut obligé' de faire beau-
coup-dé changements , è e qui në lui eoûtoit jamais
rien-. Ses fupérieurs exigèrent de lui urie rétraéfation de
tous les paradoxes ; il la donna, & confèrva & repro-
duifit.- fes. paradoxeSrfOn peut d’après ces-divers traits ,-
juger s’il étoit la dupe de fes opinions apparentes.
Croyoit-il auffi que Jamenius, Àmauld, Pafcal, Quef-
nel, Thcmaffin , Malebranchey Defcartes, Regis &
tous les eartéfiens fuffent athées y comme il prétendoit
l’avoir découvert & coriime il le publioit ? Quoi qu’il
est foit l’auteur de fbn-épitaphe l’a fuppofè de bonne
foi, & cette épitaphe le peint avec beaucoup de vérité
d’après cette ftippofitioi*:
In expe&atione judicii &
Hîcjacet
Hominum paradoxotatos
Hatione gallus , religions romanus y '
Orbis litterati portçntum :
Vénéra niez anûquitatis culior &
DoÜè febricitans, ^
bomnia & inaudita commenta vigilans edidit y
Scepticum piè egit,
Credulitate puer y audaciâ juvenis , deliriis fenex.
H no verbo dicam :
Hic jacet Harduinus*
L’abbé Desfontaines fa traduite ainfrr
« Dans l’attente du jugement, ci-gît un homnte très-
d amoureux dû paradoxe: ffanéois du nation ,< romain
3> de religion , prodige du monde littéraire ; il cultiva
y> la vénérable antiquité & voulut la détruire : il fut
■ b pendant toute fa vie travaillé d’une doéfe fièvre ,
*» qui lui fit faire en pleine veillé , les rêves les plus
Y inoub* Piçux fceptique, enfant par fà crédulité., jeune
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» homme par fbnaudace, vieillard parlés défirrs, &c.»
Le P. Hardouin a donné une fort belle édition de
Pline le naturatifle , auquel il permettoit d’êtrefancien r
auffi bien qu’à Cicéron.
Un antiquaire trouva un moyen affez plaifant dé
réfuter le fyftême du P. Hardouin -y. fur les médailles, en-
paroiffant l’adopter & même le prouver. Selon le P.
Hardouin, prefqu’aucune médaille ancienne n’eft au-'
thentique , elles ont toutes été fabriquées par les fcéné--
diélins. De plus là manière d’expliquer les légendes des
médailles efl dè prendre chaque lettre pour un mot
entier. L’antiquaire don» nous parlons ,- en expliquant’
ainfi les lettres- ccn.oh. qui fe trouvent fur plufieurs-
médailles, & que tes antiquaires expliquent par ces:
mots Gonflantinopoli obfignatum, y trouvoit la< phrafe
fuivante qui étoit fa propefition du P. Hardouin : Cuß<
Omnes Nummi Ojficind Uenedittinâ.
Le P.'Hardouin a écrit contre la validité des o rd inations
anglicanes du P. LeCourayer, &. fur plufieurs
autres fit jets étrangers ou indifférens à-fes paradoxes •*
favoris, mais qui mus fa plume devenoient de nou--
velles fources de paradoxes.- Il faifoit. fchifme dans fa
fociété, il y cbmptoit des difcâplesparmi lefquelson
nomme le P. Bérruyer.- C’ëfl l’ambition naturelle d’un
état qui femble, ayoir renoncé à toute ambition ; mais
cette ambition« n’étoit pas pleinement fatisfaite chez lé'
P. Hardouintrop de gens dans fbn collège de Louis-
le-Grand y fe refufbient £fés leçons ; &. c’efl-làns doute'
lè fens dé cëfte plainte qui pafoiflbit fi injufte dans
un temps où la fociété offroit tant de perfbnnages distingués
dans les \ç.Ûxzs ï dans cette maifon je trouve à
. qui parler 3 niais je ne trouve pas avec qui parler. Le
P. Hardouin , né à Quimper mourut à Paris en 172.9 y
à quatre-vingt-trois ans..
HARDY y ( Alexandre )' Hiß. Litt. mod. ) mort
vers 1630 y auteur de 600 pièces de théâtre en France y
avant que la France eût un théâtre. M. de Fontenelle
dans fhifroire du théâtre françois , explique fort bien
; cette fécondité y par le degré de mérite des pièces. Au .
; refie, l’efpagnol Lopez de Vega étoit bien plus fécond1
; encore.- On fui attribue deux mille pièces ;• mais ce qui
pourrait étonner bien davantage, c’elVla fécondité;qu’on;
■ attribue aux bons poètes dramatiques grecs.-
HARIOT ou HARRIOT , (Thomas) (Hiß. Litt.
-. mod.j célèbre mathématicien anglois. Sa Pratique de
L’art analytique pour réduire les équations algébriques
a; fait naître fur Hariot & fur Defcartes au fiijêt de'
l’algèbre , une difpute. fémblable à cele qu’on a vu^
naître depuis fur Newton & für Leibnitz, au füjet-, du'
; calcul différentiel & intégral; les Anglois prétendent
, que Defcartes a copié dans l’ouvrage de Hariot ce
? qu’il a écrit fur l’algèbre. Cet ouvrage de Hariot, plein
de découvertes intéreffantes , fut publié en latin , à-
Londres , en 16 3.1.-
HARLAY ou HARLAI y ÇHifl. de Fr. j ancienne
; maifbn venue d’Angleterre , félon les uns; & qui, félon
■ d’autres, tiré, fbn nom de la: ville de Harlai en Franche-
Comté , a produit plufieurs hommes célèbres dans
j l’églife r dans l’épée & dans la robe.
H A R Dans l’églife , quelques évêques & archevêques,
8ont le plus .connu efl François de Harlay, archevêque
de Paris, duc & pair de France, commandeur .
de l’ordre du St. Efprit, l’un des quarante de l’Académie
Françoife; il étoit défigné pour être cardinal, '
^nais il mourut avant la promotion ( en 1695). C’eft
pour lui que St. Clouâ a été érigé en duché-pairie en ..
il 600. Clétoit un prélat homme d’efprit, de moeurs peu
,auflères., dit-on , .6c d’une très-belle figure. Quand il .
Jût nommé à l’archevêché de Paris, on difbit de'iui : ,
Jîormoji pecoris cuflos formojîor ipfo
H étoit de la branche de-Chanvalon ou Champvâlon. .
Dans l’épée., on.trouve dans la branche de Sanci, ;
le fameux Sanci , Nicolas de Harlay, far-intendant des :
finances &. des bâtiments,, premier colonel général des ^
Suiffes. M. de . Sully en dit beaucoup de mal., parce -
qu’il étoit fon ennemi ; mais :5aficî rendit;à Henri,XV, “
‘ le fervice le plus effentiel, lorfqu,a fon.avènement^ il -
. .retint , à -fon fervice ries ^Suiffes ^ qü’il avoit engagés
, au fervice de .Henri.IU- Il avoit été employé dans des .
ambaffades .importantes en AU^nagne# ^n.Angleterre. '
.Mort le 17 oaobre 1629.
Il avoit eu un-fils nommé comme^lui, Nicolas de ;
Jlarlay- de-'Sanél, tué en -1,601, au fiège d’Oftende. %
Dans la branche de .Cèfi,, François-Antoine ^ tué
en Italie le 2.3 ;feptetùbre-1647. B étoit fris de Philippe
Harlay . ycomte de'Cefi, mort en ,-16.32, qui-avoit ;
,été vingt-quatre ans-ambafladeur a Conftantinople ;:c’efr
«celui dont parle Racine ^ans* la préface feJSajdzet. |
Dans la brandie de Champvalon, François-Bonaven-
ture de Harlay, ’lieutenant-général, frère de l’arche-
•vêque de Paris ;>, '.bkfféiVau fiège d’Alexandrie. Mort
-■ le 16 mars 168 2,
Louis de s.Harlay tué au-conibat fre * Senëf en ï 674.
François -de..Harlay, fon fils., tué;,à la bataille,de
“Nerwinde le 29 juillet 1693.
Dans la robe; c’eft fur - tout dans *■ cet. .état que'la
;maifon.:.de Jdarlay .a produit'les hoîpmes ’les ^ plus dif-
-.tingûés.
i°. Chrifrcphe de '■ 'Harlay, féigneur de Beaumont, ‘
!préfident;à mortier au parlement .de Paris. Mort le ,2
. juillet 1572.
20.-Son fils, Achille.de.Harlay., premier5préfident
même parlement de;Paris,, dans.-des temps diffir ;
elles, homme vertueux ;& d’un grand.courage. Quand I
-€e duc,.de-Güife., -peu de jours.après les,barricades^
;alla le voir pour1 le fonder- fur ce qu’il devoit attendre |
«.du parlement,vce digne.magiftrat., du plus loin qü’il j
Uapperçiitx, s’écria: c efl grande pitié^ quand, le valet
chaffe le maître, ; au refie., mon ame efl. entre. Lis nuiins •-
.■ Me' D ieu 3 mon çoips jifl en ja puijfan.ee des méchants.;
. qu’ils en faffent ce qu’ ils voudront. Voyez,A l’article '*
( Clerc ( Bufly le ),, quelle..fut la^çonduite de «ce ma-À
; giflrat, quand ' les Seize.. voulurent forcer le, parlement
la condamner Henri III ,, après la mort des Guifes.
Voyez les _beaux vers , par iefquels M. de Voltaire a ,
. upmortalifé M. de Harlay., dans la Hènriade. C’eft
d’Achille .de.. Harlay, que la terre de Beau- '.
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mont a été érigée en comté par Henri IV. Cette terre
étoit entrée dans la maifon de Harlay , par le mariage
de Germaine Coeur, petite-fille du fameux Jacques
Coeur, avec Louis de Harlay , ayeul d’Achille.
30. Chriflophe II de Harlay., fils d’Achille , am-
bafladeur en Angleterre , fous Elifabeth & Jacques L
( Voyez l’article Essex. )
4°. Achille,JI d$ Harlay j procureur général du parlement
de Paris.
50. Achille III , procureur général , pub premier
président du parlement de Paris en 1689, furladé-
miffion ;«de M . de Novion., magiflrat connu par fa
févérité &. par plufieurs mots piquants,, fe retira en
1707 , & mourut le 23 juillet 1712.
-6°. AchillesJLV jfrb d’Achilles 111, -érocat général,
puis Æonfeiller ^d’état,, mort le 23 juillet 1717 ., eut
une fille unique^ qui, par fon mariage avec Clirifban-
Loub^deMontmorency-Luxembourgprince de Tin-
gry,,; du'7_décembre 17-1 im porta la terre de Beaumont
dans, cette branche deMontmorency-Luxembou rg.
-- 7®.-.Nicolas-Augufte de Harhy , ào. Qéa , concilier
d’état., plénipotentiaire ^ Francfort en ,r681., & à
Rifwick en .1.697. B&t juftement chanfonné dans cette
dernière,oçcauon^ non pour avoir négocié une paix
néceffaire., que la nation,, accoutumée .à l’éclat des
conquêtes à l’injblence des injuftices,, trouvoit hon-
teufe , parce qu’on fendoit qu.eknies places qu’on avoit
eu tort de prendre.ytnab pour s’être.arrêté en.chemin.,
lorfqü’il apportoit «au roi la nouvelle de la paix ., ÿi
s’être.trouvé prévenu lorfqu’il. arriva., Depub;ce temps,., '
la diligence‘ de M. de Celi .étoit paftee ,en proverbç.
« Vraiigmblablement vous, avez pris...des .mémoires de
« M. de Celi, pour avoir fait une,courfe aufti extraor-
» dinaire que ;cefte que vous« avez faite,, écrivoit Racine
à fbn fris.aîné,, qui étant.chargé l’année-:fuivante, de
. porter, des dépêches à M. de Bonrepeauxambafïadeur
de France en Hollande., s’étoit arrêté à Bruxelles-;
mais la tendrefTepaternellesetoit. alarmée trop tôt. M. de
Torci approuva ce féjour,, qu apparemment il . avoit
: ordonné. Racine fait répai^ti.onà fbn.fib dans-lgs .lettres
!fùivante$.
M. de .Celi mourut le ter avril 1704.
8°. Il eut pour fils Louis-ÀcliillesrÀugufte, de ■ Hailayfi
«comte.de.Celi, intendant.de Pau,, puis.de Metz, pub
de Paris,, <5t .concilier d’état, mort le 27. décembre
,1730. C’çil dans .ee magiftrat plaifant.^.caullique , d’un,
efprit très-fran.çois .& de moeurs .très-légères, qu’a fini
■ -cette,maifon.dé graves.iènateurs qui rètraçoienrrefpri-t
antique .&. les , moeurs de Jß république romaine,, ap
..iriilieü de ]a.moiiarchiç.
:HARO., (doip. Louis dèj (Hiß. dEfpl) heritier
fuccefl'eur.dans le.miniftère., du comte-duc d’Olivarès
fon oncle .maternel. Les viciflitudes de la guerre ., la
perte de la .Catalogne.& du Portugal., firent-chafter ,ce
iàmeux Qlivarèç, le Richelieu de l’Efpagnn: au contraire,
dom Louis de Haro rendit fbn crédit inébranlable., en
le fondant fur la paix,,. en méritant que fon.mgître le
diflinguât des autres miniftres,,.par ce fiimom de la
Paix, y dont il lui fit un titre d’honneur en mémoire de
la paix .fies Pyrénées „.conclue en 16.59. Dçm Louis .