
cruauté que fon père ; il fut obligé de céder au roi .
Louis V l I I , les droits, quels qu’ils Biffent , fur le
comté de Touloufe. 11 fut fait connétable fous Saint
Louis en 12.31. Il fit la guerre dans la Paleftine , 6c
fut fait prifonnier dans un combat livré fous les murs
de Gaza. 11 recouvra fa liberté en 1241 , mais il
mourut la même annce à Otrante,
Le comte de Leicefler fe nommoit Simon de
Montfort comme fon père ; pofïédant du chef d’une
ayeule, de grands biens en Angleterre, il s’y étoit fixé ;
plut au roi Henri III, prince léger 6c capricieux;
bientôt fa faveur éclipfa toute autre faveur ; le roi
lui donna en mariage Eléonoie fa fceur, malgré elle 6c
malgré toute fa cour. Quelques-uns difent qué le comte
de Leicefler la féduifit, 6c qu’il força le roi de la lui
donner ; elle étoit veuve de Guillaume Maréchal,
comte de Pembrock , qui avoit été régent d’Angleterre
fous la minorité de Henri III. Le comte de
Leicefler fut -difgracié à fon tour. Le roi lui reprocha
Un jour d’avoir féduit fa femme avant fon mariage ,
& de l’avoir eue malgré lui. Elle étoit préfente. Tous
deux fe retirèrent de la cour. Leicefler alla gouverner
& opprimer la Guienne au nom du roi : cette province
porta fes plaintes à Londres ; Leicefler y paffa
pour fe défendre ; l’ éclair cillement fut v if entre les
deux beaux-frères. Leicefler s’indigna de çe que le roi
da’gnoit feulement écouter fes açcufeteurs. Henri s’indigna
de l’orgueil de Leicefler : celui-ci appel Ig le roi
ingrat ; le roi l’appella traître* Leiçefler eut l’infolence
de donner au roi un démenti. Le r o i , à qui tout le
monde manquoit impunément, parce qiî?il avait manqué
à tout le mondé , fe contenta de fe plaindre de
fa brutalité. Leicefler auffi déyot qu’infolént, lui dit :
I l faut que vous ri allie%jamais à confejfe. Le roi daigna
iui répondre qu’il y ailoit fouvent.— Qn ne le croiroit
point en voyant votre conduite , reprit Leicefler ; que
fert la confejjion jans le repentir I — Je ne me fuis jamais
ta n t rçpenti de rien , dît le ro i, que d’ayoir comblé de
}ierfs un homme tel que vous,
• L e ro i vpuloit faire arrêter Leicefler, mais il vit
tous les barons prêts à fe déclarer en faveur de cet
homme , non qu’ils approuvaient ou fon adminiflra-
tion en Guienne ou fa manière de fe défendre à Lon- :
dres, mais parce qu’ils ne cherçhoient qu’un chef j
centre la tyrannie. Un parlement s’afïemble à Oxford
gn 1258 ; on y forme un cônfeil perpétuel de vingt-
quatre barons , douçe nommés par le r o i , douze par
je parlement, Le comte de Leicefler efl mis à la tête
des douze Barons parlementaires ; ils entrent un jour
tout armés dans la falle de l’ aflemblée. Suis-je prifon-
v\er y demanda le roi en tremblant? Npn , vous êtes
libre , répondit un d’entr eux , mais il faut que la
nationle foit auffi, Ou dreflales fameux flatuts d’Oxford,
qui font époque dans la conflitution angloife, comme
fes deux chartes dont ils font la confirmation l’exten-
fion. Richard , comte de Cornouailles , frère du ro i,
étant abfent, Henri, fils cfe Richard, protefla contre
les flatuts d’Oxford , déclarant que fon père ne les
approuveroit jamais. I l ne çonfervera donc pas un
pouce de terre dans le royauttie, répondit infolerameqt
Leicefler. Il dit à un autre oppofant, frère utérin da
roi : Votre tête répondra de votre obéiffance» Ce-tyran,
ennemi d’un tyran , agifloit 6c parloit en r o i , fous prétexte
de borner l’autorité royale.
Henri III , dépouillé de fa puiflance, eût encore
donné fa couronne pour fe venger du comte de Leicefler,
auquel feul il attribuoit toutes fes difgraces. Sa haine
pour Leiçefler étoit devenue de l’horreur ; il frém floit
a fon nom. Un jour le roi ailoit par la Tamife, à la
Tour de Londres ; un violent orage l’obligea de gagner
promptement la terre. On le defeendit près du château
de Durham ; il y trouva le comte de Leicefler ; il parut
fe troubler à fa vue ; craignez-vous le tonnerre ? lui dit
le comte ; oui, répondit le ro i, mais je crains encore
plus ta prèfence.
Le roi qui avoit approuvé, malgré lui , les flatuts
d’Oxford , les défavoua, & réclama contre : il fallut
que la force en décidât; les barons élurent pour général
le comte de Leicefler. Londres fe déclara pour
eux ; la reine voulant paffer fous le pont de Londres
pour fe fauver de la Tour à Wîndfor, futinfultée par
la populace , qui crioit : I l faut noyer cette forcière, 6c
qui pouffa en effet l’infolence jufqu a jetter de greffes
pierrés dans la barque pour la faire enfoncer. La guerre
eut lieu , tout fut en combuflion dans le royaume ;
le comte de Leicefler fit prifonniers à la bataille de
Lewes , le 14 mai 1264 , lg roi Henri , Edouard fon
fils, & Richard fon frère. Mais qu’y gagnèrent les
barons ? Leiçefler fut un tyran vigoureux, au lieu que
Henri avoit gté un tyran foible. Leicefler fit tout plier
fous un joug de fer, 6c préluda aux fureurs de Cromwel*
Il efl tug lui-même à la bataille d’Evesham , le 4 août
1265 , bataille oii il tenoit à fa fuite le roi prifonnier ,
qu’il forçoit de combattre pour les barons , & qui,
bleffé par ceux qui combattpient pouç lu i , fut obligé
de fe nommer pour échapper à la mort. Ce fut le
prince Edouard , fils de Henri, qui s’ étant fauvé des
fer§ de Leicefler , lui arracha la vie avec l’autorité
qu’il avoit uforpée. Le comte de Leicefler v it fe
perte écrite dans les difpofît-ions de cette journée ; que
Dieu ait pitié de nos âmes , s’écria-t-il en jettant fes
regards fur les deux armées avant le combat, nos
corps font condarnmés à périr ; fon parti le déclara
martyr , 6ç publia qu’il avoit fait des miracles ; car
ce rebelle ( nous l’avons dit ) étoit très-dévot ; il avoit
pour directeur Robert Groffe-tête, évçque de Lincoln,
que quelques hiflqriens appellent bienheureux \ 6c
qui avoit donné au cGrnte de Leicefler la guerre civile
pour pénitence , en lui prédifent qu’il y gagneroit la
Couronne du martyre, flenri remonta fur le trône ;
mais toqt le refie de fon malheureux règne fe paffa au
milieu de ces horreurs; Simon çle Monfort , fils du
comte de Leicefler , voulut venger fon père gomme
le prince Edouard vengeoit le fien : félon que le roi
oq les fearojis étoient vainqueurs ou vaincus, la ty rannie
royale ou la tyrannie parlementaire prenoit le
deffiis.
A travers cette anarchie & pendant la prifon du roi
les repréfentans des Bourgs, nommés par les coïifer-
vateurs des privilèges du peuplç dans chaque comté *
furent féance peur la première fois, au parlement,
où ils furent appelles par le. comte de Leicefler en
12.65. T elle e f l , félon la plupart des auteurs, l’origine
de la chambre baffe ou chambre des communes, époque
mémorable dans la conflitution d’Angleterre.
Cette mai fon de Mont fort tiroit fon nom de la ville
'de Montfort-l’Amauri, ou le lui avoit donné.
De cette maifon étoient Amauri I I I , feigneuf de
'Montfort au onzième fièc le, furnommé le puiffant,
mort d’un coup de lance qu’il reçut dans le château
d’Ivry.
Richard , feigneur de Monfort , fon frè re, mort
,en 1090 , d’un coup de trait à l’attaque du château
de Conches.
La fameufe Bertrade de Montfort , enlevée par
Philippe Ier, roi de France , à Foulques-le-Réchin,
comte d’A n jou , ( Voyez BertradeJ) étoit leur fceur.
En 1543 , dans les guerres du Piémont fous François
Ier, le comte d’Enguien pour la France, & Bar-
berouffe pour la Turquie, ayant réfolu d’afliéger N ic e ,
le commandant qu’ils fcmmèrent de fe rendre , répondit
: je me nomme Montfort, mes armes font des
pals , Scma devifo : Il me faut tenir. Tout cela étoit
fort beau à dire , mais Montfort ne tint point. Il
rendit promptement la ville , mais il prit fa revanche
dans le château, dont il fit lever le fiége au comte
d’Engùien & à Barberouffe.
M O N T F O R T d e B r e t a g n e . {Voyez P e n -
M O N T G A IL L A R D , ) Bernard mm de Percin de ) de Fr. ) On l’appelloit le petit Feuillant & le
TH IÈ VRE . )
Laquais de la ligue, parce qu’il étoit toujours en mou-
i- vement pour la fervir : c’étok d’ailleurs un religieux
plein de zèle & un homme de moeurs auflères ; mais
ce n’efl ni le zèle ni l’auflérité qui manquent à ees
fanatiques qui troublent l’état ou qui perféeutent les
particuliers. Après avoir refufé des évêchés & des
bénéfices de toute efpèçe, il accepta l’abbaye cTOrval,
& y introduit une réforme affez femblable à celle
delà T rappe. On l’avoit fak paffer je ne fais pourquoi,
d’ailleurs qirimporte ? de l’ordre des Feuilkns dans
l’ordre des Bernardins; il avoit beaucoup écrit contre
Henri IV , Il brûla depu;s lui-même tous-fes écrits ; car il
étoit de ceux que l’abjuration d’Henri IV avoit ramenés
fincèrement à ce prince. Il mourut en 1628,. dans
fon abbaye d’O rvaLIl étoit né en 1563»
M O N T G E R O N , ( Louis-Baffle Carré de > ( Hiß.
mod. ) confeiller au parlement de Paris, fils d’un maître
des requêtes, auteur du fameux livre intitulé r La
vérité des Miracles opérés par l- interceßion du bienheureux
Paris. On le mit d’abord à la Baflille. On le
relégua enfuite chez des Bénédiâins dans le diocèfe
d’Avignon , puis à Viviers , puis on l’enferma de
nouveau; ce fut dans la citadelle dé V a len ce , ôc il
y mourut en 1754. Si on lui avoit épargné ou fi on
s’étoit épargné toutes ces inutiles rigueurs , fon livre
en auroit été beaucoup plutôt oublié:
M O N T G O M M E R Y o aM O N G OM E R I , (H iß .
mod. ) efl le nom d’une petite ville d ’Angleterre dans
la principauté des Galles ; c’eft auffi le nom d’un
comté de France dans la Normandie. L ’un de ces deux
endroits a-t-il dorme fon nom à l’autre ? Mais les
lieux ne nous intéreflent ici qu’à caufe des perfonnes. H
y a on il y avoit en Angleterre , une ancienne maifon
de Montgommery : étoit-elle d’origine angloife ou bien
defeendoit-eîle d’une famille Normande qui eût paffe
en Angleterre du temps de Guillaume-le-Conquérant
ou depuis la conquête ? Quoi qu’il en foit, de cette
ancienne maifon de Montgommery , defeendoient par un
puîné, les comtes d’Egîand en Ecoffe, & de ces comtes
d’Egland defeendoit Alexandre de Montgommery , parent
par les femmes, de Jacques Ier, roi d’Ecoffe.
Robert de Montgommery , petit-fils d’A lexandre,
vint d’Ecoffe au fecours de la France, & s’attacha au
fer vice de ce pays vers le commencement du règne
de François Ier.
Jacques de Montgommery fon fils , feigneur de
Lorges dans POrléanois , fut un des plus vaillans
hommes de fon temps ; il efl nommé François par
quelques auteurs : ce fut iui qui, en 15 2 1 , au commencement
de la première grande guerre de François Ier.
contre Charles-Quint, ravitailla Mézières , & qui ,
fuivant Pufage du temps , ou on mêioit toujours les
combats de chevalerie aux opérations militaires , pro-
pofa aux Impériaux un combat fingulier à pied & à la
pique , combat qui fut accepté pour les impériaux , par
un chevalier de la maifon de Vaudrei ; aucun des
deux tenans n’eut d’avantage marqué.
Pendant ce même fiège , le capitaine grand-Jean
Picart, q u i, après avoir long-temps fervi la France 7
avoit paffe au fervice de l’empereur, voulut lavoir
s’il étoit vrai que la place eût été auffi abondamment
ravitaillée que les aflîégés le publioientj ; il envoya
un tambour demander, de fa part, une bouteille de
vin a de Lorges , fon ancien ami. D e Lorges envoya
deux bouteilles, une de vin vieux , une de vin nouveau,
& mena le tambour dans une cave garnie d’une multitude
de tonneaux , mais dont la plupart n’étoient
remplis que d’eau.Telles étoient alors les grandes fineffès
& de l’attaque & de la défenfe.
Le capitaine de Lorges acheta en 1543 , îe comté de
Montgommery en Normandie , qu’il difoit avoir appar-
tv r i aux auteurs de fa race.
Nicolas Pafquier dit dans fes lettres 7 que ce fut fe
capi aine de Lorges Montgommery qui eut le'malheur
de jetter le tifon fatafde Rom.:rentin, dont François Xe*
fut dangereufement bleffé. ( VoytçPol ) ( le comte de
Saint ). S’il p’y a pas là dferreur , cette race de
Montgommery étoit bien fatalement deffinée à punir
nos rois de leurs imprudences chevalerefques , & à lès
bleffer ou à lés tuer , fans aucune intention criminelle,
C ’efl Gabriel de Montgommery-, fils du capitaine de
Lorges , q ui, plus malheureux encore que fon père ,
blefla mortellement Henri II , au tournoy de Fa rue
Saint-Antoine ; mais le tifon de Romortntm fia plus
coupable que la Tance du Tournoy y parce qu’il ne
devoir point abfoîument entrer parmi les armes du
combat de Romorentin ; l’intention n’étoit point coupable
, mais c’étoit une étourderie 6c une imprudence.