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K A B
K a b a n i , £ m. ( Hiß. mod. ) nom qu’on donne dans \
le Levant à un homme public , dont les fondions répondent
à celles d’un notaire parmi nous : pour que
les aâes ayent force en justice , il faut qu’il les ait
dreffés. H a auffi l’infpeéHon du poids des marchandas.
Pccok, Defcription et Egypte. ( A. R. )
KABBADE , ou CABBADE, £ m ( Hiß. mod. )
habit militaire des grecs modernes ; il fe portoit fous
un autre. Il étoit court, ferré, lans plis, ne defeendoit
que jufqu’au joint de la jambe , ne fe boutonnoit qu’au
bas de la poitrine avec de gros boutons ; fe ceignoit
d’une ceinture, 6c étoit bordé d’une frange, que?ia
marche faifoit paraître en ouvrant le kabhf.de. .J@n croit
que c’eft le fagum des Romains, quf aveit dégénéré-'
chez les Grecs ; l’empereur & ie defppte portent le
kabbade pourpre ou violet. ( A. R. '
KABIN ,C m ( Hiß, mod. ) mariage çontîaâé- chez
les Mahométans pour un certain temps feulement.
Le Rabin fe fait devant le cadi, en préfence- duquel
l’homme époufe une femme pour = un certain
tems , à condition de lui donner une certaine fomme
à la fin du terme, lorfqu’il la quittera.
Quelques auteurs difent que le Rabin n’eft permis
que chez les Perfes, & dans la feâe d’Ali ; majs
d’autres afîurent qu’il l’eft auffi parmi les Turcs. Ricaut?
de l'Empire Ottoman» { A .R . j
K A D A R D , ou K A D A R I , f. m. ( Hiß. mod. )
no n d’une fefle mahométane, qui nie la prédeftina-
tio'n dont les Turcs font grands partifans , 6c qui fou-
tient la doétiine du libre-arbitre dans toute fon étendue,
( A. R.*)
KADESADELITES ,£ m. pl, ( Hiß. mod. ) feße
dé mahométans, dont le chef nommé Birgali Effendi,
inventa plufieurs cérémonies qui fe pratiquent aux
funérailles. Lorfqu’on prie pour les âmes des défunts,
l’iman ou prêtre, crie à haute voix auxoreilles du mort,
qu’il fe fouvienne qu’il n’y a qu’un dieu 6c qu’un ,
prophète. Les Ruffiens & d’autres chrétiens renégats
qui ont quelqu’idée confufe du purgatoire & de la
prière pour les morts, font attaches à cette feéte. Ricaut
detEmp. Ottom. (A . R . 1) 9
K AD OLE , f m. ( Hiß. mod. ) miniflre des chor
fes fecrettes de la religion, aux myfteres des grands
dieux. Les hàdoles étoient chez les, Hétruriens . &
chez les Pélafges , ce qu’étoient les Camilles chez les
Romains. Us iervoient les prêtres dans les facrifices,
dans les fêtes des morts oc des grands dieux. (A. R.)
K A D R I , f. m. ( Hiß. mod. ) efpèce de moines turcs
qui pratiquent de très-grandes auftérités ; ils vont tous
nuds, à l’exception des cuiffes, en fe tenant les mains
joiptçs, & danfent pendant fix heures de foite, 6c
mêmô quelquefois pendant, un jour entier fans discontinuer
, répétant fans ceffe hu, hu^hu9 qui eft
un des noms de Dieu, /.ffqu’à ce qu’ils tombent à
terre la bouche remplie d’écume , & le corps tout
couvert de fueur. Le grand vifir Kuproli fitfupprimer
cette feéle comme indécente, & comme deshonorante
pour la religion mahometanè ; mais après là mort
elle reprit vigueur & fubfifte encore aujourd’hui, Voyez
Cantemïr , H ifi. Ottoman. ( A . R . )
KÀIN ( Henri - Louis Le ) ( Hijl. Litt. mod. )
_â6ieur jiont la mémoire ne périra jamais chez les
amateurs de la tragédie, étoit né .à Paris en 1729*
Avantdê déhyteç,à la Comédie Françoilè , il s’étoit
exerçé chez'M. de Voltaire , à Paris, fur un théâtre
particulier.‘Mt de iVoîîaire l’appeîloit fon grandabîeur,
fon Garrick, fônfnfaht chéri, & cependant il ne le
vit-jamais fiir le Théâtre François ; tout le temps que
Le Rain ai .occupé la foène , mefure exactement le
, temps qu M» de Vo^aire a été abfent de Paris. Le Rain
débuta :en, I77Q, ? peu de temps après le départ de
M, de Voltaire pour la Pruffe ; & quand M. de Vol-
-t^irey âgf :de quatre-vingt-quavre ans , revint triom-
;pHer & mourir dans là patrie, après-vingt-fept ans
,d’abfonce , il apprit que Le Rain, fur lequel il comptoir
pour embellir fon triomphe , venoit de mourir le
8 février È778. Perfonne n’a mieux peint que M, de
de la Harpe , ie talent de cet afteur, -
« Ce fentiment profond de la tragédie , cette ex-
” preffion fi frappante de toutes les paffions, dont
n la vérité n’étoit jamais au-deffous des convenances
” de l’art ni de la dignité de la fcène , a été le talent
» particulier de l’aéteur que nous pleurons , le principe
” de fes liiccès, & ceux qui ont vu le plus ancienne-
” ment, notre théâtre, avouent que dans cette partie ,
» perfonne n’a pu lui être comparé.
»7 II ne falloit rien moins que cette lènfibilité fi
» heureufe 6c fi rare pour vaincre les difficultés qui
» s’offrirent à lui au commencement de fa carrière 6ç
” fuppléer à ce qui lui manquoit du côté des avanta-
” tages extérieurs & des dons naturels. On lui repro-
» choit, lorfqu’il parut, les défauts de la figure & de
” la voix. C ’eft ici que l’art & le travail vibrent
»» à fon fecours. Il s’accoutuma à donner à fa phyfio-
v nomie & à fes traits , une expreflion vive & mar-
” quée , qui en faifoit difparqître les défagréments. li
” mt dompter fon organe, naturellement un peu lourd,
le plier à la facilité du débit , néceüaire dans
n les moments tranquilles ; car, dès que fon rôle je
« permettoit., fa voix , en fe paffionnant, devenoiç
” intéreffante, & portoit au fond de Pâme ,les accents
» de l’atnour malheureux , de la vengeance , de la
n jaloufie, de la fureur, 4u dçfefpoir. , , , t c’étoiçqt
K A L
» ces cris déchirants que la douleur arrête au paflage,
» 6c qui n’eu vont que plus avant dans le coeur ;
n c’étoient de ces fanglots, tels qu’on les a encore
» entendus dans Vendôme avec tant de tranfport, lorf»
n qu’il difoit :
Vous avez mis la mort dans ce coeur outragé.
» Ces grands effets n’ont été connus que de lui , &c
i, c’eft ainfi qu’il étoit parvenu non-feulement à faire
n oubli,t les .défauts de fon vifage mais même à
v produire une telle illufion , que rien n’étoit plus
w commun que d’entendre des femmes S’écrier., en
»»voyant Orofmane ou Tancréde : comme il efi beau !
n ‘mpuvement qui leur faifoit honneur , & qui prouve
»> qu’aux yeux des femmes qui connoiffent le prix de
j> l’amour, la véritable beauté de l’homme eft la fen-
v fibilité de fon ame , 6c que le plus: beau de tous eft
v celui qui fait le mieux les aimer...........
- » La fatigue de fes rôles étoit en proportion de la
w fenfibilité qu’il ÿ mettoit. Son expreflion. . . . étoit
» le tourment d’une ame bouleverfée, qui retenoit en-
77 core en-dedàns plus qu’elle ne produifoit au-dehors ;
>7 fes cris & fes larmes étoient des fouffrances ; le feu
7? fombre & terrible de fe s regards , le grand caraéfère
, »7 imprimé fur fon front , la contraction de tous fes
77 miifcles , le tremblement de fes lèvres, le renver-
77 fement de tous fes traits, tout manifeftoit un coeur
» trop plein, qui avoit befoin de fe répandre, & qui
J7 fe répandoit' fans f e foulager ; on entendoit le bruit
77 de l’orage intérieur ; 6c quand il quittoit le théâtre,
77 on le voyoit encore comme l’ancienne Pythie, acca-
77 blé du Dieu qu’il portoit dans fon fein 77.
Voilà ce qui n’a pu être ainfi obfervé , ainfi exprimé
que par un auteur de tragédies, qui a lui - même le
talent d’un, excellent aâeiir.
Le début de Le Rain dura dix-fept mois , au travers
des applaudiflements du, public & des contradictions
particulières. Le parterre le défendit contre les
loges, ce qui n’tft pas à la louange des Loges. Louis XV
prononça entre ces deux puiffances, endifànt: il ma'
fait pleurer, moi ne pleure guère, Le Rain fut reçu
fur ce mot.
: On a retenu de lui une réponfe noble & fenfée à
un militaire , qui comparant fon traitement avec celui
d’un aCleur , en prenoit occafion de parler des comédiens,
avec ce mépris que l’ignorance 6c la fotîilè
voudraient pouvoir conferver pour leur état en jouit
fant de leurs ' talents : eh ! compte£ - vous pour rien ,
Monfieui , lui dit Le Kain , le droit que vous croye£
avoir de me dirè en J ace, tout ce que je viens. £ entendre
!
KALENTAR ou KALANTAR , £ m. (Hiß.
mod. ) c’eft ainfi qu’on nomme en Perfe, le premier
m'agîftrat municipal d’une ville, dont la dignité répond
à celle de maire en France. Iï eft-chargé de recueillir
les impôts, & quelquefois il fait les fonctions de fout-
gouverneur. (A . R. )
KALLAHOM, f. m, ( Hiß.mod.) c’eft un despre-
K A N a f f
miers officiers ou miniftres du royaume de Siam, dont
là place lui donrie le droit de commander les armées 6c
d’avoir le département delà guerre , des fortifications,
des armes, des arfenaux 6c magafins. C’eft lui qui fait
toutes les ordonnances militaires; cependant les élé-
phans font fous les ordres d’un autre officier ; on prétend
que ceux des armées du roi de Siam font au nombre
de dix mille ; ce qui cependant paroît contre toute-
vraifemblance. ( A . R. )
KAMEN , ( Hiß’ mod. ) Ce mot fignifie roche en
langue ruffienne. Les nations Tartares & Payennes
qui habitent la Sibérie ont beaucoup de refpeét pour
les roches, fur-tout celles qui font d’une forme fingu-
lière ; ils croyent qu’elles font en état de leur faire du
mal, & fe détournent lorfqu’ils en rencontrent dans
leur chemin ; quelquefois pour fe les rendre favorables,
ils attachent à une certaine diftance de ces kamens on
roches, toutes fortes de guenilles de nulle valeur. Voyez
Gmelin , voyage de Sibérie. ( A. R. j
KÂM-HI, ( Hiß. de la Chine ) célèbre empereur
de la Chine , contemporain de Louis X IV , & qui
avoit auffi de- la grandeur.- Il-étoit petitrfils du.prince
Tartare qui avoit Conquis-la Chine en 1644. Il monta
fur le trône en 1661 , & mourut en 1722. Il aimoit
les foierièes SC les arts de l’Europe , il cherchoit à
s’en inftruire ; 6c par cette raifon , foufiroit dans fes
états les miffionnaires Européens. Ces millionnaires disputèrent
furJes cérémonies religieufes de la Chine;
les Jacobins, en haine des Jéfuites, jugèrent les Chinois
athées , 6c accusèrent les Jéfuites d’une indulgence
trop politique pour cet athéïfiïre. Cette queftion eil
encore aujourd’hui un problème.
Quand on dit que ICam-Hi aimoit les feiences, il
faut comprendre que c’étoit, avec les reftriétions que
le defpotifme apporte toujours à toutes les inclinations
vertueufes,: par exemple, il vouioit favoir la géographie
, mais il trouvpit .fort mauvais qu’un empire aufii
noble que le fien , 6c qui avoit été conquis par fon
iaïépl, ne fût pas placé au centre du monde , 6c il
l’y fit placer dans la Carte Çhinoife du monde , qu’il
fit faire à Pékin, par le jéfuite Matthieu Ricci. E11
effet , un defpote eft fait peur corriger la nature ,
quand elle ne- fait pas fon devoir & qu’elle arrange
mal les chofes ; 6c Xerxès châtia bien fHellefpont,
qui avoit manqué de refpeéf à fes vaiffeaux.
On dit que Ram-Hi poüfToit fort loin la curio-
fiîé,- qu’il vouioit tout Connoître par lui-même, 6c
faifoit des expériences fur tout. Un jour il s’enivra
pour connoître les effets du vin. Peut-être ne croyoit-
il pas que cette liqueur osât troubler la raifon d’un
defpote comme celle d’un homme ordinaire.
KAN , f.m ( Hiß. des Tartar. ) titre de grande
dignité chez les Tartares. Nos voyageurs écrivent ce
nom de fix ou -fept manières differentes , o mme
Kan , Kaan , Khan, Khagan, Ram y Chdam, Cham ,
& ces variétés d’orthographe • forment autant d’articles
d’une même chofe , dans le Diétionnaire de Trévoux.
T eus les princes ou fouverains des peuples tartares
qui habitent une grande partie du continent de TAfie,