
S'ils n étoicnt pas toujours heureux ,
Iis favoient eu moins être fages.,
On fait ce grand mot de l’antiquité, Spartam naElus
es , hànc orna : u vous avez rencontré une ville de
» Sparte, fongez à lui fervir d’ornement ». C ’étoit un
proverbe noble , pour exhorter quelqu’un dans les
occafions importantes à fe régler, pour remplir l’attente
publique , fur les fentiments & fur la conduite
dés Spartiates. Quand Cimon vouloit détourner fes-
compatriotes de prendre un mauvais parti : « penfez
s> bien , leur difoit-il, à celui que fuivroient les Lacé-
» démoniens à votre place ».
Voilà quel étoit le luflre de Cette république, célèbre
, bien fupérieure à celle d’Athènes ; & ce fut
le fruit de la feule légifîation de Lycurgue. Mais, coiîirne-
l’obferve M. de Montefquieu, quelle étendue de génie
ne fallut-il pas à ce grand homme , pour élever ainfi
fa patrie ; pour voir quen choquant les ufages reçus,
en confondant toutes les vertus, il montroit à l’univers
fa fageffe î Lycurgue mêlant le larcin avec l’efprit
de juflice, le plus dur elclavage avec la liberté,
des fentiments atroces avec la plus grande modération
, donna de la fiabilité aux fondements de fa ville,
tandis qu’il fembloit lui enlever toutes les reffources ,
les arts^ le commerce, l’argent, &. les murailles.
On eut à Lacédémone, de l’ambition fans elpérance
d’être mieux ; on y eut les fentiments naturels : on n’y
étoit ni enfant, ni père, ni mari ; on y étoit tout à
l’état. Le beau fexe s’y fit voir avec tous les attraits
&. toutes les vertus ; & cependant la pudeur même
fiit ôtée à la chafleté. Cefl par ces chemins étranges
, que Lycurgue conduifit fa Sparte au plus haut
degré de grandeur ; mais avec une telle infaillibilité
de fes inijitutions , qu’on n’obtint jamais rien contre
elle en gagnant des batailles. Après tous les fuccès
qu’eut çette république dans des jours heureux , elle
ne voulut jamais étendre fes frontières : fon feul but fut
la liberté , &. le feul avantage de fa liberté fut la
g’oire.
Quelle fbciété offrit jamais à la raifon un fpeélacle
plus éclatant & plus fublime î Pendant fèpt ou huit
fiècles, les loix de Lycurgue y furent obfervées avec
ia fidélité la plus religieule. Quels hommes aufliefli-
mables que les Spartiates, donnèrent jamais des exemples
aum grands, aufîi continuels, de modération , de
patience, de courage , de tempérance , de juflice &
d’amour de la patrie ? En lifànt leur hifloire, notre
ame s’élève, & femble franchir les limites étroites
dans lefquelles la corruption de notre fiècle retient nos
foibles vertus,
Lycurgue a rempli ce plan fublime d’une excel-?
lente république que fe font fait après lui Platon,
Diogène , Zénon , & autres, qui ont traité çette matière
; avec çette différence , qu’ils n’ont laiffé que
des difeours , au lieu que le légiflateur de la Laconie
n’a laiffé ni paroles, ni propos; mais il a fait voir au
monde un gouvernement inimitable, & a confondu
ceux qui'préiendoient que le vrai fage n’a jamais
exiflé, Çefl d?après de feçiblables confédérations,
. qu’Arifrote ri*a pu s’empêcher d’écrire , que cet homme
fublime n’avqit pas reçu tous les honneurs qui luî
étoiènt dus , quoiqu’on lui ait rendu tous les plus
grands qu’on puiffe jamais rendre à aucun mortel, &
qu’on lui ait érigé un temple , oit . du temps de
Pàufanias, on lui oftroit encore tous les ans , des fàcri-
fices comme à un dieu.
Quand Lycurgue vit fa forme de gouvernement
folidement établie , il dit à* fes compatriotes qu’il
alloit confulter l’oracle , pour fa voir s’il y avoit quelques
changements à faire aux loix qu’il leur avoit
données ; & qu’en ce cas, il réviendroit promptement
remplir les décrets d’Apollon. Mais il réfolut
dans fon coeur de ne point retourner à Lacédémone,
Jk- 'déüftir fes jours à Delphes , étant parvenu à l’âge
où l’on peut quitter la vie fans regrets. Il termina la
fienne fècrettement, en s’abflenant de manger; car il
étoit perfuadé que la mort des hommes d’état doit
fervir à leur patrie, être une ”fuite de leur miniflère,
& concourir à leur procurer autant ou. plus de gloire ,
j qu’aucune autre aéfion. Il comprit qu’après avoir exécuté
de très-belles chofes , fa mort mettroit le comble
à fon bonheur, & affureroit à fes citoyens les biens
qu’il leur avoit faits pendant fa v ie, puifqu’elle les
obligeroit à garder toujours fes ordonnances, qu’ils
avoient juré d’obferver inviolablement -jufqu’à fon
retour.
Dicearque , pour qui Cicéron témoigne la-plus
grande eflime, compola la defeription de la république
de Sparte. Ce traité fut trouvé à Lacédémone
même, fi beau, fiexaél-, & fr utile, qu’il fut décidé
par les magiflrats, qu’on le liroit tous les ans en public
, à la jeuneffe. La perte de cet ouvrage efl fans
doute très-digne de nos regrets; il faut pourtant nous
en confoler par la leélure des anciens hifloriens qui nous
refient ; fur-tout par celle de Paufanias & de Plutarque,
par les recueils de Meurfius, de Cragius , & de Sigc-
nius , & par la Lacédémone ancienne & moderne de
M. Guillet, livre favant & très - agréablement écrit
{ D J . )
LA C T ANCE , ( Lucius-Cælius-Firmianus-Laélan-
tius) ( Hifl. Eccléf, ) un des pères de l’églifè , un des
défenfeurs de la foi. Il enfeigna la rhétorique à Niço-
médie , fous Dioclétien ; Conflantin lui confia l’éducation
de Crifpe fon' fils. Qn l’appeiloit le Cicéron
Chrétien. L’abbe Lenglet a donné une édition de fès
oeuvres en deux volumes i/2-40. en 1748. Son Traité le
plus cité efl celui delà Mort des Perfécuteurs, dont la première
édition a été donnée par Baluze, d’après un ipanul-
crit de la bibliothèque de Colbert. Le but de l’auteur efl
de prouver que les empereurs Romains qui ont per-
fécuté les Chrétiens , ont péri miférablement, ce qui
n’efl pas vrai de tous. L’inconvénient de çes fyflêmes
contraires aux faits, efl de détruire la confiance ôide
décréditer une bonne caufe. On doit à la Vérité l’hommage
de ne la défendre qu’avec les armes de la vérité,
LaElance mourut l’an 325.
LACYDE , ( Hifl. anc. ) philofophe grec , natif
de Cyrçne, difciple dArcéfila6 , & fon fucceffeurdans
•dans la feéle appeilée la fécondé Académie ; Attale ,Roi
de Pergame , lui donna un jardin pour philofopher ;
car les anciens philofophes grecs prenoient pour philofopher
, le temps dé la promenade, & pour ecôle ,
des lieux propres à cet exercice. Platon donnoit fes
leçons dans l’Académie, cefl-à-dire, dans un champ
couvert d’arbres fur les bords du fleuve IlifTus ; ce
champ ou cette forêt, avoir appartenu autrefois à un
particulier, nommé Académus , & retint ce nom
d’Académie :
Atque inter fylvas Academi quoerere verum,
Ariflote enfeignoit dans le Lycée , lieu pareillement
foacieùx & couvert d’arbres, & fes difciples furent
npmmés Péripatéticiens , parce qu’ils philofophoient
en fe promenant. . .
Un vafle portique où l’on pouvoit fe promener a
couvert, étoit l’école de Zenon. |
Epicure philofophoit dans des jardins. s
En Angleterre, autour d’Oxford, ville dUmv.er-
iité , où il y a un grand nombre de jardins charmants
; Tefpace du ciel, l’ombre, l’eau , d’agréables
allées, un air pur, un exercice doux &. modéré, la
liberté toujours plus grande en plein air & dans lé mouvement
de la promenade que dans un endroit enfermé
, mettentTefprit dans la fituation la plus propre
à concevoir & à recevoir des idées, & le difpofent
à connoître, .à fentir, .à goûter les plaifirs purs de
l’intelligence & de la vérité. ^
Lacyde ne voulut jamais s’établir à la cour du roi
fon bienfaiteur. Le portrait même des rois , difoit-il,
ne doit être regardé que de loin. Ses principes, comme
ceux dé fon maître, étoient ceux du pyrrhonifme. Ses
-élèves , fes domefliques , quand il les trouvoit en
faute, lui oppofoient fes propres principes , comme
Sganarelle à Marphurius, dans le Mariage forcé j, & il
.étoit obligé de répondre comme fait en fubflance
Marphurius : Mes amis , nous parlons dune façon
dans L’école , & nous vivons dune autre^ dans la maifon.
Lacyde mourut d’un excès d’intempérance , encore'
comme Arcéfilas fon maître. Il vivoit environ deux
Üècles & demi avant J. C.
" LAD A , f. nr. ( Hifl. mod.) du faxon ladian , figni-
fie une purgation canonique ou manière de fè laver
d'une aceufation, en faifant entendre trois témoins pour
fa décharge. Dans les loix du roi Ethelred, il efl fou-
yent fait mention de lada fimplex, triplex* & plena.
La première étoit apparemment celle où l’acdifé fe
juflifioit par fon feul ferment ; la fécondé celle ou il
produifoit trois témoins, ou comme on les nommoit
alors conjuratores, &. peut-être étoît-il du nombre.
Quanta la troifiéme efpèce, 011 ignore quel nombre
de témoins étoit précifément requis pour remplir ia
formalité lada plena { A. R.')
LADISLAS, {Hiji. mod.) nom porté par plusieurs
rois de Hongrie, de Pologne , 6cc. & par
quelques autres fouverains.
L adisdas I , roi de Hongrie, depuis 1077 juf-
Hijioire. Tome PII.
qu'en .1095, fut un conquérant & un faint II fut
canonifé par le pape Céleftin I I I , en 1198.
L adislas I I , parmi les rois de^ Hongrie , &
fixiéme parmi les rois de Pologne , périt malheUreu-
fement à la bataille de Varnes en 1444. Sur ce point
& fur les circonflances de cette affaire , voyeç l’article
Cesarini (Julien).
L adislas III, roi de Pologne en 1297 > gouverna
mal, & fut chafle ; il fut rappelle > & gouverna bionr
II mourut en 1333 , laiflant un nom relpeélé. Il avoit
inflitué en 1325 , l’ordre de i’Aigle-Blanc.
Ladislas V , dit Jagellon , grand - duc de Lithuanie
, étoit payen i il fe fit baptifer pour époufer
(en 1386 ) Hedwige,.reine de Pologne, fille de Louis,
ce fameux roi de Hongrie. ( Voye^ A njou ) Par ce
mariage, Ladiflas unit la Lithuanie à la- Pologne. Il
refufk le trône de Bohême , que les Huffïtes révoltés
lui offrirent pour venger la mort de Jean Hus. Il mourut
en 1434 , après un long & fage règne.
Ladislas - Sigismond VII , çoi de Pologne &
de Suède , remporta de grands avantages fur les Turcs
& fur les RufTes, & laifta un nom glorieux. Son règne
efl de 1632a 1648.
Sur Ladislas, roi de Naples, fils de Charles, de
Duras, & frère & prédéceffeur de Jeanne fécondé ,
voye£ l’article A njou.
LÆLIUS , ( Hifl,. Rom. ) Il y a eu deux Lcclius
célèbres dans l’Hifloire Romaine, tous deux confuls ;
l’un, l’an 564 de Rome; l’autre, l’an 614 ; tous deux
nommés Caïus, mais le premier fùrnommé Nepos,
le fécond Sapiens ; tous deux attachés à Scipion
l’Africain, mais le premier ayant fervi feulement fous
le premier Scipion l’Africain , en Efpagne & en
Afrique, & ayant eu part aux viéloires remportées
fur Afdrubal & fur Syphax : c’efî celui qui paroît
dans la Sophonisbede Corneille ; le fécond efl beaucoup
plus célèbre par fon amitié pour lé fécond
Scipion l’Africain ; c’efl lui qui donne fon nom au
Traité de l’Amitié de Cicéron; c’efl lui qui, dans ce
traité , dit ces belles paroles : Sed tarnen recordatione
nößree amïciticc fie fruor, ut beate vixijfe videar,, quia
cum Scipione vjxerim : qupchm mihi conjunêla cura de
re publicâ & de p rivât d fuit : quocum & domus fuit &
militia communis & id in quo efl omnis vis amicitioe ,
voluhtatüm, fludiorum , fentehtiarum fiumma confenfio.
C ’efl lui qü’Horace ne fépare jamais de Scipion-
Emilien, fon ami :.
Nurn Lcdius , aut qui
Duxit ab opprefsd meritum Carthagine nomen.,..,
Virtus Scipiadoe & mitis fapientia Ltzli.
On a dit aufli que ce fécond Lcdius avoit eu part,
ainfi que Scipion fon ami, aux comédies de Té-
; rence. -
LAERCE. Koy’i D iogène.
LAET ,■ (Jean de {Hifl. Lit. mod. ) homme favam
pour fon temps, en hifloire &• en géographie, auteur
de plufieurs ouvrages, auxquels les preffes d’Elzévir
N n