
,11 tut quelque .jteçsps. confedler au parlement deBor-
, deaax mais cette .profeâion n’avoit point pour lui
, d ’attraits. Son père avoit été - maire de la ville de
Boçdeaux ; il le fut auffi en i ç Si ; il fiiccéda dans
.--cette place, au. maréchal de.Biron , 3c il y eut pour
fucceiièur le maréchal de Matignon. ■ Charl.es IX lui
-avoit donné Je jcoîl;er.- de /l’ordre, de Saint- Michel,
celui du Saint - Efprit n’étoit pas encore inftitué. Il
>.mourut en 1 592., ayant vu jufiju’à iix rois. G’eft yoir
trop de rois & pour-eux &. pour foi-même,
M O N T A IG U ., ' ( Hift. de.F r.) nom d’une illuftre
. maifon d-Àuvergne , dont étoit Guérin de Montaigu,
- le quatorzième & L’un des plus céièbres.grands-maîtres
de 1 ordre de Saint-Jean-de-Jérufalem, qui réiidoit
. alots à Ptolémaïde ou Saint-jeaii-d’Acre. Il fut élu l’an
12 0 6 , chftffa les Turcs de l’Arménie l’an 1209 ;. il
le fignala en 1 2 1 9 , à la prife de Damiette.. Il mourut
en 123.0, comblé de gloire , redouté des Turcs
.. & regrette de tous les princes chrétiens. Cette maife -
de Montaigu fubfifte encore dans, les marquis de Bou-
zols & vicomtes de Beaune.
Gilles ou Gui.llaume-Aicelin de Montaitgu- ( ca r .il
eft appelle de. ces deux cjîfterents .noms .de Gilles ou
de Guillaume., par différents auteurs) fut. cardinal-
, évêque de -Téiouane , & .chancelier de France. Il
Suivit le roi Jean à Bordeaux & en Angleterre , -aprçs
lia fusiefte bataille de -Poitiers j il tenoit les .fceaux eii
Angleterre auprès du roi prilbnnier ., & . on a des
lettres feeffées -de lu i , datées d’Angleterre. En 13 58,
il fe retira en Auvergne ; en 1.360, le roi le rap pèlia
auprès de lui .; il fut fait cardinal en 1361 ,&t mourut
.è Avignon en 1378/ Voici le Jè témoignage que lui r
rend Froiffart : alors étoit chancelier de .France un
.moult Juge homme & vaillant , qui étoit .nommé -
meffire. Guillaume. de Montaigu , évêque de Térquane , •
-par leqaehçonfeilon befogn/t en-Frahce ,& bien le valait
,çn tous états; çarfoh cçnfiil étoit;bon & loyal.
M O N T A G U o ttM O N T A IG Ü , ( Jean de ) (Hijl.
de Fr. )L o r fqu e le cruel Jean, duc de Bourgogne,
.après avoir affafftné /on coufin le duc (^Orléans., 1
frère deCbjariës .V I , revint, la force à la main, avouant j
fon., crime , olant le juftifier, Redonnant à la'France :
-ce grand 'fçandale-d’une apologie publ ique d e l’affàf-
Jmat du frète du ro i, prononce, devant toute lanceur , -1
dçv^nr.tous les, corpé de l’état ^.devant: le:peuplemême,
par un prêîre-.& un religieux.5. il s’empara du gouvernement,
.& l’autorité refia entre , ies mainsdii. crime ; '
de duc de Bourgogne avoit déjà furpris la-confiance du
peuple , i l . fefauûra encore en failànt trancher la tête '
à Mostaigfifurintendant deshnances, coupable fans
doute de: quelques- déprédations , mais puni-feulement ■
pour .avoir, déplu .au duc. de .Bourgogne, félon i’ufage ..
ficon n u d e rendre injufte par le motif 8t par la ma1-
r.iùie, ce qui pourrait .être jufte au fond. Montaigu ,
fut jugé.par des commiffaires en 1409.y c’eft dé lui,
qu’un,céiçftin de Marcoiiffy, dit,à François Ier. , qui/
n’avoit.pas été condamné pàrjiigëÿ, àirts par coinmiffaires.
MmtaipiSm réhabilité dans lâ fuitepar le partiorléanois, '
peut- c rre .ayqc- auffi peu de j uft jçç 3 Haine |
du.duc de Bourgogne. Ses richeffes & fon- éndrme ptuf„
fance cle-poioient-contre lui ; la profpérité avôit fait fer
lui ’ fon effet ordinaire. On raconte que, Sëjan, au moment
de fa difgrace , appellé deux fois en plein fénat,
par le. conful Régulus, ne répondit point, parce que
dans le , cours de ià longue puifiance, ;il avoit perdu 1 habitude de recevoir des ordres. Ce fut par une difpo-
fition à-peu-près femblable, que quand ' le prévôt de
Paris , des Efforts, arrêta Montai gu , celui-ci lui dit:
Ribaud, comment es-tu fi. hardi de moi attoucher ?
Un frère de Montaigu, nommé Jean,. coiqme lui
évêque de Chartres , puis archevêque de Sens &
. chancelier de France, fut tué.à la-bataille . d’Azipcourt,
. Ce prélat, dit un auteur du temps, fut peu plaint, parce
que ce h étoit pas f in office*
,Un autre frère àeiMpntdigu, nommé Gérard, fût
, évêque de Paris, & mourut en 1420.
.Tous trois ëtoiént fils de Gérard de ; Montaigu^
fecrétaire du roi. Charles V , tréforier de fes Chartes, s
& maître des comptes, m'ort le 1.3 juillet 1-391.
JL®' fils de .Jean de Montaigu 3 décapité en 1409,
' .fut. Charles de Montaigu, , vidëme. de Laorinôis 2
feigneur de MarcoulTy, tué à la batâilled’Azincourt
C ’eft par Jacqueline, une de fés fceùrs;, que la terre d e
Marcoufly. ôc d’autres , biensdes, Montaigu , ont pafié
dans là mailon d e Gra ville.
jLe nom de Montaigu ou Mountagu;, a été' porté
auffi en Angleterre, pâ-r plufiéurs perfonnages dignes
de. mémoire. ^C’étoit .celui; :
i°. D ’un lord , frère de .ce fameux | comte de
W arwiçk , tour--à-tour l’appui & la ten eur des deux
Rofes rivales d’Angleterre. .jLe, lord de Montàigû. fet
tuéavf.c .le comte de:Warwick fon- f r è r e à la bataillé
- de Barnet, qu’ils.perdirent contre Edouard I V , le
.3 avril .-1.471.
Il y. a en Angleterre .une atscienne. maifon.de, Mon-
[ tajgu, dont les .deux principales branches ont été lçs
Montaigu du comté de;Northampton , & les comtes
de Salisburi.î'Ceux de Northampton fé font '^diftingués
par leur a:tachement à la, maifon Stuart dans'les temps
; les.plus difficiles. X e lord Montaigu de Bougthon.,
dans le comté - de Northampton, fouffrit pour la caufe
de Charles ,1er, ,& fut empriformé par ordre du par«
lëment ; fon frère Henri ', lord .Montaigu . de "Kym-
bolton dans le comté ..de -Manchçfter , fu t tréforier
d’Angleterre . & garde , du fceau privé fous le même
Charles Ier.
-Edouard , .fils de Henri, concourut au -rétablilfe-
ment de.Charles I I , & fut. fon chambellan.
vUn autre , - le lord Montaigu de Skint-
Neots, fit p^fer au fèrviee du même Charles I I , la
flotte.angloifequ’il commandqiu II fut tué le 26 mai
1672 , dans un .combat naval , entre .les flottes; aiigloife
& hoiiandoHè.
C ’étoit un Montaigü c^À étoit.ambafïadëur d'Angleterre
en France , dans le temps dé la-mort d'e'Màda'ms
Henriette-Marie d’A n g l e t e r r e n o u s avorrs de lui
fttr cette mort, des- lettres adreflées au comte d’Ar-«
lineton, fecrétaire d’état.
Xe fsm^Uk çonlte de î îa life f ,çhahcdièr ëfë l’ééhi
| vqpier
quicr fous Guillaume III , & auteur des billets
de l’échiquier , & d’autres établiffements utiles au
commerce & aux finances ^’Angleterre , difgracié
fous la reine An n e , en 1 7 1 1 , dans le temps de la
trêve,-fuivie de la paix d’Utrecht, régent du royaume
après la mort de la reine Anne, jufqu’ à l’arrivée du
roi Georges Ier. , ayant beaucoup contribué à fixer la
. fuqceffion dans la maifon de Hanovre, rentra , fous
Georgès Ier. , dans tçms fes emplois , & y mourut le
3-0 mai 17 15 . Il étoit 'Montaigu de la branche de
Northampton.
Vers le même temps , un lord Montaigu étoit
ambaffadeur à Conftantincple. C ’eft à lady Wortley-
Montaigu fa femme que l’Angleterre a dû la
méthode de l’inoculation. V o ic i eeque M. de Voltaire
écrivoit -à ce fujet en 172 7 , avant que perfonrfe
connût en France cette Méthode. « Mme de Wortley-
» Montaigu, une dés femmes 'd’Angleterre qui a le
» plus d’efprit & le plus de force dans Tefprit, - étant
v avec fon mari en ambaffad'e’ à^ Confrantinopîe ,
» s’avifà de donner lans fcrupiile , la pétite vérole à
» un enfant dont elle étoit accouchée en ce pays ; fon
y> chapelain eut beau lui dire que cette expérience
yy n’étoit point chrétienne , & ne poüvoit réuffir que
yy chez des^ infidèles, le fils de Mn-îe Vortley s’en
» trouva à merveille. Cette dame , de retour à Lôn-
- yy dres , fit part de fon expérience à la princeffe de
» Galles , aujourd’hui reine , ( c’étoit la princeffe
Guillelmine,- Dorothée - Charlotte de Branaebourg-
Anfpach , femme de Gerges II. ) Dès que cette
» reine eut entendu parler de l’inoculation ou infertion
yy delà petite vérole , elle en fit faire l’expérience fur
» quatre criminels condamnés à mort, à qui elle fauva
yy doublement la v ie .. . . . Affurée de l’utilité de cette
yy épreuve, elle fit inoculer fes enfans. L’Angleterre
» fuivit fon exemple ; & depuis ce temps -, dix mille
» enfants de famille , au moins, doivent ainfila vie
» à la reine & à Mme W ovt\ey-Montagu, & autant de-
t> filles leur doivent leur beauté ».
On nous a fourni fur Mme de Montaigu & fur fon
fils, les anecdotes fuivantes.
Miîadi Montagu avoit été fort liée avec Pope ;
elle lui écrivoit de Conftantinople, & plufiéurs de
fes lettres ont été imprimées & traduites. Us fe brouillèrent
, Sl l’on'en ignore la caufe.
Miladi Montagu , pendant l’ambaffade de fon mari
à la Porte , eut , dit-on , la curiolîté d’entrer dans
,1’intérfeur du ferrail. On prétendit que le grand-feigneur
l’y avoit reçue lui - même , & qu’elle avoit eu les
honneurs du. mouchoir. Ce bruit fit fortune à .Londres :
on accufa Pope d’en être l’auteur, & l’imputation
n’étoit pas fans fondement. Un ami de l’ambaffadrice
' s’en p’ aignit à Pope lui-même, qui répondit : Dieu
nie garde d avoir jamais imaginé que milady Montagu
ait couché avec le grand-feigneur , tout au plus avec
quelques-uns de fis janijfaires. Cette cruelle & brutale
plaisanterie fut rapportée à milady , q u i, dès ce mo-
tneiat* ne, refpira que la haine Jk. la vengeance.
Elle écrivoit de Florence, à une de fes amies : « Le
p mot de malignité me rappelle la nïalfaifante guêpe
Hiflaire. Tome III.
» de Twickenham ( 1 ). Ses menfonges ne m affeélent
n» plus. On ne peut que le méprifer comme les contes
» du ferrail & du mouchoir , dont je fuis bien per-
» fuadée qu’il eft feul l’ inventeur. O t homme a un
» coeur méchant & bas ; il eft allez v il pour prendre le
» malquè d’un moralifte, afin de décrier à fon aife
» la nature humaine, & de couvrir dfon voile décent
» la haine qu’il porte aux hommes ».
Pope écrivoit dans le même t'mps à un de fes
amis qui voyageoit en Italie : « Vous me parlez de
» la réputation que mon .ancienne -ccnno;ffance lady
» Marie s’t ft faite dans toute l’ Italie , mais vous ne
» vous fouciez pas de me dire, & je ne me foucie
v guère d’apprendre quels font les titres qui lui ont
» acquis cette ^grande réputation. Je voudrois cepen-
» dant que vous me dîniez ce q u i, de l’avarice ou
» de la galanterie , domine le plus dans fon cara&ère ».
Pope publia quelque temps api e s , une Imitation en
v e r s , de la première fatyre du fecond livre d’Horace.
Il y déftgne une femmé , fous le nem de Sapho ,
par deux vers dont voici la traduélion :
D e Sapho n’attends pas un traitement plus d oux,
■’ Son amour empoifonne, & fa haine déchire.
Le mot anglois ( 2 ) que je traduis ici par empoi-
finne, a dans l’original, une toute autre énergie, que
le bon goût comme la décence, ne permet pas de
rendre dans nôtre langue. On appliqua ces vers fan-
glahs à milady Montagu : Pope fe defendit de l’application
; mais on ajoute peu de foi aux defaveux dos
poètes fatyriques. Milady elle-même ne douta point
que ce ne fût elle que Pope avoit eue en vue ; à ce
nouvel outrage, elle ne garda plus de mefure , & fe
vengea avec lés mêmes armes.
Elle fit imprimer une fatyre en v e r s , contre Pope ,
la plus amère, la plus violente. & la plus cruelle
peut être ou’i-1 y ait en aucune langue ; on a peine à
y reconnoitre: le ton d ’une femme du monde, aimable
polie ; mais on y trouve autant d’efprit que de
fureur. C ’eft fous ce point de vue , un des monuments
les plus curieux de la littérature.
Milady Montagu a compofé d’autres petites pièces
de poëfie d ’un goût plus délicat & d’un ton plus
convenable à foii /exe , à fon rang & à fes talens :
la plupart roulent fur la galanterie ; & ce qui les ca-
-raétérife en général, c’eft l’efprit , l’élégance & la
fineffe ; on y trouve-, moins d ’imagination & de fer.fi-
bilité. Quelques-unes mériteroient qu’on les traduisît
dans notre langue , mais en les revêtant des ornemens
de la verfification , finis lefquels ces jeux d’efprit perdent
néceffairement prefque tout ce qu’ils ont de piquant.
Lady Mary-Wortley Montagu furvécut de plufiéurs
années à.fon époux Edouard-Wo.rtley Montagu , q ui,
dit-on , mounit fubitement, fans avoir eu le temps
( 1 ) Twickenham eft un village près de Londres *
ou Pope avoit une jolie maifon.
( 2 ) Pqx’d b y her love.
G g g