
à affe'rmrr fa puiffance par l’équité, la douceur, la
clémence , ne foutint pas langrtems.ee caraélère qui
n’ctôit qu’emprunté. Si le mafque de la modération
couvrit fon naturel cruel & avide jufqu’à ce qu’il
eût étouffé toute étincelle de divifion 8c de révolte,
P énergie de fon ame féroce fe déploya dans la fuite
avec d’autant plus de violence qu’elle avoit été contrainte.
Guillaume devint le fléau des peuples qu’il
. avoit juré de protéger ; il traita les Anglois, non en
iiiiets , mais en efclaves ; il les accabla d’impôts , les
. dépouilla.des charges, des titres, des fiefs dépendans
delà couronne, pour les diffribuer aux Normands;
il leur ôta leurs loix,. 8c leur en fubftitua d’autres ;
il ne vouloit pas même leur laiffer l’ufâge de leur langue
naturelle : il ordonna qu’on plaidât en Normand ;
& depuis , tous les aéles furent expédiés en cette langue
,- jufqu’à Edouard III ; il régna par la crainte,
mourut peu regretté de fa famille, 8c détefté de fes
fûjétSr ( A , R. )
G uillaume II , dit le Roux> fils du précédent,
lui fuccéda en 1087, & fe montra encore plus dur,
plus cruel que fon père. En recevant le fceptre il fit
de belles promeffes à la nation , 8c les oublia dès qu’il
les eut faites. Rien ne pouvoit affquvir fa férocité ;
rien ne pouvoit fàîisfaire ’fon avarice infatiabîe. Il
foula aux pieds les loix divines 8c humaines ; infolent
dans la- profpérité, lâche dans l’adverfité, i! fut attaqué
d’une maladie dangereufe, il fembla reconnoître
la juftice divine qui Te punifloit de fa tyrannie; il
promit de régner avec plus de modération, s’il recouvrait
la famé ; ilia recouvra pour le malheur de
Tes peuples, qu’il traita aufli inhumainement qu’au-
paravant. Ses fuccès à la guerre enflèrent fon orgueil,
& il s’én férvit pour appefantir le joug fous lequel il
lès tenoit afièrvis. Un flèche lancée au hazard par
un de Tes eourtifans dans une partie de chaife , frappa
Guillaume au coeur ; il mourut de cette bleffure en
ïEOOy avec la réputation d’un tyran; car tel efl: le
litre que tous les hifïoriens lui donnent. ( A . R. )
G uillaume III y prince d’Qrange, né à la Haye
en itiy o, élu ftâdhouaer dé Hollande en 1672, avoit
époufé une fille de JacquesII , roi d’Angleterre. L’attachement
dé ce monarque pour la religion catholique
, avoit indifpofe contre lui îe parlement 8c la
nation entière ;' peut-être eut—if éprouvé te fort du
malheureux Charles I , s’il eût exilté alors . un fécond
Cromwel, Les Anglois moins implacables dans leur
reffentiment y fe contentèrent d’inviter Guillaume,
gendre de Jacques II,. à venir prendre le fceptre qui
s’échappoit des mains de fon beau-père. On fait avec
quelle promptitude , avec quelle habileté le prince
d’Orange, profitant des eirconffânces, pàffa en Angleterre.
en 1688, 8c obligea le roi’ à renoncer à là
couronne, 8c à fortir de la Grande-Bretagne. Il con-
fèrva encore le ffadhoudbrat mais tes Anglois qui
l’avoient appelle, cefïerent de l’aimer dès qu’il devint
leur maître; ils ne pouvoient- fe faire à fes ma- ;
nières fières, auflères & flegmatiques' qui cachoient
pne ame ambitieufe , avrdede gloire & de puiffance;
Us lui firent éffuyer des défegrémens, & il aüoit fe
confolèr à- la Haye des mortifications qu’on lui dors*
noit à Londres : on difoit. qu’il n’ètoit que fiadhoucfer
en Angleterre, & qu’il étoit çoi en Hollande. II paraît
même que fa haine contre la France faifoit tout
fon mérite auprès des Anglois, comme elle fit toute
fe célébrité. 11 mourut le 16 de mars de l’année
1702. ( A, R. )
( On réduit ici à trop peu de chofe le mérite dé
Guillaume III, grand prince, grand général; plus grand
politique, qui, dans fa rivalité avec Louis XÏVj
parut le défenfeur de la liberté de l’Europe , et qui
dans fa rivalité avec Jacques I I , parut le fàuyeur.
de l’Angleterre. Tempérament foible, ame forte *■
efprit étendu, pénétrant 8c fage, câra&ëre froid y
mélancolique 8c févére ; ambition démefurée fous les-
apparences de la modération, aétivitéfourde 8c couverte
qui s’annonçoit par de grands effets, machiavellifîne
fecret, qu’il ne s’avouoit peut-être pas à lui-même, mais*
qu’il pratiquoit fans fcrupule dans l’occafion; .plus de
talens que de foccès , plus de fuccès que d’éclat, plus
de gloire que de vertu: voilà Guillaume J}
G U I L L E M E A U , (Jacques) (Hiß. Litt, mod.]
difciple d’Ambroife Paré , a donné au public la
Chirurgie de fon maître, des Tables Anatomiques 8c
un Traité des Opérations. Il étoit chirurgien ordinaire
des rois Charles IX & Henri IV. Il ponédoit les langues
fçavantes, 8c connoiffoit l’antiquité,. Mort en 16 12
GUIMPE, , f. f. (Hiß. mod.) partie du1 vêtement
des religieufes ; c’efl une efpèce de bande ou de mou-;
choir dont elles fe couvrent le cou 6c la poitrine«- ■ S i
GUISCARD ou GUISCHARD , fiftobeii) (H iß
de Fr. & dItalie.') un des conquérants Normands, fondateurs
du royaume de Naples 8c de Sicile ; il fut
duc de la Pouille 8c de la Calabre. L’Italie étoit alors-
partagée entre les empereurs d’Orient 8c d’Oceident. La
partie méridionale étoit remplie de petits-prinees Grecs*.
Lombards 8c Italiens ; les Sarrafms- s’étoient emparés
de la Sicile, d’oü ils iriquiétoient fans eeffe toutes lès
autres puiffances de l’Italie. Robert Guifcard contint
les Sarrafins , refferra les empereurs d’Orient 8c d’Occi-
dent,-8c porta le trouble 8c les orages jufqu’à la cour,
de Conftantinopïe. H enleva Salerne a fes princes par—
ticuliers. Le pape Grégoire VII , fous la- protection
duquel fé mirent les vaincus , 8c qui aimoit à protéger
8c à humilier les fouverains & les conquérants,-excommunia
Robert Guifcard ; celui-ci, après la- mort du
dernier duc de Bénévenf, de la race Lombarde,,
conquit le Bénéventin,- 8c fit préfent de Bénévent au-
St. Siège- Grégoire VII alors donna Tabfolution à
Robert Guifcard. Ce conquérant, qui fçavoit fi bien
irriter Sc appaifer lès papes * mourut en 1085 âgé de
80 ans.
GUISCARD. (Voye^ Bôurlie.}
GUISCHARD, (Charles) (Hiß.- mod.) colonel a»
fervice du roi de Prufle, auteur de Mémoires Militaires
fur les Grecs & fur les Romains, où le célèbre
chevalier Follarcf efl un peu déprimé, 11 faut entèijdrq.
tout le- monde.-
GUI§E. Voye^ LoRRAlKE;-
CWTJON, ( Jean ) (ffifl. de Fr.) L;s Hochelols J
Bans le temps où ils étoiènt affiégés par le cardinal
d ê Richelieu, fen t6i8 ) forcèrent Jean Guiton d’ac-
cepter la place de maire de leur ville; vaincu par
fiàportuôité * cet homme prend un poignard, 8c dit
à fes concitoyens : « je ferai maire, puifque vous le
w rodez , mais je ne le ferai qu’à condition que vous m’au-
m tordrez tous à plonger ce poignard dans le fein du
w pretnief qui parlera de fe rendre ; je demande quon
t) eq ufe de meme à mon égard, fi Jamais je propofe
p <fe capituler, 8c j’exige que ce poignard refte pour
•> cef ufâge for la table du lieu oit nous nous affem-
i> blons â» Tout le monde entra pour-lors dans fes |
fendments ; mais lorfque la famine eut prefque entiè-
rement dépeuplé la ville , il fallut bien ceder au fort
& parler de le rendre : Guiton feuî étoit inflexible, 8c
rappellôitle? engagements qu’il avoit fait prendre : la
Röchele, lui difoi&on, n’a plus de défenfeurs : Eh ! ne
fußt-ilpas, répondit Guiton , quily refie unfeul habitant
peur en feiiner la porte à nos tyrans ? C ’étoit de cet
ènthoufiafme de religion 8c de liberté , ainfi que des élé-
inens qu’il avoit fellu triompher pour prendre laRochelle.
. GUNDEMAR, roi des Vifigôths , ( Hiß. dE f-
Jagne. ) aimé de fes fujets, qu’il ne cherchoit qu’à
1 rendre heureux , refpe«é des nations voifines , 8c
redoutable aux ennemis ; Gundemat mérita d’être élevé
fur le trône, oîi les fuffrages réunis de fes concitoyens
le placèrent après là mort de l’ufurpateur Witeric,
lâche affaflin qui avoit poignardé fon maître, le fils de
Ton bienfaiteur, 8c qui, devenu par fes crimes, l’objet
de l’exécration publique, périt lui-même fous le fer
des confpifateurs. A peine Gundemar fut proclamé ,
en ?rio » qu’il s’appliqua à rétablir la bonne intelligence
entré & nation & les François. Quelques hiflo-
riens: afsûrent cependant qu’il acheta la paix au prix
cPnn tribut annuel qu’il s’obligea de payer a la France ;
fi ce fait eft exaè , il ternit la gloire de Gundemar, 8c
il la ternit d’autant plus, qu’alorsles Vifigôths recevoient
des tributs, 8c n’étoient point accoutumés à en payer ;
mais leur roi étoit preffé de terminer cette guerre pour
aller réduire les Galcons, qui avoient recommence les
hoftilités; il fe jetta dans leur pays, fuivi d’une armée
nombrèufe f le ravagea , y mit tout à feu 8c a fang ,
les contraignit d’abandonner leurs villes , leurs villages,
& d’aller fe cacher derrière les montagnes. Après cette
expédition, Gundemar, de retour à Xofede > aflembla
lea ivêqués * 8c ils firent quelques canons , les uns
concernant la difcipline eccléfiaftique , 6c le plus grand
nombre relativement à l’adminiflration ..civile ; le. roi
approuva* ces canons 8c les figna. Gundemar s’occapoit
de ces règlements utiles ; quand il apprit que les troupes
de l’empereur venoient de fairp ime incurfion for les
terres d« foü royaume ; il fe mit a-uiîi-tôt à là tête des
Goths, 8c marcha contre les Impériaux: ceux-ci ne fe
croyant point ,afiez forts pour combattre une telle
armée ; fe retirèrent dans leur camp, qu’ils fortifièrent ;
mais Gyp/cmar rendit cette précaution inutile : il attaqua
les Impériaux dans leurs retranchements, lesTorça,
Içs battit ,• fes contraignit de fe retirer en défordre^, &
dans leur fuite en maiiacra la plus grande partie. Cette
viSoire âfsûra poür plusieurs années la paix auxVifi-
goths, que la valeur de Gundemar xendoit trop redoutables
, pour qu’aucune puiffance étrangère entreprit
de leur déclarer la guerre. Le fouverain viâorkux
rentra dans fes états, .8c convoqua un concile, où furent
faits encore de nouveaux règlements for différentes
parties du gouvernement civil. Peu de jours
après là dernière féance de ce concile , Gundemar
tomba malade 8c mourut, quelques fecours qp’on eût
pu lui donner, en 6 12 , après un règne glorieux 8c
très-court, puisqu’il rfoccupa le trône qu’environ deux
années ; les grandes efpérances qu’il avoit données ,
les talents qu’il montra , fa piété fans fanatifme, fe
valeur 8c fa>juffice , le firent regretter amèrement : les
Vifigôths perdoient en lui leur Bienfaiteur , l’appui, le
père de l’état. (L . C.)
GUNTHER , ( Hifi. Litt. mod. ) Gunther, poète
allemand célèbre, 8c notre Rouffeau étoient contemporains
; l’un 8c l’autre adreffa une ode au prince
Eugène , l’un 8c l’autre fut malheureux. Gunther vécut
méprifé de fe nation qu’il illuftroit, perfecute de fe
famille , qui révère aujourd’hui fe mémoire, abandonné
de fon père, qui n’apprit à le connoître qu’après
fe mort. Il fçut, conferver de la grandeur d’ame dans
l’opprobre 8c dans la misère. Gunther mourut à vingt-
huit ans ; peut-être ne put-il foutenir la confufion que lui
caufa une aventure affez bizarre. Il devoit ptrë pre-
fenté au roi de Pologne, Augufte II. Un poète de la-
cour , jaloux de fe réputation naîffante , mêla ce jour-
là même dans fe boiflon quelques drogues.qui 1 enivrèrent
; il parut devant Auguffe dans cet état ridicule 8c
indécent ;il tomba en fe pr-efence, 8c fe couvrit de honte
aux yeux de toute la cour,
GUSTAVE ERICSON V A SA ; (Hifi.de Sued.)
roi de .Su,ede, né au milieu des ftrojfoles qu’avoit fait ,
naître l’union de Calmar , cemptoit des rois de Suède
parmi fes aïeux, entr’aiitres ce Charles Canutfon détrôné
tant de fois , 8c t;ant de fois rappelle. Marguerite
avoijt feule joui paifiblement de la triple couronne ,
le traité de .Calmar qui réunifiait les trois royaumes
fous un même chef., étoit fon ouvrage, La .Suède ne
tarda pas à réclamer .contrece traité., 8cles fréquentes
infractions que les foccefièurs de Marguerite y avoient
faites, furent le prétexte de là révolte; cet état occupé
fens eeffe a lutter .contre toutes les forces de la monarchie
Danoife , n’ofoit encore fe donner un roi ;
mais il choififfoit un chef affez femblable- .aux diâa-
teurs-de Rome, .8c .qui , fon? le titre modefte d’ad-
miniffratepr, .étoit pins puifiant .que les rois memes*
Guflaye avoit eu fous les yeux pendant, fe jeuneffe le
fpeôacle des malheurs de fe patrie, L’adminiftrateur
Steenfture, fon parent, l’admettoit à fon 'çonfeii ; il
en étoit l’oracle, fia haine du nom Danois, le mépris
des plaifirs, l’amour de la patrie, l’ambition de l affranchir
pour régner for elle, un genie précoce, la prudence
de l’âge mûr jointe au feu du bel âge, des
gr.aces fens apprêts, une éloquence naturelle, carac-
térifoient le jeune Guflave ; il etoit difficile de le voir ,
de l’entendre, fens foupçonner qu’il feroit un jour le