
lîiière queftion : y a-t-il eu un Lockman? Ualcoraft
parle du fage Lockman ; on le met au rang des anciens
febu iiles, des inventeurs de l’apologue, on le prend
pour
Le !age par qui fut ce bel art inventé.
Mais le portrait qu’on en fait donne lieu de croire
qu’Efope & Lockman ne font qu’un même perfon-
nage. Les Arabes ont-ils emprunté l’apologue des Grecs
ou les Grecs des Arabes ? on n’en fait rien encore j
4>n préfume feulement que l’apologue a dû naître dans
l’Orient, patrie du defpotifme, ôc par cette raifon-là
même, berceau des hiéroglyphes, des emblèmes ÔC des
allégories, par la néceffité que l’orgueil de la tyrannie
impofe d’y déguifer les leçons, qu’elle hait toujours,
parce qu’elle en a toujours befoin.
LOCUSTE, (Hijl. Rom.) célèbre empoifonneufe
dont Néron fe fervoit contre fes ennemis, quand il
manquoit de prétextes pour les livrer aux fopphces
Ou pour leur commander de fe donner la mort. Il
s’en fervit contre Britannicus , & Racine en parle
dans la tragédie qui porte le nom de cet infortuné
prince. La fameuje Locujle.
LOEWENDAL, ( Ulric Frédéric Woldemar ,
Jointe de) ( Hijl. mod. ) maréchal de France, chevalier
des ordres du roi , l’un des honoraires de
l ’Académie des Sciences, Ôcplus que tout cela, l’un
des généraux qui ont le plus allure à la France, fous
le régné de Louis X V cette fupériorité peut-être
■ fimefte , qu’elle avoit eue long-temps fous Louis XIV ,
iùr les autres nations de l’Europe. Né à Hambourg ,
en 1700, il avoit lèrvi dès 1713 , & d’abord comme
fimple foldat, il avoit pâlie par tous les grades de la
milice. Avant de fe fixer en France, il avoit fervi
la plûpart des puiffances de l’Europe, il s’étoit attaché
tour-à-tour au Dannemarck , à l’Empire, à la Pologne
, à la Ruffie. Il étoit à la bataille de Peterwa-
radin , au fiége de Temefwar, à la bataille & au
liège de Belgrade, à toutes ces expéditions célébrées
par Rouffeau, & dire qu’il y étoit, c’eft dire qu’il
s’y diftingua. Il fit enfoite la guerre en Italie ,• toujours
avec le même éclat, il défendit Cracovie, après la
mort d’Augufte , roi de Pologne, arrivée en 1733. Il
fit les campagnes de 1734 ot de 1735 , fur le Rhin.
Il commanda les armées Ruffes , dans la,Crimée ôc
dans l’Ukraine, enfin il vînt en France ; il y obtint
•a 1743 le grade de lieutenant général : en 1744,
il étoit aux lièges de Menin , d’Yprès , de Fumes ôc
de Fribourg ; il fut bielle à ce dernier ; en 1745 , il
•commandoit le corps de réferve à la bataille de Fon-
îenoy, ôc contribua beaucoup à la victoire. Il prit
dans la même campagne Gand, Oudenarde, Oftende,
Nieuport. En 1747, il fit les lièges de l’Edulè ôc du
Sas de Gand ; mais ce fut fur-tout la prilè de Berg-
op-zoom, place devant laquelle avoient échoué le duc
de Parme, en 1588, & le marquis Spinola, en 1622,
qui mit le comble à la gloire de M. de Loewendal,
oc qui lui valut le bâton de maréchal de France. 11
prit cette place d’affaut y le 16 i^ptembre 1747? &■
déitlentit pleinement cette adreffe fafhieufe qifo p’of*
toient dix-lept grandes barques chargées de provifions ,
qu’il trouva dans le port, après avoir pris la place i
à l’invincible garnijon de Berg-op-çoom. Cette adréfie
ne fut qu’un titre de gloire de plus pour celui qui
avoit fait perdre à cette gamifon ce titre dinvincible ;
la paix fùivit de près cet utile ôc admirable exploit,
& le fouvenir de tant d’exploits fi rapides ôc fi brillans
du maréchal de Saxe, ôc du maréchal de Loewendal,
fi digne de s’affocier à fà gloire , faifoient refpeéler
cette paix, lorfque par un malheur que la France elle-
même regarda comme un figne de réprobation pour
elle, nous perdimes ces deux héros, l’un à cinquante
ans , (le maréchal deSaxe, en 1750) l’autre à cinquante
cinq (le maréchal de Loewendal, en 1755)
dans le court intervalle de la paix de 1748 à la guerre
de 1756. Le maréchal de Loewendal a laiffé un fils,
François-Xavier-Jofeph comte de Loewendal.
LOGES , ( Marie Bruneau , dame des ) ( Hijl.
Litt. mod. ) bel efprit très vanté dans les écrits de Ion
temps, morte en 1641, inconnue aujourd’hui ; elle
avoit époufé Charles de Rechignevoifm, feigneur des
Loges, gentilhomme de la chambre du roi, elle étoit
tante de madame d’Aunoy , bel efprit plus connu
qu’elle.
LOGNAC , ( Hijl. de Fr. ) ennemi des Guilès ,
capitaine des quarante-cinq qui poignardèrent le duc
de Guife le balafré ; il fut aufîi un de ceux qui, dans
l’imprudence de leur zèle, maflacrèrent Jacques Clément,
qu’il falloit conferver avec tant de, foin. Il fut tué lui-
même dans la Gafcogne fon pays , où il s’étoit retiré.
LOGOTHETE, f. m. ( Hijl. mod. ) nom tiré du
grec Aoyoç , ratio, compte , & de t ith/u , établir.
Le Logothete étoit un officier de l’empire grec , &
on en diffinguoit deux ; l’un pour le palais, oc l’autre
pour l’égiife. Selon Codin , le logothete de Péglifè de
Conflantinople étoit chargé de mettre par écrit tout
ce qui concernoit les affaires relatives à l’églife , tant
de la part des grands, que de celle du peuple. Il tenoit
le fceau du patriarche, ôc l’appofoit à tous les écrits
émanés de lui ou dreffés par fes ordres.
Le même auteur dit que le grand logothete , c’eft
àinfi qu’on nommoit celui du palais impérial, mettbit
en ordre les dépêches de l’empereur , ôc généralement
tout ce qui avoit befoin du fceau ôc de la bulle d’or :
c’étoit une efpèce de chancelier ; auffi Nicetas expl:-
que-t-il par ce dernier titre celui de logothete. ( A . R.)
LOHENSTEIN, ( Daniel Gafpard de ) ÇHijf. Litt.
mod. ) poète Allemand , qui a fait faire les premiers
pas à la tragédie dans fon pays. A quinze ans il
avoit donné trois tragédies applaudies. Né en Siléfie,
en 1635, mort en 1683. if étoit confeiller de l’Empereur
, ôc fyndic de la ville de Breflau.
LO I, propojhion & fanüion dune, {Hijl. Rom?) c’eft
un point fort curieux dans l’hiftoire romaine que
l’objet de l’établilfement d’une loi. Nous avons donc
lieu de penfer que le leéteur fera bien-aife d’être inf-
truit des formalités qui fè prarquoient dans cette
occafion*
Celui qùî »Voit deffein , dans Rome, d’établir
quelque lo i, qu’il favoit être du goût des principaux
de la république, la communiquoit au fénat, afin
qu'elle acquît un nouveau poids par l’approbation
da cet illuftre corps. Si au contraire le porteur de h
loi étoit attaché aux intérêts du peuple , il tâcboit
de lui faire' approuver la loi qu’il vouloit établir,
fans en parler au fénat. Il étoit cependant obhge
■ d’en faire publiquement la leéfore , avant que d en
demander la ratification , afin que chacun en eut
connoiflance. Après cela, fi la loi regardoit les tribus
, le tribun faifoit afïembler le peuple dans la.
place ; & fi elle regardoit les centuries, ce premier
màglftrat convoquoit l’afTemblée des citoyens dans
le champ de Mars. Là, un crieur public répétât mot-
à-mct la loi qu’un fcribe lui lifoit ; enfuite , fi le tribun
le permettoit , le porteur de la lo i, un magntra ,
& quelquefois même un fimple particulier, autorile
par le magiflratpouvoir haranguer le peuple pour
rengager à recevoir ou rejetter la lo i Celui oui
réuftifroit à faire accepter Id. loi , en étoit appellé
l’aiteur.
Quand il s’agiffoit d’une affaire de Conféquence ,
on portoit une urne ou cadette , dans laquelle on
renfermoit les noms des tribus ou des centuries,
félon que les unes ou les autres étoient affemblees.
On remuoit enfuite doucement la caffette , de^ peur
qu’il n’en . tombât quelque nom ; ôc quand ils etoient
mêlés , : on les droit au hazard ; pour lors , chaque
tribu ôc chaque centurie prenoit le rang de fon billet
pour donner fon fuffrage. On le donna d’abord
de vive voix ; mais enfoite il fut établi qu on remet-
troit à chaque citoyen deux tablettes , dont 1 une
rejettoit la nouvelle loi en approuvant Iancienne,
ôc pour cela cette tablette étoit marquée de la lettre
A , qui fignifioit ancienne ; l’autre tablette portoit
les deux lettres U. R. c’eft-à-dire , foit fait comme
vous le demandez , uti rogas.
Pour éloigner toute fraude, on diftribuoit ces tablettes
avec beaucoup d’attention. On élevoit alors
dans la place où fe tenoient les affemblees, plufieurs
petits théâtres ; fur les premiers qui étoient les plus
élevés, on pofoit les caffettes où étoient renfermées
les tablettes qu’on délivroit à ceux qui dévoient
donner leurs fiiffrages ; ôc fur les derniers étoient d’autres
caffettes où l’on remettoit lefdites tablettes qui
portoient le fuffragé. Delà vint le proverbe , les
jeunes gens chajfent du théâtre les fexagènaires, parce
qu’après cet âge ? on n’ avoit plus de droit aux
charges publiques.
On élevoit autant de théâtres qu’il y avoit de tribus
dans les affemblees des tribus, favoir 35; ÔC
dans les affemblees de centuries, autant qu’il y avoit
de centuries; favoir , 193.
Il faut maintenant indiquer la manière de donner
les fuffrages. On prenoit les tablettes qui étoient à
fentrée du théâtre, ôc après l’avoir traverfé, on les
remettoit dans la caffette qui étoit au bout. D’abord
après que chaque centurie avoit remis fes tablettes,
les gardes qui avoient marqué les fuffrages par des
poims, les comptoient, afin d’annoncer finalement la
pluralité d:s fuffrages de la tribu ou de la centurie
pour ou contre la loi propofce. Cette aéhon de compter
les tablettes en les marquant avec des points, a
fait dire à Cicéron , compte{ les points, ÔC à Horace,
celui-là a tous les points, c’e ff-à- dire, réuffit, qui
fait joindre l’utile à l’agrcable :
Omne tulit punSlum, qui mifcuit utile dulci.
La loi qui étoit reçue par le plus grand nombre
de fuffrages, étoit gravée fur des tables de cuivre ;
enfuite on la laiffoit quelque temps expofée publiquement
à la vue du peuple, ou bien on la portoit dans
une des chambres du tréfor public pour la conferver
précieufement. ( D. J. )
LOISEL , ( Antoine ) ( Hijl. Litt. mod. ) né à
Beauvais, en 1536 , difciple Ôc exécuteur tefta-
mentaire de Ramus , difciple auffi de Cujas , fut
célébré comme avocat-, comme magiflrat, comme
homme de lettres. Ses régies du droit François, fes
mémoires de Beauvais ôc du Beauvoifis , for-tout fes
inftitutes coutum’ères, lui ont acquis beaucoup d’autorité.
On a de lui auffi quelques poëfies ôc quelques
autres ouvrages littéraires plus médiocres; mort en 1617.
L’abbé Joly, chanoine de Paris, fon neveu, adonne
fa. vie , en publiant en 1656 , fes opujcules divers.
LOLLARD ou LOHARD , ( m ite r ) ( Hijl
eccléf. ) héréfiarque Allemand , brûlé à Cologne ,
en 1422. De fes cendres naquirent les Wicléfites en
Angleterre, Ôc les Huffites en Bohême. Brûlez, fanatiques
, Ôc applaudiffez-vous de vos foccès !
LOLLIA PAULINA | { Hijl. Rom. ) fille ôc petite
fille de confols. C’eft à Marcus Lollius fon grand père,
confol l’an 733 de Rome, qu’Horace adreffe l’ode
neuvième du livre 4 , où il fait de cet homme un fi
beau portrait.
Non ego te mets
Chartis inornatum Jîlebo
Totve tues patiar labores
Impuni, Lolli, carpere lividas
Obliviones : ejl anirnus tibi
Rerumque prudens & fecunais
Temporibus dubiifque reélus j
Vindex avares, fraudas & abjlinens
Ducentis ad fe cuncla pecunus. :
Confulque non uniits anni ,
Sed quoi les bonus atque fidug
Judex honejlum prauulit utili, 6*
Rejecit alto dona noeentium
Vultu y & per obfautes caterva s
Explicuit jua viélor arma•
Quant àTa fécondé épitre du Ier livre.
Trojani belli feriptorem, maxime Lolli, S’cl
ÔC à la dix-huitième du même Ier. livre :
Si bene te novi, metues , liberrime Lolli, &c.
M. Dacier croit qu’elles font adreffées au même ;
le cardinal Norris croit que c’eft à fon fils qui fut