
» n’ai plus » ; Si Ton voit bien qu’elle lui avoit caché
& fait cacher fon danger. Toute idée d’autorité dif-
paroît dans ce commerce ; c’efl l’amie qui confei’le ,
qui exhorte , qui prie ; la mère ne fait qu’aimer. Dans
les fen, :ments du fils , on voit un mélange de ceux
Cprofî doit à une mère tendre & de ceux qu’infpire
une femme aimable. Mrae. de M o n te g u t nous apprend
qu’elle éteit tendre; c’efl le defaut.ou le mérite de
toute perfbnne fpiritutl'le & fenfible, élevée à la campagne
, loin de ce grand monde qui paroît toujours
effrayant à ceux que l’éducation de l’enfance n’a pas
familiarifés avec fesufages , fes travers Ôtfes ridicules
Madcmoifelle de Segla fut mariée à feizeans, avec
M. de Montegut, tréforier de France , de la généralité
de Touloufe, D e ce' .mariage aiïorâ du côté
des biens, de la naiffance Si des agréments, naquit
M. de Montegut, éditeur des oeuvres de fa mère. Son
éducation fournît à Mrae de Montegut l’occnfion de
développer fon goût & fes difpofitions pour les langues.
« Elle s’amufa , dit-il, à lire les livres latins
qu’elle voyoit entre mes mains ; elle affifloit aux
n leçons qu’on me donnoit ; bientôt elle en fut autant
» que mes maîtres , Si voulut me fervir de pré-
» çepteur »,
Elle apprit I’anglois avec la même facilité que le
latin ; elle prit même quelque connoiffance du grec.
La phyfique , les mathématiques ne lui furent point
étrangères ; elle fit une étude particulière de la botanique
médicinale, & compofoit des rémèdes pour
lés pauvres.
Dès l’âge de vingt ans, elle étoit fùjette à des maux
de tête qui l’ont tourmentée jufqu’à la fin de fes jours.
Trois ans avant fa mort, elle penfa être la victime
d’une méprifè d’apothicaire. On lui donna dans une
médecine , un poifbn lubtil, dont on arrêta l’effet
avec peine, Si qui laiffa des traces que rien ne put
effacer.
La mort de fon mari, arrivée en 1751 , acheva
de ruiner fon foible tempérament. Il expira dans fes
bras. Dès cë moment, la famé de Mme. de Montegut
alla en déclinant., fes forces s’épuisèrent, fon corpsfe
deffécha , une maladie épidémique qui régnoit à Tou-
iou fe , acheva de l’éteindre le 17 juin 1752.
Elle avoit près de trente ans , lorfqu’elle fit fes
premiers vers ; en 1738 , elle ccmpofa pour le prix
de l’Âcadémie des Jeux Floraux, l’églogue de Celimène
& ■ Dûphnis , qui partagea les fuffrages. En 1539 ,
l’ode à Alexandre concourut pour le prix , & l’élégie
intitulée : Ifmène 4 le remporta.
En 1741 , le poëme de la conversion de Sainte
Madeleine remporta le prix du genre pafloral; Si
la même année, l’ode fur le Printemps , remporta le
premier prix. Alors M,ne. de M o n te g u t demanda , fui-
Vântle droit qu’elle en avoit, des lettres de Màîmjje
des Jeux Floraux, & prit féance dans cette Académie
, à coté de Mlte. de Cateilan.
Il y a 'eh général une grande analogie entre lë
talent poétique de Mme. de Montegut, Si celui de M"1'*.
Deshoulières. C ’éfl prefque toujours cette trifleffe tendre
, cette mélancolie douce & philofophique, qui
attache Si qui pénètre , q u i, faits [rejetter les images ,
fe nourrit avec plus de compîaifance , de réflexions
& de fentimens:
J’ai déjà trente fois vu le naiffimt fèuitlage-
Les prés couverts de fleurs, les fertiles moilTons
C ’en efl fait : j’ai paffé mes plus belles années ,
Je ne reverrai plus ces riantes journées , ...
Dé;à )’entrevo:s ces ténèbres
Qui pour jamais obfcurciront mes yeux.
Une Ode à fon fi1 s pour le rappeller de Paris, auprès
d’ elle, efl de la tendreffe la plus aimable.. Sa mélancolie
philofophique paroît toute entière dans une fort
- belle Elégie , fur la coupe des beaux arbres de Segla :
Qu ’efl-ce qui m’attendrit for vos mourans appas ?
Dois-je pleurer des maux que vous ne fentez pas
Tout paffe, tout périt : bientôt, ainfique vous,
D e l'implacable mort j'éprouverai les coups : ^
La pouffière Si l’oubli deviendront mon partage:
Et s’il refie de moi quelque légère image ,
Que l’amitié fenfible ait pris foin de tracer ,
Lç temps qui détruit tout, faura trop l’effacer.'
Elle a fort bien traduit divers morceaux d’Horace •
Age, jam meorum
Finis Amorum,
Non enim pojl hâc alià calebo
Fceminâ.
Cher Si dernier obj'et de mes tendres amours î
Jufqu’au trifle moment qui finira mes jours,
T u ne te verras point préférer de rivale.
Vers de Racine très-bien appliqué :
Nee cote teftrunt jam ùbi purpura ,
ftlec cari lapides tempora quoe femel
Notis condita faflïs
înslufit volucris dies.
La pourpre qui te pare Si le feu des rubis 9
D e tes jours trop nombreux dans nos fafles écrits.
N ’ont pu ralentir la vîteffe.
Voilà quatre vers rendus en tro is , Si rien d’effentiel
n efl oublié.
M ON TE JEAN , ( René de ) ( Nïfl. de Fr. j fut
fait prifonnier à la bataille de Pavie avec tous les plus
braves chevaliers de l’armée françoife en 1525. Il
acquit beaucoup de gloire en 1-536 , en Piémont ,
fous l’amiral de Brion ; il fer vit la même année fous
Montmorenci, à cette belle défenfe de la Provence,
ou ce grand défir de g loire, cette valeur impétueufe,
cette ardeur de chevalier qui caraélerifoient Montejean,
plus encore que tous les autres braves, étoient pré-
cifëment ce qu’il y avoit de plus funefle Si ce dont le
général avoit le plus à fe défendre. Le plan de cette
campagne étoit défaire le dégât pour affamer l’ennemi,
d ’abandonner
d’abandonner & dé facrifijr tout ce qui n’étoit pas
litué for le Rhône Si for la Durance. Montejean fit les
plus fortes inftauces , pour qu’on lui permît de s’enfermer
dans la ville d’A ix ; il promettait de la défendre
jufqùa l’hiver , qui obligeroit d’en lever le fiëge ;
Montmorenci, qui ne vouloit s’en rapporter qu’à lu i ,
alla. vifiter lui-même cette place , Si ne jugea pas
qu’elle pût être défendue. A ix fut démantelé ; mais
Montejean ne pou voit fe contenir, il faifoit tous les
jours de nouvelles inflances pour qu’on lui permît d’en
Venir aux mains avec quelque détachement ennemi.
L ’importunité de Montejean l’emporta enfin fur la défiance
de Montmorenci , qui , pour ne pas le refufer
toujours, lui permit d’aller tâter l’ ennemi, en lui recommandant
d’obferver tout avec la plus grande cir-
confpeélion, de n’attaquer qua fon avantage, & de fe
Jtenir toujours près de quelque pofle sû r, où il pût fë
retirer en cas d’inégalité. C ’ étoit lui recommander de
changer de caraélère. Montmorenci le fentit bien ; à
peine Montejean étoit-il parti, tout en v ré du plaifir
de pouvoir combattre, ayant déjà oublié les confeils
de fon général, & ne Longeant qu’à ceux de la gloire,
qu’un exprès fut envoyé pour révoquer la permiffion,
Si pour enjoindre à Montejean de revenir : mais cet
exprès prit un autre chemin, & arriva trop tara.
Montejean trouva quelques officiers qui continuoient le
dégât ordonné , il en entraîna quelques - uns avec lu i ,
malgré la réfiflance des autres. On apprit le lendemain,
qu’ il avoit été fait prifonnier avec ceux qui avaient
confenti à le fuivre. L ’honneur d’avoir pris Montejean,
autant que l’intérêt d’avoir un prifonnier de cette
importance, excita entre trois officiers impériaux,
une conteflation qui fut portée au Tribunal de Ferdinand
de Gonzague. L’un avoit ôté à Montejean fa
tnàfTe de fe r , l’autre fon gant, Si le troifième l’avoit
arrêté en faififlant la bride de fon cheval. Gonzague
prononça en faveur de ce dernier ; il fe nommoit
Marfilio Sola de Breffe.
L ’échec de Montejean produifit l’effet que le roi Si
Montmorenci avoient craint. Gonzague par vanité, 1
l’empereur par politique, enflèrent à l’excès cette
petite viéloire. L ’Europe retentit d’une petite efear-
mouche, qui de voit à peine faire la matière d’une
nouvelle dans les deux camps, Si ce bruit porta le
découragement Si l’effroi pour un temps, dans le
camp d’Avignon, où étoit Montmorenci avec l’armée
françoife.
Montmorenci, pour fa belle défenfe de Provence Si
pour fes autres fervices, eut l’épée, de connétable , >
Si Montejean eut fon bâton de maréchal de France ,
le 10 février 15 38. Il fut fait auffi lieu tenant-général
pour le r o i , en Piémont. Il mourut l’année foivante,
Il avoit affilié en 15 3 2 , au nom du r o i , aux états
de Bretagne, convoqués à Vannés pour la réunion fie la
Bretagne à la couronne ; mais on ne fe contentait pas que
les états y confent.fient, ou vouloit qu’ils la deman-
dafîent ; Si c’étoit ce qui révoltait for-rtout les opposons
à la réunion. Quoi 1 s’écrioient-ils, nous demanderons
la fervitude comme une grâce î Le député de
'Nantes s’ oppofa fortement à cette proportion i 11
JifjloireA Tome HJ,
déclara que fes pouvoirs ne s’étendoient pas julques-
là ; qu’ il’ crôiroit trahir la confiance dont on l’avoit
froncé-, & fâcrifkr par une lâche prévarication , les
intérêts de la patrie , s’il prêtait les mains à une pareille
démarche , fans avoir de nouveau confoké fa
communauté. Montejean, foldat téméraire, négociateur
mal-adroit, courtifan peu accoutumé à trouver
de la réfiflance, quand il parioit au nom du r o i ,
s’emporte , éclate , fe lève de fon ftège pour maltraiter
le député. Cette indécence révolte la fierté
bretonne , les états indignés fe fouièvent, & veulent
fe féparer ; enfin les efprirs fages calment les efprits
échauffés^ ils. leur font comprendre que la réunion
étant un bien pour la Bretagne, la démarche que le
roi demàndoit aux états , devenoit pour eux un honneur
& un devoir ; on fe rendit à ces raifons, la réunion
fut demandée & accordée , la charte en fut donnée au
mois d’ août 1532.
M O N T E IL , (Adhémar de) (Hijl. de Fr. ) Maifoti
très-connue Si très-célèbre en Provence Si en Dauphiné;
•lés deux noms cfiAdhémar & de Monteil fe retrouvent
dans le nom de Montelimart en. Dauphiné , qui fe
nommoit autrefois Monteil ou Montilly, & dont le
nom latin: efl Mons ou Montelium Adftemari,. ou parce
que c’étoit la demeure des Adhémars, ©u parce, que
les Adhémar de Monteil en avoient été les fondateurs
ou les reflaurateurs. Il paroît que la maifon des Adhé-
mard de Mmtei-l, fe partagea en deux branches principales,,
dontl’une refia établie enDauphiné, Si l’autre,
qui èfl celle des feigneurs' de Grignan, s’établit en
Provence.
De la première defeendoient Balthafar Si Louis de
Monteil; ce dernier fut tué en 1673 , dans un tombât
de Saint-François, où il fervoit la F rance, Si corfi-
mandoit un régiment françois en pays étranger.
Balthafar eut fe.ptfils, dont fixfurent tués au fervicede
la France, en differentesaélîons. De cette branche étoit
auffi Aymar ou Adhémar de Monteil ou du Monteil,
évêque du Puy au onzième fièc le, qui affilia en
1095 , au concile de Clermont , où fut réfolue la
première croifàde , Si qui fut un des principaux chefs
de cette expédition. Il faifoit porter devant lu i , une
lance qu’on eroyoit être & qui n’étoit pas celle dont
Notre-Seigneur avoit eu le côté percé ; les écrivains
n’ont pas manqué de raconter qu’aucun des foldats qui
combattoient fous les ènfeignes de l’évêque du Puy Si
fous la protection de cette lance facrée , n’avoit reçu
aucune bieffure dans les combats. Si celui qui la faifoit
porter devant lui ne fut pas bleffé, il mourut de la
pelle après la prife d’Antioche en 1098. Aymar de
Monteil étoit pour fon temps , un prélat lettre ; on lui
attribue l’antienne Salve Regina,
D e ' la branche des Grignan étoient : i° . Louis*'
Adhémar de Monteil, premier comte de Grignan ,'
que nous voyons employé en Allemagne, dans des
ambaffades importantes fous le règne de François I er,
Il mourut en 1537 , fans poflérité ; mais Blanche
Adhémar de Monteil fa foeur , avoit époufé Gafp^rd
de Çaflellane , premier du nom de l’îlluflre & 'ancienne
maîfoù 4e Çaflellane. ( Voye^ C asteel^ne. )