
» tèrcnt fa jaloufie. Un jour qui’ls étoient enfemble
„ à la chaffe, ils fe trouvèrent par hazard féparés
» de leur fuite j Gardas ne la fia pas échapper l’ccca-
t) lion d’affouvir fa rage, il s’élança fur Jean, le tua
» d’un coup de poignard , 8c rejoignit fa fuite fans
i) paroître ému de Ion forfait. _
» On trouva le cadavre fangiant; le meurtrier diffi-
» milia comme auroit pu faire un fcélérat nourri depuis
» long-temps dans le crime ; mais, le père fe doutant de
ij la vérité, renferma fa douleur, 6c fit publier que
» fon fils étoit mort fubitement. Le jour d’après, il
» ordonne à Gardas de le fuivre dans le lieu, ou
» étoit le corps du prince affadi ré : la ,1e délèfpoir
» 6c la douleur s’emparent de l’ame de Cofme. Vioila ,
« dit alors ce père infortuné , voilà le fung de votre
» frère, qui vous accufe & qui demande vengeance à
*> Dieu & à moi-même. Garoas fit 1 aveu de fon crime ;
j> mais il accufâ Jean d’avoir attenté à lès jours. Le
»> père, loin de recevoir fes exçufes, le tua du meme
' » poignard dont Jean avoit été afïafïiné. * p
J Ce fait n’eft pas généralement adopte. Plusieurs
auteurs difent que les deux jeunes princes moururent
de la pefte en 1562. Cofme mourut en 1574- ! fut
l’ayeul de Marie de Médicis , femme de notre roi
Henri IV , 6c mère de Louis Xlii.
On voit Marie , fous le règne de Henri IV , inquiète,
capriçieufe, hautaine, foupçonneufe , que-
relléufe , contraire à tous les voeux du roi, contraire
meme à fes vues politiques, 6c ofant les traverfer par
- des intrigues fecrettes , par des intelligences coupables
avec les ennemis de l’état, perdant le droit qu elle
•avoit de fe plaindre des infidélités de fon mari, . par le
peu de tendreffe qu’elle lui montroit , par le peu de
foin qu’elie prenok de lui plaire , par le peu de douceur
qu’elle répar.doit fur fa vit?, par la^ confiance
quelle prodiguoit , par l’appui qu elle pretôit à des
domeft ques infolents 6c faébeux, ennemis déclarés du
roi y f e la voit fe tourmenter pour être malheureufe
& pour devenir odieufe à ce prince , qui 1 eut aimee ,
fi elle l’avoit voulu. Tous ces torts cependant font de
fob humeur, 6c non pas de fon coeur ; trop amie de
l’intrigue , elle étoit du moins incapable de crime ;
tlle n’avoit fur-tout ni affez de méchanceté ni peut-
otre affez de vigueur pour l’attentat atroce dont elle
•a été foupçonnée ; fon obftination a rechercner 1 alliance
de l’Efpagne, contre les intentions du roi^ fon mari,
•arrache, il efl vrai , à l’auteur moderne d’une Vie de
Médicis , cette réflexion jufte & terrible, quilfeinble
au il ri y avoit que la certitude de la mort du^ roi, qui put
faire fxivre avec tant de confiance & ri opiniâtreté une
négociation f i contraire aux projets de ce monarque ;
& le préfident Hénault avoit déjà dit quelle ri avoit pas
été ajfez furprife ni ajfil affligée de la mort de ce prince.
Mais l’auteur de là Vie lave entièrement la mémoire
«te Marie de Médicis du foupçon affreux d’avoir contri-
tu é à la monde Henri IV, ÔC fait retomber ce foupçon
Jùr la marquife de Verneuil. ,
Par la mort de Henri IV , Marie devint régente
fc fouveraine , fous le nom de fon fils ; voilà en apparen
c e , fon ambition fatisfaite ; c efl là_ au contraire,
Cfne commencent fes ftialheurs les plus réels. Jaîoufè
de l’autorité comme elle en avoit été avide, l’idée
que cette autorité pût être ou bravée., ou attaquée,
ou menacée , ne lui laiffoit aucun repos ; 6c tous les
moyens qu’elle prenoit pour affermir cette autorité
toujours chancelante , ne faifoient que l’aftoibir 6c la
détruire : aufïi étôiem-î's çifreélement contraires à leur
fin. Au lieu de gouverner , Marie traitoit fans çeffe
avec fes fujets, oc toujours aVf-c défavantage ; toute
fon admiulflration ne fui' qu’une négociation perpétuelle
6c mal-adroite ; fa politique. étoit de payer bien
cher les fer vices qu’on lui devoit ÔC qu’olle avoit droit
d’exiger ; elle payoit les grands pour reftsr fidèles ou
pour lè devenir ; c’étoit les inviter à de révolter
toujours : ils troublèrent l’état, moins par efprit de
faéüon que par des vues d’intérêt. L’expéritmce ne Ta
corrigeoit point; à la dixième déièéï ion, elle payoit
aufïi cher ou plus cher qu’à la première j elle p artageoit
les tréfors de l’état entre fes favoris 6ç les mécontents*
Les fommes confidérables que l’économie de Henri IVj
avoit amaffées pour l’exécution de fes grands deffeins ,
furent promptement difïipées ; il fallait accabler les
peuples d’imp.ts pour fournir aux b efoins toujours
renaiffants d’une pareille aaminiftratio.n. L’auteur de
l’Hifioire de la Mère & du Fils , compte qu’en fix ou
fept ans , le prince de Condé avoit reçu de Marie de
Médicis , plus de trois millions fix cents mille livres ;
le comte de Soiffons 6c fon fils , feize cents mille?
livres ; le prince de Conty 6c fa femme , quatorze
cents mille ; le duc de Longueville, douze cents mille ;
le duc de Mayenne 6c fon fils , deux millions;
le duc de Vendôme , près de fix cents, mille francs ;
le duc de Bouillon , un million ; le duc d’Eperncn
ÔC- fis enfants, près dé fept cents mille livres, fans
compter leurs appointements 8c les penfions qu’ils
a voient fait donner à leurs créatures} 6c tout cela pour
s’être révoltés ou pour s’être rendus redoutables 01»
néceffaires. Il en avoit coûté d’ailleurs à l’état plus de
vingt millions pour les combattre dans leurs fréquentes
révoltes.
Un autre défaut effentiel de l’adm’niffratipn de
JVlarie, c’eft cette affeéfation indécente de contrarier en
tout le gouvernement de Henri IV , de deftituer fes
miniffres , de prodiguer la confiance , les honneurs,
les emplois, les richeffes aux ennemis déclarés de ce
grand prince , de changer , même au dehors, d’amis
ÔC d’ennemis, de rompre les alliances que Henri
avoit formées, de bouleverfer le fyftême de l’Europe.
Cette conduite imprudente produifoit plufieurs mauvais
effets. D’un côté, elle annonçoit un mépris choquant
pour la mémoire d’un roi plein de gloire, 8i
non moins illuftre par la politique que par Tes armes ;
de l’autre, elle faifoit naître ou confirnioit le foupçon
injufte 6c affreux dont nous avons parlé ; elle four-
nifToit d’ailleurs des prétextes aux révoltes des grands,
des motifs aux plaintes du peuple, des occafions ou
des facilités aux intrigues des courtifans, qui ébranlèrent
peu-à-peu , ÔC'parvinrent enfin à détruire la
puiffance. de Marie.
Si cette reine 6c fes amis n’euffent jamais été foupfohnés
de la mort de Henri IV , jamais peut-être on
Û’eutofé ni pu foulever fon fils contr’elle, ni aflainner
le maréchal d’Ancre au nom du roi, ÔC la maréchale ,
au nom dès loix. Ces crimes, il faut rendre juftice !
à Marie, n’éroient point à fon ufage ; ’ on lüi propofa
plus d’une fois de la venge'r par ces moyens aff.eux ,
elle s’yrefùfa toujours.
Du relie, elle fut faris dignité dans la difgraee ,
comme ellë avoit été fans vigueur dans l’adminîftra-
tion : le plaifir de négocier parut la confoler du
malheur de ne plus régner. Elle cabala , elle rampa
elle troubla l’état pour arracher aux favoris , une
foible portion , une foible apparence du pouvoir
qu’elle . regrettoit. Combien elle eût été plus intérel-
fante, plus refpeélée , plus puiffante peut-être , fi au
lieu d’implorer pour fortir de Blois , l’appui du duc
•d’Epernon , qu’elle avoit trop négligé; au lieu de
s’abaiffer jufqu’à careflèr Lüynes fon perfécuteur, elle
eût attendu dans la retraite avec une fermeté noble ÔC
calme , que les fautes des favoris, les révolutions du
temps , les viciflitud^s de la fortune lui rendiffent
•fon afeendant naturel fur fon fils !
Le règne de Luynes fut court ; la mort le frappa^
au fein des grandeurs 6c de.la puiffance ; mais Marie ■
ne recouvra jamais qu’une partie de fon ancien
crédit; elle en eut-aflèz cependant, pour élever au-
.deffus d’elle-même la fortune du cardinal de Richelieu,
qui depuis la réduifit à fortir de France , ÔC à périr
dans l’exil ÔC dans la misère.
A travers toutes les variations de fa-fortune, Marie
avoit toujours été fidelle à la négociation ÔC à l’intrigue.
Dans le temps où elle défendoit avec peine,
•fon autorité chancelante contre le crédit toujours
•croiffsnt du cardinal de Richelieu , fa politique avoit
été de foulever le duc d’Orléans fon focond fils , contre
le roi 6c contre ce minvftre. Sacrifiée au cardinal,
.chaffée de la Francè, dépouillée de fes biens 8c de
fon douaire , privée de tout, elle fut moins accablée
de fes difgraces -qu’amufée du foin de négocier fon
retour en France 8c de fe ménager un afyie dans les
-différentes cours de l’ Europe. Elle fit des avances au
cardinal de Richelieu, comme elle en avoit fait au
connétable de Luynes , 6c même du temps de
Henri I V , à la marquife de Verneuil. Au fond, elle
ne haïffoit perfonne ; 6c lorfqu’à fa mort, le nonce
iChigi, qui fut depuis le pape Alexandre V I I , lui recommanda
de pardonner à Richelieu, il vit que le fa-
crifice d’une fi jufle haine étoit déjà fait, 6c qu’il n’avoit
rien, coûté. Elle n’aimoit ni plus fortement ni plus
conflamment ; fa tendreffe pour fes fiis , fut toujours
fubordonnée à fon amour pour l’intrigue, premier
fentiment de fon aine.. Plus inquiète qu’ambitieufe.
elle croyoit- aimer l’autorité , c’étoit la négociation
qu’elle aimoit. Cette reine de France, veuve 6c mère ,
de rois de France, belle-mère du roi d’Efpagne, du
roi d’Angleterre , du duc de Savoie , mourut à Cologne
le 3 juillet 1642. Elle étoit née le 26 avril
1575 , ôc avoit époufé Henri I V , le 27 décembre
1000.
La maifon des Médicis i grands-ducs de Tofcane,
s’efl éteinte dans la perfenne de Jean Gaflon de
Médicis, né le 24mai 1671 , mort,le 9 juillet 1737.
Alors le grand duché de Tofcane a pafle à la maifon
de Lorraine, en vertu des arrangements politiques de
l’Europe.
La maifon de Médicis avoit produit un troisième
pape , ( Léon XI. ) qui ne fiégea que vingt-fix jours,
( Voyeç l’article Léon XI. )
Les généalogiftss parlent diverfement de l’origine
de cette maifon. 11 en efl qui la font remonter jufqu’au
onzième fiècle ; elle efl connue au moins depuis le
milieu du treizième.
OP ierre I I , frère du pape Léon X i & père de
Laurent I I , 6c qui, comme nous l’avons dit, fut chaffé
de Florence ( le 9 novembre 1494) fut le premier
qui chargea un des tourteaux de fes armes de trois
fleurs de lys d’or , par conceflion ou de Louis XI ,
ou, félon d’autres, de Charles VIII.
MEDICIS MEDICHINO. (Foye{ MaRïgnan.)
MÉDIMNE, f. m. (Mefur.antiql) Me^utvo?. C ’étoit
une mefûre de Sicile, qui félon Budée, contient fix boife
féaux de blé , Ôc qui revient à la mefure de la mine de
France; mais j’aime mieux entraduifant les auteurs grecs
Ôc latins, conferver le mot médimne, que d’employer le
terme de mine qui efl équivoque. M. l’abbé Terraffon
met toujours médimne dans fa traduébon deDiodore de
Sicile. {D . J .)
MED1TR 1NALES , adj ( Hiß. anc. ) fêtes que les
Romains celébroient en Automne le 11 d’Oéiobre ,
dans lefquelles on goûtoit le vin nouveau 6c l’on -en
.buvoit aufïi du vieux par maniera de médicament ,
parce qu’on regardoit le vin non-feulement comme un
confortât if, mais encore comme un amidote puiffam dans
la plûpr^t des maladies. On faifoit aufïi < n l'honneur de
Meditrina, déeffe de la Médecine, des libations de l’un
Ôc de l’autre vin. La première fois qu’on buvoit du vin
nouveau , on fe fervoit de cette formule, félon Feftus :
Vêtus novum vinum bibo, veteri novo morbo medior ;
c’eft-à-dire je bois du vin vieux , nouveau, je remédie
à h maladie vieille , nouvelle ; paroles qu’un long ufage
avoit confacrées, Ôc dont l’omifïion eût paffé pour un
préfage funefte. ( G )
MEDON , (Hifl. Grecque.j fils de ce Codrus , pro
patrid non ttmidus mori , fut le premier archonte
d’Athènes ; fon père avoit éré le dix-feptième 6c dernier
roi. 11 fut fait archonte vers l’an 1068 avant
Jefus-Chrift.
MÉDRESE, Cm. ( Hifi.mod. ' nom que les Turcs
donnent à des académies ou grandes écoles que les
fultans-ïbnt bâtir à côté de leurs jamis ou grandes mofe
quées. Ceux qui font prépofés à ces écoles fe nomment
muderis ; on leur afïigne des penfions annuelles proportionnées
aux revenus de la mofquée. C’eft de ces
écoles que l’on tire les juges des villes, que l’on nomme
tnollas ou rnolahs. ( A-. R. )
MÉGAHETERI ARQUE , f. m. (Hifl. du bas empire
y nom d’une dignité à la cour des empereurs de-
Çonftaminople. Cétoit l’officier qui commandoit cjf