
làns plaifir ; ne voulant rien avec force ; îrréfolu 1
tremblant ; plus rufé que politique ; catholique fans
enthoufiafme ; trompant fes miniures comme fès ennemis
; toujours renfermé dans lui-même ; aimant les
hommes fans les eftimer. Il ne fit rien de grand, qui
put effacer la tache imprimée à fon nom par le meurtre
de fon frère. ( A. R . j
Jean. On compte 2 1 , 22 ou 23 papes du nom de
Jean , félon qu’on admet au nombre de papes, ou qu’on
en exclut: i°. en 996, un Jean X V I , qui n’auroit fiégé
qu’un mois ; 20. un anti-pape , nommé auparavant
Philagathe , à qui l’empereur Othon III fit couper les
mams & les oreilles, & arracher les yeux en 998.
Nous fùivrons le calcul ordinaire , & nous appellerons
Je.tn X X I I , Jacques d’Eufe, évêque de Porto, natif de
Cahors , qui érigea tant d’évêches en France , & qui
eft le pénultième pape du nom de Jean. Les plus célèbres
de ces papes font :
i°. Jean 1 , regardé comme martyr , étant mort
en prifon à. Ravenne en 526, pour la caufè catholique
que Théodor e , arien , grand prince d’ailleurs ,
perfecutoit en lui.
20. Jean VIII. Il eut une grande influence fur-les
affaires de fon temps. Ce fut de lui que Charles-le-
Chauve acheta l’empire , à prix d’argent. Jean le
donna en fouverain, & Charles le reçut en vafTal :
<£ Nous l’avons juge digne de l’empire , dit le pape,
» & nous lui en. avons conféré le titre & la puifjance. »
Peu de temps après , le même Jean V I I I , preffé par
les Sarrafi.isfupplioit l’empereur, les genoux en terre
& la tête inclinée, comme s’il étoit en la préfence du fou-
verain fon proteJeur, d’accourir à fon fecours : ce font,
les propres termes de fon épître trente-deuxième ; ils
donnent une idée bien forte du danger du pape ou de
là terreur. Il efl vrai que dans la même lettre., Jean V I I I
confirme la nomination de Charles à l’empire ,■ ce qui
avoit pour Rome deux objets ; l’un dé fe rendre
Chai les favorable , l’autre de ne point perdre de vue la
prétention de donner des -couronnes. '
Sous le règne de Louis-le-Bégue , le même pape,
prefie par les armes de ces mêmes Sarrafins, de plus ,
chafTé de Rome,, & à peine échappé des fers de
Lambert, duc de Spolète , & d’Adalbert , marquis de
Tofeane , vint chercher un afyle en- France ; il couronna
Louis-le-Bégue , à Troyes. Comme Loyis - le-
Çegue avoit déjà été couronné roi de France par
Hincmar , plufieurs auteurs ont cru que e’étoit.la couronne
impériale que le pape lui avoit donnée en cette ■
occafion • mais il paroît confiant que Jean VIH couronna
Louis-le-Bégue roi de France , après Hincmar,
comme Etienne III avoit couronné P épin-lé-Bref,
quoique déjà couronné par St. Boniface ; & il y a beaucoup^
d apparence qu’il vouloit par ce nouvel exemple ,
acquérir au St. Siège Te droit de couronner les rois de
France auflibenque les empereurs..
Quant à l’Empire y il le laiffa vacant, & déclara
que ce fèroit le partage du- prince dont il recevroit
les fecours les plus efficaces contre les Sarrafms. Non.
content de refufër , fous ce prétexte , l’Empire à Louis-
fc-Bêgue ? & de le lui refufer dans fes états ? & à fa cour y
il lui refufâ encore une grâce que Lours-le-Bégue edê
la foibleffe de folKciter.
s Ce prince s’etoit marié fans le confentement de fon
pere. Il avoit eu d’Anfgarde , fà première femme*
Louis & Carloman. Forcé par . Charles-le-Cfiauve,
fon pere , de répudier Anfgarde, iK avoit époufe une
angloife , nommée Alix ou Adélaïde, dont il eut un
fils pofthume , connu dans la fuite, fous le nom de
Charles-le-Simple : ceux qui ont cru que Louis-ie-*
Begue avoit pu fe paffer pour fon mariage , du confentement
de^ fon père,, ont regardé Charles - Je Simple
comme batard ; ceux qui ont cru ce confentement
nécefïaire , ont rejetté la bâtardife fur Louis & Carloman.
L inconflanee de Louis-le-Bégue avoit confàcré
le choix de fon père ; car , a- rès la mort de Charles
k-Chauve, il avoit continué de vivre avec Adélaïde,
& la grâce qu’il demanda au pape fut de-la couronner
avec lui ; le pape fentit de quelle conféquence pou voit
etre cette efpèee de confirmation du fécond mariage
au préjudice du premier. 11 n’y avoi* point encore
d’enfants de ce fécond mariage , & Louis & Carloman
, nés du premier , & dont-la mère vivoit encore
, etoieut élevés dans lkfpérance de fuccéder à leur
pere. Les motifs du refus du pape pou voient être
tres - jufles ; mais il étoit fingulier que le roi ne
put rien obtenir d’un pape auquel il donnoit un afyle,
& qui imploroit fon appui. Tel'e étoit la puiffance
pontificale , même, dans la dépendance : telle étoit
î’abjeélioh des rois fur le trône.
Le pape eut cependant aufïi un dégoût que lui
attira fon ambitieufe avidité. Il produifit dans un concile
qu’il tenoit à Troyes , une donation , vraie ou fauffe ,
que Charles-’e-Chauve avoit, difbit-'.!, faite au faint-
Siège , des abbayes de St. Denis & de St. Germain^
des r Prés. Cette demande fut fi mal accueillie,
que le pape n’ofà pas infifler. Tous les évêques, lui
déclarèrent unanimement que les rois n’étant qu’ufu-
fruitiers des biens d ■ leur royaume , ne pouvoient faire
^ pareilles aliénations \ à quoi on pourroit ajouter r
qu’à l’égard; des biens ecclefiafliques , dans l’ufàge
aéluel ? les rois ne font ufufruitiers que du droit d en
| concéder I’ufofruit , & que , dans le temps dont if
1 s’agir 9 fis n’-étoient ufùfruitiers de rien ; car il paroît
qu’alors les éleélions avoient lieu. Jean V III mourut en
002. 3°. Jean X fait pape par le crédit de Théodora fà
maîtrefle, & de Marofie, fille de Théodora; puis-
enfuite étouffé dans uru càchot en 928, par l’ordre de
cette même Marofie , à laquelle il avoit déplu. ( Voye£
les articles A lbéric , T héodora & Marosie).
/ 4°* W&M X I , fils de cette même Marofie & d’A l-
beric, duc de Spolète , fut fait pape à vingt - cinq;
ans , en 9 3 1 , par le crédit de fa mère. Albéric, autre-
fils de Marofie, la fit enfermer avec Jean X I , au
chateau Saint-Ange , où ce pape mourut en 93 6..
t 5°* W jfk X I I fut élu pape à dix-huit ans , en- 956*
vécut dans la débauche de le crime , & fut tué en
964 , par un mari qui le fùrprit avec là femme.,
6p. Jean X IV mourut de misère ou de poifbn le
29 août 984, au château Saint-Ange^ où iL étoi$
détenu par Tanti-pàpe Bonlface V i l , fon concurrent.
70. Jean X X I I , ( Jacques d’Eufe. ) Une chofe afïez
remarquable . fl que ce pape , qui ne ceffoit d’exhorter
Edouard III & Philippe-de-'Valois à la croifade, en
avoit formellement détourné Philippe-le - Long ; ce
n’étoit pas à la vérité , par c.-s raifons éternelles de
juflîce & d’îmmanité qui proferivent tou;e croifade &
toute guerre, mais par la confédération de l’état politique
de l’Europe au moment ou il parloit ; c étoit
toujours beaucoup alors qu’un pape fît céder l’intérêt
d’une croifade aux confédérations' politiques. Ce trait de
fageffe de Jean X X I I , peut faire penfer qu’en exhortant
Edouard & Philippe - de Valois à la croifade, il
avoit moins changé de principes que de langage, &
que .fon objet étoit deloigner de l’Europe cette
guerre funefle qu’il voyoit prete à s’y allumer par l’am-
bition d’Edouard.
Ce pape, qui fiégeoit à Avignon , nè négligeoit
aucune des fondions du facerdece : ayant‘pris plaifir
à raiTembler dans un fermon de laTcuffamt , lur la
félicité des jufles, quelques pafTages des Pères , d’où
il paroiffoit réfulter que la viuon béatifique & en gé-.
héral la plénitude des récompenfes'& des peines n’auroit
lieu qu après le jugement dernier ; les Cordeliers , qui
haïflbiént Jean X X I I , parce qu’il les avoit condamnés
fur la queflion du propre , & parce qu’il avoit eu le
cordelier Pierre de Corbière pour- concurrent au pontificat,
s’élevèrent contre lui ; Philippe confulta la
Sorbonne & les évêques ; & d’après leurs avis, il
écrivit au pape qu’il lui confeilloit d’en croire les <
théologirns de Paris plutôt que les canonifles d’A vignon
; il ajouta des menaces déplacées &. groflîères de
jaire ordre le pape, s’il ne fe rétraéloit. On n’a point
âffez vanté la modération de Jean X X I I dans cette
affaire ; il répondit qu’il 11’avoit prétendu que propofer
Comme do fleur, une queflion théologique , & nullement
la décider comme pape ; qu’il feroit au défefpoir
<le troubler la paix de l’églife pour toutes ces quefl ons,
& .qu’il y renonçoit de bon coeur , puifqu’elles avoient
pu exciter du foandale. Combien dé papes n’euffent
point cédé à un roi & à un roi qui menaçoit, lorf-
qu’il ne s’agillbit que de dogmes & d’objets théologi-
^ues ! Au refie , Jean X X I I n’eut pas toujours cette
modération , ni en matière d’autorité, ni en matière
d intérêt-. Nul pape , même d’Avignon , n’a autant
étendu l’abus des réferves & des expefbtives; on le
regarde comme l’inventeiir de la taxe apoftolique,.
“ tant par péché : aufîi nul pape n’amaffa tant d’argent.
Il mourut à Avignon en 1334# On a de lui plusieurs
ouvrages de medeeine. Il a écrit fur la goutte ,
fur les maladies des yeux. II a donné une medeeine
des pauvres, Thefaurus pauperum.
8°. Jean X X IH avoit été corfaire; on l’accufa dé
l être encore fur le fair.t Siège , où il étoit monté , dit-
y à prix d’argent, en 1410, après la mort d’Alexandre
V. C’étcit le temps du fchilme d’Occident. Obligé
de comparoître au concile de Confiance , il dit en ■
arrivant dans cette ville ; je vois bien que c efl; ici la
fojfe ou Ion attrape les renards* Il lut lui-même un
^Igagement folemne! d’abdiquer le pontificat’* pourvu ;
1 que fes compétiteurs, Grégoire X I I , pape de Rome,
& BenoîtXtH , pape d’Avignon, y renonçaffentégalement
; mais bientôt par une légèreté ambitieufe, il
protefia.contre cette démarche, quitta le Concile en
fugitif, déguifé en palefrenier , & alla dans Scharfoufe
implorer la proteaion du duc d’Autriche, un de fes
pàrtifans ; enfin , après avoir erré de ville en ville , il
fut pris, ramené ati concile , & dépofé le 29 mai
Ï4 15- Il mourut doyen des cardinaux eü 1419. Il
àimoit les lettres , fe confoloit dans fa prifon, en
faifant des yers. Cefl le dernier pape du nom de Jean,
C’eft vers .le milieu du neuvième fiède entre
Léon IV &. Benoît III qu’on place la prétendue
paptfFe Jeanne, qu’on dit être accouchée dans le colxféa
à Rome , au d’une proceilion. Ce font fur-tout
les hérétiques- qui ont accrédité quelque temps citta
hifioire mais elle a été racontée par des auteurs
catholiques, &. on en compte parmi ceux-ci-, jufqu’à
foixante & dix , parmi lefquels fe trouvent- des fa nts
canonifés, qui ont adopté cette hifioire. D ’un autre
c té, le favant David Blondel , protefia.it célèbre,
( voyetfon article ) l’a réfutée, Leibnitz f a rejettée auffi,
&. l'opinion générale, mais qui. laide encore des doutes
à quelques favants, eft que c eft une fable.
JEANNES , ( la plupart des femmes célèbres de c e
nom fe trouvent aux noms des différentes maifons auxquelles
elles appartiennent ; par exempleles deux
J cannes de Naples fe trouvent à Tarticle Anjou ; les
deux Jeannes rivales de Bretagne ; Jeanne de Flandre *
comtefïe de Montfort, & Jeanne la boîteufe, comtéfla'
de Penthièvre , font aux articles Montfost' - ëc
FenFhie vreS ; Jeanne d’A r c , à Ar-g ; ainft des antres.-
Nous allons en placer ici quelques-unes qui n’ont pas
trouvé place ailleurs ï
ï°. Jeanne de Navarre , fille uniqüe & héritière d^
Henri I , roi de Navarre & femme de Philippe-îe--
Bel, roi de France, à qui elle porta en* dot la- Na-'
varre & fa Charrrpagne , fein'e célèbre * qui tenoit
dit Mezerai,. tout le monde enchaîné par les yeus! , par
les oreilles & par leer-caturS , étant également belle , élo-«
qucfite & libérale , qui fonda (eü 1303)', Ce collège-
de Navarre long-temps l’école de la ncrblefie fràn-
Çôife , l’honneur de lUniverftté de Paris * qüi goü-»
verna en fage & défendit en héros la-Navarre â la
Champagne , dont le foi fon mari lui abandonna- tou-"
jours l’admin;firation. Elle aVoit été mariée le 16 août'
1284. Elle mourut' à trente-trois ans , le 1 avril 1304,
à' Vineennes,- Elle fut mère de trois rois de France ƒ
Louis Hutin , Philippe-leriLong & Charles * fe - Bel ,
Bc belle - mère de Ferdinand , roi de Ca-fiülè- , ôc
d’Edouard II,- roi d’Angleterre ƒ
2°. Jeanne de Bourgogne, fille de fa célèbre Mabaud y
ComtefTe d’Artois , & femme de PMppe*ie-Lona *
roi de France. (Voye^ Bourgogne j ^ lut-foupçore-îég!:
d’adultère ÿ comme fes deux belïes-foeurs §m enfermée
au château de Doitrdan; mais fon mari la- reprit y-
difaut> qu’il avoit reconnu (on innocence,' Ce fut elW
qui fonda le Collège de Bourgogne à Paris, prés de#
Cordeliers»; Morte à Roye en Picardie * le 22 janvier