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■ de -développer le véritable fentimenl: des Pharlfiens ,
lefquels loutenoient trois chofes ‘différentes, i 0,.Us.
croyoient que- les évènemeiis ordinaires & naturels
nrrivoient néceii'airement, parce que la providence
les avoit prévus 6c déterminés;-c’eft-là ce qu’ils ap-
pePoient le dejlin. 20. Ils iaifl’oient à l’homme fa liberté
pour le bien & pour le mal. Jolèphe laflùse pofitive-,
ment, en difànt qu’il dépendoit de l’homme de faire le
bien & le mal. La Providence ragloit'donc tous les événement
humains ; mpis elle nimpofoit aucune nécefe •
Uté pour les vices ni pour les vertus. Afin de mieux
- ioutenir l’empiré- qu’ils le donnojent fur les moüvemens
du coeur, & fur les avions quM produifoit, ils allé- [
guoientces paroles du Deutéronome, où Dieu déclare,
■ qu’il a mis la. mort & la vie devant fon peuple, 6» les
exhorte à choisir la vzV. Cela s’accorde parfaitement avec
l’orgueil des Pharifiens, qui le vantoient d’accomplir
la Loi, & demandoient la récompenfe duâ à leurs
bonnes oeuvres , comme s’ils l’avoient méritée. 30. Enfin*,
quoiqu’ils laiffaflènt la liberté de choifir entre le j
bien & le mal, ils admettoient quelques fecours de la
part de Dieu ; car ils étoient aidés par le deftin, Ce
dernier principe lève toute la difficulté : car fi le deiftin
avoitété chez eux une caufe aveugle , -un enchaînement
des caufes fécondés, ou l’influence des affres, il -ferait i
ridicule de dire que le deffin les- aidoit.
5°. Les bonnes & les rîiauvaifes aâions font récom-
penfées ou punies non-feulement dans cette vie , mais1
encore dans l’autre; d’où il s’enfuit que les Pharifiens
croyoient la réforreâion.
6°. On accufe les Pharifiens d’enfeigner la transmigration
des âmes, qu’ils avoient empruntée des
Orientaux, chez* lefqugte ce fentime.nt ctoit commun :
mais cette accufation eft çonteftée, parce que J. C. ne'
leur reproche jamais cette erreur, 6c qùelle paroît!
détruire la réfurre&ion des morts : puifque fi une ame;
a animé phjfieurs corps fur la terre, on aura de. lai
peine à choifir celui qu’elle doit préférer aux autres.
Je ne fçais fi cela fofnt pour juftifier cette feétè ; J. C.
n’a pas eu deffein de combattre toutes les erreurs du
Pharifaïfme; & fi -S. Paul n’en avoit parlé, nous ne
connoitrions pas aujourd’hui leurs fèntimens for la justification.
Il ne faut donc pas conclure du Silence de
•J’Evangile, qu'ils n-ont point cru la tranfmigration dès
âmes. . . .
Il ne faut pas non plus juftifier les Pharifiens , parce
qu’ils aur.oient renverié la réfurreâion par la métemp-
•fycofe ; car les Juifs modernes admettent également la
révolution des âmes, & la réfurreétion des corps, &
les Pharifiens ont pu faire la même chofe.
L’autorité de Jofephe, qui parle nettement for cette
matière, doit prévaloir. Il allure ( Antiq. jud, lib.
X V I I I . cap. ij: ) que les Pharifiens- croyoient que:
les âmes des méchans étoient renfermées dans des
priions , & foufff oient - là des fopplices éternels ,
pendant que celles des bons trouvoient un retour facile
à la yie, & rentroierit dans un autre corps. On n e ,
peut expliquer ce# retour des âmes t la vi.e par
la réfurreélion : car, félon les Pharifiens , Famé
étant immortelle, elle né1 mçprra point, & -ne rçflù£ ,
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cîtéra jamais. On ne peut pas dire âuffi qu’èllé rentrera
dans un autre corps au dernier jour : car outre
que l’âme reprendra parla réfurrecfion le même corps
qu’elle a animé pendant la vie, & qu’il y aura fculemént
quelque changement dans les qualités., tes Pharifiens
reprefènfôient par là la différente condition des bons
oc des médians , immédiatement après la mort ; '6c
ceff attribuer une penfée trop fùbtile à Jofepheyque
deqendre fa vue juiqu’à la réforredion. Un hiftorien
qui rapporte les opinions d’une -fede, parle plus natü&
Tellement, & s’explique avec plus de netteté.
Moeurs des Pharifiens. Il eft teins de parler des aufté-
rités des Pharifiens ; car ce fut par là qu’ils féduifirent le
peuple, & qu’ils s’attirèrent Une autorité qui les rendoit
redoutables aux rois. Us faifoient de longues veilles,
.& fe refufoient. julqu’au fbmmeil néceffaire. Les uns lfe
couchoient for une planché très-étfoité, afin- qu’ils
ne, pufient fe garantir de faire une chute dangereufe,
lorfqu’ils s’endormiroient profondément ; & les autres
.encore plus auftères, femoient fur cette planche des
cailloux 6ç des epines, qui troublaff’ent leur repos
.en les déchirant. Us faifoient à Dieu oe longues
oraifons*, qu’ils répétoient fans remuer les yeux, les
bras, ni les mains. Ils aéhëvoient de. mortifier leur
chair par des jeûnes qu’ils obfervoient deux fois la
femafne; ils y ajoutpient tes flagellations, & c’étoit
peut-être une des raifons qui les, faifoit appeller
les. Tires fang, .parce qu’ils fë déchiroient impitoyablement
la peau &- iè fouettoient jufqu’à ce que le rang coulât
abondamment. Mais il y en avoit d’autres à qui ce
.titreavoit été donné, parce que marchant dans les rues
les yeux bailles ou fermés, ils fe frappoient la tête
.contre les murailles. Ils chargeoient leurs habits de
phylactères, qui contenaient certaines •- fentenées de
la loi. Les épines étoient attachées ’aux pans de leur
robe, afin de faire couler le fang dé leurs pieds
jorfqnils marchoient; Us fe feparoiént des hommes,
parce qu’ils étoient beaucoup plus feints qu’eux, &
qu’ils craignaient detre-fouillés par leur attouchement.
m te lâvoient . plus fouvent que les autres, afin de
montrer par là qu’ils avoient un foin extrême* de fe
.purifier. Cependant à la faveur de ce zèle apparent,
ils fe rendoient vénérables au peuple. On leur donnent
le titre de figes par excellence, 6c leurs difciples
s’entre-crioient : le fige explique aujourd’hui. On enfle
les titres à proportion qu’on les mérite moins; on
tache d’impofer aux peuples par de grands noms,
lorfque les grandes vertus manquent. La jeuneffe
avoit pour eux une fi profonde vénération, qu’elle
n’ofoit ni parler ni répondre, lors même qu’on lui
faifoit des cenfures ; en effet ils tenoient leurs difciples
dans une ëfpèee d’efclavage, & ils régloient avec
un pouvoir abfolu .tout ce qui regardoit la religion.
On diftingüe dans le Tnalmud fept ordres de
Pharifiens. L’un mefùroit l’obéiflance à l’aune du profit
& dp la gloire ; l’autre ne levoit point les pieds en
marenant, & on l’appelloit à caufe de cela le pharifien
tronqué,• Je troifiéme frappoit fa tête contre les murailles,
afin d’en tirer le fang; un quatrième ca'choit fe tête
dans un capuchop, /■ egardoit de cef enfoucesnent
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comme du fond d’un mortier; le cinquième demandoit
fièrement, que fiiut-il que je fiajfe? je le ferai. Qu’y
a-t-il, à faire que je ’ riaye fait ? le fixiéme obéiffeit
par amour pour la vertu & pour, là récompenfe ; &
le dernier n’exécutoit tes ordres de Dieu que par
la' crainte de la peine.
' Origine des Ejfénicns. Les Efleniehs qui devroient
être fi célébrés par leurs auftérités & par la fainteté
exemplaire dont ils faifoient profeffion, ne le font
prefque point. Serrafius foutenoit qu’ils-' étoient connus
chez lès Juifs depuis la fbrtie de l’Egypte, parce
qu’il a fiippofé que c’étoient 'les Cinéens descendus
de Jethro ,. lefquels fuivkent Maïfè r 6c de ces gens-
là fortirent l'es Réchabites. Mais il eft évident qu’il fe
trompoit ; car les Efleniens & lés Réchabites etoient
deux ordres différents de dévots , & lès- premiers ne
parodient point dans toute l’hiftoire de l’ancien Tefta-
ment comme les Réchabites. Gale favant1 ahglois ,
leur donne la même antiquité; mais de plus, il en
fait les pères & les prédéceffeurs de Pythagore & de
fes difciples. On n’en trouvé aucune trace dans l’hiftoire
des Maehabéesfous lefquels ils doivent être nés ;
l’Evangilè ri’èn parle jamais ,. parce qu’i[s ne fortirent
point de. leur retraite pour aller difputer avec J. C.
D’àilieùrs > ife ne vouloient point fe confondre avec
les Pharifiens ,/ ni avec le refte des Juifs r parce qu’ils i
fe croyoient plus faims qu’eux;, enfin, ils étoient.peu .
nombreux dans la Judée , & c’étcit principalement
en Egypte qu’ils avoient. leur retraite , & où Rhilon
tes avoit vus.
Drufius fait defeendrè les Efleniens. de ceux ou’Hir-
can perfécuta qui lé retirèi'ent dans les déferts , &
qui s’accoutumèrent par ^néceflité , au. genre de vie
tres-dur, dansleqiiel ils perfévérerentvolontairement ;
iriais il faut avouer qu’on ne eonnoît pas l’origine de
cés feélàires. Us paroi/Tent dans l’hiftoire de Jofephe ,.
fous Antigonus ; car eeffut alors.qu’on vit ce prophète
eflenien ,. nommé J u d a s lequel avoit prédit qu’Anti-
gonus feroit. tué un tel jour dans une tour..
Hifioire des Effèniens. Voici comme Jolèphe (fbeüo
Jud.. lib. II. cap. xij. ) nous dépeint ces lèâaires. a Ils
>>, font Juifs de nation , dit - il , ils vivent dans une
» union très-étroite, & regardent les voluptés ccmme
» des vices que Ion doit fuir, & là continence 6c la
» viéloire de fes pallions comme des vertus que Fou
» ne fauroit. trop eft:mer, Us rejetfent le mariage , 1:01
» qu’ils croient qu’il faille détruire la race des hommes,
» ynais pour éviter l’intempérance des femmes,.qu’ils
» font, peiluadés ne garder pas. la-'foi à lenrs maris.
r> Mais ils ne la fTent pas néanmoins de recevoir les
jeunes 'enfants qu’on leur donne .pour .îeà.ihftruire ,
» & de les élever dans la vertu avec autant de foin..
n 6c de charité que s’ils en étoient les pères,. 6c ilô les
»■ habillent & les nourriflent toùs d’une même forte.
» Us méprifent lès richeflVs ;. toutes chofs" font.
» communes entr’ëux avec une égalité fi admirable ,
» que lorfque quelqu’un embrafl’e leur feéfe, il fe dé-
» pouille dè la propriété de ce qu’il polsède., pour.
* éviter, par ce moyen, la vanité des richeflcs., cpar-
71 gpsr auxautres la lionne’de là pauyreté', 6c par u;i
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» fi heureux mélange, vivrç tous enfemble comme
» fi ères. ,
« Ils ne peuvent fouffrir de s’oindre le corps avec
» de l’huile ; mais fi cela arrive à quelqu’un - contre
” fon gré , ils eflùyent cette huile comme fi cêtoient
» des taches & des feuillures ; & fe croyent affez pro-
» près 6c affez paréspourvu que leurs habits foient
” toujours bien blancs.
» Us choififfent pour économes des gens de bien
» qui reçoivent tout leur revenu, & le diftribuent
» félon le befb;n que chacun en a. Ils n’ont point de
” ville certaine dans laquelle ils demeurent , mais
» ils font répandus en diverfes villes, cù ils reçoi-
” vent ceux qui défirent entrer dans leur-fociété ; &
» quoiqu’ils ne les ayent jamais vus auparavant, iîÿ
V partagent avec eux ce qu’ils o n t, comme s’ils les
” connoiflbient depuis long - temps. Lorfqu’ils font
» quelque voÿage , ifs ne portent autre cîiofe que des
» armes pour , fe défendre des voleurs. Ils. ont dans-
» chaque ville quelqu’un d’eux peur recevoir 6c loger
» ceux de leur fectè qui y viennent , & leur donner
” des habits , & les autres chofes dont ils peuvent
Il avoir befoin. Us ne changent point d’habits que
|f quand lés leurs font déchirés ou ufés. Us ne ven-
» > dent & n achètent rien entr’eux, mais ils fe com-
muniquent les uns aux autres farîs- aucun échange ,
” tout ce qu’ils ont. Us font, très-religieux enveis-
” E)ieu ,-ne parlent que des- chofes faintes avant eve-
» le foleiL foit levé y & font alors des prières qu’i s>-
19 ont reçues par tradition , pour demander- à Dieu
11 qu illui plaiîè de le faire luire for la terre^lls voi.t
» après travailler chacun à fon. ouvrage, félon qu’il.
11 leur eft ordonné. A onze heures ils îe raffemblent
» & couverts d’un linge , fe lavent îe corps dans l’eau
» froide;ils fè retirent enfoite dans fours cellules,-doht
33 Tèntrée n’eft permîfe à nuis de c-eux qui né font pas-
3» de leur fë$e , 6c étant- purifiés de la forte , ils; vont:
” au réfeSoire comme en un feint temple , où lôrfqû3ils
37 font aflis en grand filence , on met d'évant. chacun'
» d’eux du pain & une portion dans un petit plat. Un-
37 fecrificateur bénit, tes viandes , & on n’ofèroit y
37- toucher jufqu’à ce qu’il ait achevé fa prière;:il en-
77 fait encore une autre apres le repas. Us quittent alors
?7- leurs Habits qu’ils regardent comme facrés , 6c.
77- rètournent à leurs ouvrages.
» On n’èntend jamais, de bruit dans leurs maifons ;;
33- chacun n’y parlé qu’à fon tour, & four filence donne:
73 dii relpecl aux etrangers'. II ne leur eft’ permis de"
37 rien faire -que ^.r Fàvis. de teurs fupérieiirs , f l
37 ce n’eft d’afiiftërtes pauvres.,... Garquantàleurs:
37' parents, ils h^çferoieuî leur riên donner , fi. on ne le"
3r leur permet. Us prennent un extrême foin de re-:
.37 primer leur coiere ; ils aiment fe paix gardent
77 fi inviclablèment ce qu’ils promettentque l’bni
77 peut ajouter plus dè foi: a leurs Amples parotesr,
! » qû’aùx ferments des autres; Ils eonfidèrent même:
77 les ferments commè des parjures, garce qu’ils n e
37 peuvent fe perfuaoer qu’un homme ne foit pas-.uai
77 ine-iteur , rorfqu’ila befoin pour être cru dêprear-
! # df^ Dieu à térnoiù......Ite.ne rerpivéat pas for lé