
le livre qui porte Ton nom dans l'Ecriture , & où on
.raconte comment elle délivra le peuple de Dieu , en
donnant la mort à Holopherne , général des armées de
Nabuchodonofor, roi d’Aflÿrie , qui afîiég^oit Béthulie.
( Voye^ AcmôR. )
Le nom de Judith eft célèbre auffi dans l’hiftoire
pr«fane-& moderne. C'eft celui de la mère & d’une
nlle de Charles-fe-Chauve.
. La Première , belle , galante , fpirltuelle , ambi-
'u 1 hlt a seconde femme de Louis-le-Débonnaire :
■ ede le eotjverna & caulà toiis les malheurs de Ion rèane
&,les ioulevements .continuels .de fes^fils du. premier
ht , par toutes les violences , toutes, les injuftices, tous
les artifices qu’elle ne ceffa d’employer pour procurer
laggrandiffement de Charlcs-le-Ghauve fon fils. Elle
eut, dans ce projet qui l'occupa fans celle, une viçifiî-
tude continuelle de revers & de fuccès. Morte en
«4 ?-
Ea féconde , allez lèmblable à lôn ayeule j avoit
époufé', en premières noces, Ethelwolph, roi cl’Angleterre.,
Revenue en France après., la mort de fon
premier mari , elle fefit enlever par Baudouin, grand
fore mer de Flandre. Charles - le - Chauve , père de
Judith , dans le premier mouvement de fa colère,
parvint à foire excommunier le raviffeur , aûifi que
Judith-; mais ©n négocia , & après quelques traverfês ,
Baudouin fut récompenfé de fon crime & de fon info-
lence par Charles , qui non-feulement cenfentit à le
regarder comme fin gendre , mais qui le fit comte
héréditaire de Flandre. C ’eft de lui & de Judith que1
defeendoient tes comtes de Flandres , pairs du royaume
fi long-temps redoutables aux rois leurs fouverains. '
: « Ç O R T H A , (H ijk Rdm. .): roi de.Numictie,
donr balluffie a écrit la vie. C ’ftoit un fcélérat habile ■
s’il n’étoit pas elTentiellament mal habile d’être fcélérat!
Nous avons rapporté une partie de fes crimes à l’article
ÆAdherbal , une de fes viffimes. Il avoit des
reflources dans l’efprit ; à force d’adreffe , d’intrigues
& de-.talems , il parvint a féùuire ou à divifer le lenat
Romain, alorsl’arbitre des rois,&àfe foire pardonner
pour; quelque temps , les., attentats par lefquels il s’étoit
eleve fur le trône :■ mais enfin la- vengeance éclata •
Rome, lui dédata la guerre : il ofa venir à Rome’
e compte' de fa conduite ;■ il ofa y foire affoffmer
pnnee Numide , defeendu, comme lui, de
Maihmffa , & auquel il c-raignoit que le fénat ne voulût
transférer la couronne de Numidie. Bomilcar , fon
parent & fon confident, lui prêta fin bras pour ce
crime y dans la fixité , le même Bomilear le trahit, &.
conspira contre lui y la eonfpirationfut découverte,
Jugunha le fit périr. Pendant le temps de la guerre,
Jugujttha vint à bout de corrompre ou damuièr lés
confols Lucius- Calpumius-Beftia & Spurius-Pofthu-
mtus-Albmus y il fe défendit avec défavantage,, mais
avec confiance, contre Métellus;, il céda enfin à la
f ortune de Marius & . à. l’adreffe de Sylla , qui fit
ieterminer Bocchus, beau-père de Jugunha , à le
livrer auxRomains. ( F l’article Bocchus. ) Marius
frama ton captif en triomphe dais Rome. Sallufte,
peut-être pour l’honneur de cette même Rome "
s’arrête au moment cil Jugunha eft’ livre à Sylla &
remis par Sylla à Marius : il ne nous dit pas quel fut
le fort de Jugunha ; nous l’apprenons de Plutarque :
dans la cérémonie du triomphe, il parut comme un
homme qui a l’efprit égaré. Il fut jetté enfuite dans un
. caaî.10t't °ù ü lut traité avec indignité , & oit on le
foiua mourir de faim. II y vécut fix jours , paroiffant
beaucoup tenir à la vie. Les geôliers, dans i’empreflè-
ment de le dépouiller, n’attendirent pas qu’il fût mort •
ifs dechirerent fa robe , ils lui arrachèrent les oreilles
pour avoir. Iqs ^pendants qu’il porteit. Il femble que
Rome auroit du ou refpeéler dans nn roi ' coupable ,
la royauté toujours refpeflable , & le'talent qui ne
l’eft peut-être pas moins , ou fe rdp.èter elle-même
dans le traitement qu’elle faifoit à un roi vaincu , à
un ennemi détruit, qui avoit autrefois mérité ion t-ftime
& les éloges , en combattant pour elle,
C efl ce meme Jugunha qui, revoyant après un
certain temps , cette Rome cil il avoit vu encore
quelques vertus , lorfqu’ii avoit fervi fous Scipion, au
iiege .de Numance , fut fi frappé des progrès rapides
que la cup’.aite y avoit faits avec |k luxe , qu’il dit que
Rome etoit devenue toutg vénale , & n ’attendait pour
le vendre -, qu’un acheteur.
II fut pris & mouiut l’an de Rome 647, io< ans
avant J. C '
5 I ^ I F S . Nous plaçons ici fous ce titre général ,
l’article Fqntannier , qui a été oublié à G place.
Autrefois en France, le gouvernement toléroit les
. t e j s ,, les Juifs prdTuroient le .peuple, & le oouvei-
nement prefiufoTt les Juifs à ion tour. HparcifToit
alors venger le peuple, tandis que c’étoit lui qui en.
: l ecueilloit les dépouilles. Il chaffoit les Juifs & corifif-
quôit leurs biens , au lieu de les rendre au peuple *
d’où ils venoient ; puis il rappelîôit les Juifs moyennant
finance, &. toujours ious la condition tacite d’exercer
de nouyeau leur brigandage accoutumé , qui finiroit
toujours par être la proie du g .^ne ment. Telle fût
long-temps, a 1 egard des Juifs , u. conduite d*un gouvernement
fans principes comme fans lumières. Par une
ordonnance du 17 feptembre 1394, donnée on pendant
la demence de Charles V I , ou pendant un des'
courts, intervalles que lui Iaifïbierit les accès de cette
démence , les Juifs- furent bannis à perpétuité du
royaume» au lieu d’être réduits par de fages loix , à'
vivre en citoyens honnêtes & utiles. Ce fut en France
la dernière profcriptïonde la nation Juive; & malgré-
tous les efforts , elle n’avoit pas encore pu Çen 1787) en
obtenir la révocation ; elle n’àvdît de domicile autorifé
que dans quelques villes qui ont paffé dans des temps
bien postérieurs fous la domination Françcife. Çet
ouvrage de la démence de Charles V I , fut confirmé
pendant l’enfance de Loü s X I î l , en 1615 , à l’ôcca-
fion de quelques Juifs Holtandois & Portugais, attirés
en France par le maréchal (l’Ancre * & qui forent
forpris à Paris , célébrant, la Pâque. Quelque temps
après un aventurier , nommé Fontannier, qui avoit
fouvçnt changé de religion & d’état, &qui avoit fini
bâr fe faire Juif, ofa prêcher dans Paris , le;Judai(me ;
il fut arrêté au milieu de fes auditeurs , au moment
où il diétçît ces paroles : le coeur me tremble , la plume
me tombe de la main. Qu’on arrête un prédicateur ,
qu’on le prive pour quelque temps de fa. liberté, cette
rigu.ur peut quelquefois trouver des motifs dans la
politique; mais on brûla Fontannier, & cette barbarie
n’a point d’exeufe. Que de barbaries cependant ! &
toujours parce qu’on n’en fàvoit pas aflez pour être
humain & raifbnnable.
JUIF, f. m.. ( Hifl anc. & mod.fe é la te iir de la
religon judaïque.
Cette religion , dit l’auteur des Lettres Perfonnes ,
eft un vieux tronc qui a produit deux branches , fo
Chriftia'.iifme & le Mahométifmé , qui ont couvert
toute la ferre ; ou plutôt, ajoute-t-il, c’eft une mère
de deux filles qui l’ont accablée de1 mille - plaies. Mais
quelque mauvais traitements qu’elle en ait reçus, elle
ne laiffe pas de fe glorifier ae leur avoir donné la
naiflance. Elle fe fort de l'iinè & de l’autre pour
éjmbraffer le monde,, tandis que fà yieilleffe vénérable
embraffe tous les temps.
Jofephe , Bafnage & prideaux ont épuifé l’hiftoire
du peuple qui fe tient fi conftamment dévoué à cette
vieiilç. r e l ig io n & qui marque fi clairement le berceau
, l’âge &c les progrès de la n 'tre.
Pour 11e poi '.t ennuyer, le leéfeur de détails qu’il
trouve dans ta * de livrés , concernant le peuple
dont il s’agit ici , nous nous bornerons à quelques
remarques moins communes for fon nombre,, fà dif-
perfion par tout l’univers^ fon attachement inviolable
à la loi ruofaïque au milieu de l'opprobre &
des vexations,
Quand on penfè aux horreurs que les Juifs ont
éprouvées depuis J. C . , au carnage qui s’en fit fous
quelques empereurs Romains, & â ceux qui ont été
répétés tant de fois dans tous les états chrétiens} on
conçoit avec peine que ce peuple fubfifte encore ;
cependant non feulement il fubfifte, mais, félon les
apparences, il n’eft. pas riïoins nombreux aujourd’hui
qu’il l’étoit autrefois dans le pays de Canaan. On n’en
doutera point, fi après avoir calculé fo nombre ,des
Juifs qui font répandus dans l’occident, on y joint
les prodigieux effa:ms de ceux qui pullulent en Orient,
a la China, entre la plupart de? nations de l’Europe
&de l’Afrique, dans les Judas orientales & occidentales,
& même dans les parties .intérieures de l’Amérique.
Leur ferme attachement.,à la loi <fo Moïïè n’eft pas
foofos remarquable , forrtout fi l’on .çonfidère leurs
frequentes apoftafies, lorfqu’ils vivoient fous le gouvernement
de leurs rois, de leurs juges, & à l’afpeéf
de leurs tenjples. Le Judàifiu- eft maintenant, de toutes
ks religions du monde, celle, qui eft le plus rarement
Abjurée ; Sc c’eft en partie le fruit des perfécutions
qu elle a. fouffertes. $es fe£Jg.teurs, martyrs perpétuels
de leur croyance , fe font regardés de phif en plus
comme la fource de toute fainteté, & ne nous ont
envifàgés que comme des Juifs rebelles qui ont changé
la loi de Dieu, en foppliciant ceux qui îa tutoient de
h propre ruam.
Leur nombre doit être naturellement attribué à leur
exemption de porter lès armes, à leur ardeur pour le
mariage, à leur coutume de le contrarier de bonne heure
dans leurs familles, à leur loi de divorce , à leur genre
de vie fobre & réglée , à leurs abftinences, à leur travail
, Si. à leur exercice.
Leur diîpérfiom ne fe comprend pas moins aifément.1
Si, pendant que Jérufalem fubfiftoit avec fon temple,
les Juifs ont été quelquefois chaffés de leur patrie par
les viciflïtudes des Empires , ils l’ont encore été plus
fouvent par un zèle aveugle de tous les pays où i's fe
font habmiés depuis les progrès du Chriftianifme &, du
Mahométifmé. Réduits à courir de terres en terres, de
mers en mers , pour gagner leur vie , partout déclarés
incapables de pofféder aucun bienr-fonds, & d’avoir
aucun emploi, ils fe font vus obligés de fe difperfer de
beux en lieux , '& de ne pouvoir s’établir fixement dans
aucune contrée , faute d’appui, de puiffance pour s’y
maintenir, & de lumières dans l’art militaire,
Cetfe clifperficn n’auroit pas manqué de ruiner le
çujte religieux de toute autre nation ; mais celui des
Juifs s’eft foutenu par la nature &. la force de fes loix.
Elfes leur" preferivent de vivre enfemble autant qu’il
eft poffible, dans une qiême enceinte, de ne point s’allier
aux étrangers, de fe marier eutr’eux, de ne manger
de ia chair que des bçtes dont ils ont répandu le
fàng,. ou préparées a leur manière. Ces ordonnances »
& autres femblables, les lient plus étroitement, les fortifient
dans. leur croyance 8 les léparent des .autres bornâmes
, .& ne leur laiffent, pour fubfifter, de reffources
■ que le .commerce, profeffion long-tems méprifée
par la plupart des peuples de l’Europe.
Dê’à vient qu’on la leur abandonna dans les
fiècles barbares; & comme ils s’y enrichirent nécefe
fairement, on les traita dlnfames ufuriers. Les rois ne
pouvant fouiller dans la boiirfe de leurs fujets ,
mirent à la torture les Juifs , qu’ils ne regardoient pas
comme des citoyens. Ce qui le paffa en Angleterre à
four égard» peut donner une idée de çe qu’on exécuta
çontr’eux dans les autres pays. Le roi Jean ayant
jbefoin d’argent, fit emprifonner les riches Juifs de fon
royaume pour en extorquer de leurs mains ; il y en
eut peu qui échappaffant aux pourfoites de fa chambre
juftice. Un d’eux, à qui on arracha, fept dents l’une
après l’autre pour avoir fpn bien , donna m Ue marcs
d’argent à la huitième. Henri III. tira d’Aaron, ju if
d’Y orck, quatorze mille marcs d’argent, & dix mille
pour là reine, Il vendit les autres juifs de fon pays à
Richard fon frère pour un certain nombre d’années,.
ut quos rex çxçpriaverat, cornes evifçerant, dît Matthieu
Paris,
. On n’oublia pas d’employer en France les mêmes
trait -mens contre les Juifs ; .on les mettoit en prifon ,
pn les pillpit, on les vendoit, on les accufoit de magie ,
de façrifier des enfans , d’empoifonnçr les fontaines :
on les ehafïoit dp royaume , on les .y laiflbit rentrer
pour de l’argent ; & dans le temps même qu’on les
toléroit, on les diftinguoit des autres habitans par des
marques infamantes,
Il y a plus, la coutu me s’introduifit dans ce royautji^
P d &