
le commerce un hôpital de cet ordre. Lé nom de
ce digne citoyen , immortel dans fa patrie, mérite
de pafler les mers & d’être porté à nos derniers
neveux. C’eft de M. Thomas Guy , libraire à Londres ,
que je parle ; 1 édifiée de fon hôpital pour les incurables
, lui a coûté trente mille livres fterling
mille livres tournois ) ; enfuite , pour comble de bienfaits
, il l’a doté de dix mille livres de rent'e , 23000 liv.
tournois. (D. J. y
INÈS DE CASTRO & ( Hift. de Portugal. ) La
•élèbre Inès , dont les malheurs font le fiïjët de la touchante
tragédie de M. de la Motte , étoit dè la maifon
de Caftro en Portugal , qu’on croit defeendue de Fer-
dinand-îe-Grand , roi de Caft.lle, au onzième fiècle.
Elle étoit fille naturelle de Pierre Fernandès de Cojlm ;
elle eut le malheur d’infpirer une paillon violente à
l’infant de Portugal, cfom Pédre, fils du roi Alfonie IV.
Confiance Manuel , femme de l’infant , & dont Inès
de Caftro étott dame d’honneur, en mourut de douleur.
Dom Pédre époufa en fecret Inès. Alfonfe defirant une
aijjtre alliance pour fon $ls, réfolut de fàcrifier Inès ,
& vint dans cette intention la trouver à Conimhre :
mais la vue de cette belle femme & des enfants qu’elle
avoit eus de fon’ fils, le défarma : ainfi, le fait qui
forme la première partie du dénouement de là tragédie
d'Inès, efl très-vrai. Trois defés eourtifans ,Gonzalès,
Coèllo & Pacheco , parvinrent à l'irriter de nouveau
contre Inès, & lui arrachèrent un confenteftient à la mort
de cette infortunée ; ils- fè chargèrent de l’exécution,
& allèrent la poignarder eux-mêmes entre les bras de
fes femmes. On ne peut concevoir quelle paflion fo-
rieufe put porter ces monflres à une fi baffe atrocité.
Ferdinand & Alvarès ou Alvar , frères de Caftro,
s’armèrent pour venger leur Coeur. Dom Pédre fè mit
à leur tête pour venger là femme. Ils ravagèrent les
provinces oh les affaifins avoient leurs biens! Alfonfe
fut obligé de les bannir ; mais cette peine ne put fuffire
à ta vengeance de l’amour défefpéré. Dom Pédre
étant monté fur le trône treize ans après-, en I 357, &
le roi de Caflille, Pierre-le-Grand ,- qui avoit befoin
de lui, lui ayant Evré Gonzales & Coëllo , il les fit
appliquer à la queflion en là préfence, pour fe repaître
de leurs tourments; puis il les fit ouvrir tout vivants
pour leur arracher le coeur, à l’un par la poitrine , à
l’autre par l’épaule. Pachéco s’étoit fauve en France, où
il trouva un afyle, d’après la déteflable politique, qui
regarde comme un avantage l’acquifition d’un fcélérat ,
& qui fe fait un je ne fais quel point d’honneur de lé
dérober à la juflice. Il y mourut tranquillement. Inès
avoit été aflàffinéè en 1344. Dom Pédre la «(exhumer
en cet etat^; & voulant qu’elle eût régné en Portugal,
il la fit revetir deshabus royaux , lui mit une couronne
lur la tete, & tous les grands de Portugal vinrent la
reconnoitre en cet état pour leur fouveraine, & lui
rendre hommage.
• S S E l 1 ’ q P ™ auUl lehff. M me,
titre d’honneur qu’on donne aux enfants de quelcn
princes , comme en Efpagne .& en- Portugal. ^
,0n dit ordinairement que ce titre ^ jutcod.
en Efpagne a l’occafion du mariage d'E'éon'or cPAtf*
gleterre, avec Ferdinand I I I , roi de Caftille , & que
ce prince le donna pour la première fois au prince
hanche Ion fils ; mais Pelage, évêque d’Oviédo , qui
vivoit 1 an I io o , nous apprend dans une de fes lettres
, que dès le règne dfEvremond I I , le titre d’i/*-
fant oL & infante étoit déjà usité en Efpagne. {A . R.}
tc^ £ E L B U R G E , IN G E R B U R G E ou.
î,?.,? M E U R G E , ( Hift de Fr. ) fécondé femme de
Philippe - Augufte , fille de Valdemar I , & foeur, de
Ganut V I , rois de Danemarck. Philippe - Augufte ,
ennemi & rival de Richard I , roi d’Anglererre,
voulut acquérir des droits fur ce dernier royaume. Les
Danois avoient autrefois conquis l’Angleterre ; il fe
-fit ceder ces vieux droits du Danemarck en époufant
Ifemburge , & il exigea que le Danemarck l’aidât à
les taire valoir. Canut1, en faveur d’une alliance fi
honorable, confsntit à tout. Le mariage fe fit à Amiens
™ ™^M-a0Ut î ^ -/ f i^ u r g e étoit belle & vertueufe-
mæs Fhihppe s en dégoûta dès la première nuit, & fit
calier fon mariage. Le roi de Danemarck demanda
jutt.ee au baint-Siège , qui nomma des légats pour
examiner^ 1 affaire. Philippe ,, pour ôter à Jfemburge
toute efperance, avoit époufé Agnès deMéranie, fille
de Bertold, duc de Dalmatie ; les légats n dsèrent rien,,
prononcer , & furent même foupçonnes d’avoir favorifé
la caufe dAgnès^Le Saint-Siège croyoit avoir plus de
beiom du roi de France que du roi de Danemarck.
Cependant celui-çi menaça , le Saint-Siège fit atter.-
trôn a fes demandes. D ’autres légats s’affemblèrent à
Dijon. Philippe, ayant fondé leurs difpofitions, prit
le parti, pour gagner du temps , d’appeller au pape
de tout ce qu ils pourroient décider. Les légats ne voyant
dans cet appel , qu’un-deffein d’échapper à la juûice
mirent le royaume en interdit , & s’enfuirent après
ce coup téméraire. Lafentence qu’ils avoient rendue ,
ne fut publiée qu’après leur départ, mais elle fut exécutée
par les principaux évêques françois. De tous
les lecoHrs Spirituels , l’églife n’accordoit plus que le
bapteme aux enfans & l’abfolution aux mourants*.
Mezerai dit que cette affaire pouvoit aller jüfqu’à ôter la.
couronne au ro i, & il a raifon , vu les erreurs du
temps. Ce défordre dura Sept mois. Les violences que
le roi exerçoit par repréfailles , fur IeO eigé, aigrit
foient les efprits. L e pape (c’étoit Innocent 111 j confentît
a lever 1 interdit par provifion , mais fous la condition,
expreffe que le roi commenceroit par reprendre Ifem-
9 que dans fix mois , Ûx Semaines, fix jours
& fix heures, il ^feroit juger de nouveau cette grande
caufe par les memes légats , joints ajux prélats du.
royaume „ tous les parents d’Ifemburge étant invités à la
défendre. Laffemblée fe tint à Soiffons v fous les yeux
d Ifemburge & par fon choix. Le roi Canut y envoya
les plus habiles canoniftes de fon royaume , pour
plaider la caufe de fà foeur. Philippe voyant que les
difpoiitions des juges ne paroiffoient pas lui être favorables
, alla un jour - prendre Ifemburge chez elle y
1 emmena en croupe fur fon cheval , & fit dire aux
ledits qu’ils ne fe donnaient point la peine de juger
1 affaire du divorce 9 qu’Ifemburge étoit fe fetnme 3 ÔC
en rendit hommage. Il avoit fucccdé , en 1 130 , à
Honorius II. 11 mourut en 1143. Dom de Lannes a
écrit fon hiftoire,
2?. Innocent I I I , fuçceffeur de Céleflin III, en
1198, eft un des papes qui ont le plus étendu l'autorité
pontificale, & c’eft peut - être le premier qui
ait été vraiment foi dans Rome. Sous lui , le fénat
romain devint le fénat papal ; la dignité de conful,
dont le titre fobfiffoit ençore fut abolie ; le préfet
de Rome reçut de lui l’invefliture de fa charge , qu’il
reçevoit auparavant de l’empereur. Il excommunia
Jean-fans Terre , & fit trembler Philippe-Augufte. Il
publia la fameufe ôc cruelle croifade contre lès Albigeois.
Il eft regardé-comme l’auteur de l’inquifition»
Sous lui s’établirent les Dominicains , les Francifcains ,
les Trinitaires. Baluze a publié fes lettres en 1680. On
a encore de lui d’autres oeuvres. On dit qu’il efjl
l’auteur de laprofe de la pentecôte: Vent fanElt Spiritus,
attribuée au roi Robert. Il mourut en 1216.'
30. Innocent I V 9 de la maifon de Fidqùe, pape
en 1243 , après Céleftin I V , dépofa l’empereur Fré-?
déric II au concile de Lyon en 1245 , & publia une
croifade contré lui. Dans ce concile de Lyon , le chapeau
ronge fut donné aux cardinaux. Innocent IV,
paffoit pour habile en jurifprudence. On l’appelioit le
père du droit. Il a laiffé fur les Décrétales, un ouvrage
fouvent imprimé. Mort en 1254.
40. Innocent V I I I , ( Cibo ) fe fit remettre par le
grand-maître de Malte, Pierre d’Aubuffon, le prince
turc Zizim, frère de Bajazet I I , qui étoit tombé entre'
les mains des chevaliers de Malte ; & le pape AlexaiW
dre V I , focceffeur d’Innocent V I I I , remit ce même
prince Zizim à Charles V I I I , dans le temps de l'expédition
que fit Charles VIII en Italie ; Zizim céda fes
droits fer l’empire de • Conft^tinople à ce même
Charles VIII 5 qui eut un moment brûlant pour un-
ambitieux 9 celui ou il fit des aéles de Souveraineté
dans Rome, en mémoire de .Charlemagne & des autres
empereurs de France 9 & oh il a.cqiiit des droits à
l’empire grec ou turc. Innocent V I I I , élu en 1484 ,
mourut en 1492.
4°. Innocent X , (Pamphile) élu en 1644 > oft
principalement connu par fa bulle .contre les cinq pro-*
pqfitions de Janfénius, publiée le 3 j mai 1653. Mort
le 6 janvier 1655.
Innocent X I , (Odefealchi) connu par fa fierté
& par fon inflexibilité 9 ou du moins par fa réfiftance
opiniâtre à quelques volontés de Louis XIV , prince
. moins accoutumé qu'aucun antre a la réfiftance. Il lui
réfiûa dans l’affaire de^la Régale, queftion qu’il faut
laiffer réfoudre aux canoniftes, & dans l’affaire des
fcanchifes s oh tout lé monde eft en état de juger
qu Innocent X I n’avoit pas tort ; mais on ne jugera pas
qu’il eût raifon de refufer des bulles aux. évêques françois
, à caufe de; quatre fameux articles de 1682. On
jugera même que fa conduite en cela , n’étoit pas bonne
politiquement, & que ç’étoit trop avertir les François
de fe paffer de bulles & de ne plus payer l’annate.
Dans U guerre de 1688, Innocent X I s’unit aveq