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qu’étant né de pare ns pauvres, il avpit paffé fà jeune
fie à garder les troupeaux. Ce fut par la valeur
que de fimple foidat , il parvint aux premiers grades
de laguerré. La faveur des foldats le rendit néceflaire
à Dioclétien qui le créa Céfar, en lui failant époufer
fa fille Valéria. Tant qu’il n’avoit eu qu’un commandement
fobordonné , il serait acquis la réputation
d ’un grand capitaine ï' i l démentit cette idée dans la
guerre contre les Goths & les Perles qui le vainquirent
dans plufieurs combats. Ses défaites furent imputées;
à Ion incapacité; Dioclétien l’obligea d é marcher à pied
à la fiiite de îon cnaravec tous les attributs dë la dignité
impériale. Senfible à cette humiliation , il demanda
le commandement d’une nouvelle armée pour réparer
la honte de lès anciennes défaites. Plus heureux ou
plus làge , il remporta une viébire çomplefte fur
Narsès, qui lui abandonna fon camp , fes femmes ÔC
les enfans. Le vainqueur ufa avec humanité de fa
vifilpire ; ja famille de Nar;ès n’elTuya aucune des
humiliations de la captivité ; mais il ne lui rendit la
liberté qu’a condition qu’on refiitueroit toutes les
provinces fituées en deçà du Tigre , que .les Perfes
«(voient envahies. Il fucçomba fous le poids de les
profpérités, Saifi d’un fol orgueil, il pnt le titre de
fils dé Mars. Dioclétien qui l’a voit méprifé commença
à lé craindre , &. quelque tems après il le détermina à
le démettre de l’empire. Maxirtiien après cette abdication
monta fur le trône & prit le titre cfÀuguffe, qu’il
déshonora par lès cruautés. Les peviples furent accablés
d’ impôts, Sç ceux qui furent, dans l’nppuifiance de les
paye r , furent expofés aux bêtes féroces : ce fut contre
1rs Chrétiens qu’il exerça le plus de cruautés. Toutes les
calamités qui affligèrent l’erppire kur furent imputées.
L ’âge qui tempère Je? pariions , ne, fit qu’aigrir fa
cruauté. T o y s les fojets 'de L’einpire furent obligés à
donner une déclaration de leurs biens, çk ceux; cui
forent convaincus d’inexactitude , furent punis par le
fûppliçe de la croix, Les indigens* furent acculés de
Ç.^fihêr leurs tréfors , & fur cette, fauffe idée. , fis.
forent jettes dans le Tibre. Ces exécutions barbares le
rendirent odieux aux peuples.. ïriaxençe i 5 appellé
par les vçeux des Romains , le. força, dg quitter
rataiîe, Les chagrin^. épuile.rent les forces ; il tomba
inalade ,. & fon corps' couvert d’ulcères ne fut plus
qu’uné plaie. Ce tyran qui dans la fonte avoit bravé
les dieux S i leurs minifires , devint foperffitieux en
féntant fo fin approcher. Il invoqua. toutes les divinités
du paganiffhé qui n’apportèrent aucun foulage-
rpenç à fes maux. Il afirefia enfuite fes voeux au
dieu de§ Chrétiens qui rejetta tes. prières. Il mau-
rpt. aù milieu des douleurs- les; plus aigues qui forent
lè châtiment anticipé de fes excès, monôrueux. Son
déççloit les viçes cachés de fon ame. IL
étoft d’une ta:|le gfoamefque & chargé d’embonpoint.
S‘a voix forte &c difcorcfonte pe fè foifoit entendre
qye pour faire des menaças ou diéter de#s arrêts,
dç *nçrt, Les lettres qu’il décfoigpa ne Lui prêtèrent
point leur feçours popr adouci ç fo férocité. R mou?
fut l’an 3 u . ( T—t-w j.
■ léîiîçiïïé Gakrtws, £ Voyei^ G ALE R t ^
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MAXIMILIEN I , archiduc d’Autriche, ( f l if t .
d'ALLmagyi:. ) XXVIIIe empereur clepuis Conrad, naquit
le 2.2 mars l’an 1459 ? de Frédéric le Pacifique ,
&. d’Eléonore de Portugal, & fut élu roi des Romains
en i48.dle. 16 février : il fuccéda à fon.père l’ an 1493 ,
& mourut le 12. janvier 1519.
Le commencement du régné de ce prince offre un
mélange de proipérités & de revers. Son mariage avec
la princeffe M arie, fille &. héritière de Charles le
Téméraire, le mit en état de figurer avec les plus puif-
fans pot ntats de l’Europe , même avant qu’il -parvînt
au trône de l’empire: Ce mariage fut une fource de
guerres entre les maifons de France &C d’Autriche. Au
nombre des provinces qui formoient l’opulente fuc-
ceflion de Charles/on comptoit le Cambrefis, l’Artois,
le Hainaur, la Franche-Comté & la Bourgogne. La
France prétendent avoir un droit de fozeraineté fur ces
provinces; Louis X I , que l’on dételle comme homme,
mais que l’on admire comme ro i, devoit commencer
par fé faifir des deux Bourgognes , & de plufieurs
places dans l’Artois &. le Hainaut. L a France foible ÔC
malheureulè' fous le régné des prédéceffeurs de Louis,
parce qu’elle étoit toujours diyifçe & ennemie de fes
rois ,'fe rendort redoutable fous un prince qui avoit l’art,
defe faire obéir, & q u i; au rifoiié d’éprouver-des-re*
mords1, commettoit indifféremment tous les crimes,-
pourvu qifiilsfufient avoués par-la politique. Maximilien
fàvoit ce qu’ il avoit à craindre d’un fefnblable énne-
mi; perfuadé que les troupes de la princeffe fon époufe,
étoient infuffifantes, il implora les princes allemands qui,
mécontens de l’empereur fon père , lui refoferent des
fècours. Les Liégeois feuls embrafferent fon parti. A idé
de ces nouveaux alliés dont la fidélité, lui étoit d*autant
moins fiifpe.de , qu’il connoifibit leur averfion pour la
dotpination frnçoife , Maximilien prit plufieurs places
importantes, battit les François à: Guinegafte ; cette v ic toire
ne fut pas dççifive, Louis X I eut l’adreife de lui
en dérober tout le fruit en le forçant de lever le fiége de
Térouane. La mort de Marie arrivée fur ces entrefaites
fournit ck.nouveaux alimens à, cette guerre. Maximilien
fut regardé comme un étranger, S l les états, for-tout
ceux dç Flandres, lui çontefferent la tutelle Sc fo
garde-noble du prince Phi lippe , fon fils, & de la
princeffe Marguerite , fa fille. Çette-nouvelle contefo
tatign étoit en partie l’effet des intrigues de fo .çour de
France, folle fé termina à l’avantage de Max irnilknx
ce prinçe fiat déclaré tuteur de Philippe , fon. fils ; on
lui fit cependant quelques conditions. Il fie déchargea
alors des foins de la guerre de France for fes -généraux,
&. alla à Francfort où les pr jnçes. de l’empii^ Lui donne-
tent le titre de roi des Romains.. La mort de Louis X I ,
arrivée peu de tems avant qu’il efit obtenu çette no:u-?
velfe dignité , fembloit lui promettre des foecès heureux
du.côîédefo Flandre où étoit le théâtre de,la guerre ;
mais le peu dç discipline qu’il entreténoit parmi fes
teoupes ,. excita une rumeur univerfeHe. I ç s parens df
fo princeffe défonte, qui fo voypient éioignésydes affafo
re s , & de la perfonne de Plfflippe^ fevorifoient lefpj'k
de révolte. Iis peçfoaderçnt aux Flamands, naturelle*
meut ennemis- du gouyerneineriMirbitrair quhï tçndotf
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| introduire le defpotifme, & à le perpétuer dans fa
nei fonne. Sur ce bruit' qu’autoriloient des aéles d’une
lévérité néceffaire, il fo vit tout-à-coup arrêté dans
Bruges ; on le traita avec beaucoup de déférence &
de refpeéi, mais on fit le procès à fes partifans. Il y en
eut dix-fept de décapités par l’ordre des états généraux.
Il y avoit bien trois mois qu’il étoff dans lès fers., lorfque
l’empereur Frédéric s-approèha avec une armée, &
naenaçales rebelles. Les états ne fo laifferent cependant
pas abattre, ils fe préparèrent à le recevoir. L ’empereuf
ôl le foi des Romains, qui connoifloient les foites d’une
guerre c ivile, lignèrent un traité qui les ebligeoit à faire
fèrtir de la Flandre toutes les troupes allemandes , 6c à-
faire la paix avec Charles V I I I , roi de France. Gn a
demandé pourquoi le miniftère du jeune Charles V III
ne profita pas d’une fi heureufe conjonélure ? Mais outre-
que Ce miniftere étoit foible, il étoit occupé d’une négociation
importante. Maximilien avoit formé le projet
d’époufer laducheffe de Bretagne, afin de pouvoir preflèr
la France de tous les côtés ; il l’avoitrmême époufée par
procureur; il s’agifloit donc de rompre, ou plutôt d’ empêcher
la confommation de ce mariage, & de faire époufer
laducheffe au roi de France, au lieu de la prii.afle.
Marguerite d’Autriche, fille de Ma x im ilien , qu’on lui'
avoit deffinée. Cettenégociation réuflit au grand bonheur
de la France qui auroit eu les Bretons pour ennemis, &
pour ennemis incommodes ,aulieu qu’elle put le flaterdè
les avoir bientôt pour fojets. Le roi des Romains, pour fe
difpènfer d’exécuter les conditions du traité que les Flamands
fes fujets lui avoient impofées, alla faire la guerre
à Ladiflas Jagelion qui confervoit la baffe-Autriche
engagée à la couronne d’Hongrie pour les frais d’une
guerre ruineufe. Il reprit cette province , €c força Ladiflas
à renouveller le traité que Frédéric le Pacifique
avoit fait avec Mathias. Cè traité qui forçoit Ladiflas
a reconnoître Maximilien pour fon fccceffeur aux
royaumes d’Hongrie & de Bohême, pourvu qu’il ne
laiffât point d’héritier, préparoit de loin ces deux états
à obéir à la maifon d’Autriche. Il avoit à peine conclu
cet important traité , qu’on lui apprit que fa prétendue
femme, Anne de Bretagne, venoit deconfommer
un mariage plus réel avec Charles VIII ; il en conçut
un fecret dépit, mais ayant lurpris A r r a s , il profita
de cette conquête pour conclure une paix avantageufe.
Le roi de France lui céda la Franche-Comté en pleine
fouveraineté ; l’Artois, le Charolois Si. Nogent, à condition
d’hommage. On doit obferver que Maximilien
n’agiffoit que Comme régent S i tuteur de Philippe fon
fils, titulaire de ces provinces, comme repréfientant
Marie de Bourgogne. Il faut avouer, dit un moderne f
que nul roi des Romains me commença plus glorieu-
fement fa carrière que Maximilien. La victoire de Gui-,
hegafte fur les F rançois, l’Autriche reconquife, la prife
d Arras & l’Artois pa^né d’un tirait de plume , le couvraient
de gloire. Frederick Pacifique mourut ( 14 9 3 ) ,
|»eu de tems après la conclufion de ce traité fi avantageux
a- fà maifon. L ’empire fut peu fenfibkà cette morty ü
y avoir long-tems que le roi des Romains l’avoir éclipfié.
Maximilien iuifoccédafons contradiélion, & s’approcha
*fo fo Croatie S i de la Carniole . que menaçoient les.
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Turcs ,"gouvernés alors par Bajazet H , focc:ffer,r du
redoutable Mahomet, conquérant de Conftantinopie S i
deftruéknr de l’empire d’Orient. Il époufa à Infpruk, à
la honte de l’Allemagne & de fa n ia ifo n la niece de
Louis -^Sforce futncirané le M a u re , auquel il donna
l’inveftiture de Milan. Louis le Maure avoit uforpé ce
duché for Jean Galeas Sforce, fon n eveu, après l’avoir
fait émpoifonner. N i l’amour, ni l’honneur ne pré1*
fidererit à ce mariage; l’empereur ne fut éblouique parles
femmes que lui apporta fa nouvelle époufe ; cinq
cens mille florins d’or firent difparoître l’intervalle iu v
menfe qui étoit entre ces deux maifons, Charles VIII
paffa dans le même temps en Italie il y aîloit réclamer
le royaume de Naples'^ en vertu du teffament de Charles
d’A n jou ., comte de Provence , qui prenoit toujours Jfe
titre de roi des deux Siciles, depuis long-rems enkvéea
a fa maifon. 11 fut reçu à Rome dans un appareil qiiî
approchoit de lapempe d’un triomphe. Louis Sforce ,
k même qui venoit de s’allier à M a x im ilien , lui avoit
fourni, des fecours d’hommes & d’argent. Les foccès dfc
Charles furent rapides ; il entra dans Naples précédé
par la terreur du nom François ; mais fa vanité qui lia
fit prendre *k double titre d’Empereur & d’Auaiifte
dont les princes d’Allemagne étoient feuls en poffemon ,
lui prépara un retour funefte. Maximilien 1e vit avec us?
oeil jafoux, il fe ligua avec la plupart, des princes de
P Europe pour lui faire perdre les noms' pompeux qu’ü
avoit eu Pindifcrétion de prendre. Le pape qui- lui avoit
fait une réception magnifique , Louis Sforce qui a-vck
facilité fes fuccès, & les Vénitiens, ceux-ci, fur-tour,
trembloient de voir s’élever en Italie nne puiffance riva*
le.de la leur; ils confpirerent pour ehafler le conquérant.
Ferdinand d’Aragon & ïfabèlle de Caffillè entrèrent
dans cette ligue, qui força Charles de repafier en
France, & d’abandonner Naples & fes autres conquê-
en moins de cinq mois. L ’empereur après avoir obligé
Charles de fertir de l’Italie, y entra à fon tour ; mais il
fut fi mal accompagné qu’il n’y fit rien de mémorable î
il n’avoit que mille chevaux Sc cinq à fix mille lanfo
quenets ; ce qui ne foffifo.it pas pour faire perdre à l’Italia
l’idée de fon indépendance. Il repàffa les Alpes au bruit
de la mort de Charles V I I I , & fit une irruption for les
terres de France du côté de la Bourgogne. Maximilien
perfiffoit a réclamer, pour fon fils, toute la fucceffioâ
de Marie. Louis XII rendit plufieurs places au jeune
prince qui fit hommage - lige entre les mains du chancelier
de France dans Arras, pour le Charolois, l’Artois
Sc la Flandre , & l’on convint de part & d’autre de s’en
rapporter au parlement de Paris for le duché de Bourgogne.
Gètte anecdote eft bien honorabk pour Louis
XXI, rien ne peut donner une plus haute idée de fa justice
; c’étoit lé reconnoître incapable de corrompre un
tribunal for lequel il avoit tout pouvoir. Louis X I n’eût
point infpiré cette confiance , plus flateufe pour la nation
que vingt victoires. L ’empereur, après avoir ainfi
réglé ce différend, jetta un coup d’oeil fur les Suiffes
qui fe dorinoient-de grands mouvemens pour enlever à
la maifon d’Autriche le refte des domaines qu’elle pof-
fédoit dans leur pays. Il tâchoit de ramener par les voies
delà douceur l’efpritd’une nation que 1a hauteur de fes