
roient plus que la crainte dans un empereur ou plutôt
dans un tyran ; il haïffoit la nobfeffe , & travailloit
à l’exterminer ; il perfécutoit les Chrétiens en haine
d’Alexandre Sévère , qui les avoit protégés. Ses (ombres
défiances , les emportements, les fureurs révoltèrent
contre lui tous les ordres de l’empire» Un jour
on lui fit au ipeâacle , une application qui eût été
un avertiffement, s’il avoit pu l’entendre ; un aéleur
prononçoit des vers g'recs dont voici le fens : Celui
qui ne peut pas être tué par un feul, peut l'être par
plusieurs. L'éléphant eft un grand animal, & on le tue.
Le lion & le tigre font fiers & courageux , & on les
tue. Craigneç la réunion de plufieurs , f i un feul ne peut
vous faire craindre. L’ignorant Maximin, qui n’enteri-
doit pas le grec, mais qui vit un grand mouvement
dans l’affemblée , demanda ce qui venoit d’être dit ;
on le trompa, & il fut obligé de croire ce qu’on lui
difoit. Peu de temps après, la nobleffe d’Afrique ayant
xnaffacré un officier , dont les exaélions approuvées
fans doute par Maximin , ruinoient la province, le
defir d’obtenir l’impunité , produ-fit une révolution
qui plaça pour un moment fur le trône, les deux
Gordiens; ce fut l’arrêt de leur mort. Gordien le père,
■ vieillard oélogénaire, fe" laiffa proclamer empereur
par les légions d’Afrique, afin d’éviter la mort dont
’ elles le menaçoient, & qui n’en fut que plus horrible
pour avoir été retardée. Il fut témoin de la défaite
& de la mort de fon fils , & fe pendit de défefpoir.
Le fénat qui avoit confirmé leur éteétion déféra l’empire
, fans le concours du peuple & des foldats, à
Maxime & à Balbin, & les chargea de foutenir la guerre
contre Maximin, devenu l’objet de l’exécration publique;
le peuple ne déiâvoua point ce choix ; mais
il força les deux nouveaux empereurs de s’affocier
un troifième Gordien : c’eft celui qui efl connu fous
le noiri de Gordien le jeune ; cependant l’Italie trem-
' bloit au feul nom de Maximin qui, averti de toutes
ces révolutions , accouroit furieux des bords du Danube
* où les Germains avoient exercé fon courage;
cet homme tefrible h’avoit jamais fçu pardonner ; aigri
par le malheur , il n’en étoit que plus effrayant ; les tor-
' iures .& la mort dévoient être le partage inévitable
des vaincus ; le tyran approchoit, la terreur fedoj-
feloit, les Alpes mal gardées n’avoient rien oppolë
à fon paffage. Aquiléè l’arrêta, il y trouva une ré-
fiftance qui pouffa. fa férocité julqu’au comble ; ne
pouvant l’exercer fur fes ennemis , il Texerçoit fur fa
' propre armée, qui enfin délivra elle-même l’empire
' de ce fléau ; lés fêtesJdes deux Maxirhin père & fils,
' portées à Maxime , réunirent1 les deux armées, chacun.
le crut délivré de Ja mort, Maxime- triompha de
Pènnemi qu’il ‘ n’avott pas vaincu. La mort de
Maximin tombe à l’an 238; Jamais bête phis cruelle
n’a marché for la terre , dit Capitolin , en parla t
du père. Son nom étoit Caius - J u l i u s Ver-us-
Maximinus. Le fils , qui avoit été nommé .Céfar
par fon père , ne vécut que vingt & un ans.
L’hiftoïre n’ a guère confervé que -le fouvenrr de fa
belle figure , qu’il feplaîfoit, dit-on , à relever par
Ja parure. Un Auteur a écrit-que les Romains fù-
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rent prefqu’auffi l affligés de fa mort que contents de
celle'du père.
Le fécond empereur, du nom de Miximin, étoit
Galcrius - Vilenus - Mixhninus , fiimommé Data ou
Daza, neveu de Galeriùs , & nommé par lui Céfar l’an
305 • Il étoit digne par lès vices, du choix de G alérius. Les
uns ufurpant la pourpre impériale, les autres la confer-
vant, quelques-uns même , tels que Maximien Hercule,
collègue de Dioclétien , la reprenant après l’avoir
quittée, on compta jufqu’à fix empereurs à la fois ;
Galeriùs, focceffeur de Dioclétien ; Conftantin, héritier
de Confiance-Chlore fon père ; Licinius, beau-
frère de Conftantin ; Maximien , qui avoit repris
la pourpre ; Maxence fon fils , qui l’avoit prife & qui
ne la quitta pas même pour fon père ; & Maxvm'n
Daïa : tous ces fix empereurs furent ennemis , malgré
les liens qui uniffoient quelques-uns d’entr’eux-.
Maximin , vaincu par Licinius, s’empoifonna l’an 313,
& tout vint aboutir à Conftantin, qui refta feul maître de
l’empire. Avant de s’empoifcnner, Maximin s’étoit rempli
de vin & de viandes , comme pour dire un dernier
adieu aux plaifirs de la table, ce qui rendit l’effet du
poifôn plus lent, mais plus terrible. Le feu dupoifon
lui dévora les entrailles , il devint un fquelette, les
yeux lui fortirent de la tête, il fentit alors de cruels
remords d’avoir perfécuté tes Chrétiens avec autant de
violence que le premier Maximin ; il demandoit pardciï
à Jesus - Christ , il le prioit doutoureufement de
l’épargner & de fe contenter des maux qu’il éprou-
voit. Il avoit voulu époufer Valérie, fille de Dioclétien
, & veuve de Galeriùs , femme vertueufe qui,
par des raifons de décence & peut-être par averfion
pour un homme haïffable, rejetta fes propofitions ;
il prit un plaifir barbare ä îa perfécuter, ä la tourmenter
, à la traîner d’exil en exilfans que Dioclétien
fon père , tantôt fuppliant comme un fimpfe particulier,
tantôt partant d’un ton plus ferme, comme un
homme qui fe fouvenoit d’avoir été. empereur, put
obtenir aucun foulagement aux peines de fa filléqui ,
du fond des déferts de la Syrie , où elle étoit réléguée,
imploroit fa proteélion..
On trouve encore dans PHiftoire Romaine , un
.autre Maximin, parent de l’empereur Tacite , &
gouverneur de Syrie fous ce prince ; ce Maximin
étoit, comme tous ceux de.ce nom, un homme violent
& emporté qui, maltraitant & les foldats & fes
officiers , les foulèva contre lui , & périt fous leurs
coups, Pan de J. C. 2.76. Sa mort entraîna celle de
l’empereur Tacite, parce que les meurtriers de Maxi-
min crurent ne pouvoir s’afturer l’impunité qu’en faifant
périr Tacite lui-même, vengeur naturel de fon parent
& de fon protégé,
MAYENNE, ( Voye{ Lorraine. )
MAYEQUES, f. m. pl. ( Hift. mod. ) c’eft ainfi que
l’on nommoit chez- les Mexicains un nombre d’hommes
tributaires, à qui il n-’étoit point permis de pofféder
des terres en propre, ils ne pouvoient que les tenir
en rente ; il ne leur étoit point permis de quitter
une terre .pour en prendre une autre-, ni de jamais
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abandonner celle qu’ils labouroîent. Les fergnettrs I
avoient fur eux la jiirifdt&ion' civile & criminelle , I
ils ne fervoient à la guerre que dans les néceffités
preffantes, parce que les Mexicains favoient que la
guerre ne doit point faire perdre de vue l’agriculture.
(A . R .)
MAYER ou MAIER, ( Hiß. Litt. mod. ) Ç eft le
nom de plufieurs écrivains connus :
i°. Michel Mayer , grand alchymifte du dernier
fiècle, a beaucoup écrit fur la Pierre philofophale &
for les frères Rofe-Croix.
2°. Jean-Frédéric Mayer, luthérien, de Leipfick ,
furintendant général des églifes de Poméranie», a
donné une Bibliothèque de la Bible, où il examine les
différents écrivains juifs , chrétiens, catholiques, pro-
teftants , qui ont travaillé fur la bible ; un traité de
la manière d’étudier l’Ecriture fainte ; diverfes differta-
tions, toujours fur la Bible ; un traité de ofculo pedum
Pontificis Romani. Mort en 1712.
30. Tobie Mayer, un des plus grands aftronomes
de ce. fiècle , connu fur-tout par les Tables du mouvement
du Soleil & de-la Lune y auteur d'une nouvelle
. manière générale deréfoudre tous les problèmes de
Géométrie y au moyen des lignes géométriques ; d’un
Atlas mathématique, dans lequel toutes les mathématiques
font repréfentées en 60 tables, & d’autres, ouvrages
d’aftronomie & de mathématiques très-utiles. Il étoit
né en 172.3 , à. Marfpach dans le duché de Wirtem-
berg. Il fut profeftbur de mathématiques à Gettingue
en 175.0. Il mourut le 20 février 1762.
MAYERNE , (Théodore Turquet, fleur de)
( Hifi. Litt. Mod. ) médecin de Henri IV , & en-
: fuite des rois d’Angleterre. Il étoit calvmifte, & le
cardinal dii Perron , mauvais convertiffeur , avoit
. vainement entrepris fa converflon. Il mourut àChelféy
près de Londres, en 1655. Il étoit né à Genève en
. 1 573, Ses oeuvres ont été imprimées en 1700, en
.un gros vol. in-folio.
MAYN A R D , -( François } ( Hifi. Litt* mod, ) un
des premiers bons poètes françois & un des membres
de l’Académie Françoife les plus diftingués de
fon temps , étoit fils d’un confeilter au parlement de
Toutoufe, dont on a un recueil d’arrêts ; on le regarde
comme celui qui a établi la règle très-néceffaire &
très-impérieufement exigée par l’oreilfe de faire une
paufe au troifième vers dans- les couplets , ftrophes
ou fiances de fix vers , & une au feptième vers dans
fes ftrophes de dix. Malherbe difoit de Maynard r
qu’il tournoit fort bien un vers , mais que fon ftyfo
manquoit de force, & nous pouvons dire qu’il mérite
une place très-honorab’e au-deffous de Malherbe ;
fes vers font d’un homme qui fait & qui font ce qu’il
dit ; ils difent quelque chofe , & ils ont de l’intérêt ;
on voit quels fentiments animoient l’auteur , on voit
qu’il efpéroit beaucoup des grands ; que fes efpérances
étoient fouvent trompées, &. qu’alors il fe plaignoit
t d’eux avec l’amertume d’un coeur ulcéré. On connoit
fes vers au cardinal de Richelieu 1
M ~A “Y yjj
Armand, l’âge affoiblit^ mes yeux
Et toute ma chaleur me quitte,
Je verrai bientôt mes ayeux
Sur le rivage du Cocyte ,-
Je ferai bientôt des fuivants
De ce bon monarque de] France
Qui fut le père des favants ,
Dans un fiècle plein d’ignorance»
Je l’entretiendrai des merveilles de ton miniftère i
& fur ce point j’aurai beaucoup à lui dire ;
Mais s’il demande à quel emploi
Tu m’as tenu dedans 1e monde ,-
Et quel bien j’ai reçu de tor,
Que veux-tu que je lui réponde l
Le cardinal répondit- durement : rien. Il avoit fans
doute de la haine ou des préventions contre lui ; il
n’avoit certainement pas beaucoup d’occafions de
placer mieux fes bienfaits ; &. puifque les poètes de
ce temps fe permettoient de demander auffi franchement,
puilqu’ils étoient fur ce point fans délica-
teflè & dans dignité , il eft fur que Maynard ne pou-
voit trouver une manière de demander plus- ingp-
nieufe', plus obligeante pour 1e miniftreplus faite
pour lui plaire & pour être acueillie. Si le cardinal'
de Richéûeu. , qui donnoit fix cents liv. à Golletet
pour fix vers plutôt drune bonne fabrique que d’un
bon goût , ne fentoit pas combien Maynard étoit
fùpeneur à Collètet & à lès fembiabîes , il- avoit tort
de juger. des vers & des- ouvrages defprit.
Si la pièce très-jolie ,, très-piquante & très-phifo-
fophique, citée par M. de Voltaire à l’article Maynardÿ.
dans fe fiècle de Louis Xi V , eft faite contre le cardinal
de Richelieu, & fi c’eit la vengeance du refus choquant
de ce min.ftre , cette vengeance qui n’a rien de
fanglant ni d’atroce, parok très-jufte ,: & elle, eft de
bon goût, elfe eft dans les juftes melures. Cependant
M. de Voltaire a raifon ,.toute cette conduite reliera»
ble trop à. celle des mendians qui appellent les paffans
Monfeigneur , & qui les maudiftènt s’ils- n’en reçoivent
point d’aumône.
Maynard avoit été feerétaire-de îa reine Martmerite'i
& avoit trouyé grâce auprès d’elle par fon eiprit &
fon enjouement. Noailles, ambaffadeur à Rome, IV
mena en 1634;. il plut auffi au pape Urbain VIII,,
par les charmes de fa copverfation ; il revint en
France ,, & comme aux agréments dont nous avons
parlé, il joignoit encore ceux d’une belle figure ,-if
lembloit pouvoir fe promettre des fuccès folides auprès
des grands ; il obtint, au lieu de richeffes,- urrbrevet
dé eonfeiller d’état. II tenta encore la fortune lous 1®
; régence d’Anne d’Autriche ; & n’ayant ni eu nf prévit
. un meilleur fuccès , il fe rebuta & fe retirât dans- fa-
; province , où. il écrivit, fur la -porte, de ion. cabinet