
312 L ' E N
car il ne publia ce traité quen 1751 au bout de cinquante
cinq ans.
, Il publia en 1698 l’imitation de J. C. forme de
prières ; quelque temps après il accompagna de notes
hiftoriques & critiques, une- édition du nouveau tefta-
ment : comme l’abbé Lenglet n’avoit pas mis fon nom
à cette édition, un chanoine régulier de Sainte Geneviève,
profeflèur de théologie au féminaire de Rheims,
imagina de.fe l’attribuer ; il en fit des préfens à tous les
fupérieurs de fa congrégation , & ’en reçut les compliments;
les journahftes de Trévoux ayant appris par
l’imprimeur quel étoit le véritable auteur de cet ouvrage,
le lui reftitùèrent publiquement. L’abbé & le
prieur de Ste. Géneviève , imaginant que c’étoit quelque
tracafferie des jéfuites contre leur ordre , allèrent
aux informations. Le profeffeur de Rheims voyant
que fon plagiat alloit être découvert, s’enfuit de fon
couvent, laiffant un billet dans lequel il faifoit lès
adieux à la congrégation ; il alla ênfeigner la théologie
chez les Grifons.
Madame la princefle de Condé, Anne de Bavière,
femme du prince Henri-Jules, difoitfon bréviaire tous
les jours, elle engagea l’abbé Lcnglet à faire une traduction
fançcife du diurnal.romain, qui fut publiée en 1705.
La même année, M. de Torcy, miniftre des affaires
étrangères, envoya M. l’abbé Lcnglet à Lille oh étoit
iele&eur de Cologne, Jofqph-Clément de Bavière,
auprès duquel, il fut admis en qualité de premier
fecrétaîre pour les langues latine 6c françoife ; il avoit
des ordres fecrets de la cour pour éclairer la conduite
des miniftres de cet éle&eur , 8ç les empêcher de rien
faire contre le fervice du roi. Lorfqu’en 1708 Lille fut
affiégée par les alliés, & que l’éleéfeur de .Cologne
fe fut retiré à Valenciennes , l’abbé Lénglet refta parmi
les afïiégçs pour prendre foin des effets de l’éleéleur qui
étoient reftes à Lille. Quand, cette^ place fut prife,
l’abbé Lcnglet fe fit préfenter au prince Eugène &
obtint de lui une fauvegarde pour les effets de lefeâeur :
' des correfpondances qu’il entretenoit dans divers pays
étrangers, lui firent découvrir les complots de quelques
traîtres que les ennemis avoient su gagner en France ;
il sut qu’un capitaine des portes de Mons devoit
.leur livrer moyennant cent mille piaftres & la ville,
& les électeurs de Cologne 6c de Bavière qui s’y étoient
retirés; il en avertit M- le Blanc , alors intendant
dYpres; le traître fut arrêté , une lettre originale de
Milord Marlborough, qu’on trouva dans fa poche,
fervi't à fa conviélion , il fut rompu vif. En ''un mot,
l’abbé Lenglet étoit efpion, & félon l’ufege, il étoit double
efpion. Suivant une tradition que nous ne garantit-
Tons pas, le prince Eugène, qui croyoit l’avoir gagné,
s’apperçut qu’il continuoit d’entretenir correfpon-
dançe avec la France ; il le fit venir ., lui montra
les preuves de ig double trahifon , & alloit le
faire pendre. Ehi Monfeigneur } lui dit l’abbé,
la i f c -moi vivre honnêtement (les profits ordinaires de
jnon métier. De quoi vous plaignez-vous ? efi-ce que je ne
vous donne pas de bons avis ? vous profiteç de tous ;
1 en donne auJR aux françois, ils ne profitent Æ aucun.
Xe prince E*gèn? admira cette impudence raifonnée
L E N
& lui fit grâce. Quoi qu’il en foit de cette anecdote ;
il eft certain qui] fut détenu fix femainesà la Haye, 8c
qu’il ne dut la liberté qu’aux foli: citations du prince Eugène.
De retour en France, il fe livra péndant quelque
temps aux fèulstravaux de la littétature; mais en
1718 8c 1719 il fut encore employé comme efpion par le
miniftère; ce fut à l’occafion de la confpiration du-prince
de Cellamare & du cardinal Albéroni; l’abbé Lenglet
fut chargé de pénétrer dans les détails 'de cette intrigue.
Son hiftoiren dit qu’il n’accepta c tte commiffion
que fur la promette qui lui fut faite, qu’aucun de ceux
qu’il découvriroit, ne feroit condamné à mort ; les
fervices qu’il rendit dans cette affaire furent payés
d’une penfion dont il a joui toute la vie. L’abbe Lenglet
fitautti q.f Ique féjour à Vienne, il fut auflï détenu à
Stralbourg, il eut des démêlés avec le fameux poète
Roufleau ; il porta dans le commerce des livres & des
manufcrits, le même efprit d’infidélité qu’il avoit porté
dans l’efpionage. -
L’abbé Lenglet n’eut peut-être de vraiment eftimable
que l’amour de la liberté qui lui fit rejet ter toutes les
faveurs que la fortune iembla lui offrir. Le cardinal
Pattionei vouloir l’attirer à Rome, le prince Eugène
vouloit le fixer à Vienne, M. le Blanc vouloit le
l’attacher; l’abbé Lenglet voulut'être indépendant;
mais l’ufage effréné qu’il faifoit de fa liberté la lui fit
perdre fouvent ; fes féjours à la baftille étoient devenus
comme périodiques. « Un exempt appellé Tapin étoit,
jj dit M. Michault, celui qui fe tranfportoit ordinaire-
jj ment chez lui pour lui fignifipr les ordres du roi.
Y>. Quand l’abbé Lenglet lé voyoit entrer, à peine lui
» donnoit-il le temps d’expliquer fa commiffion : ah !
» bon jour, Monfieur Tapin, lui difoit-il, puis s’adref-
jj font rà là gouvernante , allons vite, difoit-il, mon
■ jj petit paquet, du linge , mon tabac, &c. 8c il alloit
jj gaiement à la baftiÜe avec M. Tapin. jj
Les dernières années de fa v ie , Uabbé Lenglet s’oc-
cupoit de la chimie, & cherchoit même, dit-on, la
pierre philofophale. Il fe purgea un jour avec un firop
de fe çompofiîion , 8c devint prodigieufement enflé,
il eut recours à une autre drogue de fa façon , & devint
prefque étique ; il périt d’une mort funefte le 16
janvier 1755 à quatre-vingt deux ans : il lifoit près du
feu, il s’endormit 8c tomba, le feu le gagna , fes voî-
fins accoururent trop tard pour le fecoùrir, il avoit
déjà la tête prefque entièrement brûlée.
Son hiftorien lui attribue un caraélère doux, un
commerce aile, après l’avoir reprefenté comme un
efpion 8c un efcroc, bizarre, fougueux, cynique , incapable
d’amitié, de décence, de foumiflïon aux loix,
perpétuellement agité de baffes & petites querelles
avec des'auteurs 8c des libraires. Témoin ce ridicule
fragment d’une ridicule lettre, où l’abbé Lenglet
apoftrophe fi burlefquement le libraire Chaubert :
Parle^, M. Chaubert, expliquez-vous9 je vous en conjure :
al-je tort de me plaindre de votre injufiiee ? mais je vous
le pardonne de bon coeur ; cela ne m’ empêchera point de
vous fialuer à l ordinaire ' en pajfant devant votre boutique.
f i . / M P
On peut juger par ce trait, de l’élévation des idees
de
de Î*abbé Lenglet 8c de l’importance de (es demeles.
L’hiftôriçn de l’abbé Lcnglet.donne un catalogue
raifonné de« ouvrages de cet auteur ; il les divife en
trois ctafLs, célle des ouvrages qu’il a faits feul, celle
des éditions cu’ l a données 6c celle des ouvrages auxquels
il a feulement eu part. Parmi les ouvragesqu il
3 faits feul, les deux méthodes pour étudier rhiftoire
&- la géographie; fon hitloire4 .Q Jeanne d’A r c , fes
tablettes dironologiques, font ceux qui lui ont fait le *
p^ us d’honneur 6c que leur utilité rend les plus, recommandables.
LENONCOURT, {Hiß. de Fr.) noble & ancienne
maifon en Lorraine , qu’on voit en divers temps
s’allier aux Baudrïcoürt., aux Laval, aux Rohan, 6cc.
Elle defeend d’un frère du duc Gérard d’Alfoce ,
.rçommé Odelric, qui vivoit dans le onzième fiecle.
O'idric étoit feigneur de la ville de Nancy, & cette
maifon’ de Lenoncourt porta long-temps le nom de
Na. cy. '
De cette maifon étoient les deux célèbres cardinaux
de Lénoncourt, Robert 6c Philippe. Robert
fut évêque de Metz, 6c contribua beaucoup à faire
pafièr. cette ville fous la domination de la France.
En 155z fon oncle, archevêque de. Rheims, aufii
nommé Robert, avoit fait commencer à Rheims le
tombeau de feint Remy ; le neveu , abbe de feint
Rtmy de Rheims, le fit achever. On appelloit communément
l’onçle le père des pauvresr C’etoit lui qui
avoit foc ré le roi François I. le 25 janvier 1515’ ^
mourut le 25 feptembre x 5 31 * ï-*e neveu mourut a
la Charité fur Loire, en 1561 ; on ne l’appelloit que
le bon Robert, Il racheta le coin de la monnoie que
les évêques fes prédéceffeurs avoient engage ; on
trouve encore de la monnoie marquée_à fon coin avec !
çet 2 légende : in labore reqiâcs. Je trouve tfion repos
dans le travail,
Les Huguenots profanèrent fon tombeau :
Pes fureurs des humains ç’*ett çe qu’on doit attendre.
Philippe de Lénoncourt cardinal, archevêque de
Rheims, neveu du cardinal Robert, évçque de Metz,
fe d.ftingua également par l’efprit 8c par la piété. Il
plut à Henii j f f i , à Henri IV, à Sixte-Quint. Henri III.
l’avoit fait-commandeur de fon ordre du feint Efprit,
à -a première création du 13 décembre 157^* M°rt
à Rome le 13 décembre 1591.
LENTULUS ( Hiß. Rom. ) Ce nom Lentulus
a été porté par une foule de Romains célèbres.
i°. L- Cornelius Lentulus» çonful l’an ffe Rome 428.
Ce fut principalement d’après fon avis que les Ro-
-mains-, enfermés par les Samnites, l’an 433 , fe fou-'
mirent à la honte de paffer fous lç joug aux fourches
çaudines. •
20. Publius Lerjtulus, perfonnage confulaire, prince
du Sénat, vénérable vieillard , avoit fignaié fon zèle
pour, la egufe des honnêtes gens, 8c pour le .bien de
:Ja république , dans le mouvement oh. périt C.
Gracchus.
3°, Publius-Cornelius-Lentulus $ura, çoriful, puis
Ltifiçire, Tome U L
préteur , eft ce fameux complice de Cat lina, étrangle
n prifon,l’an de Rome 689. Le cachet de ce Lentulus
répréfentoit la tête de fon ayeul, Publius Lentulus ,
dont nous venons de parler. Cicéron,en iaifant recon-
noître à Lentulus fon cachet, lui dit avec fon éloquence
ordinaire : jj recor.noiffez ce portrait, c’eft celui d’un
jj bon citoyen , d’un homme qui aimoit la patrie.
jj Comment cçtte muette image n’a-t-el’e pas foffi
jj pour vous détourner d’un fi grand crime jj ? cfi
verh, ïnquam , fignum quidem notum , imago avt tut »
clarijjwù viri, quiamavit unicè patriam & rives fuos 9
quee. quidem te à tanto feelere etiam muta revocate
debuit.
40. Cneïus Cornélius Lentulus Clodianus , conful
l’an de Rome 680 , fut défait par Spartacus. Cenîëur
l’an 682- avec Gellius, qui avoit été fon collègue dans
le confulat, 6c qui avoit été battu comme lui par
Spartacus, ils rayèrent du tableau du fénat fogtao te
8c quatre fénateurs.
Publius Cornélius Lentulus Spinther, fe fit remar-
quer par fon fefte ; il fut le premier qui porta dans
la robe prétexte, de la pourpre de T y r teinte deuiç
fois.
Tyrio bis murice tifiÇlam,
Edile Curule , l’année du confulat de Cicéron,
de Rcme, il donna au peuple des jeux dont la magnificence
furpatta tout ce qu’on avoit vù jufqu alors dans
ce genre. Il fe. forpaffa lui -même dans les jeux apol-
linaires qu’il donna étant préteur l’an 692. Çonful ,
l’an 694 »il fe montra en toute occafion l’ami ôc le
défenfeur dç Cicéron. L’an 702, il eut les honneurs
| du triomphe pour quelques fuccès peu importans obtenus
en Cihcie. L’an 703 » enfermé dans Corfinium ,
avec Domîtius, il dut la vie à la clémence de Çeferf
Il alla joindre Pompée; il étoit avec lui à îa bataille de
Pharfele, 6c s’er.ffrt avec lui après la bataille.
6°. Cneïus Çornelius Lentulus Marcellinus, eonfu!,
l’gn de Rome 696.
70. Lucius Cornélius Lentulus , conful , l’an de
Rome 703 , anirna le fénat centre Çefer 6c s attacha
inviolabkment à Pompçe , parce yju il lui paroittoit
impoffible que la viéloire abandonnât jansais ce dernier
général. Fugitif après la bataille de Phariaîe , il trouva
çomme Pompée la mort en Egypte,
8°. Cneïus Cornélius Lentulus Augur, conful, l’an
de Rome 738, par la faveur d’Augufte, qui crut devoir
honorer un fi beau nom. Il étoit avare, il amaffiy de
grandes richeffes, qui lui coûtèrent la yie fous Tibère,
Sénèque parle de lui avec mépris,
9% Coffus Çornelius Lentulüs, au contraire mérita
Ôc obtint l’eftime publique, $es viâoires fur les Getules >
Gpulçe urbes gérais exfiuperabïle bello,
lui valurent avec les honneurs dû triomphe, le furec«
de (È(m icus. '
io°. Et Lentulus Getulicns fon fils, conful, "an de
Rome 777. Àccufé de complicité avec Séjan , .1 con*
fendit l’accuigieur 6c en it&pdfe? ^ Tibère. Un«
Ji ?