
H f lS I S A
»> dans la nuit du tombeau. J’aurois recueilli tón lang |
» jaurois bu celui de nos ennemis, & je feroîs morte
» de joie en baifent tes blefliires.-Tu pleures, malheuy-
»> reux, ah ! ce né toit pas des larmes, c’étoit ton fang
» qu’il falloit répandre. Vas,, fuis loin de m oi, ôc fur-
* tout a garde-toi de dire que tu es mon époux ». .
Par cette femme , on peut juger quels hommes
George avoit à combattre , mais Ion génie applanit
tous les obflacles. Toute cette guerre ne parut-être
u un /eu politique , dont Ifabelle fut la vi&ime.
oiiman qui l’avoit fecoutue , îe ligua avec 'George ,
dans le temps oh ce meme George suniiToir avec
Ferdinand. Seule, ÔC de tant de biens ne confervant
que fa vertu , fa gloire Ôc fon fils , Ifabelle convoque
une diète à Egnet ; un reffo de compaffion pour elle
y conduit la nobleffe. Les conférences commencent,
Ifabelle parte avec force ; on la plaint, on va la fe-
courif ; George paroît, & l’affemblçe fe dilîipe. Dans
une féconde diète à Colofward -, là reine vaincue par
l ’amour de la paix , plus que par fa mauvaife fortune' ,
Ote la. couronné à ion fils ; le moine eut l’audace de la
lui demander. «La couronne de'Hongrie à to i, mifé-
v rable, s’écria la reine • je: f oterois de là tête de mon
** fils pour la remettre à un moine I je la rends à
« Ferdinand, à qui mon époux l’a cédée », Puis,
s adreffant a - fon fils, qui étendoit fes bras pour retenir
cette couronne:« Penies-tu , lui dit-elle, quêta mère
Jî voulût t’arracher un bien qu’elle .auroit pu te confer-
»> ver par des moyens légitimes ôc glorieux, DélaifTés
” par nos amis , trahis -par nos ïùjets, "défarmés au
» milieu d’un peuple rebelle, errants d’afyle en afyle ,
»> trompés par Soliman , & pour comble d’ignominie,
« infùlté par un moine, l’appui, peut-être dangereux
« de Ferdinand, efl le feul qui nous refie.Il nous le
3» vend bien cher : il te prend un royaume , mon fils.,
» ôc ne te donne qu’une principauté, L’échange n’eii
» pas égal , il efl vrai ;; mais la vertu ne manque jamais
» de couronnes , ÔC, qui fait faire des heureux, trouve
v toujours^affez de fajets », Ferdinand, ppfTefïeur d’une
couronne fx long-temps diiputée', ne refpeéfe plus la
prinçeffe ; il lalaifTa partir prefque fans lifte , dans un
appareil conforme à fon malheur. Elle s’aeheminoit "
Vers Çafloyie. , toujours prête, à tomber entre les mains 1
^des Turcs , expofee au* injures.de fair 1 graviflànt le
long des rochers , elle parvint à travers mille périls ,
à la montagne qui fépare la Hongrie de la Tranfilr
vanie. La , épuifée de fatigue y elle s’aiTit au piçfi d’un
erbre * Ôc graya ces mots fur fon écorce :
Sic, fata volant * 7 ; Jfabella région,
Soliman qui vit que fe proie lut étoit échappée, ;
ne tarda pas à rallumer la guerre. Les Hongrois cou-
roient aux. armes; ôc dans la Tranfilvanië, fui vaut
un ufege antique , un officier dans chaque ville , par- •
courut toutes les rues à cheval, tenant une lance ôc
uns Qpee enfanglaotéq , ÔC ' criant a haute voix :
Peuple, Vennemi commun vient contre nous 3 apprête^ !
parchaque mai fon un ' honirne pour le falut général, &
tnvoycçlç çu le roi voiti l‘Qfdonne.a La guerre fe fit avec
i s ,A'
différents fuccès. Vainqueurs dans une province ," vain-i I
Vus dans l’aittre , prenant tour-à-tour & perdant des I
villes, les Autrichiens & les Turcs -fe mafTacrèrent I
long-temps fans fruit. On Hottoit dans ces alternatives I
de triomphes ôc de défaites, lorfque George'le moine I
fut affaffiné par Oiflàlde , général des troupes de I
Ferdinand. Tel fut le fort de ce tyran inconcevable I
pour^fon fiècle , qui fut fafeiner les yeux uu; peuple , I
jufqua .paroltrë citoyen en fübjuguant fa patrie , Sc I
bon fujet en dépouillant les maîtres. Sa mort rendit I
a Ifabelle une partie.des tréfors de fon époux-., _que I
cet avare prélat avoit engloutis. Ferdinand- affembfe I
une diète a Torde , pour y délibérer -fur -les moyens I
de repcufïer les Turcs. Mais Soliman n’étoit pas le I
feul. ennemi dont ce prinçe fut menacéi^Le roi le I
Pologne j pere d!Ifabelle , s’apprêtoft à. h rétablir I
dans fes états , fi l’archiduc difiéroit ^^mpKrllçs I
engagements qu’il ayoit contraires ayççjjie; Il Iles I
eludoit avec beaucoup ifafit.' La reinè^Jafie eûnPqe-iJ
fes refus, prétendit être rentrée, par ces fefhs meme, I
dans tous les droits de fon fils , & que le traité qiirlos I
avoit annulles, devenoit nul à fon tour , -puifqiie Fer- f
dinand avoit viole celui qu’il ayerit conclu avec elle. I
Elle implora le fecours de Solrmam-'ïl laVoit perle- I
cutee par politique, il la fecouruf dans les mêmes "vues. I
Les Tranfilyaniens touchés, des-.malheurs à'Ifibelk , I
& fur-tout de fou coùrage prirent lies armes en fa |
faveur. Mais les habitants de la_ haute Hongrie parurent I
confiants dans leur foumilîxon- pouf l’archiduc. Ce Fut I
alors qu Ifabelle fit éclater toup ies .talént^u’elle avoit I
reçus de la nature. Elle négocia avec .fegefTe, parut à I
la rete d e ’fes armées pour intimider, fes-fojets, &-non I
pour les détruire , ne livra que des combats nécef- I
faires , pardonna, toujours aux vaincus. Ferdinand, I
par la dureté du joug fous lequel il faifoit gémir ces I
peuples, fervoit encore mieux fou ennemie. C’efi fou* I
vent leffetde là tyrannie , dè rendre à une nation' la I
lioerte qu’elle n’eut point regrettée fous un de^otiime I
modéré.^ La révolte devint- générale. Un cri unanime I
rappelloit Ifabelle dans toutes les parties, de Tes états. I
Elle courut de conquêtes en conquêtes, de viéloirçs I
en viéloires, chaffa les Autrichiens, humilia Ferdinand, I
combla de bienfaitSyceux qui l’avoient fecourue , les I
-verfà. même.fur,les perféçuteurs, , inflruifit-,fon , fils I
dans l’art de la guerre, lui. apprit a faire des heureux, I
a i’etre lui-même', à compter peu fiir^s faveurside la
fortune , Sç moins encore für famitié fies hommes, I
{M . DE Sa c y .)
ï S A G A , f . m. ( Hifl. mod. ) officier du gianfi- I
fergneur; c’efi le chambellan.. C ’efi lui qui porte les I
paroles feçrettes. fiu grand r feigneur à la fultane; il I
commande aux pages de.fe chambre & de fe garde- I
robe, & veille à, tout ce qui, concerné la perfpnne du I
fultan ( A . R.y
ISAIE , (Ilifl. Sacrée') le premier dès quatre grands I
prophètes. Ses prophéties contiennent fon hiflofrë.
ISAMBART ou ISEMBART, (Hïflkde Fr^mcrne I
auguflin .du quinzième fiçcle. Nous " nommerons cet I
hoiuuie j parce qu’étant m fies juges fie | r Pu celle I
d’Orléans, j I
I S A
'd’Orléans , il fut toucllé de compaffion & faifi fi*h(3r-
reur en voyant l’iniquité fies autres juges fes confi eres,
& qu’il tâcha de feuver la Pu celle, Voye^ l’article ÂRC,
( Jeanne d’ ).
ISAURE, ( Clémence) ( Hifl. Litt, mod,) L’exif-
tence de Clémence Ifaure, l’inflitutriçe de l’Académie
des Jeux-Floraux à Touloufe j a été long-temps un
fujet de critique & de difeuffion parmi les fevants.
On fiiflingue .trois temps dans l’hifloire ancienne de
cette Academie. Le premier eîl celui qui précéda
l’année 1323. Cette; Académie fe riommoitï alors Je
collège de fe Gaie-Science , ou du Gai-Savoir , ou,
le collège de' Poëfie. Sept troubadours, compofoient ce
collège ; ils s’affembloient dans un verger, fitué hors
de l’enceinte de la ville de Touloufe ; ils .cultivoient 1a
p o ë f i e & donnoient des prix aux meüleurs-p.oët.es.
La fécondé époque s’étend, depuis l’année 1323,
jufques vers l’an 1500.
Il refie de ces deux temps pîufieurs regiflres du
collège de la Gaie-Science , un-grand nombre de délibérations
, d’prdonnances., dé mandements, de comptes,
Sic. qui regardent cette compagnie. Perfonne,
avant 1500 > n’avoit parlé de Clémence Ifaure ; &
comme on avoit toujours rapporté fon exiflence à une
époque plus ancienne, ce filence univerfel des écri-
vains antérieurs1' à içoo , efi ce qui a fait révoquer en
doute à quelques auteurs , rexiflence de Clémence
Ifaure.
Le premier auteur connu qui ait -parlé de cette
femme célèbre , efl Guillaume Benoît, jurifoonfulte
du quinzième fiècle , né ©a 1455 , confeiller au parlement,
cfeT Ouloufe en 15,00 , ôt qui mourut en 1520.
Il parle expreffément dès jeux & des prix fondés par
Clémence Ifaure ; il fpécifie l’églantine, 1a violette &
Je foüci doré.
En 15 27 , Etienne Dolet, fameux par fes talents,
& plus encore par fa fin déplorable ( Tfoye^ fon article)
fit , en vers latins., un Eloge de Clémence , fous ce
titre : De muliere quâdam quoi ludos lïtterarios Tolofot
coiïflltuit.
En 153Ô, Jean BoifToné, profefleur en droit à
Touloufe , célébra en vers françois ÔC latins , la fondation
de Clémence,
En 1535 , Jean Vouîtç ; en 1-538 Sc 1539, Pierre
Traffebot ; en 1549, Pierre de Saint - Anian ; en
1 55°? Antoine Syphrien; en 1555- , Pierre Borèl ;
? 5 5 9 s Iean Bodin ; en 1571 , Draudius., dansfe
, bibliothèque claffique ; le préfident Berthiër, dans le
écueil de fes pqëfies latines, imprimé en 15^0 ; M. de
Thou, dans le journal de fa vie; Pierre du F.aur , dans,
fon Agonifticon, imprimé en 1592 ; Alexandre Bodius,
P°ète écoffois , dans un recueil de poëfies latines, imprimé
la> même année ; Papire Mafïon, en 1594;
Goudouîi, dans fes poëfies gafeonnes, imprimées en
* 6 0 9 ont tous célébré Clémence IfaureScé fondation.
Catel efl le premier qui, dans fes mémoires du Languedoc,
imprimés en 1633 , ait révoqué en doute
1 exiflence #Ifaure ; ÔC ce doute étoit principalement
tonfie fur ce qiie quelques-uns fies auteurs qui en avoient
m M m lome H L
I S E j 37
parlé, nommément M. de Tliou, la plaçolent dans le
fiècle, ôc qu’il étoit étonnant, d’api ès cette feippo-
firion , qu’auçun .auteur n’eût parlé d’elle avant le
fei.zième.
Les. doutes propofés par Catel, n’ont arrêté n! eu
Boulay , dans fon hifïoîre latine de lTJniverfité de Paris,
imprimée en 1665 , ni l’abbé Maffieu, dans fon hif-
toire de fe Poëfie-françoife ni la foule fies auteurs
modernes'qui ,ont parlé fie Touloufe ÔC des Jeux-
Floraux.
Do.m Va’fTette , .dans fon hiBoire du Languedoc ÿ
ÔC après lui M. Villaret, tome 8 de la noi/yt-lle hifioire
de France', attellent aufîi - l’exiftence fie Clémence
Ifaure & fe fondation ; ils la placent vers fe fin du
14e fiècle ou a u .commencement du lliiv.ant , ce qui
huiler oit ffibfifler la difficulté ; pourquoi, demanfiçra-
t - on toujours , ce filence fie tous les auteurs fur fou
compte jufqu’au 16e fiècle ?
Il a paru en 1775 , un mémoire, où, en convenant
de là difficulté fie fixer avec certitude le temps ,cù a
vécu Qémençe. Ifaure, on .çonjeélure,, d’après différentes
çirconftances , qu elle naquit vers le milieu du
15e fiècle, & qu’elle mourut à fe fin' de ce même,
fiècle ou au commencement da fuivantidée qui ex-,
plique tout., & qui iùfiit pour diffiper les doutes p r o
pofés par Catel.
On achève dans ce mémoire, de prouver Texife
tençe de Clémence Ifaure, par les monuments publics
coiffàcrés à fe mémoire, ÔC. par les autres, témoignages,
que Fournirent les regiflres de l’hotel-de-yiHe ÔC ceux
de l’Académie des Èux-FJcraux.
ISBOSETH, ( Hifl. Sacr. ).fils de Saiil. Abnerfon
général, le quitta peur David fon rival ;. peu de temps
après Isbpfeth fitt_affafliné ; les afiàflins croyoient avoir
fait leur .cour à D avid.; ce prince les fit tuer , & rendit
des honneurs à la mémoire- Isbofeth. L’ hifloire de
celui-ci efl rapportée au fécond livre des Rois , chapitres
3 ÔC4.
ISCARIOT ou ISCARIOTE. ( Voyeç Judas. )
ISDEGERDE, flVoye^ l’article A bdas, )
ISÉÉ ( Hifl. anc. ) Ceft le nom de deux orateurs
grecs. Le premier efl le plu,s célèbre. Il vivoit environ
trois fiècles ÔC demi avant J. C. Il fut difeiple de Lifias
ôc . maître de Démoflhènes. ( Voye^ l’article D emosthenes.
) L’impétuofité caraélerifoit fon éloquence^
Juvénal a dit :
Sermo*
Promptus & Ifléo torrenùor.
Il étoit de Chalcis dans l’ifle d’Eubée , aujourd’hui
l’île de Ncgrepont. Nous avons de lui dix harangues.
L’autre Ifée vint à Rome vers l’an 97 de J. G Pline
le jeune en parle avec éloge dans fes lettres.
ISELIN , (Jacques-Chriflophe) ( Hifl. Litt. mod. )
académicien Honoraire étranger de l’Académie des
Infcriptions ôç Belles-lettres de Paris, né à Bafle le ia
juin 1681, profeffeur d’éloquence ÔC d’hifloire à Mar-
bourg , puis- a "Bâle fe patrie, efl auteur de beaucoup
de differtations fevantes fur des fujets tant fecrés que