
puiffànce infinie de Dieu , en difant que c’eft un lion :
dont Je rugiffêment fait un bruit horrible f S c en
contant ^ que Cefar ayant eu deffein de voir Dieu,
*>• *e pria -de faire fentir les, effets de fa pré-
jence. À cette prière * Dieu le retira a quatre cents
lieues de Rome* il rugit, & le bruit de ce rugiffe-
mènt fût lî terrible,. que la muraille de la, ville tomba,
& toutes les femmes enceintes avortèrent. Dieu s’approchant
plus près de cent lieues , & rugiffant de la
meme manière, Céfar effrayé du bruit , tomba de
ion trcne , & tous les Romains qui vivaient alors ,
perdirent leurs dents molaires.
V „ Ils veulent marquer fa préfèiice dans I'e paradis
terreftre,: lorfqu’ils le font promener dans ce lieu
délicieux comme un. homme. Ils infinuent que les âmes
aj >^°rtent leur ignorance de là terre, & ont peine à
smltruire des merveilles, du paradis, lorfqu’ils représentent
ce même Dieu comme: un, maître d’école qui
enfeigne les. nouveaux venus dans le ciel. Ils veulent
*eleyer l’excellence delafÿnagogue ,en difant qué/Zseft
la mere , la femme ,& la fille 'Je-Dieu. Enfin, ils difent
Maimon. more Ntyochim, cap. sixvij,) deux chofes
importantes à leur juffificaribn ; l’une qu’ils font obligés
«e pafler de Dieu comme ayant un corps,, afin de
®ire comprendre au vulgaire que. c’eft un être réel.;
c a r , le peuple ne conçoit d’ejtiftencè réefie que dans
les. objets matériels & denfibl.es : l’autre „qulils ne
donnent, à Dieu que des aélions nobles-,, & qui mar-
quent quelque perfeétion, comme de le mouvoir &
d'agir : c’eft pourquoi.on ne dit jamais que Dieu mange
& qu’il-boit., " - - -
VI, cependant, il faut avouer.que. ces théologiens
ne parlent pas avec allez d’exaéfitude ni de fincerité.
Pourquoi obliger les-hommes à le donner là torture
pour pénétrer leurs penfées ? Explique -t--on mieux
la. nature inelïàble- d’un Dieu,, en. ajoutant dè
nouvelles ombres a celles que fa grandeur répand déjà
Sir nos efprits?: il faut tâcher d’éclaircir ce qui eft
injpénéirablè , au lieu-de former un nouveau voilé
qui; le cache plus profondément. G’eft: lè penchant de
iousles peuples ,. &. prefque de'tous lès hommes,,
que de fe former l’idée d’un Dieu, corporel. Si; les,
rabbins n’ônt pas-penfé comme le peuple,,ils ont pris
plaiftr à parler comme lui,. & par là ils affpibliffiint
îé relpeél-^qu’on doit à la Divinité. Il fout toujours
avoir des idées grandes & nobles- de Dieu.: - il faut
ïidpirer lès mêmes idées au peuple , . qui n’a que trop
d’inclination à . lèsr avilir.-. Pourquoi: donc- répéter l f
fouvent des- chofes qui tendent- a faire regarder,un
Dieu, comme un être matériel;? On ne peut même
îûftifier parfaitement cesdoéleufi Qùeveuléntdls dire,
lprlqu'ils affurent- que Dieu ne put révéler à Jàcob
la vente dè. fon- fil.s Joféplf,. parce que. f e frères
av-oient- obligé Dieu dé jurer ayec enx qu’ôn gardé-
rdittle -féc-ret fous-peine d’excommunication JQu’én-r
ientUqii, lorfqu’on allure que Dieu.,.affligé d’avoir
a é é l’homme„s’ên-eanfolar,. parce qu’ri: n'étoit pas
ornie-matière céleftè-,. puifqu’âlors? il; auroit êntraîné. I
dans,-.Si révolte tous--les-' habitants;dit paradis ?; Que.
Meut-on direquand, on-, rapporté que Dieu joue.a.vec:
le léviathan, & qu’il a tué la- femelle de ce monffré-'
parce qu il n’étôit pas de la bienféance que Dïea-
B p avec llne' femellè ? Les myftëres qu’on tirera.
deJa , a force . de machines , feront -greffiers ; ils.
aviliront toujours la Divinité y Si fi ceux qui les é.tu~
~C /5.’ • le trouvent embarraffés à. chercher le fens;
myltique , fans.: pouvoir le développer , .que penferaù
le peuple' à. qui on débite ces imaginations ?.
Sentiment des Juifs fur la. Providence & fur la libertés
1. Les y&{/5 foutiennent que la. providence gouverne,
toutes les créatures, depuis la. licorne jyfqffaux oeufs de:
poux. Les. Chrétiens ont accufé Maïmonides d’àvoir;
renverfe ce dogme capital de la religion - mais.ee-
docteur attribue ce. fentiment à Epicure , & à quelques-
heretiquesen.Ifraël, & traite a athées, ceux qui nient*
que. tout dépend de Dieu- IL croit que eette Provi-
vidence. fpéciàle qui veille fur. chaque atfion. de
'1 homme ,.n’àgit pas pour, remuer une feuille ni pouc--
. produire, un: vermifièau j car tout ce qui regarde les.
animaux Si. les créatures, fe fait par accidentcomme
l’a dit Ariftote. . ..
II. Cependant on explique différemment là chofë s*,
comme lesdôéleurs fe iontfouvent attachés à.Ia.leàure:
d Ariffote Si des autres.philofophes-, ils ont examiné:
avec foin fi Qicu favoit. tous, les évènements. , & .
cette oueffion .les a, fort, embarraffés» Quelques - Uns -
ont dit. que. Dieu ne pouyoit çonnoître que.lùi-même,.
parce que là fcience fe multipliant à.proportion des.
objets qu’on cpnnoît,. il faudroiî admettre; en Dieu;
plimeurs degres ou même plufieurs feiences. D ’ailleurs
, Dieu ne jpeut favoir que ce qui eft. immuable
cependant Ja plupart des évènements dépendent de la-,
volpnté dè l’iiomme qui eft. libre. Maïmonides
f Maimon. more Nevochim.-. cap., xx.. ). avoue que-
comme-nous ne.- pouvons çonnoître P.effence de Dieu ^
îl eft'aufîi impoftiblè d’approfondir, la. nature. de fai.
connôifTance. « Il faut donc, fe contenter, de dire „
” Dieu fait-tout , Si. n’ignore rien, ;, que fa;
« - conüoifïance ne s’acquiert point par dégrés, Si.
; »-qu’elle n’èft.chargée d’.aucüne imperfeàion.,Enfin
». fi,nous trouvons quelquefois- des-.contradiéfions. Si.
. »-dès difficultés, elles naiffent de notre ignorance,..Sc.
I de là difproportion qui. eft: entre Dieu &. nous
• Cé.raifônnement eft1 judicieux & fage : d ailleurs „iî;
, il croyoit qu’ôn devoit. tolérer' les opinions diffe—
; rei}tes que les. fages & lés philôfôphes avoient for—
: H t £ür la /fcfence de Dieu • Si fur ‘ la providence ^
puifquils ne pechoiènt-pas.par ignorance* mais parce-
que. là chofe eft incompréHenfible.;
lïl. Le féntiment-commim des rabbins-eft: que lâî
volonté, de l’homme eft parfaitement ; libre.. Cétte liberté..
eft, tellement- un. dés apanages, dé l’homme,*
quilcefferoijt, difefit-ils, defre homme:, s’ilperdoit ce.-
pouvoir» Il cefferoit en. même temps.d’être.raifonnà--
blé , s’il 'aifnoit le bien -, &-fiuyoit le maifahs connoife'-
fànce ,.ou par un.inftinéLde la. nature , à-.peu-près»
comme.la pierre qui tombe d’èn haut, la. hrehis*
qui fini-, le.- loup.’. Que; dèviendroient. les-, peiness
lès>' r'écompenfès,,, les; menaces; & .les; promettes |
en un: mot.9>tous..les. préceptes de. la.. Loi ,y s’ip
ne dépendoit pas de l’homme de les accomplir ou
de les violer ? Enfin les Juifs font fi jaloux de cette
Hb’erté 'd’indifférence , qu’ils s’imaginent qu’il eft. im-
poffible.de penfer fur cette matière autrement qu’eux*.
Ils font perfuadés. qu’on difiimule fon fentiment- toutes,
les., fois qu’on ôte au franc arbitre quelque partie
de. fa liberté , &. qu’on- eft obligé d’y revenir tôt ou.
tard, parce:que s’il y avoit une prédeftination , en ,
vertu de laquelle tous les évènements ' deviendroient
nécefiaires ,( l’homme cefferoit de prévenir les maux,
&L de cherclier ce qui peut contribuer à la défenfe , •
©u. à la confèrvation ,de fa vie y Si fi on dit avec
quelques chrétiens ,, que Dieu qui a. déterminé la. fin
a déterminé en même temps les moyens par lefquels ;
on. l’obtient , on rétablit par là le fr^ne arbitre après
l ’avoir ruiné , puifque le choix de ces moyens dépend
de. la volonté de celui, qui les néglige ou1 qui les
employé.
XV. Mais au moins ne reconnorffoient - ils point la
grâce ? Philon , qui vivoit du temps de J. C . ,
clifioit que comme les ténèbres 's’écartent lorfque le.
foléil. remonte fur l’horizon,. de même lorfque le faleil
divin éclaire une ame fon ignorance fe diffipe 5! Si
îà.connoiffance y entre. Mais ce font Jà des termes
généraux,, qui décident d’autant moins la queftion ,,
qu’il ne paroît pas par l’Evangileque là' grâce régénérante
fût connue en çes temps là- des. doéieürs
Juifs^ puifque Nicodème n’èn avoit aucune idée,,
& que* les, autres ne favoient pas même qu’il y eût
un. Saint-Efprit , dont les opérations font fi néceüaires
pour la converfion..
V. Les Juifs ont dit que la grâce prévient, les mérites
dû jufte. Voila, une grâce , prévenante reconnue par les
rabbins f mais il; ne faut pas s’imaginer que ce foit-là
un fentiment généralement reçu. Menaffe, (de fragilité
humanâ ) a. réfuté ces 'doéleurs qui s’éloignoient de la
tradition , parce que , fi la gxaceprévenoit là volonté
elle cefferoit. d’être libre Si il n’établit que deux
fortes de fecours de la part de Dieu ; l’un., par lequel
il. ménage fes oecafions favorables pour exécuter un
Bon denein qu’on a, formé ,. Si. l’autre par lequel il
aide l’homme, lorfqu’il. a commencé à bien vivre..
. VI. II. femble. qu’èn rejettant la grâce prévenante ,.,
©n: reconnoît un fecours de la Divinité 'qui fuit la-
volonté. de l’homme,. Si qui influe dans fes aélions..
Menaffe dit, qu’on a bsfoin. du concours de la. Providence
pour toutes les'âétions, honnêtes il fe fert.
dè là. eomparaifôn d’ùnthomme, qui voulant charger
fiir fes épaules un fardeau ,. appelle quelqu’un à Ion-
fecours, La Divinité eft. ce. bras étranger qui vient-
aider lè jufte,. lorfou’ila fait fes-premiers efforts pour
accomplir la.-. Loi. Oh cite des docteurs encore plus
anciens que Menaffe r lefquels ont prouvé qu’i l étoit
iinpottibfè que la choie fe f.ît autrement ,.fans détruire-
tout le. mérite des oeuvres.. <1 Ils. demandent.fi Dieu ^
» qui préviendroit l’homme, dônnêroit une gxacecom^
ib mune tous *, ou particulière à. quelques-uns.. Si
ï» cette grâce efftcace étoit commune ,, comment: tous.
nt lès. nommes ne font - ils pas juftés Si. faùvés.? Et fi*
w elle.eft. particulière.?J comment Dieu peut.- ilfausv
» înjuftîce , fativer les uiîs , & Lifter périr' fes autres J
» Il eft beaucoup plus vrai que Dieu imite les hommes
» qui prêtent leurs fecours à. ceux qu’ils voyent avoir
» formé de bons deffeins, Si 'faire quelques efforts*
n pour fe rendre vertueux. Si l’homme étoit affer-
» méchant pour ne pouvoir faire le bien fans la grâce #
» Dieu feroit l’auteur du péché-, &c. r?
VII. On ne s’explique. pas nettement fur La nature?
de ce fecours qui foulage la- volonté dans fes- befoins ÿ
mais j,e fors perfoadé qu’on- fe borne aux influences de
la Providence , Si qu’on ne diftingue point entre cette
Providence qui dirige les. évènements humains & la»
grâce falutaire qui convertit les pécheurs. R. Eliezer
-confirme - cette penfée ;- car il introduit Dieu qui ouvre-
à. l’homme le chemin de la vie & de la mort, & qu#
lui en donrte le choix. Il place, fept anges dans le
chemin de là mort, dont quatre pleins de miféri corde 9
fe tiennent dehors à chaque porte, pour empêcher lès-
pécheurs- d’entrer.- Qiie fais-tu , crie le premier ange-
au. pécheur qui. veut entrer ? il rty a. point ici de vie :■
vas-tu te j.etter dans le feu ? repens-toi..-S’il patte la
première porte, le fécond ange l’arrête,. &ôluicriev
que Dieu le haïra: & s'éloignera de lui. Le troifièmfr
lui apprend qu’il fera, effacé du livre de vie S le qua--
trième le conjure d?attendre - là que Dieu vienne:
chercher les pénitents ; & s’ilperfêvère dans le crime,,
il n’y a plus de retour- Les anges cruels fe faillirent de;
lui on- ne donne donc point d’autres fecours ài
l’homme, ..que l’avertiffement- des anges ^ . qui font leÿ
miniftres de la Providence-
Sentiment des Juifs fur la création dm monde- r°- Le'
* plus grand nombre des do&eurs juifs, croient que
monde a été créé par Dieu , - comme le dit Moïfe ^
& on met, au- rang des hérétiques- chattes- du fein-
d’Ifraël, ou excommuniés , ceux- qui difent- que la:
matière, étoit ço-éternelle à- l’Etre' fouverain.
Cependant il s’éleva; du temps de Maïmonides ,- au*
douzième fièele r une controverfe, for. l’antiquité du;
monde- Les uns entêtés de la philofophie d’Ariftote ^
foi voient fon fentiment for l’éternité du monde -, c’èfti
pourquoi Maïmonides- fut obligé de le réfuter for--
; tement ; les autres prétendoient. que la- matière étoit;
éternelle. Dieu: étoit bien le principe & la cattfe de-
fom exlftence t il en a-même tiré les formes différentes,,
comme le potier les tire de-l’argile ^ &. le for-*
, geron du fer qu’il manie - mais Dieu, n’a, jamaisexifté»*
, fans, cette matière comme- la .matière n’a-jamais.exifté;
.■ faits Dieu.. Tout- ce qu’il a fait dans- la création, étoit:
"de. régler- fon mouvement; ,- & de- thettre toutes fes>
parties, dans le bel ordre oh nous les voyons- Enfin ^
i l . y a. èu des - -gensqui; ne pouvant- concevoir' que
Dieu j-femblable aux ouvriers ordinaires:,- eût exifté*
avant, fon. ouvrage ,- ou • qu’il fut demeuré dans lè ciel!
fans agir ,, foutenoient qu’il avoit créé le- monde, de;
tout temps,. ou plutôt de toute éternité;
2?..Ceux qui , dansdes fynagogpes, veulent foutenih'
Péternité du monde ,, tâchent de fe mettre à» couvert;
de. là Genfüre par- l’autorité de; Maïmonides* parce;
qu’ils - prétendent que? ce. grand doâeur nia.point miss
| la; création; çrnre; lès? artides; Fondamentaux de-la-foit*