
'444 M A I
MAISON militaire du R o i, c’étoit en France
outre les compagnies des Gardes-du-corps, les Gendarmes
de la garde , les Chevaux-légers, & les Moufque-
îataes. On y ajoute auffi ordinairement les Grenadiers
à cheval , qui campent en campagne à côté "des
Gardes-du-corps ; mais ils ne font pas du corps de
la maif&n du roi. Les compagnies forment la cavalerie
de la maifon du roi. Elle a pour infanterie le régiment
d s Gardes-Françoifes, & celui des Gardes - Suiffes.
(A. R . )
Maison ( Hiß. mod. ) fe dit des perfonnes &
des domeftiques qui compofent la maifon d’un prince
©il d’un particulier., (A. R.')
Maiso n-de-ville , eft un lieu où s’aflemblent les
©ffic iers & les magiftrats d’une ville , pour y délibérer
des affaires quixoncernent les loix & la police. (A. R.)
Maison , fe dit auffi d’un couvent, d’un monaflère.
Ce chef d’ordre étant de maifons dépendantes de
fà filiation, on a ordonné la réforme de plufieurs
maifons religieufl.s. (A . R .)
MAISTRE , ( le ) ( Hiß. mod. ) Des magiftrats ,.
des avocats, des gens de lettres ont porté cè nom:
i°. Gilles Le Mtiißre , avocat célèbre , qui, comme
■ preique tous les magiftrats- célèbres de fon temps ,
paffa du barreau dans la magiftratyre. François Ier.
le fit avocat général du parlement de Paris; Henri I I ,
préfident à mortier , puis premier préfident : «il étoit
d’une grande févérité envers les Proteftants. On le
foupçonna d’avoir été d'intelligence avec la cour
dans le temps de l’arrivée imprévue de Henri II
au parlement le io , juin 1559 9 °ù ce prince ne
donna une infidieufe liberté aux juges d’opiner devant
lu i , que pour févir avec connoiflance contre ceux
qui étoient d’un avis différent du lien;-moyen vraiment
infaillible d’épouvanter & d’éloigner la vérité. C’étoit
proprement punir l’accompliffement du devoir le plus
ïacré, celui de dire la vérité aux rois , telle qu’on
la conçoit & qu’on la croit utile. Ce fut alors que
Henri II fit arrêter Anne, du Bourg, qui fut pendu
fous le. règne foivant, pour n’ayoir pas cru qu’on dut
pendre les Proteftants; il fit arrêter auffi plufieurs autres
magiftrats qui furent punis plus ou moins .rigoureu-
fement, félon, le degré dß. leur indulgence. Jamais,
dit Mézeray, cette augufte compagnie ne reçut une
plus honteufe playe. Il pouvoit ajouter que jamais la
juftice & l’humanité n’avoient été fi cruellement outragées
, fous prétexte de zèle pour la religion. C’eft de
ce Gilles Le Maiflre, qu’on a un bail fait à fes fermiers
, où on trouve des traces précieufes de la {implicite
antique. Il y ftipule qu’aux veilles des quatre
bonnes u fêtes de l’année & au temps des vendanges,
ils feroient tenus de lui amener une charrette cou-
verte, avec de bonne paille fraîche dedans, pour
» y affeoir Marie Sapin fa femme, & fà fille Géné-
» viève ; comme auffi de lui amener un ânon & une
N âneffe^ pour monture de leur chambrière , pendant
Ü que]ui,premier préfident, marcheroit devant fur
M A I
» fà mule, accompagné de fon clerc , qui iroit à pied
» à fès cotés » Mort en 15 6 1 , le 5 décembre.
i°. Jean Le Maiflre fut auffi un Jurifconfulte célè-
•>1 bre élevé , pour fon mérite , du barreau à la
magiftrature. Il étoit avocat général du parlement de
Paris , fous Henri III & Henri IV. Il défendit avec
courage & avec fuccès , la caufe des rois. Ce fut lui
qui maintint la loi falique en France dans ccs temps orageux
, & qui fit rendre l’arrêt célèbre , par lequel
le parlement de Paris déclarait nulle ïéleElion d’un
prince étranger, comme contraire aux loix fondamentales
de la monarchie ; arrêt qui empêcha l’éleétion que les
états ligueurs de Paris fe difpofoient à faire ou du duc
de Lorraine, felon le voeu que Catherine de Méditas
fa belle-mère , avoit autrefois manifefté ; ou de l’in-,
fonte Ifabelle-Claire Eugénie, félon le voeu que mani-
feftoit alors le roi d’Éfpagne Philippe I I , à qui la
ligue obéifloit, ou le duc de Mayenne , chef des
ligueurs en France , ou le jeune duc de Guife fon
neveu , qui avoit auffi fon parti. Jean Le Maiflre
mourut en 1601 , le 22 février. Henri IV avoit créé
en fa faveur , une feptiéme charge de préfident du
parlement en 1594* Il s’en étoit demis en 1596.
30. Antoine Le Maiflre, avocat air parlement de
Paris , neveu par fa mère , du célèbre Arnauld le
doéleur, que plufieurs appellent le grand Arnauld ,
fut célèbre Iu-même comme avocat, & plus encore
comme folitaire de Port-Royal : « J’ai allez parlé
»' aux hommes en public , difoit-il, je ne veux plus-
» parler qu’à Dieu dans le filence & dans la folitude.
» J’ai plaidé devant des juges mortels la caufe de
» mes cliens, je me borne aujourd’hui à plaider la.
» mienne au tribunal du fouverain juge ». On a imprimé
& eftimé fes plaidoyers ; on n’en fait plus aucun
, cas. On a d’ailleurs de lui divers écrits polémiques en-
faveur de Port-Royal ; une vie de St. Bernard, & la
traduction de quelques traités de ce père ; la traduction
du traité du fecerdoce de St. Jean-Chrifoftôme ;
la vie de St. Barthélemi des Martyrs. : ce dernier
ouvrage fut fait, dit-on , en fociété avec Thomas dit
FofTé , autre folitaire-de, Port-Royal. Antoine Le
Maiflrel9- né en 1608, mourut, en 1658.
40. Louis-Ifaac Le Maiflre, frère d’Antoine , beaucoup
plus connu fous le nom de M. de Sacy , étoit
un favant doux , modafte, vertueux , mais il étoit
difciple & ami de M. l’abbé de St. Cyran ; il étoit
direaeur des rel'gieufes & desfolitaires de Port-Royal,
il fallut bien’ le mettre à la Baftille , puifque la démence
du fièçle étoit d’y mettre ceux qu’on appelloit
Janféniftes , & de remplir les prifons d’état, d’hommes
vertueuxau défaut de criminels d’état, qui heureu-
fement ne fuffifent pas pour les remplir. Le chef-
d’oeuvre de l’abfurdite intolérante & perfécutrice -jèjoit
d’opprimer un homme irréprochable comme MT dq
Sacy ; mais.
Le jufte auffi bien que le fage,
Du crime & du malheur fait tirer avantaget
Mj de Sacy compQfa dans fa prifon, fop livre d«?
M 'À I
•pirureS de la . Bible, devenu'* malgré les perfecuteurs
& les Jéfuites , le premier livre d’éducation chrétienne
qu’ôn met entre les mains.des enfants * & quon y
mettra vraifembtablement toujours. On ignore jufqu’à
quel point Nicolas Fontaine , le compagnon, de fa
prifon, l’a aidé dans cet ouvragé. Thomas du Folié,
qui avoit eu part avec Antoine Le - Maiflre, à la v e
de dom Barthélemi des.Martyrs, avoit eu part à la
traduétion de la Bible qui porte le nom de Sacy, &
qui eft de lui en grande partie*. Charles Hure, difciple
de Port-Royal , & le fameux Le Tpurneux y
eurent part auffi. Il eft difficile d’affigner parfaitement
la part qui lui appartient dans chacun de fes ouvra-
ges , parce que plufieurs ont été faits en. commun.
Il eft difficile auffi daffigner le nombre fixe de fes
ouvrages , parce qu’il en a lait plufieurs fous des noms
d’emprunt. Il a par exemple , traduit en franÇois
l’Imitation de J. C. , fous le nom de Beu-1, prieur de
S*. Val; & les fables de Phèdre , fous le nom de.
Saint-Aubin ; il a traduit, fans ufer de dèguifement ,
des Homélies de St. Chryfoficme , des comédies de
Térence , les lettres de B on gars. ( Vbyeç Bon gars.).
Il a traduit en vers, le poëme, de St. Profper contre
les ingrats , c’eft-à-dire, lur la grac". On lui a: ■>> je
auffi les Heures de Port-Royal, que les Jéfuites appet-
loient les Heures à la Janfénifl . ’Son ferviteur & fon
ami Fontaine, dans fes Mémoires de Port-Roy a f le
fait aimer & refpeéler, & rend ferffible à tout le monde
le calme & le bonheur que la vertu afsûre aux gens
de bien' , au milieu même des tribulations ôc des
fouffiances. Dans îà perte de la liberté & fous les
verroux de la Baftille , M. de Sacy étoit heureux par
la feule idée que Dieu vouloit qu’il fût là , & que ce
Dieu jufte daignoit le vifiter & ' l’éprouver. Il avoit
été mis à la Baftille en 1.666 ; il c n fortit le 31 oöobre
1^68. Tl fe retira en 1675 , à ce Port-Rbyal, dont,
comme Santeuild’a dit de M. Arnauld, fon çoeur
n’avoit jamais été abfent : ' v
Cor riumquam ayulfüm nés atnatis fedibus abfens.
Il fut obligé d’en fortir en 1679. Il mourut en 1684 ?
à Pompone, chez M. de Pompone , fon ami, &
celui de tous les honnêtes-gens. ( Voye^ fon article au
mpt A rnauld. )
‘30. Pierre Le Maiflre , avocat au parlement, eft
auteur d’un commentaire très-eftimé fur la coutume
de Paris. Mort nonagénaire en 1728.
■ 6°. Charles-François-Nicolas Le Maiflre , fieur de
Claville , préfident au bureau des finances de Rouen ,
eft l’auteur d’un livre autrefois plus lu qu’ eftimé, &
qui n’eft plus guère aujourd’hui ni l’un ni l’autre ; c’eft
le Traité du vrai mérite. Mort en 1740.
MAITRE , ( Hift. mod. ) titre que l’on donne à
plufieurs officiers qui ont quelque commandement,
quelque pouvoir d’ordonner & premièrement aux
chefs des ordres de chevalerie , qu’on appelle grands-
; maîtres. Ainfi nous difons grand-maître de Malthe,
S. Lazare, de la Toifon a’O r , des Francs-maçons.
ijMaître, che^ les Romains ; ils ont dopné ce nom à
M A I 445f
plufieurs offices. Le Maître du peuple, magift.rpopAi,
c’étoit le diélateur. Le maître de la cavalerie, magifler
equitum, c’étoit le colonel général de la cavalerie:
dans les armées, il étoit le premier officier après le
dictateur. Sous les derniers empereurs, il y eut des
maîtres d’infanterie , magiflrlpedititm ; maître du cens ,
magiflér cenfûs, officier qui n’àvoit rien des fonctions du
Cenfeur ou fubcenfeur , comme le. nom fembîe l’indiquer
, mais qui étoit la même chofe que le proepcjîtus
frumentariorum. Maître de la milice étoit un officier
dans le Bas Empire , créé -, à ce que l’on prétend, par
Dioclétien ; il avoit l’infpeétion & le gouvernement
de toutes les forces de terre, avec Une autorité femblabîe
à-peu-près à celle qu’ont eue les connétables en France.
On créa d’abord deux de ces officiers, l’un pour l'infanterie,
l’autre pour la cavalerie* Mais Conftantin réunit ces
deux offices en un feul. Ce riom devint enfuite commun
à fous les généraux en chef dont le nombre s’augmenta à
proportion des provinces qu gouvernements où ils
commandoient. On en créa un pour le Pont, un pour la
Thrace , un pour le Levant , & un pour l’Illyrie ;
on les appella enfoite comités, comtes, & clarijjimi.
Leur autorité Vétoit qu’une branché de celle du préfet
du prétoire, .qui par-là devint un officier purement
chargé du civil.
Maître des armes dans l’empire grec , magiflér armo'-
rum, étoit un officier , ou un controleur fufcordonné au
maître de la-milice.
Maître des offices , magiflér ojflciorum ; il avoit l’intendance
de tous les offices de là cour. On l’appelloit
magiflér ojflcii palatini , ou fimplement magiflér ; fa
charge s’appelloit magifleria. Ce maître des offices
étoit à la cour des empereurs d’Occident le même
que le curo-palate à la cour des empereurs d’Orient
Maître des armoiries ; c’étoit un officier qui avoit le
foin ou l’infpeétion des armes où armoiries dé fa ma-
___ jefté.
I - Maître es arts, celui qui a pris le premier deg’.é
dans la plupart des Univerfités , ou le fécond dans
celles d’Angleterre , les afpirans n’étant admis aux
grades en Angleterre qu’après fept ans d’études.
Autrefois dans fUniverfité de Paris-, le degré de
maître' ès arts étoit donné par le reéleur , à la fuite
d’une thèfe de philofophie que le candidat foutenoit
au bout de fon cours. Cet ordre eft maintenant changé ,
v les candidats qui afpirent au degré de maître ès arts ,
après leurs deux ans de philofophie, doivent fùbir deux
1 examens ; un devant leur nation ; l’autre devant quatre
examinateurs tirés des Quatre Nations, & le chancelier
ou fous-chancelier de Notre-Dame, ou celui de Sainte-
Genevieve. S’ils font trouvés capables, le .chancelier
ou fous-chancelier leur donne le bonnet de maître ès arts ,
& rUniverfttéf leur en fait expédier des lettres.
Maître de cérémonie en Angleterre , eft un officier
qui fut inftitué par le roi Jacques premier , pour faire
une réception plus folemfielle & plus honorable aux
ambafîàdeurs & aux étrangers de qualité , qu’il préfente
à fa majefté. La marque de fa charge eft une
chaîne d’o r , ayee une médaille qui porte d’un coté