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Mal des ARDENs, (H ifi de France') vieux mot
qu’on trouve dans nos anciens hiftoriens , & qui de-
fignent un feu brûlant. On nomma mal des ardens dans
le temps de notre barbarie, une fièvre ardente , éréfi-
pélateufa, épidémique , qui courut en France en 1130
& 1374, & quvfit de grands ravages dans le royaume:
voyez-en les détails dans Mènerai & autres hiftoriens.
(2 ? / .)
M A LD ON ADO, (Diego de Coria ) ( Hijl. Litt.
Mod. ) carme Efpagnol, qui 3 dans les livrés à la gloire
de fôn ordre, fait defcendre comme de raifon, les
Carmes du prophète Elie &. du Mont-Carmel, & fait
du prophète Abdias, des chevaliers de Saint-Jean-
de-Jémfalem, de St. Louis , &c. autant de Carmes,
& une carmélite de Ste. Emérentienne , qui, félon une
généalogie qu’il n’a pas trouvée dans les Evangéliftes,
étoit la bifayeule de Jéfes-Chrift. Maldonado vivoit au
feiziéme fiécle*
MALDON A T , (Jean) {Hifi. Lin. mod.)favan t théologien
, jéfuite , né dans l’Eftramadoure, enfeignoit en
,1534, à Paris. Il fut accufé d’avoir fuggéré aù préfident
de Montbrun un teftament en faveur de la Société,
il gagna ce procès au parlement de Paris ; il fut accufé
d’enleigner des erreurs fur l’immaculée Conception, il
gagna cet autre procès au tribunal de Pierre de Gondi,
evêque de Paris ; il fe cacha dans la ville de Bourges
pour laifler refpirer un peu l’envie. Cependant fa réputation
l’annonçoit par-tout avec éclat : il étoit depuis
long-temps défiré & demandé par-tout. Le cardinal
de Lorraine l’avoit appelle à Pont-à-Mouflon , pour
mettre en crédit une univerfité qu’il y avoit fondée.
Le pape Grégoire XIII le fit venir à Rome pour pré-
fider à l’édition de la Bible grecque des Septante.il
favoit bien le grec & l’hébreu ; il étoit profond dans
la littérature facrée & profane. Il mourut à Rome en
1583. Ses Commentai}es fur les Evangiles paroiflent
le plus recherché de les ouvrages. Il en a fait aufli fur
plufieurs prophètes, & divers traités théologiques fur
les Sacrements, für la grâce , fur le péché originel ; Ion
Traité des Anges b des Démons , compofé en latin ,
n’a été publié qu’en françois , la traduction ayant été
faite fur le manufcrit latin, qui n’a jamais été imprimé.
Son ouvrage intitulé : Summa cafuum confcientuz, a été
condamné, comme favorifont cette ^morale relâchée ,
tant reprochée aux Jéfuites.
MALEBRANCHE, ( Nicolas) ( Hifi.Litt. mod.]
Le P. Malebranche étoit fils d’un fecrétaire du ro i,
nommé comme lui , Nicolas Malebranche , il naquit à
Paris le 6 août 1638. Il étoit neveu, par (à mère ,
d’un confeiller d’état; il eut un frère aîné confeiller de
grand’chambre. Il entra dans la congrégation de l’Oratoire
à Paris en 1660. Le P. LeCointe, auteur dés
Annales Ecclefafiici Francorum , voulut l’attacher à
FHiftoire Eccléfiaflique ; mais les faits ne fe lioient
point dans fa tête, ils ne faifoient que s’effacer mutuellement
; le fameux critique M. Simon, qui étoit
alors de l’Oratoire , voulut l’attirer à l’hébreu & à la
critique facrée, chacun ne voit que fon objet : Male-
\ranche vit le Traité de îHomme de Defcartes, & il
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fut métaphyficien & cartéfien. II fit la Recherche de la
Vérité y qui parut vers 1674. Ce livre lui donna des
difciples & dps contradideurs. Il fut fuivi des Convèrfa*
tions Chrétiennes en 16 77, du Traité de ta Nature b
> de la Grâce en 1680 , d’un Traité de Morale en 1684 ,
d’Entretiens fur la Métaphyjique b fur la Religion en
1688. Tout cela n’étoit toujours que la Recherche de
la Vérité, &. on ne eonnoît guère des ouvrages du P.
Malebranche que la Recherche de la Vérité , où l’auteur ,
en s’attachant beaucoup à décrier l’imagination , en
montre une, dit M. de Fontenelîe , fort noble & fort
vive , • qui travailloit pour un ingrat malgré lui-même
& qui ornoit la raifon en fe cachant d’elle.
M. de Fontenelîe , en expofant les fyftêmes & les
opinions du P. Malebranche , fait ce qu’il peut pour
leur donher de l’importance , de la gravité , a.’ la
clarté ; il tâche d’infpirer au le&eur quelque refped:
pour la métaphÿfique ; mais, malgré les grands noms
de Malebranche & d’Arnauld , qui rompirent l’un
contre l’autre beaucoup de lances fin- les idées vraies
ou faufles , fur la grâce & le libre-arbitre , fur la
prémotion phyfique , le.ledeur refte très-froid fur ces
matières, & dit franchement avec M.<de Voltaire;
Je renonce au fatras obfcur
Du grand rêveur de l’Oratoire ,
Qui croit parler de Pefprit pur ,
Ou qui veut nous le faire accroire.
Ces théologiens métaphyfieiens ne s’entendent ni avec
leurs amis ni avec leurs ennemis ; ils le plaignent toujours
qu’on ne les entend pas, & peut-être ne s’entendent
ils pas eux-mêmes. Si M. Arnauld combat le'
P. Malebranche , celui-ci foutient que M. Arnauld ne
l’a pas entendu ; fi le P. Lamy , difciple du P .Malebranche
3 veut s’appuyer de l’autorité de fon maître
ce maître difficile prétend aufli eue fon difciple fidèle
ne l’a pas entendu. Expliquez-vous mieux , & parlez,
de chofes plus claires & moins chimériques. On a encore
du P. Mâle branche , un Traité de ï Amour de
Dieu , publié en 1697. C’eft celui où il corrige fon.
difciple le P. Lamy ; dès Entretiens dun Philofophe
Chrétien b d'un Philofophe Chinois fur la nature de
Dieu y imprimés en 1708 , où il accufé d’àtheifme les
lettrés de la Chine , autre matière à difpute ; des-
Réfiéxions fur la Prémotion Phyfique , pour répondre
à un Traité de taElion de Dieu fur les créatures , célèbre
dans le temps. Ces réflexions font le dernier
ouvrage du P. Malebranche ; elles parurent en 1713.
Le P. Malebranche , dans fps livres même de théologie
& de méthaphyfique, fe montroit grand géomètre
& grand phyfieien ; c’eft ce qui lui fit donner
une place d’honoraire à l’Académie des Sciences en.
1699 , à l’époque du. renouvellement de cette compagnie.
Dans la dernière édition de la Recherche de la Vérité
, qui parut en 1712 , on trouve une théorie
complette des loix du Mouvement, & un fyflême
général de l’Univers,. qui ont été regardés alors comme
de beaux morceaux de phyfique.
Il étoit plus cartéfien que Defcartes même x & ne
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fsettoït point de bornes à fon Cartéfianîfme. Il
admettoit le fyftême du mécanifme des bêtes fans
aucune reftridion. Un jour M. de Fontenelîe étant
allé le voir dans l’hiver , le P. Malebranche donna
rudement un coup de pied à un grand chien qui les
«mpêchoit de fe chauffer; le chien cria en fe rangeant.
M. de Fontenelîe demanda grâce pour le chien,
en le plaignant de la douleur qui l’avoit fait crier ,
le P. Malebranche trouva bien peu philcfophique cette
compafliori pour une machine , & gronda tres-philo-
fophiquement M. de Fontene’le de fon peu de foi a
Defcartes & à la mé'aphyfique.
Il n’avoit jamais pu lire de vers fans dégoût, & il
avoir fait ces deux vers pour tourner la poefie en
ridicule :
Il fait en ce beau]o,ur le plus bea,u temps du monde
Pour aller à cheval fur la. terre & fur l’onde.
L’abbé Trublet trouve cela pfoifant , parce qu’il •.
çTa moit pas non plus les vers;
L’honnête homme eft plus jufte, il eftime en autrui
Le goût &les talents qu’il ne font point en lui.
Le P. Malebranche ne peut que perdre tous les
|ours déformais ; mais de fon .temps il eut beaucoup
-de réputation. On recherchoit fa converfation, dit
M. -de Fontenelîe, quoiqu’elle fut toujours fage &.
inftru&ive. Il ne venoit prefque point de favants etrangers
à Paris , qui ne lui rendiffent leurs hommages.
Des princes Allemands y font venus exprès pour lui ;
le roi d’Angleterre, Jacques I I , Phonora d’unevifite.
Un officier anglois , prifonnier , fe confoloit de venir
en France , parce qu’ainjx bien il avoit toujours eu
envie de voir Louis XIV & M. Malebranche. Milord
Quadrington, mort vice-roi de la Jamaïque, pendant
deux ans de féjour à Paris , venoit tous les matins pafler
''deux ou trois heures avec le P. Malebranche. Ces
effets de la réputation ne font pas fans inconvénient ;
car , qui peut fe flatter d’amufer o.u d’inftruire tous
les jours un favant pendant deux ou trois heures ? Et
n’a-t-il pas un meilleur emploi à faire de fon temps ?
Un M. Tayior traduifit en anglois, la Recherche de
la. Vérité. Le P. Malebranche mourut le 13 odobre
1715. Sa vie mefure aflez exadement celle de
Louis XIV. Il naquit & mourut les mêmes années.
On a d’un autre père Malebranche ou Mallebranquc,
( Jacob ) , jéfùite, une hiftoire eftimée de Morinis &
Morinorum rebus. Il étoit à-peu-près du pays, natif
de Saint-Oraer ou d’Arras. Mort en 1653.
MALÉZIEU, ( Nicolas de ) ( Hifi. Litt. mod. )
naquit à Paris en 1650. Son père fe1 nomment comme
lui Nicolas de Maléficu , il apprit la philofophie fous
M. Rohaut. Les mathématiques , qui , dit M. de
Fontenelîe , fouffrent fi peu a qu’on fe partage entre
» elles & d’autres fciences , lui permettoient cependant
w les belles-lettres, l’hiftoire , le grec, l’hébreu , &
» même la poëfie , p'us incompatible ericore ’ avec
» elles que tout le refle..........M. de Maléfieu ne fit
goim de choix, il erabraffa tpij^
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Il n’a^oit que vingt ans quand M. Boffuet le connut
& le gcûta. Louis XIV ayant chargé ce prélat & M.
de Montaufier de lui chercher des gens de lettres propres
à être mis auprès de M. le duc du Maine, M. de
Maléfieu fut un de ceux dont ils firent choix. Il fut
conftamment l’ami & de M. Bofluet &. de M. de
Eénélon ; on dit même qu’ils le prirent plus d’une fois
pour arbitre de leurs différends.
Madame la ducheffé du Maine , av:de de favoir,'
& propre à favoir tout, trouva dans M. de Malcfieu
celui dont elle avoit befoin pour tout apprendre. S o i r
vent, dit M. de Fontenelîe, pour lui faire connoître
les bons auteurs de l’antiquité, que tant de gens aiment
mieux admirer que lire, il lui a traduit fur le champ ,
en'préfence de toute fa cour , Virgile , Térence*
Sophocle, Euripide. M. de Voltaire parle aufli de ces
tradiiâions par improvifation. « Je me fouvjendrai
toujours , dit-il à Madame la duchefle du Maine,
» que prefqu’au fortir de l’enfonce, j’eus le bonheur
» d’entendre quelquefois dans votre palais , un homme
n dans qui l’érudition la plus profonde n’avoit point
n éteint le génie.. . . . . Il prenoit quelquefois devant
» V. A. S ., un Sophocle, un Euripide, il traduifoit
» fur le champ en françois, une de leurs tragédies.
J? L’admiration, l’enthoufiafine dont il étoit faifi , lui
n infpiroientdés expreflions qui répondoient à la mâle Sc
n harraonieufe énergie des vers grecs, autant qu’il eft
n pcflible d’en approcher dans la proie d’une langue
» à peine tirée de la barbarie........ Cependant M. de
» Maléfteu, par des efforts que produifoit un enthou-
n fiafme feb.it, & par un récit véhément , fembfoit
n feppléer à la pauvreté de la langue , & mettre dans
» fo déclamation toute l’ame des grands hommes
» d’Athènes.. . . . Il comioiflbit Athènes mieux qu’au-
» jourd’hui quelques voyageurs ne çonnoiflent Rome
n après l’avoir vue.. . . . Vous engageâtes , Madame ,
» cet homme d’un efprit prefime univerfel, à traduire
» avec une fidélité pleine d’elégance & de force ,
n l'Iphigénie en Tauride, d’Euripide. On la repré-
j, fenta dans une fête digne de celle qui fo reçevoit
» & de celui qui en, faifoit les honneurs ; vous.
j> y repréfentiez Iphigénie. Je fus témoin de ce
» fpeéfoçle ».
En effet, cette princefle ain\oit à donner à Sceaux ,
des fêtes , des diverrifîements j des fpeâades ; elle
vouloit qu’il y entrât de l’idée, de l’invention, & que ,
feivant l’expreflion de M. de Fontene’le, la .joie eut de
l’efpfit. M. df MaUficu étoit le grand ordonnateur
de ces fqtes, & fôuvent il y étoit adeur ^l’impromptu
lui étoit familier : il a , dit M- de Fontenelîe , beaucoup
çontrifrué a établir cette langue à .So.eaux ; ajoutons
feulement pour la coafolation de ceux à qui elle
n’eft pas familièfO, que cette langue n’a jama:s produit
un bon ouvrage ; & en effet, il n’eft rien refté de
tant d’efprit. prodigué à. Sceaux -par-M. Ma l e fieu.
On lui attribue une pièce fort médiocre, jouée par
les Marionnettes; de Brioché , qui a pour titre ?
Polichinelle demandant une place à V Académie, Ur»
académicien , ou pour venger l’Académie, ou par
quelqu’autre motif 9 fit cea^tre cette pièce une autt§
L 1 1 %