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la fit conftruire en brique, &r les Piétés l’ayant détruite
Pannée fui vante , on ne l,a regarda plus que
comme une limite qui féparoit les deux nations.
Cette muraille etoit épaiffe de huit pieds , haute de*
douze a compter du fol ; elle s allongeoit fur le côté
feptentrional des rivières de Tyne &, d’Irthing , paf-
fant par-deffus les collines qui fe îrouyoient fur ïbn
chemin. On peut encore en voir aujourd’hui les vef-
tiges en différens endroits de Cumberland & de
Northumberland. {A . R f )
MI/RALT , ( Hiß Litt. mod, ) né en Suiffe ,
voyagea en philofophe ; fes lettres (ur les François &
Jiir les Anglais /ont le fruit de fe-s voyages. Mort
-vers Pan ty 50.
MURAT , ( la comteffe de ) voyes^ C astelnau.
MURATORI , ( Louis r Antoine ) ( Hiß. Litt,
piod. ) lavant italien, né à Vignola .dans le Modénois,
^ 2’1,.0.^0^>re J m°rt le 21 janvier 1750, fut pour
i érudition Ja fécondité, le Montfaucon de P.Italie.
Il a tant .écrit , qu’il n eft pas étonnant qu’il n’ait pu
mettre la dernière main 3 fes productions. La fameufe
collection des écrivains de l’hiftoire d’Italie eft le plus
important de /es travaux & le principal titre de là
réputation ; mais il a travaillé dans plufieurs genres.
La politique, la morale & la littérature étpient de
fon relfort aufti bien que l’érudition. La lifte de fes
ouvrages eft étonnante; on croit voir le catalogue
d’une grande bibliothèque; on trouve .cette lifte à la
/uite de -fi* vie dans la traduction ff ançoifè qui a paru
eil J 772 » de fon traité du Bonheur public. On àvoit
déjà vu dans Jefixiènae tome des nouveaux Mémoires
d’hiftoire, de critique & de littérature par M, l’abbé
.fArtigny g une lettre adreffée à cet abb'é par M.
làt^)é Goujet, &. qui contenoit l’Eloge hiftorique de
M. fiîuratori , & un catalogue de fes ouvrages. M.
Soit fyluratori , neyeu du célèbre Muratori , a
compofé fa vie en italien ; elle 3 ■ été imprimée à
yenife en 4756 , - en un volume in-4®., & cet écrit
ßc l’extrait qu’on en trouve dans la traduction du
;*ra!te Bonheur public , font trop longs pour ce
/ju ils contiennent ; mais il en réfulte au moins que M.
Muratori croit au/îi vertueux ßc aufti charitable que
/avant. Il étoit bibliothécaire du duc de Modène.
MURE, ( Jean-Marie de la ) ( Hiß. Litt, mod, )
chanoine de Montbrifon, dont on a l’hiftoire ecçlé-
^iaftique de Lyon & .celle du Forez1. Mort vers la
fin du 17e ftècle.
MURENA, ( Lucius-Lfoiniüs ) ( Hiß. Rom. ) on
ponnoît Poraifon de Cicéron pour Murèna, où cet orar
teur? en convenant avec candeur que fes voeux avoient
^té pour Servius -Sulpitius, concurrent de Murena
au confulat^ défend.cependant là légitimité de l’éleétion
de Murena qui Pa emporté. Combien ces fortes .de
çaufes cp un Orateur généreux défendoit la loi contre
fa propre inclination, & un ami contre un ami préféré,
produÜoient .d’intérêt & founvffoient à Péloquènee ,
tk coprbifrf cette cor fiance dun client dans la vertu
d’ un délenfeur dont il çcnnojt la predileélion pour fon
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rival, eft noble, héroïque & romaine I Murena fignaîa
là valeur contre Mithridate.
MURET, ( Marc-Antoine ) ( Hiß. Litt. mod. )
eft un des plus célèbres littérateurs du feizième ftècle.
On a de lui des difcours, des poèmes , des odes ,
des hymne# , des fatyres , des épigrammes, des élegies,
d’excellentes notes (ur les principaux auteurs clafliques
grecs & latins, même des traités de jurifprudence
romaine ; il enfeigna les belles-lettres d’abord à Auch,
enftiite à Paris, au collège de Sainte-Barbe ; & fes
leçons eurent tant d’éclat & de fucc.ès, que le roi &
la reine allèrent l’entendre ; mais s’il avoit les talens
& les connoifîances néceffaires pour l’inftruélion de
la jeuneffe, il fut açcufé aufti d’avoir les vices qui
pouvoient être les plus à craindre pour elle ; il en fut
accufé fucceflivement à Paris, à Touloufe, à Vende,
& il fut obligé de fortir de ces différentes villes pour
échapper au danger dont il étoit menacé. On prétendque
çe danger fut fur-tout très-grand pour lui à Touloufe.
Jofeph Scaliger a confaeré ce fait infamant dans une
optgfàmme qu’il fit pour fe venger de ce que Muret,
par un jeu trèsr-ufité dans ces temps favans, lui avoit fait
accroire qu’une épigramme de fa compofition , étoit
l’ouvrage d’un poète de l’antiquité ; les favans aimoient
alors à s’attrapper ainfi les uns les autres ; ils y réuftif-
foient fbuvent, & ceux qui avoient gté attrappés ne le
par.dpnnoient jamais. Voici l’épigramme de Scaliger^
Qui ri%id(Z flammas vftaverat ante Tolofa,
Muretks, fumos vendidit ill§ mihi.
malgré ces foupcons juftes-ou injuftes , Muret fût
très - bien reçu & très - bien traité à Rome , il y
profeflà la philofophie la théologie, & y fut pourvu
de bons bénéfices. Au refte, les vers de Muret étoîent
tellement dans le goût des anciens, qu’un homme aufti
verfé dans l’antiquité que Scaliger , pouvoit aifçmer$
s’y méprendre ; les vpici:
Here, f i querelis , ejulatu, fietihus ,
Medicina fieret miferiis mortaliufn ,
Auro pqrandoe lacrumçe contra forent
une hoec ad minuénda mala non nui fis valent £
Quam, rwenia Proeficoe ad excitandos mortuos..
Res turbiflce confilium, non flelum expeOmt.
On a encore un autre grand reproche à lui faire J
c’eft d’avoir pfé fe déclarer publiquement l’apologifte
de la Saint Barthé/emi ,'il n’en faut par davantage ,
il n’en faut pas tant aujourd’hui pour être déshonoré ;
Muret ne le fut pas ; on ne le çonnoît plus que par fa
réputation littéraire , tout le refte eft oublié.
On raconte qu’en paiiànt de France en Italie,il
tomba malade fur la route. 11 fe crût en effet, & oft
le crut très - malade les médecins voulurent faire
fur lui TêfTâj d’un remède qu’ils avoient a éprouver 5
§£ comme ils le prenoient pour un homme du pèùplé
& fans éducation , ils crurent avoir tenu leur deftein
bien fecret , en fe difànt en latin : faeïamus experi-'
mentum iji corvçre ouIdj an\md y\lu Muret en contanç
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- biftoire, difolt que le lendemain il s’étôlt trouvé
^uen par la feule frayeur qu’il avoit eue de cette expérience.
Il étoit né en 1526 au bourg , de Muret près
^ ei? avoit Pris k nom. Il mourut en
1 5»o. On a fort bien remarqué qu’il faifoit des vers
atms en humanifte , mais non pas en poète.
MURRAI, ( Jacques , comte de ) ( Hifi. cCEcoffe. )
f roye^ l’article Morton. ) Murrai étoit fils naturel
de Jacques V , roi d Ecoffe;, & frère de Marie Stuart.
La mère de Murrai, quoique notoirement elle n’eût
ete que la maitreffe de Jacques V , prétendoit avoir été
fa femme , légitime ; en conférence , elle foutenoit
que le trône appartenoit à fon fils. Delà-tous les attentats
de ce fils contre Marie Stuart fa foeur. Murrai,
nourri dans ces idées ambitieufes, regrettoit le trône
comme un bien qui lui avoit éfehappe ; il n’y avoit
rien qu il ne fut capable de tenter pour y parvenir ou
pour s’en rapprocher.
Pendant la régence de Marie de Lorraine & la vie
de François I I , ces fentiments avoient allez éclaté,
pour que les fidèles fujets de Marie Stuart fé cruffent
y obligés de fen avertir ; Murrai étoit dès lors à la tête
du parti reformé, Murrai afpiroit au trône. .•
La mort de la reine régente d’Ecoffe & celle'de
François II, furent des événements favorables pour
Murrai' ; il n’avoit plus à combattre ou à tromper
que la jeune reine fa foeur. Son coup d’effài fut de lui
extorquer un pouvoir , en vertu duquel il acheva
d’abolir en Ecoffe, la religion catholique que pro-
feffoit cette princefle ; de forte qu’en arrivant dans .fes
états, eHe trouva fes fujets difpofés à la révolte contre
elle fur l’article le plus important, la religion. A peine
put-elle obtenir quelque tolérance pour la fienne. Tandis
que Murrai abufoit ainfi de U confiance de fa foeur,
H fongeoit à l’empêcher de paffer en Ecoffe.
Quand elle y fut arrivée ,-à la faveur du brouillard f
qui déroba là marche aux Auglois , Murrai régna en
quëlque forte , avec elle, par la confiance qu’elle lui
témoignoit ; il étoit comblé de biens & d’honneurs.
Son ambition étoit en partie fatisfaite j aufti ces
premières années de Marie font-elles les moins troublées
, excepte fur l’artiçle de la religion qui pouvoit
mettre des bornes à cette confiance de Marie.
Mais ceft a l’occafion du mariage de .la reine avec
le Lord Darnley , que les grands orages éclatèrent ;
la raifon en eft fenfible. Marie donnoit un maître à
Murrai y de nouvelles barrières s’élevoient entre le
p o n e & lu i, Murrai devient le chef du $arti de
l’oppofition , il prend les armes pour empêcher ce
mariage. Delà , la guerre (civile, la paix perfide qui
h fuit, la divifion femée entre Darnley &. fa femme,
1 affafîinat de Riccio , la mort violente de Darnley,
& ce dernier crime jmputé à. fa femme par les vrais
coupables , après qu’ils l’ont fait déterminer .par les
Inftanceslçspluspreffantes delà noblçffe, à époufèr
^othwvel, un de leurs complices,
Murrai , au milieu de tous ces troubles qui étoient
fon ouvrage ,• voyage pour perfuader qu’il h’y a au-
«unp part ; il revient quand jfothvel eft en fuite,
H\fimre,
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quâttd Marie eft prifonnière , quand, il 'eft nommé ré»
gent. Son premier foin eft d’aller voir Marie dans fa
prifoà , il lui fait les reproches les plus outrageants fur
l’aflàftînat de fon mari, dont il la.fuppofe convaincue ;
il la fait fondre en larmes , & il l’outrage encore. Ce
procédé atroce' n’étoit pas. moins adroit. Murrai
vouloir s’affurer û Bofhwel avoit caché fon fecret à fa
femme ; voilà pourquoi "il s’attache à irriter Marie ,
a la pouffer au dernier degré: de Ifitripatience. Un
innocent qui s’entend accufer par-celui quM fait être
coupable, a de “la peine à .fe contenir. Murrai obforye
avec foin fi l’indignation .n’arrache à fa foeur .aucun
trait qui annonce que Bothwel ait parlé. ,,
B produit contre fa feeur ,. deux fortes de preuves r
i°. .11 fabrique avec Morton & Léthington , habile
fauffaiçe , une fuite de lettres de Marie au comte de
ÊQThwel. > lettres qu’on fuppofo écrites du vivant de
Darnley & qui auroient ftippofe dès lors une intelligence,
coupable eutré ia. je\ipe..&. bejlë M arié, & lq
vieux & difforme Bofti'vyelIls inventèrent un rem an
pour expliquer compent çes lettres avoient pu tomber
entre leurs mains.-
20. Ils prodhifirent contre Marie, les dépofitions
des domeftiques d,e Eoth'vvye'I, exécutés pour le meurtre
du roi ; ces dépofition's çtoient toutes à la déchargé
de la reine ; mais elles çhargeoient Bothwel,
^ fos amis en concluoient 'que jàVpine‘etoit corn^ice, -
à Ggufè de fa liaifon aveç Bothwel, ' conje^urë qü’i!^
transformoîeîit en certitude- au moyen dés lettres , ou
fis avoient eu foin d’étahiir la connivence', même fur la
fait de la mort de Darnley.
. La reine d’Ecoffe ne put jamais obtenir I3 commur
nicatiôn de c^s, lettres, qu’elle ne ceffa ^e demander ;
& la reine d Angleterre, qui n’ayoit pu s’empêcher
de dire que çettç communication .demandée étoit de.
riroit, refufa toujours de l’accorder, & remit elle-:
même à Murrai, i’origir.aj de ces lettres, après s’ea
être fervie pour diffamer'Marie Stuart dans toute# leSk
cours.
Ce frit une trah’fon àe- Murrai qui fit périr fur un
échafaud le duc de Nortfolçlc, qui , 'convaincu dé-
l’innocence de Marie Stuart par les pièces du procès
qu’il avoit fous, les yeux x & touché de fès malheürs
avoit çéfolu de l’époufèr ( Foyer ^ ortfolqk , &
obfei;Vez que cet article devoitccre ecrit ainfi : Norfolck ,
parce qu’ri eft placé entre Notes & JVoricicns. )
Murrai périt enfin, ( en janvier 1570 ) vi£lime de
fes violences. Il avoit çonfifquQ les biens des partifàns
de Marie , nommément ceux; des Hamilton. Les
terres d’une riche héritière , femme de Jacques.
Hamilton de Both-vyellàugh, avoient été données à un
favori de Murrai x ‘qui exerça,çe droit odieux avec la
plus aflréufo inhumanité ; en çhaffant cette femme de
fon château, ij -la dépouilla de fes habits, & la laiffa ex-r
pofée. toute hüe en pleine campagne, feule ôt fans afy le
pendant une nuit très-froide; elle en perdit la raifon &
le mari, outré de. douleur, attendit Murrai en plein
jour, dans une rue de la petite ville de Linlitgow v
lui tira un coup d’arquebufe.., & eut. le temps ,de fe
fauver en France. Le régent ntourut le même ,joux:|
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