
pas, on y trouve de beaux préceptes & d'excellentes
maximes de conduite.
Le troifième, qu’on nomme chi-king, eft un recr.eil
4? poëfies anciennes , partie dévotes & partie impies
, parties morales & partie libertines, la plupart
très-froides. Le peuple accoutumé à relpeéler ce qui
porte un caraélère (acre, ne s’apperçoit point de l’irréligion,
ni du libertinage de ces poëfies ; les doéïeurs
qui voyent plus clair que lepeuple, difent pour la défenfe
de ce livre, qu’il a été altéré par des mains profanes.
Le quatrième & le cinquième king ont été compilés
par Confucius. Le premier efi purement hifto-
nque , & fert de continuation aù chi-king ; l’autre
traite des rites , des ufages, des cérémonies légales
des devoirs de la fociété^civile. ° 9
• Ce font là les ouvrages que les Chinois regar-
aent comme làcres, & pour lelquels ils ont le remecl
le plus profond ; ils font l’objet de l’étude de leurs
lettres, qui paflènt toute leur vie à débrouiller les
myfteres qu’ils renferment. ( A. R. )
; KÏRCHER , ( Athanafe ) ( Hijt. Lm. mod. ) Le
Pfpt ^ lrc^sr » jéfoite lavant , & mathématicien
célébré, grand antiquaire, fouvent trompé dans ce
genre par des ignorants , qui fe plaifent à tirer des
lavans cette vengeance. On a de lui plufieurs ouvrages
dont le plus célèbre efi le Mundus fubterraneus ; les’
autres font ou des defcriptions de monuments antiques,
ou des traites de phyfique ou de mathématiques plus
oü moins connus , plus ou moins efiimés , & qui
lui ont acquis à la fois k réputation d’un favant &
celle d’un vifionnaire. Le P. Kircher étoit de Fulde ,
il profeffoit à Vitzbourg en Franconie; il paffa de là
en France, puis à Avignon, puis à Rome, oh il
mourut en 1680 , âgé de 79 ans.
K 1RKE , ( Hifl. d'Anglet. ) On fo rappelle encore
avec horreur à Londres, les violences de quelques
generaux de Jacques U , les barbaries du colonel
Ai/vk & de fon régiment de bourreaux , qu’il, appel-
1 °« / " 9 0 Æ , cette multitude d’exécutions m litaires
qû il fafoit faire au fon des inftruments , parce que
dilbit-il, cette danfe avoit befoin de mujîque, le raffine»
ment avec lequel il faifoit fufpendre & recommencer
a plufieurs reprifes , une même exécution ; ce aü’il
appelloit/èr expériences, parce que, dans les intervalfes,
il interrogeoit de nouveau fes viétimes, pour favoir
çè qu’elles avoient fouffert, & quelle çfoit Ig difpofition
de leur aine»
v On raconte qu’une jeune fille, pour fauver la vie
a fon frère, ayant confenti avec beaucoup de répugnance
& de remords, à paffer une nuit avec le colonel
Kirke , il ouvrit le lendemain matin une fenêtre
qui donnoit fur la place, & fit voir à cette fille le
corps de fon frère pendu au gibet, fpeélade qui pénétra
çette malheureulè d’une telle horreur qu’elle en perdit
la raifon. L’hiftoi're avoit déjà rapporté un fait fëm»
bkble arrivé dans les états du duc de Bourgogne,
Charles le Téméraire. C’étoit une femme, qui pour
lauver la vie a fon mari, & de concert avec lui,
ayant cédé aux tyranniques infiançes du gouverneur
d une place , en fut amfi trahie, Le duc de Bourgogne
fit une jufiice exemplaire de cette atroce perfid’e ; H
commença par obliger le gouverneur d’époufer cette
femme pour lui rendre l’honneur, & il le fit pendre
enfuite ; il ne paroît pas que Jacques II. ait puni le colo-i
• j 5 ^ fians f-s principes, on concevroit cette
indulgence fi le colonel avoit été catholique, mais il
etoit proteftant, il avoit même refufé -au roi Jacques
de le faire catholique , en difant pour unique motif de
jon refus qu’il avoit promis'à l’empereur de Maroc de
le faire mufolman , s’il changeoit jama:sde religion. En
eftetil avoit vécu long-temps chez les Maures.
KIRRÏS j f m. ( Hiß. mod. ) dpece de bâton ou
de verge de fer ou de bois que les Hottentots portent
fans cefie. Il a la longueur de trois pieds & un
pouce d’épaiffeur; il oft lans pointe: c’efi une arme
defenfive , dont ils fe fervent avec beaucoup d adreffe
pour parer les coups qu’on veut leur porter (A. R.)
KIRSTENIUS (Pierre,.) (Hiß. Litt, mod.) me-
decin, ne a Breslau en Siléfie & devenu profeffeûr en
médecine a Upfal en Suède. Nous ne nommons ici ce
lavant allez peu connu, que pour oblèrver une petite
lingularite, c’efi que fon épitaphe porte qu’il favoit
ving-fix langues; quelques ouvrages de lui, fur la
bible, annoncent au moins, par le titre même, que les
langues orientales lui étoient connues. Né en 1577«
Mort en 1640. '
KISLARAGA , f. m. ( Hiß. mod. ) chef des eunuques,
noirs , un.des plus considérables’officiers du ferrail.
C ’efile forintendant de l’appartement des fultanes,
auxquelles il annonce les volontés du grand-lèigneur..
Il a fous fes ordres un grand nombre d’eunucues
noirs deftinés à la garde & au fervice des Ôdajiquts.
Cet eunuque a un fecrétaire qui tient règiftre de
tous les revenus des jamis bâtis par les foltans, qui
paye les appointemens des baltagis , : des femmes
employées au fervice du ferrail, & de tous les officiers
qui dépendent de lui. Le Kiflar aga va de pair
en autorité & en crédit avec le capigi - bachi ou
grand - maître du ferail. Les bachas qui ont befoin
de fa faveur, ne font aucun préfent au fultan, fans
l’accompagner d'un autre pour le chef des eunuques
noirs ; l’accès fac.le qu’il a auprès du grand-feigneur
l’en rend quelquefois le favori, & le rend prefque toujours
Pennemi du grand-vifir ; d’ailleurs, les fultanes
qui ont befoin de lui le fervent par leurs intrigues.
Guer, moeurs des Turcs, tome IL ( A , R. )
KITCHÉ , f. m. ( Hiß. mod, ) c’eft ainfi que les
Turcs nomment le bonnet des janiffaires qui eft
j élevé en pain de fccre, & terminé par le haut en
forme d’une manche pendante. {A. R. (
KIU-GIN, f. m. ( Hiß. mod. ) c’eft le nom <me -
l’on donne à la Chine au fécond grade des lettres ;
ils y parviennent après un examen très -rigoureux ,
qui le fait tous les trois ans en préfence des prin-r •
cipaux mandarins &. de deux commiffaires de la
qour , qui fe rendent pour cet effet dans la capitale
de chaque province. Les kiu-gin portent une robe
brune avec une bordure bleue , & un oifèau d’ar-»
gent doré fpr leur bonnet. Ils peuvent çtre élevés
au rang des mandarins ; c’eft parmi eux (jue l’on
choifit lés lettrés du troifième ordre , appelles tfin-fé
ou Doéleurs. ( A. R. )
KIZILBACHE , f. m. ( Hiß. mod. ) mot turc', qui
fignifie tête rouge. Les Turcs appellent les Perfans
de ce nom depuis qu’Ifinaël Son, fondateur de la
dynaftie des princes qui régnent aujourd’hui enPerfe,
commanda à fes foldats de porter un bonnet rouge,
au our duquel il y eût une écharpe ou turban à
douze plis , en mémoire & à l’honneur des douze
Imans, fucceffetus d’Ali , defquels il prétendoit
defoendre. . • .
Vigenere écrit kc^eilbais , & il dit que foivant
l’interprétation vulgaire des Perfans, les douze plis
lignifient les douze facremens de leur loi ; & parce
que cela ne le fatisfait pas, il en cherche une autre
caiife, & prétend que c’eft un myftere émané de
l’antiquité payenne, oh les Perlés adoroient le feu,
dont l’ardeur eft dénotée, par la couleur rouge., &
comme lymbohlant -au foleil , quils avoient aulïi
en grande vénération. Il ajoute que ces douze plis
défi filent les douze mois de l’année & les douze
fign s oh cet aftre fait fon cours. C ’eft chercher à
plaifir du myftere dans une chofe fort fimple. Les Per-
fans ont adopté le rouge , parce que c’étoit la couleur
d’A li, & les T arcs le verd , comme celle de Mahomet.
( A . R. )
KLEIST, ( Hiß. Litt, mod.) poëte allemand, ami
de M. Gcfner, autéur comme lui d’idiiles qui font des
leçons touchantes de bienfaisance & de vertu. Kleift
étoit militaire, il commandoit un régiment au fervice
du roi de Prnffe & mourut en 1759 des bleffures qu’il
avoit reçues à la tête de ce régiment, a la bataille de
Kunnersdorf.
KNEES, f.m. (H iß . mod.) nom d’une dignité
héréditaire, parmi les Ruffes, qui répond a celle de
prince parmi les autres nations de l Europe. On
compte en Rulfie trois efpêces.de knees ou de princes;
i°. ceux qui defeendent de Wolcdimir I. grand duc de
Rulfie ou qui ont été élevés par lui à cette dignité ;
20. ceux qui defoendent de princes louverains etrangers
établis en Rulfie ; 30. ceux qui ont été créés princes
par quelqu’un des grands ducs. ( A. R.)
KNOUTE ou KN U T , f. m. (H iß mod.) fup-
plice en ulage parmi les Ruffes ; il confifte a recevoir
fur le dos un certain nombre de coups d’un
fouet fait avec un morceau de cuir fort épais, qui a
2 ou 3 pieds de longueur, & taillé de façon qu’il eft.
quarré & que fes côtés font tranchants r il eft attaché à
un manche de bois. Les bourreaux appliquent.les
coups fur le dos avec tant d’adreffe qu’il n’y en a
point deux qui tombent fur le même endroit ; ils font
placés les uns à côté des autres de manière qu’il
eft -aifé de les diftinguer, parce que chaque coup
emporte la peau. Le fupplice du knohte n’cft point
tenu pour un deshonneur, & on le regarde plutôt
comme une punition de faveur , à moins qu’il ne foit
fuivi de l’exil en Sibérie. Le knoute , dans de certains
cas, eft suffi une efpèce de queftion ou de toi ture qu’on
met en ufage pour faire avouer quelque chofe à ceux
qui font accufés de quelque crime ; alors à l’aide d’une
corde & d’une poulie, on les fufpend par les bras à
une potence ; on leur attache des poids aux pieds , &
dans cette pofture on leur applique des coups de
knoute fur le dos nud , jufqu a ce qu’ils ayent avoué
le crime dont ils font accules.
KNOUT , ( Ht fl. mod. Jurifpr. crim. ) Les Ruffes
ont été étonnés de lire dans l’article précédent que le
» fupplice du knout n’eft point tenu pour un deshonneur
» en Rulfie, & qu’on le regarde plutôt comme une
jj punition de faveur, à moins qu’il ne foit fuivi de l’exil
jj en Sibérie, jj On lit à cette occafion une lettre d’un
Ruffe inftruit, député à la commilfion des loix, inférée
dans le Journal encyclopédique, Septembre 1773, dans
laquelle il releve cette méprife avec une amertume qui
annonce en même temps fa fenfibdité, fon amour pour
la gloire de fa patrie, & que cette nation a de plus
juftes idées de l’honneur, que cet article ne femble
l’annoncer.
Nous nous falfons un devoir de convenir avec lui
que le knout eft une peine qui emporte toujours infamie;
& nous le prions de croire que l'auteur anonyme
de cet art cie, mal inftruit plutôt que malintentionné,
n’a pas eu deffein d’outrager ni la nation ni le
gouvernement Ruffe. (A . R.)
KNOX ou CN O X , (Jean) (Hiß. cTEcoJfe) disciple
K Calvin, un d^s premiers apôtres du calvm fine
& du presbytéranifme en Ecoff. ; le roi d’Angleterre
Edouard V I lui offrit un évêché ; il étoit trop bon presbytérien
pour l’accepter , il déc'ara que tepifcopat étoit
contraire à l’Evangile & il alla régner par l’Evangile
en Ecoffe. Il a chanté lui-même Tes exploits & fes
fuccès dans une hißoire de la réformation de l’églife
dEcoffe. Il eft hoir.-ble, mais il eft curieux , dit M.
Hume , de confidérer avec quelle dévote jo e Knoss
raconte l’affaflinat du cardinal Béaton, archevêque de
Saint-André, pr.mat d’Ecoffe, miniftre de ce royaume,
égorgé de fang froid par les proteftans dont il étoit un
ardent perlécuteur. Dans la première édition de l’hif-
tpire de la réformation, ces mots étoient imprimés à la
marge : les paroles & les aêlions divines de Jacques
Melvil. Ces paroles divines étoient d’avoir annoncé la
mort au cardinal, ces aêlions divines de la lui avoir
donnée ; on s’apperçut du fcandale , & ces mots
difparurent dans les éditions foi vantes.
Cet impétueux Knox, .pendant le règne de la fille
ainée de Henri VIII en Angleterre, avoit fait contre
le droit héréditaire des femmes , un livre avec ce titre
tiré de l’apocalipfe félon l’ufage des fanatiques : premier
fon de la trempette contre le gouvernement monfirueux des
femmes ; il ne'traita pas mieux la douce & patiente
Marie d’Ecoffe que la cruelle Marie d’Angleterre ; il
n’apoeUcit jamais la reine d’Eccffe fa fouveraine que
Jélàbel; elle crut que des marques d’eftime & des égards
flatteurs prodigués par une jeûne reine, poud roient ap-
privoif r cette bête farouche; elle lui offrit un libre accès
auprès d’elle. « Si vous-trouvez, lui dit-elle , quelque
» chofe à reprendre dans ma conduite, avertiflez-mo i