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» démie, ( des Belles-Lettres ). Selon lui j elle n’a rien
»» emprunte, elle ne doit rien à la langue latine ; tous
» les mots qui la compofènt lui appartiennent à titre
»> patrimonial t nous parlons encore celtique ; & fi
n quelques-uns de nos termes ont quelque affinité avec
» ceux du latin , ce n’eft pas qu’ils en fo r ten tc ’eft
» qu’ils font nés ensemble ; ils leur reffemblent comme
m jumeaux, & non pas comme des fils à leur père, n
Si ce ton demi badin eft propre à répandre quelque
ridicule for les fyftêmes littéraires de M. Levefque de
la Ravalière , M. Le Beau l’en dédommage en rendant
fon caractère véritablement refpeélable.
M. Levefque fut reçu à l’Académie des Belles-
Lettres en 1 543 , & il y a de lui plufi.:urs Mémoires
dans le Recueil de cette Académie. Il mourut le 4
février 1762.
3°, Jean Levefque de Burigny, aufli de l’Académie
des Inlcriptions &. Belles-Lettres , d’une autre famille
que les précédents , vivoit encore , lorfqu’un homme
de lettres lui rendit l’hommage fuivant, ( Mercure du
2-5 janvier 1783.) «C e que Gcéron dit de la vièil-
» leffe dlfocrate, rappelle la vénérable & heui eufe
» vieil!elfe du doyen aéluel de la littérature françoife,
» & peut-être de la littérature Européenne, M. de Bu-
» rigny , à qui une carrière de quatre-vingt-onze ans,
» confàcrée à l’étude & à la vertu, laiffe encore une
*> fanté robufte, une mémoire étendue, l’ufage de tous
» lès fèns , la jouiffance de tous les pîaifirs de l’elprit,
n l’habitude journalière des leâures inftruélives , la
» faculté même de compolèr & d’écrire , le goût
» & les agréments de la fociéié , Telpérance enfin d’un
» grand nombre de jours fereins , & la certitudé que
» tout le monde les lui fouhaite :
E t fuperefl Lachefi quod torqueat, pedibus fe
Ipfe fuis portât.
#» Vrai modèle des moeurs du lavant & de l’homme
» de lettres , jamais il n’a connu ni l’orgueil, ni l’in-
J> trigue, ni t’envie ; favant utile & fans fafte, écri-
» vain fans prétention, fimple dans Ibn ftyle, fimple
» dans fes moeurs :
Cujus Junt mores qualis facundla , mile
lngenium.
« C’eftavec ira plaifir mêlé d’attendriffement, que j
n nous lui payons ici un tribut d’effime & de refpeét
» qu’il n’a point recherché, qu’il n’a point déliré ,
n auquel il ne s’attend pas, 6t dont il aura la mo-
» deftie d’être étonné , tandis que tant d’intrigants litté-
» rames employent de fi étranges moyens pour fe
» faire preftituer dans les journaux, des éloges qu’ils
» lavent ne leur être pas dus ».
Jean Levefque de Burigny étoit né à Reims en
1692 , d’une famille honorable à tous égards, mais -
dont nous remarquerons feulement ici que dans un
«fpace de temps affez borné, elle a fourni trois fujets
à l’Académie des Belles-Lettres', M. de Burigny &
îüSM de Pouilly , père & fils; ML de Champeaux,
l e y
troisième frère de M. de Pouilly fe père , & de M* dé
Burigny, fut miniftre du roi dans différentes cours ,
& le diftingua dans la carrière des négociations. M. de
Pouilly le père étoit un de ces lavants rares , qui
lavent for-tout éclairer l’érudition par la critique, &
l’hiftoire par la philofophie. C ’étoit d’ailleurs un phi-
lofophe aimable & fenlible. On en peut juger par fa
Théorie des fentiments agréables.
Dans là dilpute üir 1 incertitude de l’hiftoire des
premiers liècles de Rome , jamais il ne lui échappa
un mot d’aigreur ; les deux lavants qui lui répondirent
, ne purent pas démentir ainfi le caraélere de
lavants. A la féconde ou troifiéme réplique , l’aigreur
fe montre. Au refie , ils gagnèrent leur procès auprès'
des lavants, & M. de pouilly , auprès des philofophes.
M. de Pouilly le fils eft vivant, & les fondions de
la magiftrature le difputent'aux occupations littéraires,
làns le leur enlever.
M. de Burigny n’a celle de travailler pendant une vie'
de 94 ans , &. c’cft peut-être le feul homme de lettre»
qui n’ait jamais mis fes ôuvrages au-delfus de k'ur
valeur ; ils ayoient tous un grand mérite d’érudition ÔC
de recherches ; lès vies de Grotius, d’Evafine, du cardinal
du Perron, de Boffuet, Ôc d’autres produirions
plus confidérables, contiennent prefque toujours tout
ce qu’il eft poffible de favoir fur la matière traitée
dans chacun de ces ouvrages ; & quand on voudroit
ne les regarder que comme des Mémoires pour fervir
à l’Hiftoire, on n’en pour roi t'pas tro. •> r de plus
fûrs, de mieux rédigés, ni de plus fidèlement tirés
des lources les plus pures.
Un de lès amis lui parloit un jour avec éloge , de
quelques articles de Y Europe favante, dont il le croyoit;
l’auteur : vous aveç rai f o n dit M. de Burigny, ces
articles font excellents, ils ne font pas de moi. Cet ami
ajoutant que les derniers volumes de ce Journal lu*J
paroiffoient inférieurs aux autres ; ils font tous de moi
dit-il, & f enjuge comme vous.
M. de Burigny chériffoit la mémoire de lès amis
morts, autant qu’il les avoit chéris vivants. Une perforine
d’un rang élevé, parloit un jour très-mal de
M. de Saint-Hyacinthe , dans un cercle nombreux.
M. de Burigny, qui étoit préfent, fit tous fes efforts
pour défendre Ibn ami ; mais preffé de plus en plus 5c
pénétré de douleur de ne pouvoir détruire les imputations
dont on le chargeoit : «Monfieur , s’écria-t-il
en fondant en larmes , je vous demande grâce, vous
» me déchirez l’ame ; M. de Saint-Hyacinthe efi un
» des hommes que j’ai le plus aimés; vous le peè-
» gnez d’après la calomnie , &. je proteflri * fur mon
» honneur, qu’il n’a jamais reffsmblé au portrait que
» vous en faites, »
M. de Burigny avoit alors 80 ans , & il y en
avoit au moins 30 que Saint - Hyacinthe ne Vivoit
plus.
Un homme fi digne d’avoir des amis , trouva dans
lès amis & fes parents, les confolations les plus touchantes
dans fa vieilleffe & dans fa dernière maladie ,
qui fut peut-être la feule. « Sollicité anciennement ,
dit M, Dacier dans fon éloge, d'occuper un appartel
e v
» ment chez Mme. Geoffrin, il avoit cédé aux îrifiances
»de l’amitié; recueilli enfuite par Mms la marquile
»de la Ferté-Imbault, comme une portion précieulè
» de l’héritage de fa mère, il avoit retrouvé en elle
v les mêmes fentiments & les mêmes procédés. Elle
» avoit pour lui cette amitié prévenante , fi douce,
» fur - tout à la vieilleffe , ces attentions nobles &
» délicates qui partent d’un coeur excellent, poli par
S l’ufage du grand monde , cette eonfidération 6c ces
t) égards qu’une ame bonne & vertueulè fe plaît à
» témoigner au mérite & à la vertu, rendus encore
» plus refpeélables par l’âge ; & perlonne n’a plus
« 'contribué qu’elle au bonheur de lès dernières
» aimées. En publiant ici ce que M. de Burigny de-
n voit a la mère &. à la fille, & fa reconnoiffance,
» je ne fuis que fon organe, dit M. Dacier , je ne
» fais que répéter ce qu’il difoit fans ceffe, ce qu’il
» m’a chargé de redire, & j’acquitte en fon nom la
n dette de fon coeur. »
Il s’éteignit le 8 oélobre 1785 , entre les bras de
M. de Pouilly , fon neveu, & de Mme de Broca , fa
nièce , fille de M. de Champeaux , qui avoit renoncé
à tout pour le dévouer fans réferve à M. de Bu-
rigny , « & lui a prodigué avec un courage, une
» confiance & une alliduité au-deffus de lès forces ,
les foins les plus touchants 6c les plus empreffés. Une
n fille tendre n’auroit rien fait de plus pour le meilleur
a & le plus chéri des pères, »
M. Dacier applique en particulier à M. de Burigny,
ce que Cicéron a dit pn général des lettres. « Elles
î) avoient nourri fa jeuneffe , elles embellirent fes plus
» beaux jours , elles forent fon refuge & fa confola-
9> tion dans lès peines 9 elles le rendirent heureux
» par-tout & dans tous les moments , elles ont fait
» le charme de fa vieilleffe, ßc pour dernière faveur ,
» elle honorent là mémoire. »
LEVI , ( jHiß. Sacr. ) troifiéme fils de Jacob & de
Lia ; fon expédition avec Siméon fon frère , contre
les Sichimites , Ibn .arrivée en Egypte avec fes enfants,
,dont l’un fut layeul deMoïfe , d’Aaron de Marie ;
Ja part qu’il eut dans la prédiction de Jacob mourant,
enfin ? tout ce qui le concerne , lè trouve dans la
Génèfe, chapitres 2 4 ,4 6 , 49.
LEVI-LEVIS , (Hifl. de Fr. ) La fable de cette
maifon la fait defoendre de la tribu de Levi , g caufe
delà conformité des noms ; ma;s elle n’a befoin que
de la vérité pour être grande & illufire ; elle l’étoit
- dès les onzième & douzième^lèdes; Elle tiroit fon nôm
de la terre de Levis, près Cheyreulë, dans le Hurepoix ;
■ ï°. Gui de Levis i qu’on voit faire def grandes fondations
en 119Ö, fe croifa contre les Albigeois , fous
le jeune Amaury de Montfort , fils- de Simon de
Montfort , dit le Fort ou le Machabée, & auquel
on pourroit donner des épMfotes moins gloriéufeS. Il
-fervit.gycc tant de gloire, quhl obtint d?Amaury dè
Montfort., le titre de maréchal de la F o i, tjtrç h^*
redjtaire , & qui a paffé à' fa poftérité , ainfi que la
ie^neurie d§ 'Mirepoix $(, d’autres dépouiller des
Albigeois,; ; ; ‘ : . ' *
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2®. Gui de Levi, troifiéme du nom ,’ maréchal de
la F o i, fiiivit en 1266 , Charles , duc d’Anjou , à
la conquête du royaume de Sicile.
3°. Jean, arrière-petit-fils du précédent, fut tué
en 1342 , dans une fortie, en défendant la ville de Bergerac
, affiégée par les Anglois.
4°. Aléxandre, marquis de Mirepoix , maréchal
de la F o i, tué.en 1637 , à l’attaque des lignes de
Leucate, affiégée par les Elpagnols. Elifabeth de Levis.,
fa fille , abbeffe de Notre-Dame de Rieunette, fut
affaffinée par fix fufiliers en 1671, fur le grand chemin,
en revenant de prendre poffeflion d’une terre dépendante
de fon abbaye. Elle étoit la grande tante du
maréchal de Mirepoix, qui fuit.
5°. Gafton-Charles-Pierre-François, maréchal de Is
Foi, capitaine des Gardes-du-Corps, commandant en
Languedoc ., ainfi que fur toutes les côtes de la Méditerranée
; né en 1700 , colonel du régiment de
Saintonge le 6 mars 1719 , de celui de la Marine
le 20 février 1734, brigadier d’armée le premier août
fuivant ; ambaffadeur à Vienne en 17.37 , maréchal»
de-camp le premier mars 1738 , chevalier des ordres
le 1 février 17 4 1 , lieutenant-général le 2 mai 1744 »
ambaffadeur à Londres le premier janvier 1749 , duc
à brevet en 1751 , maréchal de France le 24 février
17 5 7 , mort à Montpellier le 25 feptembre 1757*
C ’eft le mari de Mme la maréchale de Mirepoix d’aujourd’hui
, Anne-Gabrielle de Beauvau-Craon , foeur
de M- le maréchal de Beguvau , veuve du prince
de L<xin , célébrée par Montefquieu, chantée par
Moncrif.
6°. Dans la branche des barons de la Voûte, comtes,’
puis ducs de Ventadour , Gilbert de Levis, comte
de Ventadour , bleffé à la bataille de Marignan.
70. François , comte de Vauvert , tué dans urt
combat naval contre les Rochelois en 1625,
8°, Le duc deVentadour, mari de Charlotte*-Eléonore=»
Magdeleine de lg Mothe-Houdaneourt, gouvernante
du roi Louis X V , étoit neveu du précédent.
9°. Dans la branche des barons & comtes de Çharlus,’
Jean, chevalier de St. Je.an de Jérufalem, tué à la prife
d’Alger en 1541.
iç>°. Jean-Louis, chevalier de Fordre du roi ^
aflàfiîné en 4 6 1 1 , avec François fon fils, âgé de
15 ans.
ii° . Charles-Eugène ^ dont les terres forent érigées
en 'duché-pairie , fous le nom de Levis, en 1723. Il
avoit fùivi en 1688 , le dauphin aux fièges de Philif--
bourg ,de Manheim , de Frankendal. Il fut fait
brigadier d’armée le 29 janvier 1702 , & fe diftingua
en 170 3 , à la première bataille d’Hochfiet ; maréchal?
de-caipple 10 février 1704; lieutenant-général, feul
& par diftinSh’on, le 18 février 170:8 ; fait prifonnier
cette même année par les Anglois, dans un vaiffeaû
qui tentoit de paffer en Fcofie ; reçu chevalier des
ordres du rpi le 2 février 1732. Mort le 9 mai 1734V
En lui s’éteignit fa branche.
12°. Dans la branche de Florenfaç $c Mariy ‘9
Philippe , mort au fiègë d’Aqs en Gafoogne cq mm T t »