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dans rifle de Lesbos, à Mitylène, où 1 la fit garder
étroitement. Elle y mourut dans la même année (8oa(,
de la maladie des ambitieux, ayant eu le loifir de
reconnoître combien eft.fauffe 6c trompeufe cette politique
machiavélifte, qui foule aux pieds la nature
<6c fa juftice, qui, ne voyant rien au-delà du moment
préfent -, fe permet toute forte de crimes pour renverfer
le moindre obftacle , f^ns fonger que de. ces crimes
naîtront des obftacles plus forts. Combien elle dut
regretter ce fils qu’elle avoit facrifié au defir de confer-
ver le pouvoir & d’ufurper la couronne,, & qui,. s’il
eût vécu , lui eût toujours laifîe du moins quelque part
dans l’autorité! Elle perdit tout, parce qu’elle l’avoit
perdu, & for-tout parce qu’elle l’avoît fait périr ; car
la chûte fut évidemment l’effet de l’indignation qu’éx-
citoient tant de crimes 6c de tels crânes.
IRÊNÉE, (Saint) (Hiß. EccL) fécond apôtre ; fécond
évêque de Lyon , fucccffeur de St. Pothin ou Photin.
Saint lrénée étoit difciple de Saint Polycarpe & de
Papias , qui avoient eux-mêmes été difciples de Saint
Jeanl’évangélifle. Saint Photin avoit fouffert le martyre
l’an 177 de Jefus-Chrift. Saint lrénée le fouffrit à fon
tour ; l’an 202. Ce Saint efl 'Suffi au nombre des pères
de l’églifè. Nous avons plufieurs éditions de les oeuvres,
entr’autres celle' de dom MafTuet, bénédiâin de la
congrégation de Saint Maur. On diftingue fur - tout
parmi les oeuvres de Saint lrénée , fon Traité contre
les hérétiques. Dom Gervaife a écrit la vie de ce
Saint.
Il y a encore quelques. autres martyrs du nom
ç?lrénée:
IRETON, ( Hiß. £ Anglet. ) gendre de Cromwel.
il fut pris & foudain relâché à la bataille de Naërby,
perdue par Charler Ier, le 24 juin 1645. Cet homme ,
quoiqu engagé dans une mauvaife caufe, étoit un bon
citoyen. Le parlement d’Angleterre lui ayant affigné '
une penfion de deux mille livres fterling , il la refufa ,
en difant qu’il n’en avoit pas befoin & que le parlement
feroit mieux de payer les dettes & de fbulager le
peuple que de faire des préfents. Il mourut en Irlande
en 1651 , d’une maladie peftilentielle, qu’il avoit gagnée
dans la ville de Limmerick, qu’il venoit de réduire
a l’obéïffance de Cromwel, ainfi que plufieurs autres
places d’Irlande. Son corps fut tranfporté en Angleterre.
6c enterré à Weftminfter, où la république lui
érigea un maufblée parmi les tombeaux des' rois;
mais après le rétabliflement de Charles II, les corps
de Cromwel, d'1 reton , de Bradshaw & autres juges-
affaffins de Charles Ier, furent exhumés & traînés fur
une claye au gibet de Tiburne , où ils furent pendus ;
& enfuite enterrés fous le gibet. Cet ufage barbare &
inutile d’outrager les relies des morts même coupables,
n*cfi bon qu’à abolir.
IRMINSUL , ( Hiß. Getman. ) dieu des anciens
Saxons. On ignore fi ce dieu étoit celui de la guerre ,
l’Arès des G’ recs , le Mars des Latins, ou fi c’étoit le j
fameux Irmin, que les Romains appelèrent Arminius,
vainqueur de Varus, 6c le vengeur de la liberté gef-
j$anique.
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Il eft étonnant que Schedius qui a fait un traité afTet
ample fur les dieux des Germains, liait point parlé
àlrminful ; & c e il peut-être ce qui a cjétermhé
Meibom a publier fiir ^cette divinité, une differtation,
intitulée : Irminfula Saxonica. Je ne puis faire.ufage de
fon érudition mal digérée ; je dois ‘au leéleur des faits
fimpies, oc beaucoup de laçonifme.
Dans, cette partie de l’ancienne Germanie , qui étoit
habitée par les Saxons Weftphaliens , près de la rivière
de Dimele, s’élevoit une haute montagne , fur
laquelle etoit le temple d'Irminful f dans une bourgade
nommee Héresberg ou Héresburg. Ce temple n’étoit
pas fans doute recommandable par Farchiteâure, ni
Pay, ^atue du dieu , placée fur une colonne ; mais
il 1 étoit beaucoup par la vénération des peuples, qui
1 avoient enrichi de leurs offrandes.
On ne trouve dans les anciens auteurs aucune
particularité touchant la figure de ce dieu ; car tout
ce qu en débite Kranzius , écrivain moderne, n’efl
appuyé d aucune autorité : l’abbé d’Erperg, qui vivoit
dans-le 13e fxèele , 300 ans-avant Kranzius ., nous
tiffure que les anciens Saxons n’adoroient que des arbres
^ a025 ^ontafoes $ & que leur dieu Irminful n’étoit lui-
meme. qu'un tronc d’arbre dépouillé de fes branches.
Adam de Breme, & Beatus Rhenanus nous donnent
la même idée de cette divinité, puifqu’ilsl’appellent
columnam ligneam fub divo pofitam.
Si l’on connoiffoit la figure de cette idole , & des
ornements qui l’accompagnoiént, il feroit plus aifé de
découvrir quel dieu la flatue repréfentoit ; mais faute
de lumières à cet égard , on s’efl jette dans-de Amples
conjectures. Suivant ceux qui penfent que Irtnin ou
Hermes font la même chofè , Irminful défigne la flatue
d Hermès ou de Mercure. 1 D ’autres prétendent que
Héresburg. étant auffi nommé Marsburg, qui veut dire •
le fort de Mars, il efl vraifèmblable que les anciens
Saxons , peuple très-belliqueux ., adoroient fous le nom
d Irminful le dieu de la guerre. Enfin lé plus grand
nombre regardant Irminful comme un dieu indigète,
fe font perfuadés quec’eft le même que le fameux
Arminius , général des Chérufques, qui brifa les fers
de la Germanie, défit trois légions romaines, 6c obligea
Varüs à fè paffer fon épée au travers du corps. Velleiiis
Paterculus qui raconte ce fait , ajoute que toute la
nation compofa des vers à l'a louange d’Arminius , leur
libérateur. Elle put donc bien , apres fa mort, en faire
un Dieu, dans un temps fur-tout où on élevoit vo- -
lontiers à ce rang ceux qui s’étoient illuflrés par des
a&ions éclatantes.
Quoi qu’il en foit, Irminful avoit fes prêtres & fes
prêtreffes, dont les fondions étoient partagées. Aventin
rapporte , que, dans les fêtes qu’on célébrait à l’honneur
de ce dieu, la nobleffe du pays s’y trpgyoit à cheval y
armee de toutes pièces , 6c qu’après quelques cavalcades
autour de l’idole, chacun fe jettoit à genoux, & offrait
fes préfents aux prêtres du temple. Meibom ajoute que
ces prêtres étoient en même temps les magiflrats de la
nation, les exécuteurs de la juflice , 6c que c’étoit
devant eux qu’on examinait,là conduite de ceux qui
avoient feryi dans la dernière guerre,
i s a :
Charlemagne ayant pris Héresburg en 7 7 1 , pilla &
fâfa le temple du pays ; fit égorger les habitants, 6c
maffacrer les prêtres fur les débris de 1 idole renverfee.
Après ces barbaries , il ordonna qu’on bâ-ît fur les
ruines du temple, une chapelle qui a été confacrée dans
la fuite par le pape Paul III. Il fit encore enterrer près
' tîu Véfer, la colomne fur laquelle la flatue d'Irminful
étoit pofée ; mais cette colomne fut déterrée par Louis-
le-Débonnaîre, fucceffeur de'Charlemagne , 6c transportée
dans l’églife ôiHildesheim, où elle fervit a fou-
tenir un chandelier, à plufieurs branches. \
Un chanoine de cette ville nous a confervé Jes trois
vers fuivants , qui font des plus mauvais, mais qui
étoient écrits en lettres d’or autour du fiifl de la colomne :
SifruÜus vefiri, vefirofint gaudiapatri,
Ne damnent tenebm quoe fecerit aéliovità ,
Junttafides operi, fit lux fuper addita luci.
Apparemment que cette infcription avoit ete graVee
.for cette colomne , lorfqu’on ^ deftina à porter un
chandelier dans le choeur de l’eglife d’Hildesheim.
On dit qu’on célèbre, encore tous les ans dans cetté
ville, la veille du dimanche que l’on appelle loetare , la
mémoire de la -deflruélion de l’idole d Irminful : les
enfants font enfoncer en terre un pieu de fix pieds de
long , fur lequel on pofe un morceau de bois en forme
de cylindre , &. celui qui, d’une certaine diftance,
peut l’abattre, efl,déclaré vainqueur. ( D. J. )
1RNERIUS, (Hifi. Litt. mod. ) jurifconfulte célèbre
du douzième fiècle. On l’appelloit Lucerna juris. On le
^regarde comme le reflaprateur du droit romain. Il fut
le- premier qui l’enfeigna publiquement en Italie; Il
•ihourut à Bologne avant l’an 1130.
ISA A C , ( Hifi. Sacr. ) fils d’Abraham & de Sara,
&• père d’Efaü & de Jacob. Son hiftoire fe trouve
danslaGénèfe, chapitres 2i-*2, 3 , 4 , 5, 6 , 7 ,8 .
Isaac ( l’Ange.) ( Voye^ A lexis III & IV de la
maifon de l’Ange. )
Isabelle de Bavière. ( Voÿe^ C harles VI. )
(Hifi. de Fr.y
Isabelle de C astille. ( Voye1 Ferdinand V ,
dit le Catholique ( Hifi. d’Efpagne. )
ISABELLE , reine de Hongrie , ( Hifi. moderne. )
fille de Sioifmond , roi de Pologne , avoit époufé
Jean , Roi de Hongrie , prince foible, jouet tout-à-
t?ur & de Soliman , empereur des Turcs, & de
Ferdinand , archiduc d’Autriche ; battu & par l’un
& par l’autre ; il. céda fes états au fultan , les réclama
pour les céder à l’archiduc , & mourut ignoré. Le
rang d'Ifabelle l’appelloit à la régence pendant la
minorité d’Etienne ton 'fils. Le teftament du feu roi
lui avoit aflbcié George ie moine. C’étoit un homme
qui, né dans la misère , avoit conçu le projet de
jouer un rôle en Europe. Il fut fuceeffivement frère
laïc, moine , prélat ; fut dans'la craffe du froc, affêéler
l’orgueil de la pourpre-, fe rendit néceffaire aux grands,
fut d’abord leur efclave , puis leur égal, enfin leur
maître. Ifal{eBe , attaquée à la, fois par Ferdinand & I
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par Soliman, fentoit bien la néceffité de rechercher
l’appui de l’un pour l’oppofèr à l’autre. La voix de
l’équité la détermina fur le choix de fon proteéleur.
Ferdinand réclamoft la Hongrie , & rappelloit le
traité conclu entre Jean &. lui. La princeffe n’avoit
point encore adopté ces maximes trop familières aux
fouverains, qu’un traité défavantageux efl nul, que la
foi donnée dans le péril, celle d’etre facrée quand le
péril efl paffé. George traita cette juftice de roiblefTe ,
-foutint que Jean n’avoit pu, fans le fufffage de la
nation , lui donner un autre maître, jura de défendre
le patrimoine de fon pupille qu’ihregârdoit comme le
fien, fit alliance avec Soliman , & fe renferma dans
Bude. La reine l’y fuivit, y fut affiégée , & voulut fe
rendre aux. offres que lui fit l’archiduc d’une principauté
dans fes états , en échange de ceux qu’elle per-
doit. L’équité de la reine n’excitoit qu’une eflime froide
& peu fentie 5 en vain elle répétoit que fon fils avoit
hérité des malheurs de fon père 6c non pas de fon
trôné, qu’une plus longue réfiflance expoferoit la vie
de çet enfant, à qui l’on vouloit conferver un feeptre;
George , en s’oppofànt à cette ceffion, échauffbit l’en-
thoufiafme du peuple , qui ne voyoit pas qu’on ne
difputoit que fur le choix des tyrans. Soliman , qui
vouloit placer la couronne fur la tête du jeune Etienne,
pour s’en emparer plus aifément, envoya à la reine
un fecours qu’elle ne demandoit pas ; le liège fut levé,
6c Roccandolphe, général des Autrichiens, alla mourir
de honte-& de dépit, dans J’île de Comar.
Soliman demanda à voir le jeune prince. Ifabellé
qui fentoit que l’empereur, en paroiffant combattre
pour Etienne, n’avoit combattu que pour lui-même ,
craignit qu’il ne l’embrafsât pour l’étouffer : elle le'
refufa ; mais malgré fes alarmas , Etienne fut conduit
au camp des Turcs, & delà envoyé avec fa mère,
en Tranfilvanie , où-elle devoit gouverner fous les
yeux de George , & de Pierre Vichy. La reine partit,
comblée d’honneurs &. dépouillée de fes biens : grande
dans l’advërfité., fans fafte comme fans foibleffe,
ri’affeélant ni l’orgueil ni l’abattement ordinaire aux
^infortunés. George gagna les efprits 6c s’empara des
finances. Ifabelle fe plaignit à Soliman , de ce qu’en
lui donnant un. coadjuteur, il lui avoit donné un maître
, 6c que le . rang qu’il lui laiffoit n’étoit qu’une
fervitude déguifée'fous un beau nom.. L’empereur fit
quelques reproches, le moine s’aigrit , traita fecréte-
mentavec Ferdinand, réfolu de fe rendre également
redoutable au fultan &. à l’archiduc, paffast tour-à-tour
d’un parti à l’autre : feul roi dans ce flux 6c reflux de
cabales 6c de révolutions, préparant chaque jour à
la reine-de nouvelles difgraces, il efpéroit la forcer
enfin à fuivre fon, goût pour la retrait; , & régner
feul fous le nom de fon pupille. /Nouvelles plaintes, de
la reine ; nouvelles menaces de Soliman. Vichy marche
contre George ; la bataille Te donne, & Vichy efl
vaincu. NicolasSerpiette, l’un de fes généraux, échappé
de la mêlée , va chercher un afyle dans fon château.
' « Lâche, lui dit fon époufe., je te revois 6c tu es
» vaincu. Si l’on t’eût apporté deVant moi, mort .&
v percé de coups honorables, je t’aurois bientôt rejoint