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«ne des lances fans fer, & le roi n’avoit point d’autre I.
arme : il évite avec art le fer du perfide etranger , &
brÜknt fa lance contre lu i , iWe renverfect lui creve
un oeil. C e malheureux avoue fon projet criminel ôc
l’ordre quil a voit reçu
D u vieillard affaffin des. rois fi redouté.
■ Louis lui pardonne fon attentat, & récompenfe fa valeur
par des préfèns magnifiquess
Dans le 8e. liv re , un ange tranfporte S. Louis
au ciel dans un char de feu : J. Cl lui offre trois
couronnes à fon choix. S. Louis choifit la couronne
d’épines , & la préfère à celles de deux empires. T riple
& heureufe allufion faite d’un ieul trait i i° . aufujet
du poëme, qui eft la conquête de la couronne d’épines :
2°. au refus que S. Louis fit véritablement de la couronne
impériale qui lui fut offerte par le pape pour
le comte d’Artois fon frère ; 3“. A J a pr.eference que
donna Salomon à la fageff'e fur tous les autres biens
dont Dieu lui. propbfoit le choix.
L e P. le Maine .fans le feeburs de l’hift'oire, imagine
quelquefois des foliations intéreffantes: 1 ombre de Sa-
îadin, évoquée par l’enchanteur Mireme, déclaré au
fcltan Mélédin qu’il ne peut confervef fa couronne,
qu’en immolant fon fils ou fa fille. Meledin choilit
somme un moindre mal d’immoler Zahide la. fille,
qui confient généreulèment a Ion trépas , ce quelle eut
dû faire fans employer cette équivoque t
Et le fer inhumain du trille exécuteur
M ’ouvrira Tefiomac fans ébranler mon ecmr„
B n’auroit pas fallu non plus que le fer en fe levant,
femblât dé regret jetter un trille éclair. Tandis que ;
Mélédin eft prêt à. frapper fa fille, amenée en pompe
fur le bord du Nil pour ce facrifice, il fe lent arrêter le
bras. C ’étoit Müratan fon fils.: ce jeune prince veut
mourir pour fa foeur. Zahide & Mélédin s’y oppofent.
Muratan n’en croit que fon coeur, il fe tue, il accomplit
l’oracle. C e trait feroit beau, dans un beau poème.
II arrive quelquefois au P. le Moine d avoir le ftyl.e
épique ,]& d’être harmonieux fans être empoule. Voici,
par exemple,. une image forte dans le récit desTonges
qui toutes, les nuits venoient effrayer Mélédin :.
L ’innocente fültane, à.qui fur un foupçon
I l fit donner la. mort par un traître echanion,
V cn o it toutes les nuits, terrible & menaçante ,
'Arracher de fon front fa couronne lànglante,
11 y a des vers bien tournés dans cette-leçon fur la
tolérance , conformeàee paffage de 1 évangile : » Votre
» père , qui e ft dans les creux, fait lever fon foleil
» fur les bons & fur les médians, & fait pleuvoir
» fur les jiiftes & fur lés injûftes. «. Mau. chap, 0 ,
jvrf. 4Si
Dieu comme le foleil, remplit dé fes bontés
^es lieux deierts non moins que les lieuxiiabitçs....
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Il a’eft rien que fit main n’élève & ne cultive,
Rien qui fous fes regards & dans fon fein ne vive-.
Celui qui s’eft fournis au culte de la croix ,
Celui qui du Talmud fuit les bizarres loix....
Sujets à fa conduite & nourris pat fes foins
Le trouvent toujours prêt a remplir leurs befoins.yS
Au x courfes du pirate, il prete fes étoiles.
Il lui prête les vents qui rempliffentfies voiles 3,
Et la mer, comme lui, fert fans diftinéfion,
Le dévot de la Mecque.& celui de Sion.
Le P. le Moine étoit né en 1602, a Chaumont ëu
Ba fiigny, il mourut en 1672 a Paris. .
4“. 'François le Moine , premier Peintre du roi. Ce
n’eft pas à nous à apprécier fes talens ; d'ailleurs,
qui ne -connoît la coupole de la chapelle de la Vierg e ,
a S. Snlpice,. & fur-tout le Sallon d’Hercule à V e r -
failles ? Nous ne parlerons, que de fon gerfonnel ou
plutôt nous ne parlerons que de là mort. Il etoit, naturellement
mélancolique, & diverfes cônjonélures
pouffèrent cette difpofitipn jûfqu’à la folie p il fe faifoit
lire l’hiftoire romaine, & toutes les fois qu’un romain
fe tuo it, il étoit faifi d’admiration & s’écrioit avec
enthoufiàlme c jJh ! la belle mort l Un de fes amis
qui ayoit fait avec lui le voyage d’Italie, devoitle
venir prendre pour le mener a. la campagne,. où il
fe propofoit de lui faire prendre quelques remèdes dont
fa tê te , qui s'échauffent, paroiffoit avoir befoin.. Il
arrive aù jour & au moment convenus.. Le Moine
entend frapper à fa.porte 1 fon imagination s’égare, il
fe repréfente des archers qui viennent l’arrêter, il
s’enferme, fe perce de neuf coups d’épée, ouvre
enfuite la porte, & tombe mort aux yeux de fon
am i, le 7 juin 1 7 3 7 , à. quarante-neuf. ans. Il etoit
né en 1688. .
s°. Abraham le Moine, né en France vers fa fan
du dernier fiècle , mourut en 1760 en Angleterre,
où il étoit miniftre proteftant. 11 a traduit les témoins
de la réfumSion , frc. de l’ évêque Sherlock ; Vufap
& les fins de la prophétie, du même ; les Lettres,
Pafiorales de l’évêque de Londres.
MOINE L A Y ou O B L A T , foldat eftroplé que différentes
abbayes royales-en France étoient obligées de
recevoir, elles étoient aufti obligées de lui donner une
portion comme à un autre moine. L’oblat étoit oblige
de balayer l’églife & de fonner les cloches. Louis XIV ,
en fondant les invalides y attacha les fonds dont les
abbayes royales étoient chargées à l’occafion des lo dats
hors de fervice. Depuis la fondation de cet h ô te l,îln y
a plus de moine lay. ( A. R. ) . , , ,
M O IV R E , ( Abraham ) ( Hifi. Lut.. moi. ) de
la Société royale de Londres, & de l’Academie des
Sciences de Paris. On a de lui un traite des chances
en Anglois, un Traité des rentes viagères , divers
Mémoires dans les tranfaSions philofophiques , ƒ n-
tr'autres , une analyfe des jeux de hazard , dans
laquelle il prit une toute differente de celle de M. ae |
Mommort. Il joignoit aux connoiffances mathématiques
le goût de la littérature, & malgré le plus granci
refgeft pour Newton , dont il fe regardoit comme le
SCrlnie B aVWfeoit qu’il auroit encore mietix aimé être
M e j r e que Newton. Né en 1667 , il avoir vu jouer
la troupe de M olière; il en avoit ete frappe, &
foixante-dix ans encore après , & bien avant dans ce
liècle il retraçoit à la génération nouvelle, la manière
dont les aSeurs qui avoientvu Molière & qui avoient
été fotmés par lu i, repréfentoient fes pièces.11 palioit
cour être d’une frânehife que les nations polies fe font
interdite depuis long-temps. Quelqu’un croyant lui
faire un compliment en lui difant que les mathématiciens
n’avoient guères de religion •. Ten ai ajsep,
lui d it-il, pour vous pardonner cette fottife. Un des
plus grands feigneurs de l'Angleterre,Iul faifant un
reproche d’ammé fur ce. qu’il venoit rarement dîner
chez lui : Je ne fuis pas afset riche, dit-il, pour avoir
fouvenl cet honneur-là. Chacun làit que c etoit 1 ufage,
en Angleterre, quand on dînoit en v ille , de donner
quelque argent à tous les domeftiques delà maifon ou
on dînoit. Abraham Moivre perdit la- vue & 1[ouïe
dans les dernières années de fa v ie , & le befoin de
fommeil, fuite de l’extinction de fes fens, augmenta
tellement, que fur les vingt-quatre heures du jo u r ,
il dormoit vingt heures. Il mourut à Londres en 1754*
Il -étoit de V itry en Champagne.
Gilles ou Gillet de Moivre, avoca t, a donne en
i 743 , une vie de Tibulle , & en 1746 une v ie
dé Properce, a v e c des imitations en ve/s françois, des
élégies de ces deux poètes.
MOKISSÔS ( Hijl. mod. fuperfikion) Leshabitans
des royaumes de Loango & deBenguela en Afrique, &
plufieurs autres peuples idolâtres de cette partie du monde
défignent fous ce nom des génies ou démons , qui
font les feuls objets de leur adoration & de leur culte.
Il y en a de bienfaifans & de maîfailans ; on croit qu’ils
ont des dépariemens féparés dans la nature, & qu ils
font les auteurs des biens & des maux que chaque homme
éprouve. Les uns préfident à l’a i r , d’autres aux
vents, aux pluies, aux orages : on- les confulte fur le
paffé & fur l’avenir. Ces idolâtres repréfentent leurs
Miokiffbs fous la forme d’hommes ou de femmes grolüe-
rement fculptés 3 ils portent les plus petits fulpendus a
leur cou ; quant a ceux qui font grands , ils les placent
dans leurs maifons ; ils les ornent de plumes d oifeaux
& leur peignent le vifage de différentes couleurs*
Les prêtres deftinés au cûlte de ces divinités, ont un
chef appellé enganga-moki(fo, ou chef des magiciens.
Avant que d’être inftallé prêtre , on eft oblige de palier
par un noviciat étrange qui dure quinze jours *, pendant
ce îems', le novice eft confiné dans un cabinet, folitaire ;
il ne lui eft permis de parler à p erfonneÔ C pour s en
fouvenir, il fe fourre une plume de perroquet dans la
bouche. Il porte un bâton, au haut duquel eft répre-
fenté une tête humaine qui eft un moki£b. A u bout de
cè temps le peuple s’affemble , & forme autour du récipiendaire
une danfe en rond, pendant laquelle il invoque
il avale fies charbons ardens, & fait «ne rafinké de
.11 avai- a nhtïpé d’im ter. Apres quoi il elt
tours que le novice -it ODiige | nommés
aggrégé au collège des pretres ou u»- a
ktilTtros & il continue a contrefaire le poLetle , Cx a
prédire l’avenir pendant le relie de fes jours. Belle v o cation!
fon dieu , & danfe lui-même autour d’un tambour qui
eft au milieu de l’aire où l’on danfe. Cette cérémonie dure
trois jours, au bout defquels l’enganga ou chef fait des
contorfions, des folies & des cris comme un frénétique ;
( A. R .) .
M O K OM A CH A , {Hifi. mod.)
l’on donne dansVcmpire du Monomotapa a un des plus
grands feigneurs de l’état, qui eft le général enchei de
fes forces. ( A . R- )
M O LA C . ( V w ’i SÉNÉCHAL ) ( le )
M O LA CH E N , Cm . ( H ÿ . ) monnoie d oc
des Sarrafins. C e ft , à ce qu’on penfe, la meme que le
miloquin. (A . R .)
M O L A N Ü S , ( J e a n ) ( hftjl. Lut.
feffeur de Théologie à Louvain, auteur de notesiur
le Martyrologe ÏUfuard ; d’une bibliothèque: g é o logique
; d’un tiaité de mditia facraDucum ac Pr
cipul Brabantice ; d W traité^ de Dcams d a n d u j
decmis recipiendis , & c . Né à L i lle , mort a Louvain
e" o n « l t quelques ouvrages d’un autre Molanus,
(Gérard Welter) théologien Luthérien, mort en 1722.
M O L A Y OU M O L É , ( Jacques d e ) dernier
Grand-Maître des Templiers, brûle v if avec les principaux
de fon ordre, dans M e du palais le 1 1 mars
1 , 1 4 . Lepape Clément V & Ph.l.ppe-le-Bel,perfecu- _
teûrs de cet ordre célèbre & eta" !
dans la même année que Jacques de M o la y on a dit
& on a dû dire au Z s
innocent, les avoit eues au trmunai u-
cette même année. Tout ce qu on peut due , ce it que
l’affaire des Templiers eft encore un
le temps, fuivant les apparences , ne re o ji
philofophie aura peine à comprendre que des ^ ! J e“ ^
mffent à la fois athées & foraers ; qu Us crachaflem fur
le crucifix, & qu’ils adorafTent uni: tel:e d,ebo do.rte
& argentée qui avoit Une grande barbe. Q
pa reil aveux échappent dans les tortures, ne piou
vent que contre l’ufage de la
moins de peine à croire que quelques-uns dentre eux
pou voientl’être tendus coupables du ped »
nature, dont ils forent tant accufés. On croira fur-tout
aifément que leurs plus grands crimes forent leur n -
ch'effe , leur puiffance, une forte d indépendance à-tout
gouvernement, & quelques fedmons qu
excitées en France au fujet d’une ait:era ion 'de mon-
noies, où ils avoient beaucoup çerdu. On k s acculoit
aufti d’avoir fourni de l’argent a p é dant
fes démêlés avec Phi lippe le B e l , & « T a i t J «
fuffiroit pour expliquer fachamement “ pitoyable avec
lequel ce prince les pourfuivit. O n fait que ce for de
^ F ra n c e ‘que partit le fouffte qu. les extermina ,&■
que fi l’on mt injufte à leur égard dtms toute.'.^u™Pe ’
on ne fat cruel contre eux qu en France , s fore t
dépouillés p a r - 't o u t ; mais ils ne:
qu’en France.. On