
s.\ 6 J U I
dant la première opinion paroît plus raifonnable, parce
que ks Dcûthéen? rejet oient, ks femmes ccmmê inutiles
, lorfqu’ils avoient fatisfait à la vue du mariage,
qui eft la génération des enlans. 50. Cette feéle entêcée
de fes auftérités rigoureufes, regardoit le refie du
genre humain avec mépris; elle nevo, fo'tni approcher
ni toucher perfonne. On compte encre les obfer-
vations dont ils le chargpient, celle de demeurer vingt-
quatre heures dans la même pofture oh ils étoient lorsque
le Tabbat commençoit.
A-peu-près dans le même temps vivoit Menandre,
le principal difciple de Simon le magicien : il étoit ,Samaritain
comme lui, d’un bourg nommé Cappareatia ;
il étoit aufïi magicien ; enfbrte qu’il féduint plufieurs
perfonnes à Antioche par les prefhges. 11 difoit, comme
Simon ; que la vertu inconnue l’avoit envoyé pour le
falut des hommes, & que perfonne. ne pouvoit être
fauve, s’il n’étoit baptifé en fon nom ; mais que fon
baptême étoit la vraie réforreétion , enforte que les
difeipies feroient immortels, même en -ce monde ;
toutefois il y avoit peu de gens, qui reçuflent fon
baptême,
Colonie des Juifs en Egypte. La haine ancienne que
les Juifs avoient eue contre les Egyptiens, s’étoit amortie
par la nécefîîté, & on a vu fouvent ces deux peuples
unis fe prêter leurs, forces pour réfifter au roi d’Afîyrie
qui vouloit les opprimer. Àriftée conte même qu’avant
que cette, néçeflite les eût réunis, un grand nombre
de Juifs ayoit déjà paffé en Egypte , pour aider à
Pfammétichus à dompter les Ethiopiens qui lui faifoient
la guerre ; mais cette première tranlmigration eft fort
fufpeéle ; parce qu’on ne voit pas quelle relation les
Juifs pouvoient avoir alors avec les Egyptiens, pour
y envoyer des troupes auxiliaires. Çe forent quelques
foldats d’Ionie & de Carie, qui, conformément à 1 oracle
„ parurent for ks bords de l’Egypte, comme des
hommes d’airain, parce qu’ils avoient des cuiralTes,
& qui prêtèrent leur fecours à Pfammétichus pour
vaincre les autres rois d’Egypte, & ce furent la , dit
Hérodote (7/7?. Jl.pag. 152..) les premiers qui commencèrent
a introduire une langue étrangère en Egypte;
car les pères leur envoyoient leurs enfans poui apr
prendre à parler grec. Dioçfore ( lib. 1. pag. 48 ) joint
quelques foldats arabes aux Grecs ; mais Ariftée eft le
foui qui parle des Juifs.
Après la première ruine de Jérufalem & le meurtre
de Gedalia qu’on avoit laifïe en Judée pour la gouverner
, Jochanan alla chercher eu Egypte un afyle contre
la cruauté d’Ifmael; il enleva jufquau prophète Jér.é-
inie qui téelamoit çontre cette violence, oL qui avoit
prédit les malheurs quifuivroient les réfugiés en Egypte.
Nabuchodonofor profitant de la divifion qui s’etoit
formée entre Apriès & Amafis, lequel s’étoit mis à la
tête des rebelles, au lieu de les combattreentra en
Egypte, &. la conquit par la défaite d’Apnès, Il fojvit
la coutume de çe temps-la, d’enlever les habitans des
pays conquis, afin d’empêcher qu’ils ne remuaffenr. Les
Juifs réfugiés en Egypte, eurent le même fort que les
Jiabitans naturels. Nabuchodonofor leur fit changer une
p£pr.çfo foi? pe domicile ; cependant il en qeineiir^.
j u 1
quelques-uns dans ce pays-là, dont les familles fe
multiplièrent confidérabiement.
Alé>;andre le Grand voulant remplir Alexandrie,
y fit une. fécondé peuplade de Juifs auxquels il accorda
les mêmes privilèges qu’aux Macédoniens. Ptoiomée
Lagus, l’un de ces généraux, s’étant emparé de
i’Egypte après fa mort , augmenta cette colonie
par je droit de la guerre , car voulant joindre
la Syrie & la Judée à Ton nouveau royaume, il entra
dans la Judée , s’empara de Jérufalem pendant le
repos du fabbat , & enleva de tout de pays- cent
mille Juifs qu’il tranfporta en Egypte. Depuis ce temps-
là , ce prince remarquant dans les Juif beaucoup -de
fidélité & de bravoure , leur témoigna fa confiance,
en leur donnant la garde de fes places ; il en avoit
d’autres établis à Alexandrie qui y faifoient fortune,
de qui fe louant de la douceur du gouvernement,
purent y attirer leurs frères dé,à ébranlés par les
promettes que Ptoiomée leur avoit faites dans fon fécond
voyage.
phfiadelphe fit plus que fon père ; car il rendit la
liberté à ceux.que fon père avoit fait, efclaves. Plufieurs
reprirent la route de la Judée , qu’ils aimoient comme
leur patrie ; mais il y en euf beaucoup qui demeurèrent
dans un lieu ou ils avoient eu le temps de ' prendre
racine; & Scaliger a raifon de dire que ce tarent ces
gens - là qui composèrent en partie lés iynagogues
nombreufès des Juifs Hdleniftes ; enfin cç qui prouve
que les Juifs jouüfoient alors çTuné grande’ liberté ,
c’eft qu’ils composèrent cette fameuiè verfion des
Septante, &. peut-être la première verfion grecque qui
fe foit faite des livrés de Moïfe,
On dilpute fort fur la manière dont cette verfion
fut faite , & les Juifs ni les Chrétiens ne peuvent
s’accorder for cet évènement. Nous n’entreprendrons
point ici de les. concilier; nous »- ep contenterons, de dire
que l’autorité des pères qui on; " dtenu le récit d’Arîftée,
ne doit plus ébranler perfonne , après les preuves dé-
monftratives qu’on a produites contre lui,
Voilà l’origine des Juifs en- Egypte ; il né faut point
douter que ce peuple n’ait commencé dans çe temps-
là à connaître la doélrine des-Egyptiens , & qu'il n’ait
pris d’eux la méthode d’expliquer l’écriture par des
allégories. Eufebe ( cap. X. ) foutient que du temps
d’Ariftobule, qui vivoit en Egypte fous le règne eje
Ptoiomée Fhilorïiétor, il y eut dans ce pays-là deux
faélions entre les Juifs, dont l’urçe fe. tenoit attachée
Içrupuleufement au iens littéral dé la lo i , & l’autre
perçant au travers de 1’é.corçe, pénétroit dans uns
phitefophie plus fublimé.
Philon, qui vivoit en Egypte au temps de J. C . ,
donna, tête baillée•, dans les allégories.& dans lefens
myfiique ; il trouvent tout çe qu’il vouloit dans l’écriture
par çette mpthode.
Ge fut encore en Egypte que les Etténiens parurent
avec plus de réputation & d’éclat ; $e ces fectaires
enfeignoient que les mots étoient autant d’imagés des
ehofes cachées ; ils çhangeoient les volumes facrés &
ies préceptes de la fagefiè en allégories, Enfin la conformité
étonnautç quj fo tropvç entre la cabale de* Egypj
u 1
fiens & celle des Juifs, ne nous permet pas de douter
que les Juifs n’ayent puifé cette lcience en Egypte , à
moins qu’on ne veuille foutenir que les. Egyptiens l’ont
apprife des Juifs. Ce dernier fentiment a été très-bien
réfuté par defavants auteurs. Nous nous contenterons
de dire ici que les Egyptiens jaloux de leur antiquité,
de leur favoir, & de la beauté de leur efprit, règar-
doient avec mépris les autres nations , & les Juifs
comme des efclaves qui avoient plié long-temps fous
leur joug avant que de le fecouer. On prend fouvent
les dieux de fes maîtres ; mais on ne les mendie prefque
jamais chez fos èfelaves. On remarque comme une
chofe fingulière à cette nation , que Sérapis fut porté
d’un pays étranger en Egypte ; c’eft la feule divinité
qu’ils ayent adoptée des étrangers ; &. même k fait eft
contefté , parce que le culte de Sérapis paroît beaucoup
plus ancien en Egypte que le temps de Ptolomee-
Lagus , fous lequel cette tranflation fe fit de Sinope
à Aléxandrie. Le culte d’Ifis avoit paffé jufqu’à Rome ,
mais les dieux des Romains ne pafloient point en
Egypte, quoiqu’ils en foffent les conquérants & lés
maîtres. D’ailleurs, les Chrétiens ont demeuré plus
long-temps en Egypte que les Juifs ; ils avoient là
des évêques & des maîtres très-favants. Non-feulement
la religion y floriffoit, mais elle fot fouvent appuyée
dé l’autorité fouveraine. Cependant les Egyptiens,
témoins de nos rits & de nos cérémonies , demeurèrent
religieufement attachés à celles qu’ils avoient '
reçues de leurs ancêtres. Ils ne grottiffoient point leur
religion de nos obfervances , & ne les faifoient point
entrer dans leur culte. Comment peut-on s’imaginer-
qu’Abraham , Jofeph & Moïfe ayent eu l’art d’obliger
les Egyptiens à abolir d’anciennes fuperftitions, pour
recevoir la religion de leur main, pendant que l^glife
chrétienne , qui* avoit tant de lignes de communication
avec les Egyptiéns idolâtres , oc qui . étoit dans un fi
grand voifinage, n’a pu rien lui prêter par, le minif-
tère d’un prodigieux nombre d’évêques & de favants,
êç pendant la durée d’un grand nombre de fiècles ?
Socrate rapporte l ’attachement que les Egyptiens.de
fon temps avoient pour leurs temples , leurs cérémonies
, & leurs myftères ; on ne voit dans leur religion
aucune ti;ace de chriftianifme. Comment donc y
pourroit - 'on remarquer des cara&ères évidents de
judaïfine ?
Origine de différentes feéles che{ les Juifs. Lorlque
le don de prophétie eut çefi'é chez les Juifs,' l’inquiétude
générale de la nation n étant plus réprimée par
l'autorité de quelques hommes infpirés, ils ne purent
fe contenter du flyle fimple & clair de l’écriture;
' ils y ajoutèrent des allégories qui, dans la foite , pro-
duifirent de nouveaux dogmes, & par conféquent des
feélts différentes. Comme c’èft du fein de ces feéles
que font fortis les différents ordres d’écrivains, & les.
opinions dont nous devons^ donner l’idée , il eft important
d’en pénétrer le fond , & de voir , s’il eft
poflible, quel a été leur fort depuis leur origine. Nous
avertiirons^feulement que nous ne parlerons ici que
des feéles principales,
La feEle des Saducéens. Lightfoot ( Hor. heb. ad
Hijloire. Tome 111.
j U I 217.
Mat. III; opp. tom. I I .) a donné aux Saducéens
une faufle origine , en foutenant que leur opinion
commençoit â fo répandre du temps dEfdras. Il affure
qu’il y eut alors des impies qui commencèrent a nier
la réfurreélion des morts & l’immortalité des âmes. II
ajoute que Malachie les introduifit, difant : c efl en vain,
que nous fervons Dieu i & Eicbas, qui voulut donner
'un préfervatif à l’églifo contre cette erreur, ordonna
qu’on finiroit toutes les prières par ces mots, de fie cle
enfitcle , afin qu’on lut qu’il y avoit un fiecle ou une
autre vie après celle-ci. C ’eft ainft que Lightfoot avoit
rapporté l’origine de cette feéte; mais il tomba depuis
dans une autre extrémité ; il réfolut de ne faîre^ naître
les Saducéens qu’après que la verfion des Septante
eut été faite par l’ordre de Ptolomée-Philadelphe ;
ôç pour cet effet, au lieu de remonter jufqu a Efdras ,
il a laifïe couler deux ou trois générations depuis Zadoc ;
il a abandonné les rabbins oi fon propre fentiment,
parce que les Saducéens rejettant les prophètes &
ne recevant que le Pentateuque , ils n’ont pu paroitre
qu’après les feptante interprètes qui ne traduifirent en
grec que les cinq livres de Moïfe, & qui défendirent
de rien ajouter à leur verfion : mais fans examiner
fi les feptante interprètes ne traduifirent pas toute la
bible , cette verfion n’étoit point à l’ufage des Juifs,
où fe forma la feéle des Saducéens. On y lifoit la
bible en hébreu , & les Saducéens recevoient les
prophètes , aulfi bien que les autres livres, ce qui
renverfe pleinement cette conjeélure.-
On trouve dans les deéleurs hébreux une origine
plus vraifemblable des Saducéens dans la ■ perfonne
d’Antigone, furnommé Sochteus , parce qu’il étoit né
à Socho. Cet homme vivoit environ deux cents quarante
ans avant J. C. , & crioit à fes difeipies : ne
foyei point comme des efclaves qui obéijfent à leur
maître par la vue de la réccrnpenfe , obèiffeç fans
e/pérer aucun fruit de vos travaux ; que la crainte du
Seigneur foit fur vous. Cette maxime d’un théologien,
qui vivoit fous l’anciennè économie , furprend ; car
la loi promettoit non-feulement des récompenfes, mais
ielle parloit fouvent d’une félicité temporelle qui devoit
toujours fuivre la vertu. Il étoit difficile de devenir-
contemplatif dans une religion fi charnelle , cependant
Antigonus le devint. On eut de la peine à. voler
après lui, &. à le fuivre dans une fi grande élévation.
Zadoc, l’un de fes difeipies , qui ne put, ni abandonner
tout-à-fait fon maître, ni goûter fa théologie myftique,
; donna un autre fens à fa maxime ,-. & conclut delà
qu’il n’y avoit ni peines ni récompenfes après la mort.
Il devint le père des Saducéens, qui tirèrent de lui le
nom de leur feéle & le dogme.
Les Saducéens commencèrent à paroître pendant
qu’Onia étoit le fouverain facrificateur à Jérufalem ;
que Ptoiomée Evergete régnoit en Egypte , & Séleucus
Callinicus en Syrie. Ceux qui placent cet évènement
fous Alexandre - le - Grand , & qui affûrent avec
S.. Èpiphane, que ce fot dans le temple du Garizim,
où Zadoc & Bathythos s’étoient retirés , que cette
feéle prit naifiance , ont fait une Rouble faute; car
Antigonus n’étoit point facrificateur fous Alexandre 8