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revient au futur epoux, on affa&e de charger des chevaux
& des chameaux de plufieurs coffres de belle apparence,
mais Couvent vuides, ou dans lefquels les habits
& les bijoux font fort au large.
L’époufe eft ainfi conduite en triomphe par le chemin
le plus long chez l’époux, qui la reçoit à la porte :
lia ces deux perfonnes, qui ne fe font jamais vues, &
qui n’ont entendu parler l’une de l’autre qne depuis peu,
par Ientremife de quelques amis, fe touchent la main,
& fe témoignent tout l’attachement qu’une véritable
tendreffe peut infpirer. On ne manque pas de foire la
leçon aux moins éloquens ; car il n’eft guère polfible
que le coeur y ait beaucoup de part.
La cérémonie étant finie, en préfence des parens &
des amis, on pafTe.la journée en Feftins, en danfes§ &
a voir les marionettes; les hommes fe réjouiffent d’un
cote, &. les femmes de l’autre. Enfin la nuit, vient, &
. , ence foccède à cette joie tumultueufè. Chez les gens
ailes la manee eft conduite par un eunuque dans la
chambre qui lui eft deftinée; s’il n’y a point d’eunuque,
celt une parente qui lui donne la main, & qui la met
entre les bras de fon époux.
Dans quelques villes de Turquie il y a des femmes
«ont la profeiïion eft d’inffruire l’époufée de ce qu’elle
doit foire à l’approche de l’époux, qui eff oblige de la
déshabiller pièce-à-pièce, & de la placer dans le lit. On
dit qu’elle récite pendant ce temps-là de longues prières
. ^ e^e a grand foin de foire plufieurs noeuds à fo
ceinture, enforte que le pauvre époux fe morfond pendant
des heures entières avant que ce dénouement foit
fini. Ce n’eft ordinairement que fur le.rapport d’autrui
quun homme eff informé, fl celle qu’il doit époufer
«ft belle ou laide. r
Il y a plufieurs villes ou, le lendemain des noces
les parens & les amis vont dans la mâifon des nouveaux
mariés prendre le mouchoir enfànglânté, qu’ils
montrent dans les rues, en fo promenant avec des
joueurs d’inftrumens. La mère ou les parentes ne manquent
pas de préparer ce mouchoir, à telle fin que de
Kiifon, pour prouver, en cas de befoin, que-lés mariés
font contens l’un de l’autre; Si les- femmes vivent fage-J
ment, l’alcoran veut qu’on les traite bien, & condamne
les maris qui en ufènt autrement, à réparer ce .peché
par des aumônes, ou par d’autres oeuvres pies qü^s
font obligés de foire avant que de fe réconcilier avec
leurs femmes.
. Lorfque le mari meurt îe premier, la femme prend
fon douaire , & rien de plus. Les enfons dont la mère
vient de décéder,peuventforcer1 le père-de leur donner
ce douaire. En cas de répudiation, fe douaire fe perd ,
fries raifons du mari font pertinentes; finon le mari
eft condamne à le continuer, & à nourrir lès enfons. -
Voila ce qui regarde les femmes légitimes : pour
•elles que I on prend à penfion , on m’y fait pas tant
ce façon. Après le confentement du père & de la mère,
qui veulent bien livrer leur fille à. un tel , on s’adreffe '
au juge, qui met par écrit que ce tel veut prendre une
telle pour lui fejvir de^mme, qu’il fe charge de fon '
ffltretjen, & de celui des enfons qu’ils auront enfemble,
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a condition qu’il la pourra renvoyer iorfqu’il le jugera
a-propos, en lui payant la fomme convenue, à proportion
du nombre d’années qu’ils auront été enfemble*
Pour colorer ce mauvais commerce, les Turcs en rejettent
le fcandale for les marchands chrétiens, qui ayant
laiffé leurs femmes dans leur pays, en entretiennent
a penfion dans le Levant. A l’égard des efclaves, les
Mahometans, foivant la loi, en peuvent foire tel ufage
qu il leur plaît ; ils leur donnent la liberté quand ils
veulent, ou ils les retiennent toujours à leur fervice;
> y a de louable dans cette vie libertine §
c eft que les enfons que les T tires ont de toutes leurs
femmes, héritent également des biens de leur père ,
avec cette différence feulement, qu’il fout que les enfons
des femmes efclaves foient déclares libres par teftament;
fi le pere ne leur fait pas cette grâce , ils foivent la
condition de leur mère, & font à la diferétion de 1 aîné
de la famille. ( D . J. )
Mariage des R omains , (^Hifi. Rom.') le mariage
fè celebroit chez les Romains avec plufieurs cérémonies
ferupuleufes qui fe confervèrent long-temps, du
moins parmi les bourgeois de Rome#
he mariage fe traitoit ordinairement avec le père
de là fille ou avec la perfonnè dont elle dépendoit*
Lorfque la demande étoit agréée & qu’on étoit d’accord
des conditions , on les mettoit par écrit, oi^
les fcelloit du cachet des parens , & le père de la
fille donnoit le repas d’alliance ; enfoite l’époux en-
voyoit à fa fiancée un anneau de fe r , & cet ufage
s’obfervoit encore du tems de Pline ; mais bien-tôt
après on n’ofk plus donner qu’un anneau d’or. Il y
ayoit auffi des négociateurs de mariages - auxquels on
foifoit des gratifications illimitées, julqu’à ce que les
empereurs établirent que ce falaire feroit proportionne
à la valeur de . la dot. Comme on n’avoit point
fixé l’âge des fiançailles avant Augufte , ce prince
ordonna qu’elles n’auroient lieu que lorfque les parties
feroient nubiles :. cependant dès l’âge de dix.;ans
on pouvait, accorder une fille , parce quelle étoit
cenfëe nubile à douze.
Le jour des noces on avoit coutume, en eoëffont
la mariée de feparér les cheveux avec le fer d’une
javeline , & de les partagèr en fix treffes à la manière
des veftales , pour lui marquer qu’elle devoit vivre.,
chaffement avec fon mari. On lui mettoit fur la tête»
un chapeau de fleurs, & par-deffus ce chapeau une
efpèce de voile , que les gens riches enrichiffoient
de pierreries. On lui donnoit des fouliers de la même
couleur du voile, mais plus élevés que la chauf-
fore ordinaire , pour la foire paroître dé plus, grande
taille. On pratiqiaoit anciennement étiez les Tarins
une autre cérémonie fort firiguïiére , qui étoit de
préfenter un joug for le col de ceux qui fe fiançoieht»
pour four indiquer que le mariage eft une forte de
joug : &> c’eft de-là , dit-on , qu’il a pris le nom de
cohjugium. Les premiers Romains ôbférvoient encore-
là cérémonie nommée confarrêotion, qui paffa dans
la foite au ièxél'mariage des. p'eritifes &. jdes prêtres.
La mari ée étoit vêtue d’une longue robe branche ou
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de couleur de fafrati, femblable à celle dë fon voile;
fa ceinture étoit de fine laine nouée du noeud herculéen
qu’il n’appartenoitqu’au mari de dénouer. On feigiioit
d’enlever la mariée d’entre les bras de la mère pour
la livrer à fon époux , ce qui fe foifoit le foir à la lueur
de cinq flambeaux de bois depîne blanche , portés
par de jeunes enfons qu’on nommoit guéri lauù,
parce qu’on les habilloit proprement & qu’on I les
parfumoit d’effences : ce nombre de cinq étoit de règle
en l’honneur de Jupiter, de Junon, de Venu s, de Diane,
& de la déeffe de Perfuafion. Deux autres jeunes
enfons conduifoient la mariée, en la tenant chacun
par une main , & un troifiéme enfant portoit devant
elle le flambeau de l’hymen. Les parens faifoient
cortège en chantant hymen, o lvyménée. Une femme
étoit chargée de la quenouille , du fufeau & de la
caffette de la mariée. On lui jettoit fur la route
de l’eau luftrale , afin qu’elle entrât pure dans la
maifon de fon mari.
Dès qu’elle arrivoit fur le fenil de la porte, qui
étoit ornée de guirlandes de fleurs, on lui préfentoit
le feu & l’eau , pour lui foire connoître qu’elle devoit
avoir part à toute la fortune de fon mari. On
avoit foin auparavant de lui demander fon nom, &
elle répondoit Cdia , pour certifier qu’elle feroit auffi
bonne ménagère que Caïa Cæcilia , mère de Tarquin
l’ancien. Auffi-tôt après on lui remettoit les clefs de
la maifon , pour ^marquer fa jurifdiélion fur le ménage
; mais en même tems on la prioit de s’affeoir
for un fiége couvert d’une peau de mouton avec fa
laine , pour lui donner à entendre qu’elle devoit s’occuper
du travail de la tapifferie , de la broderie , ou
autre convenable à fon fexe : enfoite on foifoit le
feftin de noces. Dès que l’heure du coucher étoit
arrivée , les époux fe rendoient dans la chambre
nuptiale , oh les matrones qu’on appelloit pronulce,
accompagnoient la mariée & la mettoient au lit génial,
ainfi nommé , parce qu’il étoit dreffé en l’honneur
du génie du mari.
Les garçons & les filles, en quittant les époux, leur
fouhaitoient mille bénédictions , & leur chantoient
quelques vers fefeennins. On avoit foin ce^e première
nuit de ne point laiffer de lumière dans la
chambre nuptiale , foit pour épargner la modeftie
.de la mariée , foit pour empêcher l’époux de s’ap-
percevoir des défauts de fon époufe , au cas qu’elle
en eût de cachés. Le lendemain des noces il donnoit
un feftin, oh fo femme étoit affife à côté de lui fur
lè même lit de table. Ce même jour les deux époux
recevoient les préfens qu’on leur foifoit, & oôroient
de leur coté un facrifice aux dieux.
Voilà les principales cérémonies du mariage chez
les Romains ; j’ajouterai feulement deux remarques :
la première , que les femmes mariées éonfervoient
toujours leur nom de fille , & ne prenoient point celui
du mari. On foit qu’un citoyen romain qui avoit
féduit une fille libre , étoit obligé par les loix de
fépoufer fans dqt , ou de lui,en donner une proportionnée
à fon état ; mais la facilité que les Romains
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avoient de "difpofer de leurs efclaves , & le grand
nombre de courtifannes rendo’.t le cas de la féduélion
extrêmement rare.
2®. Il faut diftinguer chez les Romains deux manières
de prendre leurs femmes : l’une étoit de les
époufer fans autre convention que de les retenir chez
foi ; elles ne devenoient de véritables époufës que
quand elles étoient reftées auprès de leurs maris un
an entier , fans même une interruption de trois jours:
c’eft ce qui s’appelloil un mariage par l’ufage , ex ufu»
L’autre manière étoit d’époufer une femme après des
conventions matrimoniales , & ce mariage s’appelloit
de vente mutuelle , ex coemptione. : alors la femme
donnoit à fon mari trois as en cérémonie, & le mari
donnoit à fo femme les clefs de fon logis, pour marquer
qu’il lui accordoit l’adminiffration de fon logis.
. Les femmes feules qu’on époufoit par une vente
mutuelle , étoient appellées mères de famille , matres-
fajnilias , & il n’y avoit que celles-là qui devinffent
les uniques héritières de leurs maris après leur mort.
Il réfulte de-là que chez lés Romains le matrime-
iiium ex ufu , ou ce que nous nommons aujourd’hui
concubinage, étoit une union moins forte que le mariage
de vente mutuelle ; c’eft pourquoi on lui donnait
auffi le nom de demi-mariage, femi-matrimonium ,
& à la concubine celui de demie-femme, femi-conjux.
On pouvoit avoir une femme ou une concubine,
pourvu qu’on n’eût pas les deux en même tems: cet
ufage continua depuis que, par l’entrée de Conftan-
tin dans l’Eglife , les empereurs furent chrétiens;
Conftantin mit bien un frein au concubinage, mais
il ne l’abolit pas , & 'il fut confërvé pendant plufieurs
fiècles chez les chrétiens : on en a une preuve bien
authentique dans un concile de Tolède , qui ordonne
que chacun, foit laïc , foit eccléfiaftique, doive fe
contenter d’une feule, compagne , ou femme, ou concubine
, fans qu’il foit permis de tenir enfemble l’une
& l’autre. . . . .'Cet ancien, ufage des Romains fe
conferva en Italie , non-feulement chez les Lombards,
mais depuis encore quand les François y établirent
leur domination. Que’ques autres peuples de
l’Europe regardoient auffi le concubinage comme
une union légitime : Cujas aiTure que les Galbons &
autres peuples voifins des Pyrénées , n’y avoient pas
encore renoncé de fon tems ( D. J. )
Ma r i a g e l é g i t im e , & n o n l é g i t im e ,
( Hijioire & Droit Romain. ) Les mariages légitimes
des enfons chez les Romains , étoient ceux oh toutes
les formalités des loix avoient été remplies. Or*
appelloit mariages non légitimes ceux des enfans qui,
vivant fous la puiffance paternelle » fe marioient làns
le confentement de leur père. Ces mariages ne fe
eaffoient point lorfqu’ils étoient une fois contrariés;
ils étoient feulement deftitués des effets de droit qu’ils
auroient eus s’ils euffent été autorilés par l’approbation
du père ; c’eft ainfi que Cujas explique le paffage du
jurifconlhlte Paul , dont voici les paroles: Eorum »
qui in poteflate pains fient., fine voluntate ejus, ma tri-
moniajure non contrahuntur, fed contraria non fiolvuntur;
Mais il y a tout lieu de croire que le jurifconfulf