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Sicile', afin d’être reine aüiîi bien que fes foeurs.
Le mariage de Saint Louis avec Marguerite de
Provence-, fut l’union de deux âmes cé!elfes ; mêmes
inclinations, mêmes vertus , tendreffe égale , épanchements
réciproques; elle le fuivit au-delà des mers,
6c chez les infidèles; elle accoucha en 12.50, à Damiette,
d’un fils qui fut fur nommé Triflan, parce
qu’il vint au monde dans de trilles conjonctures ; on
venoit de recevoir depuis trois jours , la nouvelle
de la défaite & de la prife du roi. Marguerite alors
:qe fe croyant pas, en sûreté dans Damiette', & craignant
à tout moment de voir les Sarrafins vainqueurs
Surprendre cette place, 6c venir l’enlever elle-même
dans là majfon , prenoit la précaution de faire coucher
dans fa chambre, pendant le jour, 6c veiller auprès
d’elle pendant la nuit, un vieux chevalier âgé de
quatre - vingt ans , auquel elle recommanda de lui
couper la tête, Il les Sarrafms prenoient Damiette.
Le vieillard le lui .promit >, ôc lui donna fa foi de
chevalier ; il lui avoua qu’il avoit eu de lui - même
cette idée, làns attendre qu’elle, lui en eut parlé.
Marguerite fut la çonfclatrice de fon mari dans
la captivité ; il la confultoit fur les affaires les plus
importantes, fans qu’elle prétendît à cet honneur : je
le cois, d.t-il à des gens allez injuftes pour s’en étonner,
elle cfi ma dame & ma compagne. Des princes étrangers
fuivirent fon exemple ; le foi d’Angleterre ,.
Henri 111, prit Marguerite pour arbitre, de quelques
démêlés -pauiculiers ; Pemperçur Rodolphe en fit
autant dans la fuite,'
Sur quelques autres traits de fon caraélère, & quelques
autres détails de fon union avec Saint Louis.
( Voys^ l’article Blanche de C astille) -:
Marguerite forvéçut quinze ans fon mari , elle
mourut en 1285. Cn a remarqué que fon douaire
étoit àffigné fur les Juifs ,- qu’on tclépoit alors en
France , mais èr qui on faifoit pgyêr cette tolérance,
&. qu’on autorifoit à voler le peuple, en fe réfervant
de les yoler un jour. Ils lui payoient par quartier
219 livres 7 fols 6 tien.
Marguerite rçfpeélôit les moeurs dans fa conduite,
& vouloit qu’on les refpeclât dans les écrits ;
•un poëte Provençal lui ayant préfenté un ouvrage
qu’elle jugea trop libre, il fut exilé aux ilfos d’H'ères,
Marguerite étant l’aînée . des quatre filles du
comte de Provence, qui n’avoit point de fils, fem-
blcit devoir, hériter de la Provence , ôc l’efoérançe
de réunir ce comté à la couronne' , pouvoit être
entrée pour beaucoup dans les vues qui déterminèrent
ce mariage ; mais ce fut la plus jeune ( Beatrix )
qu’il plut à Raimond Bérenger d’inffituer fon héritière.
Le droit romain, qui régit la.Provence , fem-
bloit l'y autorifer, par la faculté indéfinie de tefler qu’il
accorde aux citoyens; mais il femble que le droit
de fuccédèr à des états, ne puiffe point çtre fournis
à cette faculté indéfinie de tefler, & qu’un pareil
droit mérite bien; d’être fixé par la nature. Saint
Louis- refpe&a le teflament de fon beau-père ; maïs
Marguedig rega*& toujours Beatrix ÔC le comte:
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d’Anjou^ roi de Sicile, fon mari, comme des ufor-
pateurs, à l’égard de la Provence; elle fit beaucoup
d’inffances à Saint Louis, pour qu’il défendît fes droits.
C ’efi le- ieul article fur lequel elle ne fut pas écoutée.
Marguerite de Bourgogne , première femme
de, Louis Hutin, enfermée en 1314 , au châeau
Gaillard , puis étranglée , en 13 15 , pour mauvaife
conduite. Pnilippe-le-bel ' eut trois brus , toutes les trois
furent'accufées d’adultère; deux d’entr’elles furent
convaincues ; l'autre efl reliée fafpeéle. Il n’en coûta
la vie qu’à Marguerite; elle étoit fille de Robert II,
duc de Bourgogne.
B’anthe, fille d’Othon IV , comte de Bourgogne,
' femme de Charles , qui fût depuis Charles-Ie-bél,
en fut quitte pour être répudiée, fous prétexte de
parenté, 6c pour fe faire religieufe à Maubuiffon.
ï Jeanne , feeur aînée de Blanche, femme de Philippe
, qui lût depuis le roi Philippe-lc-long, fut jugée
innocente , inculpabilis & omninb innoxia, & en con-
féquence reprife par fon mari, après- une prïfon d’environ
un an; mais en pareil cas le publie ne croit
à l’innocence , ni fur la foi d’un arrêt, ni fur la' foi
du mari.
Les amans des prin.ceffes coupables étoient deux
freres, Philippe & Gautier de Lsunai, gentilshommes
Normands. Ils furent écorchés vifs , Ôc traînés dans'
la prairie de Maubuiffon, nouvellement fauchée , mu-'
tilés, décapités, puis leurs troncs pendus par les,, bras
à un gibet. Tous les complices 6c fauteurs furent di-
verfement punis, luîvant la part qu’ils avoient eue à
cette intrigue ; fpedacle d’opprobre ôc de fcahd'ale
qu’on eût pu fe difpenfer d’étaler, 6c qui- ne faifoit
que fouiller la maifon royale d’une honte publique.
Marguerite d’Ecosse , ( Hiß. de Fr. ) première
femme de Louis XI. ( Voyc^ Ç hartter ) ( A lain. )
Eile étoit fille de Jacques Ier. roi d’Ecofie, de cette
nialheureufe maifon Stuart. ( Foyer Stuart.) Elle
ne démentît po'nt line racé fuhefle, Vertueufe, • ai*
mable , amie des lettres, dauphine de France, ayant
en perfpèçfive les plus brillantes deftinçës fut
viSiine' de la calomnie , 6c mourut à vingPans ên
1444 ,i moitié demaladiè , moité dé douleur 6c déjà
lafie de la vie. Son den?v mot fut : F i de la vie ,
qu'on 11e ni en parle plus. Elle mourut fous Charles V i l ,
6c ne fut point reine,
Marguerite dA njou. ( Voye^ A njou. )
Marguerite d’A utriche (Hiß. mod. ) fiiie de
l’empereur Maximilien ôc de Marie de Bourgogne,
foeur de l’archiduc Philippe-le-beau , roi d’Efpagne,
tante de Charles - Quint. Le mariage . de Maximilien
avec Marie de . Bourgogne , avoit rendu ce
prince ennemi néceffaire des Fra.'.çcis, en lui imposant
le "devoir de défendre fa femme & les états de la
fucceffiqn de Bourgogne contre les armes 6c les
intrigues de’Louis Xi. On avoit voulu étouffer cette
haine dans fon origine , en mariant le dauphin,
depuis Charles V III, avec Marguerite d’Autriche, qu$
devoit porter en dot à la France le comté de Bout»
g°gnç ou 1a Frâpçhç-C^vté ? 6c le qosrité; d’Aîtc^ ;
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mais tandis que Maximilien paroiffok uniquement
occupé du mariage de fa fille , il époufoit par procureur,
Anne de Bretagne, que Charles VIH, mal’
confeillé ôc mal conduit ; opprimoît alors; par là ,
Maximilien devenoit le défenfeur de cette princeffe
contre la France , comme ill’avoit été' de Marie de
Bourgogne. Charles VIII , refroidi fur l'alliance de
Maximilien , depuis la decouverte de fes vues fur la
Bretagne , prit le parti de lui renvoyer fa fille & de
lui prendre1 fa femme , qui heureufement ne l’étoit
pas encore. Marguerite d’Autriche ne pardonna, dit-
on , jamais à la France l’affront qu’elle en_ avoit reçu
dans cette occafion. .
C’efi d’elle qu’on raconte qu’ayant été promîfe en
1497 , à Jean , infant d’Efpagne , ’fils de Ferdinand-
Îe-Cathol que ôc d’ifabelle, Ôc allant par mer .joindre
ce nouveau mari, elle fut battue d’une fi violente
tempête, qu’elle penlà périr, & qu’au milieu d’un tel
danger , elle fut' conferver affez' de fang froid 6c de
gaieté de coeur pour fe faire cette épitaphe badine :
Ci gît Margot,' la gente demoifelle ,
Qu’eut deux maris, & fi mourut pucelle.
Elle en eut trois y & ne mourut point pucelle. L’infant
étant mort peu de temps après, elle époufa
Philibért-le-beau , duc de Savoie. Devenue veuve |
làns enfants, elle fe-retira en Allemagne', auprès de
l’empereur Maximilien fon père. Eile fut dans la laite
gouvernante des Pays-Bas, Ce fut elle qui , en 1508 ,
contribua beaucoup à- former cette "fatale ligue de
Camhfay, où Louis XII s’unit avec fes ennemis de
tous les temps contre les Vénitiens fes alliés néceffaires.
Elle eut à ce fujet de violens démêlés avec le
cardinal d’Amboife, légat du Saint-Siège & miniire
de France , qui fentoit quelle faute Louis XII faifoit
-alors contre la politique, ôc qui vouloit s’y oppofer,;
& nousfommesmpnfcignëur le légat & moi, cuïaïé
prendre au poil , mandoit-elle alors.
Ce fut elle encore qui, en 15 29 , dans cette même
ville de Cambray , eut avec la ducheffe d’Ango-u-
lêine , la gloire de conclure enfin la paix , qm fut
nommée la Paix dès Dames , entre Charles - Quint
oc François Ier. Elle mourut à Malines en 1530.
Sa devife étoit : Fortune, infortune, fors une. On
l’explique dé différentes manières. Nous préfumons
que c’efi une devife chrétienne , qui rentre dans le
fens de ce pallage de l’Ecriture : Porro umun ejl
neceffarlum j il n y a qu’une chofe néceffaire, c’efi le
falutj de même le jeu de mots de la devife nous
paroit lignifier ; ce que le monde regarde comme une
fortune, efl une véritable infortune , parce que ce font
autant £0bflaçles au falut, , feule fortune véritable.
Marguerite -d’Autriche aimoit 6c cultivoit les lettres,
& a été célébrée par les favants ; elle , a laide des
ouvrages en proie 6c en vers ; entr autres-, le Di (cours
de fes infortunés & de fa vie. Jean Le Maire fit à fa
louange , l’ouvrage'intitulé : la Couronne Margaritique,
imprimée à Lyoji en 1549.
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Marguerite ouMarie d’A utriche , fa nie c e ,
foeur de Charles-Quint, fut, comme elle, gouver-'
nante :des Pays-Bas. Die étoit veuve de Louis, roi
de Hongrie'. ( Voye^ à l’article Blomberg (Barbe)
ce que la calomnie a imputé à cette princeffe au fujet
de la naiffance de dom Juan d’Autriche, fon neveu.
Marguerite de V alois, duçheffe d’Alençon,
depuis reine de Navarre,'foeur de François I r. ( Voy:^
l’article A lençon, l’article' Béda , ôc l’article Le Févre
d’EtafleSî)
Voici le portrait qu’on fait de cette princeffe dans
rhiffoire de François I-1. : a M a rguerite penfoit comme
■ » lui ; elle avoit les mêmes goûts, les mêmes lumières,
» 8c le talent d’infpirer tout ce quelle fentoit. Aux
j> qualités héroïques qui font les grands caractères,
» elle joïgnoit les qualités douces qui font les ca ’aélères
m intéreflahts ; av.ee le défir de plaire, elle en eut
» tous les moyens, 6c la beauté fut le moindre de
” fes charmes ; ornement de la cour de François I r.
» elle étonna celle de l’empereur, qui la prit pour
» modèle fans pouvoir l’égaler ; clans les cerclés ,'dans
» les fêtes, c’étoit une femme aimable, qui afpiroit
jj à la conquête des coeurs c -mme Charles-Qa nt à
j> celle des empires ; dans fon cabinet folitaire , c’étoit
» un philofopbe fenfible, qui fe pénétroit du plalfir
jj de penfer ÔC de connoître , 6c pour quiTinflruélion
jj étoit un befoin.. . ....e lle avoit un befoin plus
jj noble encore , celui de 'faire du bien ; elle y joi-~
jj gnoit le courage plus rare d’empêcher le mal.. .
jj toujours libre & toujours fage, elle p'aça la liberté
jj dans l’efpriî ÔC la -fageffe dans les moeurs ; pour
» conferver le droit de tout dire 8c de tout écrire ,
jj elle 11e fit rien contre fon devoir. Indulgente fans
j> intérêt, elle exeufoit les pallions , fourioit aux foi-
jj bleffes, 6c nê les partageoit pas. Quelque tort qu’on
jj eût avec elle, elle ne fit jamais un reproche, 6c
jj n’en eut point à fe faire. Bienfa-ifanteavecéqifré,
>j on ne v it , autant qu’il fut en elle , ni un fer vice
jj oublié , ni un talent négligé , ni une vertu mé-
» connue ; elle aimoit pamonnément 6c fon frère &
jj les lettres ; les favans lui étoient chers, les mai-
» heureux lui étoient facrés , tous les humains étoient
jj fes frères, tous les écrivains étoient fa famille,
» elle ne -divifoit point la foçiété en orthodoxes Ôc
jj en hérétiques , mais en oppreffeurs ôc en opprimés,
jj quelle que fût la foi des uns 6c des autres. Elle
jj tendoit la main aux derniers , elle ré primoit les
jj premiers/, fans leur nuire & fans les haïr.. .. tandis
jj que le fyndic Béda guet-toit des hérétiques , & que
jj le 'conieiiler Verjus les brûloit, tandis que des b.u-
jj bar es égorgeofent des fous'6c menaçoient des fages,
jj M a rgu er ite confoloit le. roi mourant dans fa prifon ,
jj le ra'ppelioit à la vie , négocioit pour fa déli-
j> vrance, 6c le conjuroit par fes infortunes, de prendre
» pitié des infortunés que le fanatifme opprimoît. jj
L es fanatiques la calomnièrent , n’ayant pas d’autre
moyen de l’opprimer , 6c elle leur pardonna , ayant
mille moyens de fe venger. On rendit là foi fufpeétn,
même à fon-frère ; tous les - favants qu’elle s'attacha
6c qui s’attachèrent à elle , furent notés d’hé éiie ;