
var ce des fêtes. Dans la troifième qui traite des femmes,
Ion décide toutes les eaufes matrimoniales. La quatrième
qui regarde lés pertes, roule fur les procès qui
raillent dans le commerce, Sc lés procédures qu’on
y doit tenir : on,y ajoute un traité d’idolâtrie, parce
que c’e ft un des articles importansfur lefquels roulent
/»es jugemens. La cinquième partie regarde les oblations,
& on examine da'ns la.dernière tout ce qui eft
- néceffaire à la purification. .
11 eft difficile de fixer le temps auquel Juda le Saint
commença & finit cet ouvrage , qui lui a donné une
fi grande réputation. 11 faut feulement remarquer,
i°. qu’on ne doit pas le confondre avec le thalmud,
dont nous parlerons bien-tôt, & qui né fut achevé
c;ue long- temps après. 2°. On a mal placé cet ouvrage
dans les tables chronologiques des (ynagogues, lorf-
cu’on compte aujourd’hui 1614 ans depuis là . publication
; car cette année tomberoit fur l’année 140 de
X C. où Juda le Saint ne pouvoit avoir que quatre
•ans. 3°. Au contraire , on le retarde trop, lorfqu’on
alfure qu’il fut publié cent cinquante ans après la ruine
de Jérufalem ; car cette année tomberoit fur l’an 220
ou 218 de J. C. & Juda étoit mort auparavant. 40.
En foivant le calcul qui eft le plus ordinaire, Juda doit
etre ne 1 an 133 de J.- C. Il peut avoir travaillé à ce
recueil depuis qu’il fut prince de la captivité, & après
avoir jugé louvent les différends qui naiffoient dans fa
nation. A.nfi on peut dire qu’il le fit environ l’an 180 ,
lorfqu’il avoit quarante-quatre ans, à la fleur de fon
age ? &■ qu’une allez longue expérience lui avoit appris
a décider les queftions de la loi.
Juda s’acquit une fi grande autorité par cet ou-
vrage, qu’il fe mit au deflus desloix ; car au lieu que
pendant que Jérufalem fubfiftoit, les chefs du Sanhédrin
étoient fournis à ce confeil, oc fujets à la-peine,
Juda, fi l’on en croit les hftoriens de-là nation,
s’éleva au délfus des anciennes loix, Sc Simeon fils de
Lachls, ayant ofé fouténir que le prince devait être
fouette lorfqui l péchait, Juda envoya les officiers pour
l ’arrêter, & l’auroit puni févèrement, s’il ne lui étoit
échappé -par une prompte fuite. Juda confèrva fon orgueil
jmqua la mort car il voulut qu’on portât fou
corps avec: pompe, & qu’on pleurât dans toutes lqs
grandes villes où l’enterrement palferoit, défendant.
• d en faire autant dans les petites. Toutes les villes coururent
à cet enterrrement; le jour fut prolongé, &
la nuit retardée jufqu’à ce que chacun fût dé retour
dans fa maifbn, xk eût le temps d’ailumer une chandelle
pour le fàbbat. La fille de la voix fè fit entendre,
Sc prononça que tous ceux 'qui avoient fuivi la pompe
funèbre feroiènt fauves, à l’exception d’un -feul qui
tomba dans le défefpoir, & fe précipita.
O igine du Thalmud & de la Gémare. Quoique le
• recueil des traditions, compcfé par Juda le Saint,
fous le tftre de Mifhah, parût un ouvrage parfait, on
ne laifioit pas c’y remarquer encore deux défauts considérables
: l’un, que ce recueil étoit confus, parce
que l’auteur y aveit rapporté le fentiment de difté-
rens doéreurs, fans les nommer, Sc fans décider le quel
de ces fentimens méritoit d etre préféré, l’autre
défaut rendojt ce corps de- Droit canon prefqùé
inutile , parce qu’il étoit trop court -, & ne ré-
folvoit qu’une petite partie des cas douteux, & des
queftions qui commençoient à'-s’agiter chez les Juifs,
Afin de remédier à ces défauts , Jochanan aidé de
Rab' & de Samuel, deux difciples de Juda le Saint, firent
un commentaire fur l’ouvrage de leur maître , & c’eft
ce quon appelle le thalmud (thalmud fignifie doélrine')
de Jérufalem. Soit qu’il eût été compofé en Judée pour
les Juifs qui étoient feftes en ce pays-là ; foit qu’il fût
écrit dans la langue qu’on y parloit , les Juifs ne
s accordent pas fur le temps auquel cette partie de la
gémare, qui fignifie perfeélion , fut compofée. Les uns
croient que ce fut deux cents ans après la ruine de
Jérufalem. Enfin, il y a quelques" doéleurs qui ne
comptent que cent cinquante ans, & qui l’outiennent
que Rab & Samuel, quittant là Judée, allèrent à Baby*
lone l’an 219 de l’ére chrétienne. Cependant ce font-Ià
les chefs du fécond ordre des théologiens qui font ap-
Eelles Gémariftes , parce qu’ils ont compofé la gémare.’
eur ouvrage ne peut être placé qu’après le règne de
Dioclétien , puifqu’il y eft parlé de ce prince. Le P.
Morin fondent même qu’il _y a des termes barbares,
comme celui de borgheni, pour marquer un bourg,
dont nous femmes redevables aux Vandales oü aux
Gcths ; d’où il conclut que cet ouvrage ne peut avoir
paru que dans le cinquième fiècle.
Il y aveit encore un défaut dans la gémare ou le
thalmud de Jérufalem ; car on n’y rapportoit que les
fentiments d’un petit nombre de docteurs. D’ailleurs, il
étoit écrit dans une langue très-barbare, qui étoit celle
quon parloit en Judée, & qui s’étôit corrompue par
le mélange des nations étrangères. C ’eft pourquoi ks
Amoréens , c’eft-à-dire, les commentateurs, commencèrent
une nouvelle explication des traditions.,-R. A fè
le chargea de ce travaif. Il terîoit fon école à Sora ,
proche de Babylone ; & ce fut-là qu’il produifit fon
commentaire fur la Mifhah de Juda. 11 ne l’acheva pas ; '
mais les enfants & les difciplesy mirent la dernière main.
C'tft-là ce qu’on appelle la gémare ou le thalmud de
Babylonequ’on préfère à celui de Jérufalem. C’eft lin
grand & vafte corps qui renferme les traditions, le droit
canon des Juifs, & toutesdes queftions qui regardent
la loi. La Mifhah eft le texte y la gémare en eft le
commentaire, Sc çes deux parties font lé thalmud de
Babylone. ,
La foule des dcéteürs juifs Sc chrétiens convient
que le thalmud fut achevé l’an 500 ou .505 de l’ére
chrétienne : mais le P. Morin , s’écartant de la route
ordinaire, foutient qu’on auroit tort de croire tout ce
, que les Juifs difènt fur l’antiquité de leurs livres, dont
iis ne connoiffent pas eux-meme l’origine^ Il affure que
la Mifnah ne put être compofée que l’an 500, & le
thalmud de Babylone, l’an 700 ou environ. Nous^ne
prenons aucun intérêt à l’antiquité de ces livres remplis
de traditions. Il faut même avouer qu’on ne peut .fixer
qu’avec beaucoup de peine & d’incertitude le tems aux
quel le thalmud peut avoir été formé, parce*que c’eft
une compilation compofée de décifions d’un grand
nombre de doéteurs qui ont étudié les cas de confidence,
^ à laquelle on a pu ajouter de temps en tems de nouvelles
décifions. On ne peut fe confier fur cette matière,
ni au témoignage des auteurs juifs , ni au filence des
Chréfens : les premiers, ont intérêt à vanter l’antiquité
de leurs livres , & ils net font pas exa&s en matière
de chronologie : les féconds ont examiné . rarement
ce qui fe paffoit chez les Juifs, parce quils ne fai-
foient qu’une petite figure dansriTinpire. D aîlieurs ,.
leur converfion étoit rare te difficile ; 6e pour y travailler
, il failoit • apprendre une langue qui leur pa-
loifloit barbare. On ne peut voir fans étonnement,
eue dans ce grand nombre de pretres & deveques j
qui-ont compofé le cierge pendant la duree de tant
de fiècles, il y en ait eu ii peu qui ayentiçu l’hébreu ,
• Sc qui ayent pu lire ou l’ancien leftament , ou les
• commentaires des Juifs' dans I original. On paffoit
Je temps à chicaner fur des faits ou des queftions futiles ,
pendant qu’on négligeait une étude utile on néceffaire.
Les témoins manquent de toutes parts ; & comment
•s’aflurer de la tradition , lorfqufcm eft privé de ce
fecours? - -, ,
. Jugements fur ie Thalmud. On a porte quatre jugements
différents fur le thalmud ; c’eft-à-dire , far ce
corps de droit canon Sc de tradition. Les Juifs 1 égalent
à la loi de Dieu. Quelques Chrétiens l’eftiment
avec excès. Les troifiémes le condamnent au feu,
& les derniers gardent un jufte milieu entre tous ces
fentiments. Il faut en donner une idée générale.
Les Juifs font convaincus que les Tnalmudiftes n’ont
jamais été infpirés , &"ils n’attribuent l’infpiration
qu’aux Prophètes. Cependant ils ne biffent pas de
préférer Ë thalmud à l’Écrknre fainte, car ils comparent
l’Ecriture à l’eau, & latradition à du vin ex cellent la loi
eft le fe l; la mifhah du poivre, Sc les thalmuds font des
aromates précieux. Ils fonderaient hardiment que celui
qui pèche contre Moïfe peut être abfous ; mais quon
mérite la mort, lorfqdon contredit lés doEiems ; Sc qu’on
commet un péché plus criant, en violant les préceptes
des fages , que ceux delà loi. Ceft pourquoi ils indigent
une peine fale & puante à ceux qui ne les ofcfervent pas :,
damnantur inflerccrc bullientii ifs décident les queffionS
& les cas de confcience par lé thalmud comme par une
loi fouveraine.
. Comme il pourroit paroître étrange qu’on püiffe
préférer les traditions à une loi que Dieu a aidée ,
& qui a été écrite par fesordres, il ne fera pas inutile
de prouver ce que nous venons d’avancer par
l’autorité des rabbins.
R. Ifaac nous affure qu’il ne faut pas s’ùnaginer
que b loi écrite foit le fondement de la religion y
au contraire , c’eftla loi orale. C ’eft à caufe de cette
dernière lo i, que Dieu a fait alliance avec le ; peuple
dlfraël. En effet , il fàvoit que fon peuple Croit
îranfoorté'chez les nations étrangères, & que les Payens
îi anfcrii-çicnt f s livres facrés. C ’t ft pourquoi il n’a pas
voulu que la loi ora1e fût écrite, de peur qu’elle ne
fût connue des idolâtres; & c’tft ici un àzs -préceptes
généraux des rabbins; Apprends-? mon fils , à-avoir plus
d’attention aux paroles des Scribes qu’aux paroles de
la k l
Les rabbins nous fourniffent une autre preuve de
l'attachement qu’ils ont /pour ks traditions , & de leur
vénération pour les fages , en foutenant dans leur coq s
de droit, que ceux qui s’attachent à ladc-durc de la Bibî 2
ont quelque degré , de vertu ; mais il eft médiocre , Si
il ne peut être m's en ligne de compte. Etudier la
faconde loi ou la tradition , c’eft une vertu qui mérite
b récompenfe, parce qu’il n’y a rien de plus parfait
que l'étude de la gémare. C ’eft pourquoi Eléazar,
étantaulitde la mort, répondit à fes écoliers, qui 1 ,i
demandoient le chemin de la vie Sc du fiècle à veni: :
Détourne^ vos enfants défi étude de la Bible, & les metteç
aux pieds des J âges. Cette maxime eft confirmée dans
un livre qu!on appelle l’autel a’or ; car on y affure qu’il
n’y a point d’étude au’-deffus de celle du très-faint thal-
mad ; & le R. Jacob donne ce précepte dans le thalmud
de Jérufalem : Apprends , mon f i ls , que les^ paroles
des Scribes font plus aimables que cell. s des Prophètes.
Enfin, tout cela eft prouvé par une hiftoriette
du roi Pirgandieus. Ce prince n’eft pas connu, mais
cria n’tft point néceffaire pour découvrir le fentiment
des rabbins. ‘C ’étoit un infidèle , qui pria onze
doékurs fameux à louper, il les reçut magnifiquement
, & l ur propofa cle manger de la chair de pourceau
, dyveir commerce av.c des femmes payer.-
nt.Sj ;ou de boire’ du vin confacrè aux idoles, il htl-
lo.it opter entre ces trois partis. On délibéra & 011
réfolut da prendre.le dernier, parce que les deux
premiers articles avoient été défendus par la lo i, &
que ç’étoient uniquement les rabbins qui défendoient
de boire lè vin confacrè aux faux dieux. Le roi fe
conforma aù choix dos do fleur 3. On leur donna du
vin impur; dont iis burent largement. On fitenfuite
tourner la table , qui étoit fur un pivot. Les doékurs
échauffés par le vin., ne prirent point garde à ce qu’ils
mangeoien: ; c’étoit de la chair de pourceaux. En
Portant. de table, on. les mit au dit, où ils trouvèrent
des femmes. La concupifcence échauffée par le vin ,
joua fon jeu.. Le remords ne fe fit fentir quç le lendemain
matin, qu’011 apprit aux doéleurs quhls avoient
violé la loi par degrés. Ils en furent punis : car ils
moururent tous la même année • de mort fubite ; Sc
c% malheur leur arriva , parce qu ils avoient méprifé
les préceptes des.fages, Si-qu’ils avoient cru pouvoir
s’en éloigner plus impunément que de ceux de la
loi écrite : & en effet on lit dans la miihâh , aue
ceux qui pèchent contre ks paroles cks fages font
plus coupables que ceux qui violent les paroles de
la loi. . 't S P jp *
Les Juifs demeurent d’accord que cette loi ne fuf-
fit pas : c’eft pourquoi ©n y ajoute fouvent de nouveaux
commentaires dans lefquels on entre dans un
décari plus précis,. Sc on fait fouvent de nouvelles
décifions. Il eft même impoffible qu’on faffe autrement.;
parce que les définitions thalmudiques , oui font
courtesne pourvoient pas atout, & font tiès-fouvent
cbfcarés; mais iorfque le thalmud eft clair, on le fuit
exaétement.
Cependant on y .troirve une infinité de chofos uuî
. pourroient onuuiuer b profonde vsnei auoii qu vu a