
éë Marie de Médicis, & par la faveur du maréchal
cTAncre. En 16 17 , il fervit la cour contre les mecon-
tens. 11 mourut cette même année , le 9 feptembre.
Son fils ne laiffa point de poflerite mafculine. Son
neveu Henri * marquis d’Arquien, fut père de la reine
<de Pologne, Marie-Cafimire , femme de Sobieski.
Après la mort de fa m ère, elle procura le chapeau de
cardinal à fon père , avec lequel elle alla s’établir a
Home. En 1 7 1 4 , elle revint en F ran c e, ou le roi lui
donna pour demeure , le château de Blois. Elle y
mourut en 17 16 . Une autre fille du marquis de la
Grange d’Arquien époufa le comte de Bethune, &
fut ayeule de la maréchale de Belle-Ifle.
M O N T LH E R Y , (G u y de & Hugues de) (B ill,
'■ de Fr. ) comtes de Rodhefort, pere ôc fils , fous les
règnes de Philipe I & de Louis-lë-Gros. Tous deux
eurent l’office de fénéchal de France. Le pere figna
Æii cette qualité , à une chartre du roi Philippe I , de
van 1093 , & fut dé la première croifade en 1096.
Philippes I voulut que Louis-le G ro s épousât la fille
de G u y , la foeur de Hugues ; mais ce prince au bout
de trois ans, ayant fait caffer fon mariage , fous ce
prétexte dé parenté, qui ne manquoit jamais dans
lin temps où la preuve de la parente, fe faifoft par
témoins, & non par aéfes, G uy & Hugues devinrent
fés enne^mis , & troublèrent l’état. G u y fut battu auprès
d ü château de Gou rnay, ôc ce chateau fut pris ôc
confilqué for lui. Il mourut en r i 08..Hugues continua
fa querelle ; celui-ci acquit une funefte célébrité^ par
des violences & des injuflices : un de fes parens étant
iombé dans fà difgrace , il le fit enlever 1 enferma
dans une tour , & on trouva ee malheureux,.
mort au pied de la tour ; il l’avoit fait étrangler,
& i l l’avoit jetté par la* fenêtre , pour perfoader
.que le prifoimier s’étoit tué en voulant fè fauver ;
#nais dés fignes certains manifeftèrent la fraude.. Le
ioulèvement que lés cruautés de Hugues excitèrent
contre lu i, le fit dépouf7/er de fa charge de. fénéchal,
& l’obligea de quitter ie monde, ï fe fit moine à
Clun i vers Pan 1 1 1S , & y mourut quelques années
après-
M O N T L U C , C Blaifé de X ( ***£ * ) » " } ’
•es hommes en qui le pur efprit de chevalerie a brille
ivec tous fes avantages & tous fes défauts.. Il etoit
l’une branche de cette maifon de Montefquiou
^.rtagnan, dont la prétention, auffi bien fondée que
orneprétention généalogique eft de défendre de la
vendent rare dé nos rois , par Boggis, fils de Uianbert
su A r ib e r t , lequel étoit frère, de Dagobert 1. Llade
raquit en i <90, dans un petit village près de Condom.
;i fut d’abord page d’Antoine , duc de Lorraine, frere
le Clau de, duc de Guife. A dix- iep t ans il fervoit
m Italie ; il fervit d’abord fous les de F o ix , Lautiee
k Lefeun ; ,îl étoit au fitnefie combat de fa Bicoque
m Il'fut fait prifonnier', ainfi que le roi Fransois
1“ . à ta fonefle bataille de P an e en 1525. U
■ écrit deux coups d’Arquebufsde au bras gauche dans
(expédition. non moins fcmefte de Naples en 1^2»,
»b gérit Laturee. En J 5 # . il étoit dans MarferHe,
Iorfque Charles. Quint affiégpoit cette place , dont 3
fdt obligé de lever le fiége.
En 1 5 5 4 , il fervoit en Piémont fous lé comte
d’Enguien.. Le comte affiégeoit Carignan ; le marquis
du G u a f l, un des plus habiles généraux de Charles-
Q u in t, s’ébranloit pour venir au fecours ; le comte
d’Enguien manquoit d’argent pour payer fes troupes
d’ailleurs, la France étoit dans un moment de crife ,
0Î1 le roi n’approuvoit pas qu’on courut les rrfques-
d’une bataillé ; le duc dEnguisn dépêcha Montluc en-,
diligence pour demander au roi de l’argent ôc la? per-
mimon de combattre. Montluc s’èfl plu à décrire dans
fes Mémoires , les particularités de ce voyage a la-
cour- Le roi voulut qu’il affiflât an confeil, ou la
pröpofition d’une bataille fut allez généralement re-
jettee. Montluc étoit obligé de garder le filence ; mais
fon air,. fa contenance , fes geiles parloient, tout en
lui exprimoit l’impatience ôc le mécontentement. Le roi-
voyant la violence qu’il fë faifoït, lui permit de parler-
Montluc peignant alors avec uné gaieté audacieufe ôc
gafconne, la valeur des troupes ,les talens du général , .
l’ardeur desfoldats, mit tant de feu dans fes difeours ,,.
dans fes mouvemens, dans fes g e l l e s quilfembloit
être fur le champ de bataille, au milieu du carnage
alsûrant la viéloire ,. pourfoivant les vaincus. Le roi
q u i, d’abord rioit de fon enthoufiafme, finit par le
partager. Le comte de St. P o t le voyant ébranlé, lut.
dit : Sire, changeriez vous d’opinion , pour les vaines
déclamations de ce fol enragé ? O fo l ,. répondit le
roi , dit des chofes fort fages, & fes raifons méritent
et être p efées., rlvoue^lt Sire , dit l’amiral d Annebaut,
vous combattriez à leur place , & vous voulez qu il*
combattent. J’ai commandé cette armée d'Italie , je puis-
vous répondre de la valeur des foldats ; vous favez s-
ttailleurs , de qui lès fucc'es dépendent. A ces mots, le
roi leva les yeux au c iel,, joignit les niains & jettant
. fon bonnet fur la table - qu’ils combattent, s eeria-t-il ,
qu'ils combattent. Le comte de St. Pol voyant cet a\is
v prévaloir , dit à Montluc v fol enragé ! tu* feras caufe.
.. aujourd’hui du plus grand bonheur ou du p lu s grand
malheur ! Vous n’avez qu’un feub mot , répondit
Montluc; f i nous perdov' ! Mais pourquoi ne pas dire
• auffi t ß nous gagnons ? Nous gagnerons ,.affurez-vous
que les premières nouvelles f e r o n t nous les aurons
tous fricaffes , &--en mangerons 3 f i nons-voulon 0 Après
de tels dkfcours il fallolt \ aincre ; on vainquit, ÔL
Montluc, qui commande« le s , Arquebufiers a. cette
mémorable journée de Cerifoles , ne contribua pas mé-*
diocrement à la victoire.
En 15 4 0 , il fervoit en Pic-ardie fous le maréchal du
Bi'ezr ils’agifioit de reprendre Boulogne-for-mer, dont
les Ang'ois s’étoient emparés;, on faîfbit venir du canon
pour former l’attaque d’un fort qui couvroit la place.
L ’artillerie n’avok pas encore entièrement triomphé
alors de l’ancien efprit militaire qui donnoit plus à
l’adreffê, à la force-, à la valeur dé fhomme qu’ aux
combinaifons de l’a r t , qui preferoit 1 audace a la prit*
dence,um coup de main aux précautions & aux mefures,
les combats dé chevalier à la fcience du général,
Çet efprit de chevalerie qui, à.Pavie, avoitemporté!
valeur b'ouillante de François Ier. au milieu des bataillons
ennemis , & qui lui avoit fait mafquer l’artillerie
de Galiot de Genouillac, feule foffifante pour affurer
la victoire , emporta ici Blaife de Montluc : Pourquoi
du canon, dït-il ; mes compagnons & moi, nous allons
feuls emporter ce fort, ils l’emportèrent en effet; mais
du canon auroit ménagé quelques-uns de ces braves
aventuriers ; & cette raifon qui feroit décifive aujourd’hui,
offenfoit alors' leur valeur. En marchant à cette
expédition, Montluc avoit dit a fes foldats : f i je vous
vois reculer , je vous coupe les}arrêts ; coupelles-moi,
f i vous me voyez reculer.
En i < 5 1 , fous le règne de Henri I I , le maréchal
de Brifiac , dans l’armée duquel il étoit employé ,
l’engageoit à fe jetter dans la- ville de Bene , aflicgée
alors par 'les Efpagnols , & réduite à la famine.
Montluc réfiftoit ; q u irai-je faire, difoit-il, dans une
ville ou tout le monde fera mort de faim dans trois'
jours ? Briflac redoubla fes inftances ; & , comme le
Préteur dont parle Horace:
Hortari ctepit eundem
Terbis , quoe timido quoque poffent addere mentem.
je vous favois dans la place , dit—i l , je la croirois
fauvée. Vous obtiendriez du moins une capitulation
honorable. Montluc s’irritant à ce mot de capitulation ,
dit qu’il aimeroit mieux être mort que de voir fon nom
en de pareilles écritures. C ’eft ainfi que Henri IV répondit
au duc de Parme, qui lui demandoit ce qu’il
penfoit de fa retraite de Caudebec, qu’il ne -fe con-
noifloit point en retraites. Montluc n’eut point Récritures
à ligner ; il entra dans Bène , & en fit lever le fiége ;
mais il ne taut jamais dire qu’ on ne fera point de
capitulation ni de retraité. En 15 5 4 , Montluc porta
du fecours à la ville de Sienne, qui s’étoit mife fous
la prote&ion de la France , & qui foutint unfiège de
huit mois contre l’armée Impériale , commandée par
le marquis de Marignan ; Montluc^ fit convertir le
=fiége en Blocus j & fit tant par fon éloquence & par
fon exemple, qu’il engagea les Siennois a fouffrir toutes
les horreurs de la famine ; ce ne fut qu’à la dernière extrémité
qu’on capitula ; mais on capitula enfin, Montluc
& toutes fes troupes fortirent avec les honneurs de la
guerre.
Sous Charles I X , Montluc commanda en Guyenne,
contre les Huguenots ., & dans une foule de combats
qu’il leur livra , il eut toujours l’avantage. Brantôme
lui reproche des cruautés dans ces guerres de religion,
& dit qu’il fembloit en difputer avec le baron des
A drets , qui , encore huguenot alors , exerçoit for
les Catholiques les mêmes violences que Montluc fur
les Huguenots. En 1570 , Montluc affligeant le chateau
dé Rabaffeins , y fut blefle aux deux joues,
d ’une arquebufade , dont il refta tellement défiguré,
qu’il fut obligé de porter un malque tout le refte de fà
vie. Quand on vit tout le fang qui lui fortolt par le
nez & par la bouche, on voulut l’emporter, & lui-
même fe croyoit blefle à mort : ne fongez qtéà me
fenger, d it-il, & $ donna l’ordre de n’épargner perfonne
; cet ordre fat trop bien exécuté , tout fut paffe
au fil de l’épée. - * .
En 1574 5 il fut fait maréchal de France. Il y avait
long-temps que fes fervices & fes focces continuel*
dans le commandement, ( car il ne fut jamais battu )
avoient mérité çet honneur. Il mourut en 1 5 7 7 , dans
fa terre d’Eftillac en Agenois. C e fut dans cette retraite
qu’il écrivit de mémoire, a foixante & quinze
ans , fon hiffoire q u e , nous ayons fous le titre de
Commentaires de Blaife de Montluc , maréchal de France ,
& qui n’a paru que long-temps après fa mort , e«
1 Ç92 j par les foins du zélé perfécuteur catholique
Florimond de Rémond , confeilier au parlement de
Bordeaux. Henri IV appelloit ce livre : la Bible des
Soldats, titre qui conyiendroit peut-être mieux encore
à |ancienne vie ’du chevalier Bayard. On a dit
de Montluc , au fujet de fes Commmentaires : Multa
fecit, plura fcripfit. I l en a beaucoup fa it, il en a plus
raconté encore. On trouve en effet dans cet ouvrage ,
un grand cara&ère de chevalerie ; mais on y trouye
auffi de la forfanterie & de la jaâance. C ’eff Je contraire
de ce que Sallufte dit de Jugurtha : plurimhm facere ,
<S* minimum de fe ipfe loquu L’auteur de lEfp îit de la
Ligue compare les Commentaires de Montluc avec les
Mémoires du {âge La Noue. « La Noue , dit-il, ne
» parle, prefque jamais de lui , & le leâeur par
v fon eftime , lui paie fa raodeftie au centuple. Montluc
n parle toujours de lui-même , & ne déplaît p as, parce
» qu’on voit que dans fes aâ ions, il n avoit en vue
» que fon devoir , & que fon principal m o t if , et*
r> écrivant, étoit d’en infpirer l’autour aux autres ».
On ne peut rien dire de plus indulgent à la fois ÔC
de plus jufte. _ # f
Montluc avoit vu fix rois, & avoit porte les armeç
{ ;us cinq.
Il avoit un frère auffi célèbre & auffi utile dans
les négociations que le maréchal l’étoit à la guerre j
c’étoit févêque de Valence , Jean de Montluc ; quoique
évêque, il étoit auffi favorable aux Huguenots que le
maréchal leur étoit contraire ; & quoiquévêque, il
étoit marié avec une demoifelle , nommée Anne
Martin, dont il eut Jean de Montluc-Balagny, dont,
nous avons parlé à l’article Balagny.
C e fut l’évêque de Valence q ui, dans fonambaffadé
de Pologne, fit élire roi de Pologne , le ûuc d’Anjou.;
depuis Henri III. Il fut employé auffi avec fuccès ,
en Allemagne, en Angleterre, en E c o fle , à Confe
tantinople. Le pape le condamna comme hérétique,, feé
les accufations du doyen de l’églife de Valence; mais
celui-ci ri’ayant pas pu prouver fon accufation par des
titres authentiques, fut condamné par arrêt du 14
octobre 1560, à faire réparation à fon évêque . Montluc.
finit par être catholique de bonne foi; il mourut à
Touloufe en \ 579 , entre les bras d’un jéfuite. On a de
lui des fermons imprimés ôc quelques autres ouvrages;
M O N TM A U R , (Pierre de ) ( Hijl. lu t . mod. }
profeffeur en langue grecque au Collège R o y a l II n’y
a pas le mot pour rire dans toutes les querelles -, épi-
grammes , chanfons , fatyres, calomnies, injures ,& c .
dqni cethojnme a été. ou l’auteur ou l’objet. Ménage
I 1 i i