
'€6 H E N
fut applan r lès otftades qui fembloient devoir Fétoi-
incr du tiôiie d’Angleterre du vivant de fa mère,
le s premières années de l’on règne furent fort-agi-
t('es. Il ajouta à fes états la Guienne & le comté de,
Poitou, par fon mariage avec Eléonore , héritière
de ces provinces. Il en conquit d’autres fur Conan IV ,
& fe rendit maître de l’Irlande. Mais ces exploits,
qui annoncent un héros, font moins dignes d’éloge
que fa prudence, fa générofité, & fon habileté pour
le gouvernement. C’eft dommage' que ces bonnes
qualités aient été ternies par un orgueil exceffif, une
ambition démefurée & un luxe fans bornes. Il mbu-
rut en 1186, dü chagrin que lui cauferent les révoltes
multipliées de fes enfans. (A . R .}
Henri III, fils & focceffeur de Jean Sans-terre,
monta fur le trône d’Angleterre en 1216. Ce prince,
peu capable de gouverner, efclave de fes minières
ci. de fes favoris qu’il enrichit aux dépens de la nation
, régna cinquante-cinq ans dans des orages continuels
, excités par fa mauvaife adminiftration, fon
peu de fermeté, fa hauteur hors de faifon , en un
mot par fon imbécillité. Les barons révoltés le firent
prifonmer à la bataille de Lewes, en 1264, & lui
ürent figner un nouveau plan de gouvernement ,
que quelques hifloriens regardent comme l’origine des
communes, & de la ptfiffance du parlement de la
Grande-Bretagne. (A . R.')
Henri IV , fils du duc de Lancaftre , troifième fils
d Edouard III, fîiccéda à Richard II, qu’il fit dépofèr juridiquement.
Mais , comme la couronne fembloit appartenir
à plus jufte titre à Edmond de Mortimer, qui defoen-
doit du duc deClarence,fécond fils du même Edouard III,
l’Anglete rre fe vit en prpie à une guerre civile caufée par
la haine , l’ambition ôc la jaloufie réciproque des deux
maifons de Lancaflre & d’Yorck, celle-ci étant aux droits
des Mortimer. L’uforpateur s'efforça en vain de gagner
1 amitié des Anglois : en vain il jura de défendre leurs
droits, de protéger leurs privilèges, d’y1 ajouter de nouvelles
prérogatives. Jamais il ne put effacer à leurs veux
le crime de fon ufùrpation, & ceux qui en furent la
fuite. Il finit par fe haïr lui-même , ne pouvant étouffer
les remords qui le tourmentoient. 11 mourut de la
%>re en 1413 , âgé de quarante-fix ans : il en avoir
régné quatorze. (-A. R. )
Henri V , fils du précédent, porta fur le trône
des talents exercés pendant les dernières années du
régné de fon père, & l’utile connoifïance des droits
de la nation qu’il gouvemoit. Il refpeéia les privilèges
des Anglois, ôc les Anglois oublièrent qu’il étoit fils
de Henri IV. Il eut encore la politique de leur pré-
fenter le projet féduifant de conquérir la France, projet
^ÉfijjSl exécuta à la faveur des faéïions auxquelles cet
état étoit en proie. Le traité de Troyes, conclu en
1420 , remettoit aux mains de' Henri les rênes du
gouvernement, & ne làiffoit a Charles VI que le titre-
& les honneurs de roi. Henri reconnu pour héritier
d&Ja couronne, devoit à jamais réunir la France à
l’Angleterre fous un même monarque. i l eft vrai que
ce traité n’eut point fon exécution ; mais il l’auroit eue
fans la valeur du dauphin qui rétablit fes affaires , ôc
H E N
fans la mort de Henri V , arrivée en 1422^ dans lai
trente fixiéme année de fon âge. Il laiffa fon feeptre à
Henri, fon fils, qui fuit. ( A. R. )
Henri VI. Lé duc de Betford, protecteur ou gardien
du royaume pendant îp minorité du jeune prince,
vouloit le faire régner fur la France & l’Angleterre ,
fùivànt les claufes du traité de Troyes. Mais,tandis
que pour y parvenir , il portoit fes armes viâorieufes
dans les provinces françoifes qu’il défoloit, la méfin-
telügence qui divifoit les miniftres de Henri VI
l’obligea de repaffer la mer , & fon féjour en Angleterre
ruina fes affaires en France. Charles VII. repouffa
les Anglois, réunit les fuffrages de lès fojets, & fe fit
couronner à Reims. Depuis cette époque, Bedfort
n’éprouva que des revers & des défaites en France ;
& en Angleterre, des dégoûts & des contradictions.
Richard , duc d’Y orck , parent d’Edouard III par fa
mère, déclara la guerre à Henri V I 9- que fa grande
jeuneffe & fon efprit foible mettoient hors d’état de le
fou tenir fur le trône. Cependant le parlement décide
que le pofféffeur aCtuel gardera la couronne , &. que
Richard fera reconnu pour héritier naturel ôc légitime
de la monarchie. Cette décifion pouvoit tout pacifier,
fi Henri n’eût point eu d’enfants. Il avoit un fils dont
Marguerite d’Anjou, fa mère, fit valoir les droits à la
tête d’une armée. Cette femme,. bien fupérieure à fon
époux, livre au duc d’Yorck, la bataille deVaken-
field , en 14 6 1, où ce duc perd la vie. Edouard, fon
fils, venge fon père, fè fait un parti confidérable,
affembie le parlement, ôc eff couronné roi. Henri,
enfermé dans la tour de Londres, y languiffoit paifi-
blement, trop méprifé de fon rival pour en être craint.
Cependant Warvick , mécontent d’Edouard, caufe une
nouvelle révolution dans l’état. Edouard fuit devant
lui ; & Henri V I paffe de l’obfcurité. de la prifon à
l’éclat du trône. Du fond ' de fon exil , Edouard
conçoit le projet de reparoître en Angleterre , & de
reprendre une couronne que la fortune vient de lui
ravir. Il eff fécondé par l’archevêque d’Yorck, frère
du comte de Warvick. Il fe montre fièrement devant
les murs de Londres. Warvick n’y étoit pas. Les portes
lui font ouvertes. L’armée de la reine eft défaite. Elle-
même eft prifonnière. Henri retourne à la tour , où il
eff bientôt poignardé avec fon fils. Telle fut la fin
malheureufe de ce prince/ ( A . R. ).
Henri VII , comte de Richemond -9 parvint à la-
couronne d’Angleterre par la défaite & la mort de
Richard III. Il fut reconnu en 1485. Il étoit de la
maifon de Lancaftre, ôc il réunit en fa perforine les
droits de la maifon d’Yorck , par. fon mariage avec
Elifàbeth, fille d’Edouard IV. Cela n’empêcha pas fes
ennemis de faire bien, des tentatives pour le détrôner.
Henri V I I fçut triompher de toutes les conspirations ,
de toutes les faéïions. Il ménagea le parlement, il
refpeéla les droits de la nation , fit de fages loix, réforma
la juftice , protégea les fciences, rétablit le
commerce qui avoit beaucoup Xouffert pendant les
guerres civiles, ôc il eût mérité le titre glorieux de
Salomon de VAngleterre , fi une léfine honteufe ôc
des rapines fifcales ©’enflent pas terni l’éclat de fes
tenantes qualités. Il mourut en )
Hfnri VIII- Les amours gromers oc langumaires
d- ce monarque , fes divorcés fucceffifs qui firent '
paffer plufieurs de fes femmes de fon lit fur l écha-
faucl, l’orgueil defpotique avec lequel il ht adopter
fes caprices ôc des loix aufli bizarres que ^tyranniques-,
le changement qu’il introduifit dans l’églife de: ion
royaume , ôc qui n’eut pas de plus noble motif que
fes pallions effrénées , fes démêles avec la France ,
fon inconftânce dans fes alliances politiques comme
dans fes amours ; tels font, en peu de mots , les
traits qui caradèrifent lie règne ÔC la personne de
Henri VIII. Quepenfer d’un prince qui ofe avouer
de fàng froid en mourant, quil na jamais refuje la
vie dun homme à fa haine, ni I honneur d une femme
à fes defirs ? Il mourut en 1547 » a§e cinquante-
fept ans, -après en avoir régne trente-huit. ( A R. .) ■
Henri I , roi de Caftille, (Hifl. dEfpagne ). On
ne peut' rien dire de ce prince, & l’on ignore s’il
eût été bon ou méchant. Elevé par le plu* vicieux
des hommes, il eft très-vraifemblable qu’il en eut a
la fin adopté les principes; ôc en ce cas, ce fut un
bonheur pour la Caftille & pour Léon , qüè la mort
terminât de bonne heure fes jours, Ôc avant quil
eût pu abufer du pouvoir de la royauté. Sa minorité
fut courte , mais violemment orageufe : s’il eût gouverné
, peut-être fon règne-eût été plus orageux encore.
Tl n’avoit pas onze ans, lorfque le roi Alphonfe X , fon
père , mourut en 1214 , après l’avoir déclaré (bri
focceffeur fous la régence de la teinê Eléonore fa mere :
mafè celle-ci n’ayant furvécu que deux mois a fon
époux , Henri I demeura ' fouir la régence de dona
Berengere, fa foeur, époufe répudiée du roi de Leon. La
fagefle ôc les talents de dona Berengere donnèrent
aux Caftillans les plus grandes efpérances ; ôc de tous
les citoyens, il n’y eut que les comtes de Lara,.don
Ferdinand , don A lv ar, & don Gonçale qui virent
avec chagrin la régence du royaume entre les mains
de cette princeffe. Ambitieux, entreprenants, & très-
peu délicats for le choix des moyens , ces trois frères
formèrent le complot de fe rendre maîtres de la perforine
du ro i, afin de pouvoir enfoite gouverner plus
facilement le royaume. Dans cette vue, ils.cabalèrent
avec quelques feigneurs , qu’ils- s’attachèrent par Pei-
poir des bienfaits, ou à force d’argent : ils parvinrent
auffi à corrompre celui' des domeftiques de la reine ,
en qui elle avoit le plus de confiance , ôc qui, d’après
leurs foggeftions , ht croire à la reine que les grands
étoient très - mécontents qu’une femme fut chargée de
l’éducation du roi , Ôc qu’il importoit à fa fûreté
d’affembler les états , ôc de fe démettre de la régence.
La crédule Berengere , docile à ce confeil, affemhla
les grands du royaume , & nomma pour tuteur
du prince &. régent du royaume, don Alvar de Lara,
mais après avoir exigé de lui des' conditions qu’il
accepta, & qu’il jura d’obferver religieufement. A peine,
cependant il fe vit élevé au rang quil avoit tant
ambitionné, qu’infidèle à fes promeffes, il gouverna
de la manière la plus tyrannique , ne s’occupa que des
moyens d’affouvir fon avidité, foula le peuple, offenfa
la rioblefle, attenta tyranniquement à la liberté des
citoyens, ravit impunément leurs biens, & viola (ans
égards les droits & les immunités du clergé. Afin de
s’affûrer des volontés du jeune fouverain , for lequel
il -riVoit déjà pris l’afeendant le plus irréfiftible , il
forma le projet de le marier avec dona Mafalde ,
infante de Portugal, ÔC ne voulant confier à perfonne '
l’exécution de ce deffein, il alla lui-même en Portugal ,
ôc négocia avec tant de foccès , que , fes propofitions
acceptées, il emmena la jeune infante en Caftille, où
ce mariage eût été célébré , fi le pape ne s’y fut
oppofé. de toute fa puiffance, à caufe de la parente
qu’il y avoit entre les deux fiancés ; enforte que dona
Mafalde s’en retourna en Portugal, ôcfe fit religieirfe ,
dédaignant de fe marier avec don Alvar, qui vouloit
l’époufer, ne pouvant l’unir avec fon maître. Le régent,
foit pour1 fe venger de§ obftacles que le pape
lui avoit oppofés , foit pour affouvir fa dévorante avidité
, coritinua de vexer les ecçléfiaftiques ; mais ceux-
ci , peu accoutumés à foiiffrir lfopprefnon , arrêtèrent
le cours de cette tyrannie, ÔC le doyen de Tolède ,
indigné contre don Alvar, qui n avoit pas craint de
s’emparer d’uné partie des revenus de fon églife, l’excommunia
folemnellement ; ôc par ce coup inattendu,
accabla le régent ,. qui, effrayé--des fuites qu’avoit
alors l’excommunication, fe hâta d’appaifer le doyen,
reftituà. tout ce qu’il avoit uforpé for les, biens du
clergé, Ôc lui donna la plus éclatante fatisfaélion : mais
afin de fe dédommager de cet aéle- forcé d’humiliation
, il convoqua les états à Valladolid , ôc y parlai
avec tant de hauteur, donna des1 ordres fi tyranniques,
agit avec tant d’infolence, que la reine Berengere,
vivement offenfée, s’éloigna brufqu ement de Valladolid, -
ôç foivie dune partie de la nobleffe également bleffée
du ton impérieux de don Alvar , alla fe renfermer
dans le fort d’Autillo. Çette démarche n’eût point inquiété
le régent, s’il n’eût vu en même temps que le
jeune Henri vouloit fe retirer auffi au château d’Autillo
, près de fa foeur. Le feul moyen de détourner
le danger auquel cette réunion eût expofé .le régent-,
étoit d’enlever le jeune prince , ôc il l’entraîna loin de
Valladolid, fous prétexte de lui faire voir l’état de (es
provinces ; il le mena rapidement^. Ségovie, à Av sla ,
d’où il le fit pàffer dans le royaume de Tolède. Là ,
don Alvar , loin de fes ennemis , fit un féjour de plufieurs
mois, Ôç commit tant de vexations , foula les
citoyens d’une manière fi cruelle, que le peuple étoit
prêt à fe fouleyer , lorfque le régent , peu ému des
. plaintes., qu’on formoit contre fon defpotifme, imagina
I de faire oublier fes attentats Ôc fes dernières injuftices,
par des.entreprises nouvelles, ôc beaucoup plus hardies.
La reine Berengere àvoit envoyé fecrètemcnt un émif*.
: faire pour s’informer de la manière dont on traitoit
fon jeune frère. Don Alvar ne fut pas plutôt inftrait
de ce meffage , qu’il fit faifir l’agent de dona Berengere ,
le fir pendre, acçulà la reine d’avoir envoyé un homme
chargé d’ernpoifonner le roî, ÔC montra même , pour
appuyer çette odieufe accufation, une lettre foppofée.
Cette fourberie atroce ne lui réuffit point ; elle ne
fervit au contraire qu’à le faire encore plus détefter,