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les puiffances proteflantes contre Louis XIV & Jacques
II ; ce qui fit dire que pour mettre fin aux
troubles religieux & politiques, il. faudroit que le roi
d’Angleterre fe fit proteflant, & le pape catliolique. Ce
dernier mourut en 1689. Ce ^ut lui qui condamna
Molinos & les Quiétifles.
7°. Innocent X I I , ( Pignatelli ) condamna le livre
des maximes des Saints de Fénelon , & par là fournit
à Fénélon un moyen de s’immortalifer par l’exemple
de la plus noble foumiffion. Innocent X I I fut le fuc-
eeffeur d’Alexandre VIII en 1691, & eut pour fuccef-
feur Clément XI en 1600.
INQUISITEUR D’É T A T , fub. maf {Hifl. moi.
de Venife ) membre d’un tribunal qu’on appelle lè
tribunal des inquijîteurs détat, le plus révoltant & le
plus formidable qu’on ait jamais établi dans aucune
république. Il efi feulement compofé de trois membres
, qui font deux fénateurs du confeil des dix, &
an des confeillers du doge. Ces trois hommes exercent
leur pouvoir abfolu fur la vie de tous les fujets de l’état,
•& même for celle des nobles , après avoir joui leur
juflification , fans être tenus de rendre, compte à per-
fonne de leur conduite , ni d’en communiquer avec
aucun confeil, s’ils fe trouvent tous trois du même
avis.
Les deux feuls avocadors ou procureurs généraux
ont droit de fofpendre pendant trois Jours , les jugements
de ce tribunal, lorfqu’il nes’agit pas d’un crime
que le tribunal réputé pofitif.
Ses exécutions font très - tecrettes. • & quelquefois
for la fimple confrontation de deux témoins ou d’ef-
pions- dont la ville efl remplie, ils envoyent noyer
un miférable pour quelques propos qui lui auront
échappé contre le gouvernement. Venife fe fort de ce
terrible moyen pour maintenir fon ariflocratie.
Cette-magiflrature efl permanente, parce que les
deffeins ambitieux peuvent être commencés, foivis
fofpendus , repris. 3 elle efl cachée, parce que les crimes
qu’elle efl cenfée punir, fe forment dans le fecret. Elle
a une inquififon générale , parce qu’elle doit connoîrre
de tout., C ’efl ainfi que la tyrannie s’exerce , fous lé
prétexte d’empêcher l’état de perdre fa liberté ; mais
elle efl anéantie cette liberté, par tout pays ®u trois
hommes peuvent faire périr dans le filence, à leur volonté
, les citoyens qui. leur déplaifent. ( D. J. )
INSTITUT de Boulogne > ( Hifl. mod. ) académie
établie à Boulogne en Italie en 1 7 12 , pour les fciences
& les arts ,„ par-les foins & la libéralité du comte Louis
Ferdinand de Marfigli ,. noble boulonois , & fous la
proteétion du pape Clément XI. Le premier ayant
ramafié un très-grand nombre de raretés , tant natu-.
rèîles qu artificielles, offrïf ce tréfor au fénat de Bout
l’ogne, qui l’accepta & le plaça dans le palais Celeri ,
qui fut acheté pour le. renfermer ; & afin que, foivànt
lës intentions du comte de Marfigli, -ce riche fonds
pût être utileià tous, ceux qui aiment les, fciences & les
arts, & ,férvir à fe perfedionner dans-, l’étxide des uns
des autres ,. il fut conclu que l’on formerait une
fcciçié littéraire qui s’aftemblëroit à certains jours,.
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pour f©communiquer (es lumières; que chaque faculté
auroit dans le palais Celeri, fa chambre & fes pro-
feffeurs particuliers ; que Ion diflribueroit dans chaque
chambre , les capitaux ou affortiments convenables
aux fciences & aux arts qui y feroient placés, & qu’on
y conflruiroit un obfervatoire commode avec tous les
inflruments néceffaires pour les obtervations aflrono-
miques. Il fut aulïi arrêté que cet Inflitut auroit fes
loix propres , émanées de l’autorité du fénat, &qu’à
la porte du lieu de fes affemblées , outre les armes
du pape Clément X I , on mettroit cette infcriptioa
latine : Bononienfe Scientiarum & Artiurn inflitutum ,
ad publiçum totius orbis ufum. Ce projet fut exécuté,
& le fénat unit à ce nouvel inflitut l’Académie précédemment
établie à Boulogne , fous le nom de Y Académie
des Philofophcs inquiets, c’tfl-à-dire, deftinés
à travailler fans relâche à la perfeélion des arts & des
fciences. Mais dans cette réunion, l’Académie quitta
fon ancien nom pour prendre, celui d Académie du
nouvel inflitut des Sciences.l&s membres qui la compétent
font partagés en .quatre claïïes : la première efl
des ordinaires , c’efl - à - dire , de ceux qui, félon les
loix de l’Académie , s’exercent, travaillent, raifonnenî
dans les conférences, foit publiques , foit particulières :
la fécondé claffe comprend les honoraifes, ou ceux qui,
fans aucune charge & fans aucun travail , jouiuent
néanmoins de tous les avantages & de' tous les honneurs
de la fociété : la troifiéme ell des numéraires ,
deflinés à remplaceras ordinaires dans les emplois qui
viennent à vaquer : la quatrième efl celle des élèves ou
des jeunes gens que les ordinaires ont fous eux pour les
former. Les mat ères philosophiques qui fe traitent
dans l’Académie font partagées en fix claües : fçavoir ,
la phyfique, les mathématiques, la médecine , l’anatomie,
la chimie , & l’hifloire naturelle. Il y a pour
chacune un profcffeur &. un fobflitüt, outre un préfident,
un bibliothécaire, & un fecrétaire pour tout le corps
académique. U inflitut & l’Académie ont néanmoins
chacun leurs loix &. leurs règlements particuliers, &
tout-à-fait diflméls les uns des autres , mais tendant
tous au même but. L’ouverture de Yirflitut de BoulogneTe
fit le 13 de mars 1714 ; la cérémonie en fut
magnifique & accompagnée de pîufieùrs clifcourstrès-
éloquents for Futilité de cet étabfiffement , & for celle
de différentes fciences quM fe propofoit pour objet.
Quelques .années- apres,, on jugea à. propos d’ünir au-
nouvel inflitut l’Académie clémentine jles beaux arts ,
érigée à-Boulogne en 17 12 , fous le nom & la protection
du pape Clément X I , & qui a pour objet la
peinture, la fculpture.,. &. l’architeélure. ÇA. R. )
IN-TAKER, f. m. ( Hifl- mod. J nom que l’on
donna autrefois à certains bandits qui habitaient une
partie du nord d’Angleterre,. & faifôient fëuvent dés.
courfes jufoue dans le. milieu de l’E co ffep ou r en.
piller les hantants. •
Ceux qui faifôient ces, expéditions s’âppelloient Out-
parterf, & ceux qu’bn laiffoit pour recevoir le butin,
In-takcrf. Diél. de Trév. Ç A . R. )
ENTAPHERNES. yÇHifi. anc.) un.desfe’pt feigneurs
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perfes qui difputèrent la couronne , après la mort du
faux Smerdis. Le mécontentement d’avoir manqué cette
couronne l’ayant jetté dans la révolté avec tous fes parents
, Darius, fils. d’Hyflafpe , les fit condamner à
mort ; mais touché des larmes de la femme d Inta-
phemes, qu’il voyoit tous les jours fe préfenter à la
porte du palais pour implorer fa pitié , il foi dit : « je
» ne puis faire grâce qu’à un des coupables ; nommez
» celui qui vous èfl le* plus cher, & que vous defirez
jj le plus defauver »>; elle nomma fon frère par préférence
à fon mari & à fes enfants, &. motiva ainfi cette
f préférence : « je puis trouver un autre mari & avoir
» d’autres enfants ; mais ayant perdu mon père & ma
3) mère, je ne pourrois avoir de frères. » Sqphifme
bizarre ! comme fi la tendreffe que-4a- mature nous
-infpire pour nos proches , tenoit a la difficulté de les
remplacer & non à l’efpèce de lien & a la proximité
du degré ! Ainfi , quelqu’un qui n’auroit plus ni oncle
ni tante., devroit préférer un coufin à un fils, par
.l’impoffibilité de remplacer le premier! Nous faifons
cette réflexion , parce que la plûpart des hifloriens ont
paru éblouis du raifonnement de cette femme. Darius
lui accorda la grâce'de fon frère, puifqu’elle l’avoit
!■ demandée , &. il y joignit celle de fon fils aîné.
INTENDANT , f. m., ( Hifl. mod. ) homme pré-
pofé à 1-infpeélion, à la conduite, & à la direéfion de
[quelques affaires qui forment fon diflriél.
Il y en a de plufieürs fortes.
Intendants & Commissaires départis pour S. M.
'dans les provinces & généralités du royaume ; ce font
des magiflrats que le roi envoie dans les différentes
parties de fon royaume, pour y veiller à tout ce qui
peut intéreffer. l’adminiflration de la juflicè ,' de la
police, & de la finance^; leur objet efl en général, le
[maintien du bon ordre dans les provinces qüi forment
[ leur département, ou ce qu’on appelle généralités, &
[Texéeution des commiffions dont ils font chargés par
[ S. M. ou par fon confeil. C’cfl delà qu’ils ont le titre
; d'intendants de juflice , police & finance, & commif-
ïJ aires départis dans les généralités du royaume , pour
\îexécution des ordres de S. M.
[ ,Cè~ qu’on appelle généralités , efl la divifion qui a
[été faite de toutes les provinces du royaume,, en 31
|: départements , qui forment autant d'intendances , &
■ n’ont aucun rapport avec la divifion du royaume en
[ gouvernements ou en parlements. Outre ces 31 intendants
, il y en a encore fix dans les colonies, françoifes.
^intendant fait le plus -■ ordinairement fon fejour
dans la ville principale de fon département ; mais
il fait au moins une fois l’année, une-tournée dans
les villes &. autres lieux de ce département, qui efl
aufîi divifé en éleélions, ou autres fièges qui connoiffent
des impofitions., M. Colbert avoit réglé qu’ils feroient
deux toiîrnéespar an ; l’une dans toute la généralité,
l’autre dans une des éleétions, dont ils rendroient
compté en détail au contrôleur général ; en forte
qu au bout d’un certain, nombre d’années, ils prenoient
une connoiffance détaillée, & rendoient compte de
chaque éleéüon, ' & par confisquent de toutes les villes
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& villages, & autres lieux qui conïpofoient leur généralité.
Les intendants font prefque toujours choifis parmi
les maîtres des requêtes ; cependant il y a eu quelquefois
des officiers des cours qui ont rempli cette
fonéfion ; elles ont aufîi - été réunies' d’autres fois à des
places .de premier préfident.
Sous la première & la fécondé race , le . roi en-
voyoit dans les provinces des commiiTaires appellés
mïjjl dominici, ou nv.JJi régalés , avec un,pouvoir fort
étendu , pour réformer tous les abus qui pouvoient
fe gliffer , foit dans l’adminiftration de la juftice & de
la policé , foit dans celle d s finances.
On en envoyoit fouvent deux enfemble dans chaque
province ; par exemple , Fardulphus & Steplïanus
faifôient la fonéfion d’’intendants de Paris en 802 , fous
les règne ' de: Charlemagne. 'Cet ufage fut confervé
par les, rois fuccefTeurs de Charlemagne pendant plusieurs
fiècles m ils continuèrent d’envoyer dans chaque
province dëun intendants ; & dans les cas extraordinaires
, on en voyoit un plus grand nombre de com-
miffaires.
Une ordonnance de Charlemagne, de 8 12 , porte
que les commiffaires qui font envoyés par Je roi dans-
-les provinces , pour en corriger les abus, tiendront
les audiences avec les "comtes , en hiver, au mois de
janvier ; au printemps., en avril ; en été, au mois de
juillet ; & en automne , au: mois d’eélobre.
Louis - le - Débonnaire ordonna en 8 19 , que les-
commiffaires par rai envoyés dans les provinces, ne
feroient pas dé long féjour , ni aucune affemblée
dans les lieux où ils trouveroient que la juflice feroit
bien âdminiflrçe- par'les comtes.
Ce même, prince, en 829 , enjoignit aux commiffaires
d’avertir les comtes & le peuple, que S. M.
donneroit-audience un jour' toutes les femaines,, pour
entendre & juger les çaufes de tes fujets , dont les-'
commiiTaires ou les comtes n’auroient voulu faire justice
, exhortant aufli ces mêmes eommiflaires ou les
comtes , s’ils VOuloient mériter l’honneur de fes bonnes
grâces , d’apporter un fort grand foin,. que par leur
.négligence, les pauvres ne foutfrîffent quelque ■ préjudice
, & que S. M. n’en reçût aucune plainte.
Vers la fin. de la fécondé race , & au commencement
de la troifiéme, j temps où les fiefs & les )uflices fei--
gneuriales furent établies , les rois envoyèrent aufîi
dans -les provinces des. commiffaires .çhoifis dans leur
confeil, pour y maintenir leur autorité , connaître descas
royaux , & protéger le-peuple ,- recevoir les plaintes
que l’on avoit à faire contre les feigneurs ou leurs officiers.
Ces plaintes fe dévoient jugerSommairement, fi
faire fe pouvoit ,- finon être- renvoyées aux grandes-
affifes -du roi. Les feigneurs fe plaignirent- de . cette
infpeéfion, qui les.- rappelîo t à leur devoir-, & conte-
noit leurs officiers on e ffa quelque temps d’en envoyer
, & nos rois fë contentèrent d’en fixer quatre
ordinaires fous, le titre de baillïfs , qui etoient les quatre
grands baillifs royaux. Saint - Louis & fes fucceffeurs
envoyèrent néanmoins des enquêteurs , pour éclairer
la conduite de ces quatre grands baillifs eux-mêmes,