
êc vous ferez tenté de lui demander comme Henri IV
à Mornay : fe peut-il que vous ayez étudié tous les
lujets que vous traitez ? Mais vous ne ferez plus cette
qutllion après avoir lu ; vous reconnoîfrez alors ce
que c’cfl qu’une carrière prefque centénaire , où il n’y
pas eu un foui moment perdu.
Si de fes cuvi âges lavants, nous paffons à fes ouvrages
de littérature légère , à fes poëlies , c’eïl alors que
Fatticifme & l’urbanité trouvant un foi pli s favorable,
& refpirant, pour ai :fi dire , Teur air natal, brillèrent
de tout leur éclat. Nous nous arrêterons peu fur ces
produirions agréables qui enchantoient Ménagé , qui
plaifoient à tous les favants , & que M. Huet feul
traitoit de bagatelles; mais nous dirons , d’après de
bons juges, qu’Horace fe fercit trouvé bien imité dans
les odes de M. Huet, que Lucrèce eût pu s’imaginer
avoir fait le poème intitulé, Epiphora, & qu’Ovide
eût regretté de n’avoir pas fait l’ingenieufe & touchante
métamorphofe dè Vitis & Ulmus.
M. Huet ne pouvoit refter indiflérent dans la fa-
tneufe difpute fur les anciens & les modernes ; les
deux partis recherchèrent fon fuffrage ; on peut croire
qp*il fut pour les anciens : mais on peut voir aufli que
ce fut par des raifons dont le goût s’honore, que la
jphiiofophie avoue , &. où il n’entre pas même une
ombre de fupei ftitiôn. 11 combattit hautement M. Perrault,
& ils reflètent amis. Il n’en étoit pas ainfi de
Boileau ; il devenoit l’ennemi de ceux qu’il combattoit;
il s’indigna de ce que M. Huet refufoit de trouver
fublime le fameux paffage de la Genèfe fur la création
de la lumière, la fureur des controverfes ; il fenibla
même à ce fujet (telle efl la fureur des controverfes )
vouloir rendre lufpeéle la foi de ce prélat. Boileau
pouvoit favoir auffi-bien queM. Huet, ce qui étoit
fublime en général ; mais M. Huet comioiffoit mieux
que Boileau ce qui étoit fublime en hébreu. Tout le
monde fait combien le fublime & toutes lés qualités du
flyle tiennent au géijie des langues ; & ce qui pourroit
for-tout foire juger que M. Huet avoit raifon, c’efl
le ton nlodéré , quoique ferme , de fa réponfe.
Si nous paffons enfin à un troifiéme ordre d’ouvrages
de M, Huet , à fes écrits purement philofophiqûes
nous entendrons d’abord les Càrtéfiens lui rcproçhér à
leur égard, dès variations, & les injuftices de l’humeur.
Gardons-nous de prononcer témérairement entré des
noms tels que ceux de M. Huet & de Defeartes. M.
Huet, né avec le cartéfianifmeen avoit d’abord été
feduit ; dans la fuite , il mit cette admiration au nombre
des erreurs de fa jeuneffe , & il n’entreprit pas •
moins qüé de renverfer tous lés principes du çarté-
fianifme. Nos goûts décident Couvent dé nos opiniôns ;
il étoit impofîible qu’ün homme qui avdit autant étudié,
qui vouloit encore autant étudier que M. Huet, refiât
fidèle à. une philofcphie qui comptoit l’étude, pour
rien , aux yeux de laquelle les plus grands noms
»’étoient que des noms , &. la fcience qu’un amas d’erreurs.
Quoi î s’écrioit-il, parce que nous avons beaucoup
étudié, nous ferons un objet de mépris pour ces
nouveaux philofophes 1 Ceux - ci répondirent avec
aigreur , du laoins M, s*en plaint ; pour moi ? dit-il,
( mot admirable ) je crus qu’il y avoit un autre fruit à
îirer de la philofophie , que l’efprit de contention &
, de fotyre. Sans doute, & le démonllrateur de l’évangile,
le conciliateur de la raifon & de la foi , le fovant
qui ale pluspenfé , le philofbphe qui a le plus réuni
de connoi^ances, efl encore le chrétien qui a le plus
douté , mais qui a fçu le mieux douter, qui a le mieux
marqué l’étendue & les bornes de cet art néceffaire &
dangereux : il a mis dans tout fon jour la foibleffe de
l’efprit humain ; il a ôté à la raifon tous les avantages
de la certitude & de l’évidence , pour les affûrer à la
foi feulement. L’homme qui aime à raifonner & à discourir
, voudroit affujettir à la raifon, même les chofès
divines. M. Huet veut que même lès choies humaine^
doivent toute leur certitude à la révélation qui les
confacre ; il épuife toutes fes connoiffances à prouver
le néant des connoiffances. Il folloit toute la philofophie
de M. Huet & pour compôfer un tel livre & pour
ne le pas publier ; non que ce livre , objet de toute
fa prédilection, & qu’il a pris la peine de compofer
deux fois dans deux langues différentes, fût indigne
dès regards du public ; mais, ofofts le dire , les regards
de tout le public pouvoient n’en être pas tout-à-fait
dignes encore. Tant de juges qui n’ont pas voulu croire
que cet ouvrage fût de M. Huet ; tant d’autres qui, '
forcés de reconnoître l’auteur, ont regardé l’ouvrage
commé un tort dé fon efprit; d’autres qui , ,plus in-
juftes encore, ont voulu le trouver dangereux & contraire
à la foi , n’ont fait que fournir une nouvelle
preuve de'la foibleffe de l’efprit humain. Des juges
plus équitables, ont regardé ce livre comme un des I
meilleurs ouvrages de M. Huet, & n’y ont vu que
le triomphe de l’érudition, de la philofophie & de la
religion.
HUGHES, (Jean) (Hiß.. Lut. mod) poète angîois
dont on fait cas eh Angleterre. Ses oeuvres^ ont été
imprimées en 1739 , en deux volumes i/z-12. On y
remarque for-tout une ode au Çréateur-de l’univers ; Une
tragédie intitulée ; le fi'ege de Damas. Hughes étoit ami
d’Addiffon , & eut part au Speélateur. Mort en 1719»
HUGUENOT, fobfl. & adj, (#i/?. rnod. ) nom
que les Catholiques ont donné par fobriquet aux Pro-
teflânts Calviniftes ; mais ils n’ont pas appliqué à. ce
mot le vrai fèns qu’il avoit dans fon origine, & ni
Pafquier , ni Ménage , ni le P. Daniel , n’ont fu le
deviner. Le voici;
L’évêque de Genève qui, fuivant la remarque de
M. de Voltaire, difputo.it le droit de fouveraineté for
cette ville au duc de Savoie & au peuple, à l’exemple
de tant de prélats d’Allemagne, fut obligé de fuir au
commencement du feizième nècle , & d’abandonner le
gbuvernement aux citoyens , qui recouvrèrent alors
leur liberté. Il y avoit déjà depuis affez long-temps
deux partis dans Genève, celui des Proteflants, ôc
celui ;des Catholiques Romains, Les Proteflants s’ap*
pelloient entr eux., Egnçts, du mot eidignoßen, alliés
par ferment ; les Egnots qui triomphèrent, attirèrent
à eux une partie de la faction oppofée, & chaînèrent
le refte. Delà vint que les Proteflants de France eurent
le nom d'Êgnots , & par corruption de Hugüenots,
"dont la plupart des écrivains françois inventèrent depuis
de vaines ou d’odieufes origines.. Telle efl l’étymo-
[ logie de ceux qui tirent ce mot du roi Hugon, dont
onfoifoit peur aux enfants en Touraine : telle efl
encore l’opinion de Caflelnâu Mauviffière, qui dérivé
ce terme d’une petite monnoie, qu’on a fuppofe valoir
une maille du temps de Hugues-Capet, par où l’on a
voulu lignifier que les Proteflants ne valoient pas une
maillé, & qu’ils étoient une monnoie de mauvais
aloi. Ces irifmuations ont fait couler dés torrents de
fang. (D .S . )
HUGUES CAPET , (Hifiobe de France.) Louis
V , roi de'France, mourut fans enfans ; le droit de là:
naiffance appclloit au trône Charles , duo de la Baffe-
Lorraine, oncle de ce prince. Mais Hugues Capet,
arrière-petit-fils de Robert le Fort, fçut l’exclure, &
fit couronner Rbbert fon fils, pour régner fous fon nom.
L ’année 987 fut l’époque de cettte révolution. Charles
prit les armes, & s’empara -de Laon , mais il fut fait
prifonnier dans fa conquête. Hugues fit dépofer Arnould;
.archevêque de Reims, qui l’avoit trahi. Il étoit plus aifé
alors d’ôter la couronne à un ro i, que la mitre à un
,évêque. Paifible poffeffeur du royaume, Hugues fit
d’AÉbeville un boulevard contre les Normands, f fournit
la Guienne , fit rentrev dans le devoir les comtes
.de Flandre & de Vermandois, & mourut l’an 996.
Il efl le chef de la troifiéme race des rois de France.
(M d e Sa c y ).
Huissiers de la Chambre du Rôi , ( Hifloire de
Fra n c e') ce corps compofe de feize emeiers efl un
des plus anciens de la maifon du roi, dont il formoit
autrefois lav garde intérieure. Ils étoient alors armés de
maffues, & cou choient dans les appartements qui fer-
voient d’avenues à la chambre du roi.
A préfent ils fervent l’épée au côté fous les ordres
de MM. les premiers gentilshommes de la chambre,
auxquels ils repondent de ceux qui approchent la per-
fbnne du roi lorfqu’il efl dans fon intérieur. C’eft entre
leurs mains qu’ils prêtent le ferment de fidélité ; c’efl
d’eux qu’ils reçoivent leurs certificats de forvice.
. Aufli-tôt que la chambre efl. appellée pour le lever
du roi, ils prennent la garde des portes , & ne la:ffent
entrer en ce moment que ceux qui par le droit de charge
©u grâce de fa majeflé ont l’entrée,de la chambre. Ils
diftinguent enfuite les plus qualifiés des leigneurs qui fe
font nommés à la porte, les annoncent au premier
„gentilhomme, & les introduifent au petit lever. Au
moment où le roi a pris fa chemife, que l’on appelle
le grand lever, ainfi que dans le cours de la journée,
ils laiffent entrer dans la chambre toutes les perfonnes
dont ils peuvent répondre.
Le foir , quand le roi doit tenir confeil ou travailler
dans fe chambre, YhuiJJîer en avertit les miniflres de
la part de fe majeflé, & tient les portes fermées juf-
qu a ce que le confeil ou travail foit 'levé.-
Au moment où le roi prend fes pantoufles, que
ion appelle le petit coucher, YhuiJJier fait paffer les
çourtifans qui n’ont ni la familière , »1 la grande } ni
première entrée.
Aux fêtes annuelles, dévotions, te Deum, lits de
juftice, baptêmes & mariages, ainfi qua toutes les
cérémonies de Fordre du Saint-Efprit, deux huijjiers
portent chacun une maffe immédiatement devant fe
majeflé ; de même qu’au facre des rois, où ils marchent
aux deux côtés du connétable, habillés de fetirt
blanc'avec pourpoint, haut-de-chauffe , manches tailladées,
manteaü & toque de velours. Ils ont part aux
fermens prêtés entré les mains du roi ; & aux premières
entrées que fe majeflé foit dans les villes de fon royaume
ou dans celles de nouvelle conquête , il leur efl dû un
marc d’or ou fe valeur «n argent payable par les officiers
de ville.
Lorfqu’il y a des fêtes à la cour, ou que le roi
honore l’hôtel-de-ville de fa préfence, les huifliers tiennent
les portes de la pièce qu’occupe fe majeflé , & y
placent les perfonnes connues conjointement avec les
intendans des menlis-plaifîrs fous les ordres du premier
gentilhomme de la chambre.
Ils ©nt l'honneur de fervir les epfans de France dès
le berceau. Dans l’intérieur, ils répondent à madame
la gouvernante , & lui annoncent les perfonnes qu’ils
introduifent; &. foit aux promenades, foit dans Tes
appartenons extérieurs, en qualité d’écuyers ils donnent
la main aux princes jufqu’àfept ans, & aux princeffes
de France jufqu’à douze. Ils Ont bouche en cour à la
table des maîtres pendant leur quartier auprès du roi.
Les prérogatives attachées aux huijjiers de la chambre,
le titre d’écuyer, qui leur efl accordé depuis près de
.200 ans, ainfl que l’honneur d’être commis dans l’intérieur'
à la garde de fa majeflé, ont fait que cette
charge a été exercée fous Louis X IV , par des colonels
ÔL capitaines devaiffeaux de roi..
Les anciens états de la France certifient ce dernier
article, & font foi des droits dont jouiffent les huif-
fiers de la chambre : on y trouvera la date des ordonnances
de nos rois -, qui leur ont accorde des privilèges.
M . R.)
HUMBERT I I , (Dauphin de Viennois.) ( Voye^
Beaumont. On allègue deux principaux motifs de la
ceffion que Humbert I I fit du Dauphiné à la France ;
l’un , qu’il vouloit fufeiter à la maifon de Savoie , un
ennemi capable de le venger de tous les affronts qu’il
en avoit reçus ; l’autre, que jouant avec fon fils unique ,
il eut le malheur de le laiffer tomber d’une fenêtre
dans le rhône, où il fe noya. La douleur qu’il reffentit
d’un fi funefte accident, l’engagea-, dit-on, à renoncer
au monde ; en effet, après la cefllon faite à la France ,
il entra dans l’ordre des Dominicains. En 1351 , il
reçut le foufdiacoriat, le diaconat & la prêtrife aux
trois meffes de Noël , des mains du pape Clément VL
Il mourut à Clermont en Auvergne en 1333.
HUME, ( David. ) ( Hiß. Litt. mod. ) écrivain
écoffois, à jamais célèbre par fon hifloire d’Angleterre ,
un des plus beaux morceaux d’hifloire & de pmloibphie
qu’il y ait dans aucune langue , & l’ouvrage le plus
impartial & le plus raifonnable peut-être qui foit forti
de la main d’un hoçime* On a de lui auf» pîufkurs