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vous en fais point aujfi fur ce que vous êtes brave ;
c' efl une vertu héréditaire dans votre maifon. Mais je
me réjouis avec vous de ce que vous êtes bon , libéral 3
faifant valoir les fervices de ceux qui font bien ; cefl
fur quoi je vous fais mon compliment.
SM n’aimoit pas la flatterie adreffée aux princes,
il ne la fouffroit pas , adreffée à lui-même :
Cuimalê, fipalpere , recalcitrat undique tutus.
Fléchier, qu’il ne connoiffoit pas encore, lui tenant
un propos obligeant : Ah ! dit-il, voilà de mes flatteurs !
Il lui rendit plut de juflice dans la fuite. Le peuple,
quand il voyoit paffer la cour , demandoit : où efl cet
honnête homme qui dit toujours la vérité ?
Montai'fier fut gré à Moliere de l’avoir eu en vue
dans fon M ifa n th r ô p é , homme d’humeur, mais honnête
homme ; il l’en remercia. ( Voyez l’article C otin.)
Si Montaufier haïffoit. la flaterie , il haïffoitauffi la
fatyre ; il s’étoit expliqué durement fur Boileau, J k
c’étoit le. propos même du duc de Montaufier, que
Boileau avait rendu ainli :
Mais tout n’iroit que mieux
Quand de ces médifans l’engeance toute entière , '
Iroit, la tête en bas, rimer dans là rivière.
Dans la fuite, Boileau fentit combien il étoit important
pour lui d’obtenir le fuffrage de Montaufier,
& dans l’Epître à Ra cin e, où il fait , comme Horace ,
l ’énumération des hommes de goût & de mérite aux -
.quels il afpire à plaire , il follicita ce fuffragéhd’ùhe
manière fi noble & fi obligeante, que JjAoflt uufier, y
fut fenfible, & lui accorda fon amitié./Après, avoir
parlé des Colbert, des Pomponne , des ; La Rocher
foucauld, des Condé , il ajoute :
Et plût au ciel encor, pour couronner J’oùvrage,
Q u e Montaufier voulût lui donner fpn fuffrage !
C ’eft à de tels leéleurs que j’offre mes écrits.
Le duc de Montaufier mourut en 1690. L a ducheffe
ie Montaufier, fa femme , & l’objet de toutes fes
àffeâions , étoit morte en ,1671 , dame d’honneur
se la reine. Fléchier fit l’oraifonfunèbre de tous deux,
& confaera leur tendreffe mutuelle. C e f l dans l’oraifon
funèbre de M. de Montaufier 3 que fe. trouve ce beau
mouvement oratoire, qui a été fi fbuvent imité depuis:
u Oferois - je dans ce difcours , où la franchife &
» la candeur font le fujet de nos éloges , employer, la
v fi&ion & le menfonge ? ce tombeau s’ouyriroft, ces
» offements fë rejoindraient, & fe ranimeraient pour
n me dire : pourquoi vieris-tu mentir pour m o i, qui
» ne mentis pour perfonne ?
La branche de Montaufier s’éteignit dans la perfonne
du duc : fa fille unique Marie-Julie da Sainte-Maure,
époufa le 16 mqrs 1664 , Emmanuel, comte de
Cru ffol, duc d’Uxès , premier pair de France.
M ON TBRU N , ( Charles D upuy ) ( Hifi. de Fr.),
fut nommé brave dans i le- para • calvmifle , & fut
l ’effroi des catholiques dans les guerres Civiles fous
Cha h s IX & fous H nri III. Il faifoit la guérite en
Prpvence & en Dauphiné , où il s’étoit emparé de
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1 plufieurs places. Il fe trouva & fe diflinguaaux batailles
de Jarnac & de Montcontour. En 15 70 , il accompagna
l’amiral de Coligny dans le Vivarais , paffale
: Rhône à la nage avec fa ca ya lef e , qui venoit de
battre le marquis de G ordes, commandant du Dauphiné
, lequel avoit été bleffé dans cette affaire. Les
proteflants ayant repris les armes après ,1a Saint-
Barthelemi, Montbrun s’ empara encore de quelques
places. Henri I I I , à fon retour de Pologne , prenant
poflëffion de fon royaume de France, paffa devant
Livrorf, place importante par fa'fituation, entre Lyon
& Marfeille ■ fes troupes en faifoient le fiége ; il fut
| infùlté par les habitants, fans pouvoir en tirer ven-
| geance ; ce qui jetta fur fa perfonne, ainfi que fur fon
règne, un difcrédit dont il ne put fe relever. Ç é to it
Montbrun qui commandoit dans cette place ; il fit
piller par fes troupes, le bagage du r o i , & il répondit
à ceux qui s’étonnoient de la hardieffe qu’il avoit eue
dans cette ôccafîon : deux chofes rendent les hommes
égaux, le Je u e t l a G u e r r e . Dans une autre occa-
fion, Montbrun étant pourfuivi par le marquis de
Gordes , & fe voyant au moment d’ être tué ou pris y
pouffa fon cheval excédé de fatigue, & voulut fauter
. uri canal, près de D ie , il tomba , le caffa la cuiffe ,
fut pris. Il fut cpnduit le 29 juillet 1575 , à G renoble
, où on lui fit fon procès ; il fut condamné à
m o r t , & exécuté le 12 août fuivant. La paix fe fit
: en 1 5 7 6 , entre les catholiques &. les proteflants, &
Montbrun fut expreffement réhabilité dans le traité ; le
jugement rendu contre lui fut anéanti. Son nom n’a
point été flétri par le fupplice , on ne fe fbuvient que
de fa valeur.
M O N T C A LM , ( Louis-Jofèph de Saint V e ran ,
marquis de ) [Hifi. dé Fr.) naquit en 1 7 1 2 , à Candiac,
fa famille étoit du Rouergue ; elle avoit produit autrefois
un grand-maître de l’ordre de Saint Jean de Jéru-
fàlem, nommé Gozon. Le marquis de Montcalm porta
les armes de bonne heure, & ce ne fut qu’après avoir
fervi dix - fept ans qu’il fut fait’ colonel en 174$. Il
reçut trois bleffü res à la bataille donnée fous Pîaifance ,
le 13 juin 1746. La même année il reçut .encore deux
coups de feu au combat delA-Aïette, du 19 juillet 1747.
11 fut fait brigadier des armées du roi cette même
année 1747 ; maréchal de camp en 17 5 6 , & en même
-temps il fut nommé commandant en chef des troupes
Françoifès dans l’Amérique. Il prit alors la ferme réfo-
lution de défendre & de confèrver le Canada ou de
s’enfevelir fous fès ruines. A peine arrivé en Amérique
, il arrêta par fès bonnes difpofiticns , l’armée
du général Loudon , au lac du Saint Sacrement. Pendant
quatre ans qu’il fit la guerre dans cette contrée,
il fbutint la deflhiée chancelante de là colonie Fran-
çoife , il battit ou repouffa des armées fupé. ieures à la
fienne , prit des fortereffes défendues'par des garriifons
nombreufës. Ses troupes" eurent b aueoup à fouftrir du
froid & de fa faim pendant l’hiver de 17 5 7 à 1758 ;
il fouffrit avec elles , & leur donna l’exemple de la
confiance ; il ie priva de tout pour les ficourir. Le 8
juillet 1758 , il remportamne viâoire cbmplette fut'
le général Abercromby , qui ayoit fuccédé au lord
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Loudon ; le modefle vainqueur difoit dans fa reMt’on,
qu’il n’avoit eu pour tout mérite que le bonheur de
commander des troupes valèureufes ; il avoit été fait
commandeur de l’ordre de Saint Louis en 1 7 5 7 ; il
fut fait lieutenant - général en 17.58. A u . combat de
Québec , livré le 14 feptembre 1759 » ^ reÇut au
premier rang 6>ç au premier choc , une profonde
hleffure , dont il mourut le lendemain. Ses vertus
égaloient fa valeur & fes talents. Un trou qu avoit
fait une bombe , fut pour lui comme une efpèce de
tombeau militaire. Au milieu des travaux guerriers , il
avoit toujours trouvé du temps pour l’étude qu’il
avoit toujours aimée, & dans les.idées de retraite dont
ils ’occupoit quelquefois, il faifoit entrer pour beaucoup
dans fon bonheur l’efpérance d’ être un jour de
l’Académie des Infcriptions & Belles-Lettres, ÔC de fe
livrer prefque entièrement aux travaux de cette compagnie.
L’Académie n’a pu que faire fon épitaphe. La
yoici :
Hic jacet
Utroque in orbe sternum vitturus
LudovicusrJofephus de Montcalm Go^on 3
Marchio Sanéli Verani, Baro Gabriaçi ,
Ordinis Sanfti Ludovici comtnendator,
Legatus generalis exercituum Gallicorum ,
Egregius & civis & miles |
Hullius rei appetens prceterquàm verat laudis ,
Ingenio felici & Litt cris exculto ,
~Omnes miÛtiot gradus per continua decora emenfus ,
Omnium belli a 'rtium , temporum, difcriminum gnarus
lnltaliâ, in Bohemia , in Germania dux indufirius,
!MandatafibiitàJempergerens ut majoribuspar haberetur,
Jam clams pericuüs ' •
Ad lutandam Canadenfim provinciam miffus,
Parvâmilitum manu hoflium copias non femel rcpulit,
Propugnaculacepit viris armifqüe infiruftijjima,
Algoiis , inedice, vigiliarum , laboris patiens,
Suis unicè profpiciens , immemor f u i ,
Hofiis acer 3 viElor manfuetus ,
Fortunam virtule9 virium inopiam ptritia & celeritate
compenfavït
Imminens coloriiez fatum & confilio & manu per qua-
driennium fufiinuit
Tandem ingentem exercitum duce flrenué & audaci
ÇlaffemqUe omrii bellorum mole gravem
Multiplici prudenùâ diu ludificatus ,
Vi pertraêlus ad dimicandum
In prima acte , in primo confliélu vulneratus 3
Religiorii quam femper coluerat innitens 3 ■ ;
Magno fuorum defiderio necfimhofiium mczrore extinttus efl
Die 14 feptemb. ann. 17 ƒ9 » cttatis 48.
Mort aies optimi ducis exuvias in excavata humo 3
Qpum globus bdlicus decidens diffilienfque
Defoderat
Galli lugentes depofuérunt 3
Etgenerojee hoflium fidei commendârunt.
M C N T CH A L , ( Charles de ) ( Hifi. Litt mod.)
archevêiue de ToulouL , dont on a des Mémo res
connus, il avoi’c été précepteur du cardinal çh la Valette,
& il fut nommé à l’archevêché de Touloufe fur la
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démiffion de ce cardinal. Il étoit fils d’un apothicaire
d’Annonai en Vivarais. On lui attribue une diffcrtat.on
faite pour prouver que les puiffances féculières ne
peuvent impofer fur les biens de l’églife aucune taxe ,
fans le confentement du clergé. Mort en 1651.
M ON T CH EN U , ( Hifi. de Fr. ) fut l’ami le plus
défintéreffé de François Ier. Elevé avec ce prince , il fe
contenta dans fa plus grande faveur , de l’office de premier
maître d’hôtel ; cet emploi l’attachoit à la perfonne
du r o i , qu’il aimoit ; il n’ambitionna ni fortune ni
d'gnités plus, éminentes ; ce qui a donné lieu au conte
fuivant, fondé fur quelque vérité. Parmi l’élite de la
nobleffe qui étoit élevée avec François Ier. , alors comte
d’Angouleme, François diflinguoit dès-lors Montmorency,
Brion & Mont.chenu, ß rant ame rapporte que
ces trois jeunes feigneurs s’entretenant avec lui fur leurs
deflinées futures, lui demandèrent ce qu’il feroit pour
eux lorfqu’il feroit roi : défire{ feulement , leur dit
François , & foyeç fürs de tout obtenir. Montmorenci
défira d’être connétable, Brion d’être amiral, Mont-
chenu, borna fon ümbition à ê.re premier maîtr.;-
d’hôtel : leurs voeux furent remplis dans la fuite, ôt
le conte fut aifé à imaginer.
Ces trois fidèles amis de François Ier. eurent le mémo
fort que lui à Pavie , Montmorenci fut pris avant la
ba aille, Brion & Montchenu dans la mêlée.
M ON T CH E VR EU IL . ( Voye^ M o r n a i . )
M O N T D E J E U , (Jean de Sculembergou de
Schulemberg, marquis de ) [Hifi. de Fr.) commandoit
dans Arras en 1654 , lorfque le prince de Condé ,
l’archiduc Léopold & le Comte de Fuenfaldagne en
firent le fiége , que M de Turenne leur fit lever.
Montdejeu fut fait maréchal, de France en 1-658. Mort
en 16 51 . Il étoit d’une ancienne maifon établie , dès
le 12'. fiècle, dans la Marche de Brandebourg.
M O N T -D ’O R G E , ( Antoine Gautier de ) ( Hifi.
Litt. mod. ) maître de la chambre aux deniers du ro i,
auteur des Talens lyriques , & de quelques autres
ouvrages, Né à Lyon en 1727. Mort à Paris en 1768,
M O N T E CU CU L I ou M O N T E C U C U L O , ( Se-
baflien ) ( Hifi. mod. ) En 1536 , époque où la riva-
valité de Charles - Qaint & de François Ier. étoit 1«
plus animée, époque où Charles-Quint, defeendu en
Provence avec les forces les plus redoutables, menaçoit
de conquérir la France , le roi étant au camp de V a -
bnce , le dauphin François fon fils , s’embarqua fur le
Rhône, pour l’aller joindre; il fut a.taquéà Tournort
d’une maladie fubite & violente, dont il mourut le
quatrième jour. Déjà échauffé par les plarfirs , il yoya-
geoit au miheu des ardeurs d’un été fi fie & fi chaud ,
que dans des provinces moins chaudes que celles qu’il parcourait
, les rivières étoient prefque entièrement taries.
S’étant arrêté à Tournon , il voulu jouer à la paume ,
qu’ii aimpit 'beaucoup , & s’y échauffa excclfivement.
Excédé de fatigue, de foif &. de chaleur, il but de
l’eau fraîche avec intempérance , & il efl affez vra;-
fèmblable qu’il mourut d’une, pleureufie. On ne voulut
pas croire que les voluptés , toujours fi meurtrières 7