
chus, avant de lui faire trancher la tête, lui dit •
-Croy ois-tu n’être armé du pouvoir que pour faire le
malheur des hommes ? Phocas lui répondit froidement :
Apprends, par mon exemple , à les mieux gouverner.
Sergius, patriarche de Conftantinople , lui ceignit le
front du diadème, & il partit pour la Perfe oh le
fameux Cofroès IL fe préparoit à porter la guerre
• dans les provinces de l’empire. Hcraclius trop foible
pour détourner ce fléau, entama des négociations in-
fruâueufes. Cofroès fe répandit comme un torrent dans
la Paleftine. Jéruialem fut prife & faccagée, les mi-
niftres de l’autel furent maflacrés dans les temples. Les
chrétiens furent vendus aux juifs, leurs implacables
ennemis. Les vafes facrés furent profanés, on les fit
fèrvir aux plus (aies ufages. Cofroès annonça qu’il n’ac-
corderoit la paix aux Romains qu’après qu’ils auroient
abjuré le chriftianifine pour adorer le foleil. Heradius
contraint de tenter la fortune des combats, remporta
pkifieurs vi&oires fur ce monarque redoutable. Mais
l’ennemi prompt à réparer fes pertes, reparoiffoit plus
puiflant après les défaites, que les Romains après leur
vidoire. La fortune fauva l’empire. Siroès, fils aîné
de Cofroès, qui i’avoit voulu deshériter, profita de
l'éloignement de fon père , pour fe placer fur le trône.
Cofroès, au premier bruit de cette révolte, s’en retourna
dans fes états, où fon fils le condamna a languir
dans une prifon étemelle. Le nouveau roi pour s’affermir
dans fon ufurpation, conclut la paix avec Héraclius
qui retourna couvert de gloire à Conftantinople. On
lui rendit le bois de la vraie croix qui avoit été enlevé
du temple de Jérufalem, lorlque cette ville avoit été
prifè par Cofroès. Cette reftitution fut célébrée dans
tout l’empire, par une fête qu’on nomme encore aujourd’hui
i'exaltation de la croix. 'Héraclius qui n’avoit
ju/qu alors été qu’nomme de guerre , voulut fe mêler
de quefiions théologiques. Il fe laiffa féduire par les
Monothélites, ck donna en leur faveur un édit qui fut
frappé des anathèmes de Rome. Pendant quHéraclius
serigeoit en théologien, les Sarrazins' lui enlevoient
l’Egypte, la Syrie & les-plus riches provinces de l’empire.
Héraclius affoibli par fes fatigues & fes maladies,
ne put oppofer une digue à cette inondation ; devenu
çirconfpeâ jufqu a la timidité , il perdoit à négocier
le temps qu’il auroit dû employer à combattre; les
«dernières années obfeurcirent l’éclat de fes anciennes
viâoires. Il mourut d’une maladie dont les médecins
ne purent le guérir , parce qu’ils en ignajjoient la caufe :
U gouverna Kempire pendant trente ans. Ce iùt fous
Ibn règrçe quç Mahomet publia fes menfonges. Cet im-
pofteur envoya une armée dans la Syrie, où fes lieutenants,
millionnaires guerriers, firent des profélites
& des conquêtes. Il mourut en 641 âgé de foixante-fix
,ans. Sa poflérité occupa le trône aOrient pendant
plus de quatre-vingt ans. Ceft la feule famille qui
j>uifïe le glorifier d’avoir donné tant d’empereurs, dans
«es temps féconds en révolutions. (T .-M )
Héraclius , fils de l’empereur de ce nom, .& d’Eu-
cloxie, fut fornommé Cqnflantin le jeune ou le nouveau
Conflantin. R étoit encore enfant lorlque fon père lui
feignit le diadème* U gouverna l’empire que pendant
Un an, la marâtre l’empoifonna pour élever fon ptopre
fils fur le trône. Il fut plus recommandable par fa
piété que par fes talens pour gouverner. Il périt I
en 642. ( T.-N. )
HERBELOT , (Barthélemi d’) ( Hiß. Lit. mod. )
auteur de la Bibliothèque Orientale* Mort à Paris en
i 695-
HERBERT. Voyc^ V ermandois..
HE’R I , ( Thierri de ) chirurgien célèbre du temps I
de François Ier & de fes fuccefleurs, pour le traitement I
des maladies vénériennes. IL y employoit la méthode I
des friétions qu’il a ou inventée ou du moins perfec- I
donnée. On a de lui un Traité fur fon art, intitulé: I
Méthode curatoire de la maladie vénérienne , vulgaire- I
ment appellée große vairole. Mort en 1599 , dans uu I
âge très-avancé.
HÉRICOURT, ( Lôuis de ) ( Hiß. Litt. mod. ) I
avocat au parlement de Paris , grand canonifte, au- I
teur des Loix Eccléfiafliques de France , mifes dans I
leur ordre naturel ; d’un Traité de la vente des immeu- K
blés par décret, & d e quelques autres ouvrages moins
célèbres que le premier. Il travailla long - temps au I
Journal des Sçavans. Il étoit né à Soiflons en 1687. I
Julien de Héricourt, fon ayeul, mort en 1704 , avoit I
donné lieu à l’établiffement de l’Académie de Soiflons I
par les conférences qui fe tenoient chez lui. Il a publié I
l’hiftoire de cette fociété. Louis de Héricourt mourut I
en 1753.
HE’RISSANT, p François-David ) Hiß. Litt, mod.) I
médecin , & de l’Académie des Sciences. On trouve I
plufieurs mémoires de lui dans le recueil de cette Aca- I
demie. Mort en 1773«
HERITIER, ( Nicolas 1’ ) {Hiß. Litt. mod. ) auteur I
de quelques mauvaifes tragédies, eut un brevet d'haflo- I
riographe de France. Mort en 1680.
Marie - Jeanne l’Héritier de Villandon, là fille , a eu I
plus de réputation que lui ; elle futaffociée en 1676 I
à l’Académie des jeux floraux à Touloufe, & en 1697, I
à l’Académie des Ricovrati de Padoue. Ses ouvrages , I
pour la plupart mêlés de profe & de vers, font peu I
lus aujourd’hui. C ’eft le tombeau de M. le duc de Bour- I
gogne ; le triomphe de Madame Deshoulières 3 reçue I
dixième Mufe au PamaJJe ; la Pompe Dauphine ; quel- E
ques contes & nouvelles. Une traduction des épîtres I
amoureufes d’Ovide, dont feize en vers , &c. Née en I
1664. Morte en 1734.
HERMAN, dit Hermannus ContraSlus, ( Hiß. Litt. 1
mod. ) parce que fes membres s’étoient rétrécis & refi- I
ferrés dès l’enfance, étoit un moine de Richenou en I
Souabe, mort en 1054. On a de lui une chronique , & I
on lui attribue le Salve Regina , l'Alma Redemptoris I
Mater, &c.
HERMANN ( Jacques ) ( Hiß. Litt. mod. ) de Bâle, I
de l’Académie des fciences de Paris, ami de Leibnitz,
fut appellé à Pétersbourg en 1724, par le Czar Pierre I , I
pour y former une Académie des fciences : il a beau-
coup écrit fur la dynamique & fur diverfes parties I
mathématiques. Mort en 1733 à 55 ansfJ
HERMANT, (Godefroi) (Hifl. Litt. tnod.) doéktif,
\ exclu de Sorbonne pour Janfcriilme, auteur de vies de
>! plufieurs pères de l’églife, tels que St. Athanafe, St. Bafile,
; St. Grégoire de Nazianze, St. Chryfoflôme, St. Am-
I broife. ILa traduit auffi quelques-uns de leurs ouvrages.
û II eft encore l’auteur de divers écrits polémiques contre
i les jéfuites. Il avoit été reéleur de lUnivemté de Paris
| en 1646. Né à Beauvais en 1617. Mort en 1690.
] HERMENFROY, BALDERIC & BERTHIER
v. ( Fi ères ) {Hifl. modé)(Voye{ l’article C hildebert).
i rois de Thuringe, vers le commencement du fixième
I fiècle , etoient diviles comme l’étoient alors tous ces
| rois & tous ces freres barbares ; Hermenfroy, après
I avoir fait périr Berthier, fit avec Thierry, roi de Metz
1 ou d’Auftrafie, fils aîné de Clovis, un traité de partage
I ou de brigandage, pour dépouiller Baldéric , fon autre
j frère. Baldéric Rit tué dans une bataille, & Hermenfroy
a manqua de parole à Thierry : celui - ci emporte par
I force , plus qu’on ne lui avoit promis par le traité ; il
i foumet toute la Thuringe. Hermenfroy réduit à de-
I mander grâce, vient le trouver à Tolbiac, fur fa parole,
i Un jour Hermenfroy fe promenant avec Thierry, fur
i les remparts de la v ille, un homme de la fuite de
| Thierry pouffe Hermenfroy, le fait tomber dans un
ï\ folié , où on le laiffe mourir faute de fecours ; la Thuringe
refle à Thierry (531.) Voy. l’article Radegonde.
HERMENEGILDE 0« HERMENIGILDE ( Voy.
| Leuvigilde.)
I HERMILLY, ( N.... d’ ) (Hifl. Litt..mod.) cenfeur
foyal , tradufleur de l’Hifloire dRfpagne de Ferreras.
M. d’Hermilly efl auffi l’auteur d’une hifloire de Majorque
& de Minorque & de la Bibliographie Parifienne.
HERMOGENES : 1«. c’eft d’abord le nom d’un
I célébré muficien d Augufte , dont Horace parle en plus
3 d’un endroit : r
Ut quamv'is lacet Hermogenes, cantor tamenatquc
■ Optimus efl modulator.
Lib. 1 , Satyr. 3.
j Invideat quod & Hermogenes ego canto.
Ibid. Sat. 9.
Quos neque pulcher
Hermogenes unquam legit.
Sat. 10.
■ .2,°* ^ s u f f i le nom d’un célèbre rhéteur grec,
i qui écrivoit dans le fécond fiècle ' de î’églife , &
I j ° nt, °,n .a des livres en grec la rhétorique. Ôn a
S oit de lui qu’il avoit été un vieillard dans fa ieuneffe
ctunenfant dans fà vieilleffe; en effet, il enfeignoit
I des l’âge de quinze ans ; & à vingt-quatre , à la fuite
I apparemment d’une maladie * il oublia tout ce qu’il
I jcavoit. On dit qu’ayant été ouvert après fà mort, on
I Un trouva le coeur tout velu & d’une grandeur ex-
I traordinaire. Ce phénomène avoit - il quelque rapport
I avec 1 accident de la perte de fa mémoire ?
| f 3°* Hermogene eft auffi le nom d’un hérétique du
*\C£>nd fiècle, qui difoit que la matière étoit coéternelle
à Dieu , & que le Créateur en avoït tiré toutes les
créatures. Il fut réfuté par Terni!! ien & Origène.
HERMOGENIEN , f Hifl. Rom. ) jurifconlûlte du
4' fiècle , auteur d’un recueil des loix de l’Empire, fous
-Honorais & Tiiéodolè.
HE RM O LA U S BAR BARU S. Voye^ Ba k b a r o.
H E R O D E , ( Hifl. des Juifs. ) Sur ce qui concerne
Hemde-lc-Grand,'Voyei l’article Marianne; & aiou-
tez-y ce qui efl dit d'Hérode dans St. Mathieu, chap. a.
Et fur Hérode Antipas, Tetrarque de Galilée, & fur
Hérodias ou Hérodiade fa femme à la fois & fa belle-
feu r , qui demanda & obtint la tête de St. Jean-
Baptifle. Voye[ St. Matthieu, chap. r4 ; St. M a r c ,
chap. 6 ; St. Luc , chap. 9 , 13 & 23.
HERODIEN {Hifl. tt Orient) fis dîné d’Odénat :
fouverain de Palmyre, mourut v ia in e de la ha:ne de
Zénobie fa marâtre. Sen père l’avoit affocié au Gouvernement
& lui avoit donné le titre de Roi.
^ Herodien eft aufîî le nom d’un hiflorlen grec qui
n’eft peut-être pas affez connu ; il a été traduit par ce
meme abbé Mongault ( Voyc{ fon article ) de qui noue
avons une excellente traduélion des épitresde Cicéron-
Herodien eft parmi lesHiftoriens un des plus recommandables
par la première qualité d’un hiftorien, la
fidélité; il l efl beaucoup aufli par l’intérêt continu qu’il
lait répandre fur fon récit, par le talent de ne dire que
ce qui eft néceffaire, de fupprimer les détails froids ou
mmujieux , de mettre fous lés yeux fes perfonnages
avec leurs paflions, leurs vertus & leure vices prouvés
par les faits &. non pas Amplement allégués , comme
on le voit fouvent chez beaucoup d’hiftoriensmal-adroits-
qui ne favent point mettre d’accord & de convenance
entre ce qu’ils difent & ce qu’ils montrent, entre leurs
jugimens & leurs récits, entre les portraits & l’hiftoire
de leurs perfonnages : en rapportant des faits même
vrais, ils leur ôtent, pour ainfi dire, leur vraifemblance
faute dobferver teS gradations & I^s nuances pro-
greihves des caraélères; ils font agir ces caraflères
comme par refforts & par fecouflés, ils les font marcher
par bonds & par fauts , ils oublient que dans
1 ordre moral comme dans l’ordre phyfique ~~rout
a une marche régulière & graduelle , tout a un
commencement, un progrès & une fin. Hémdien
marque avec foin & rend fenfibfes toutes les gradations
du paflage de la vertu au v ic e , & du retour du vice
a la vertu. Le premier eft malheureufement le plus
commun. On voit ici comment l’empereur Commode,
comment le fils & l’élève du philofophe M arc-Aurèle
formé fous fes yeux & p a r i s mains , g u id e > r fe .
leçons & par fes exemples, a pu dégénérer à tel point
de la vertu d’un tel père. Commode étoit affez bien
n e , il portoit fur le trône d’heureufès difpofitions , H
regrettait fincérement fon père, il en chériffoit & en
reveroit la mémoire. Il voulut prendre fa conduite
pour modèle,; 11 eftimoit, il aimolt, il confultoit les
amis de Marc-Aurèle, il les prioit de guider fes pas
iur les traces de ce héros. On voit ici le flatteur
Perennis s’infinuer infenfiblement dans la confiance de
Commode, le corrompre par le charme des voluptés,