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de cette ridicule .{cène ; irais dès qu’on parta de
faire monter quelqu’un à la -v eute, les cordeîiers.
troublés foutir.rent qu’il ne fallô:t pas déranger l’ef-
prit ; & le peuple qui aime les efprits & les' revenais,
fi t de cet avis. Cette affaire devint bientôt la matière
d’un grand procès ; Saint-Mefminfe plaignit qu’on
troub’ât les cendres de fa femme, & qu’on diffamât
fa mémoire. Les cordeîiers fe plaignirent qu’elle troublât
leur repos. Le roi nomma des juges. La vérité
fut découverte. Les cordeîiers furent condamnés à faire
amende honorable , & à être bannis du royaume ; mais
le peuple vit toujours en eux des feints opprimés ; les
aumônes des fidèles, fur - tout des femmes, ne leur
manquèrent point dans la priferi, Si lorfqu’aprèo leur
condamnation, ils furent ramenés de Paris à Orléans
pour y faire amende honorable, le peuple les fui vit
en baifant leurs fers & en verlànt des larmes. Le
reffe de l’arrêt ne fut po nt exécuté, parce qu’on
craignit de faire triompher tes hérétiques, & les héré-
tiques triomphèrent bien davantage, de ce qu’une
pareille fourberie refta impunie. C tft parce que la
religion eft divine, qu’il faut contenir, ceux qui la
font fervir à de vils intérêts & à des pallions humaines
; c’eft parce que les chofes feintes doivent
être refpe&ées, qu’il fait en punir rigoureüfement la
profanation.
MANZO. ( Foye^ Vll’e ) ( marquis de )
MAPPAIRE , ( Hiß. anc, ) nom d’officier chez les
anciens Romains; g’étoit celui qui dans les jeux publics
, comme celui du cirque Si des g’ad-ateurs, donnait
le lignai pour commencer, en jettant une mappe,
mappa , qu’il recevoit auparavant de l’empereur,
du confol, ou de quelqu’autre mag ftrat , apparemment
le plus diftingué qui fut préfent, ou de celui
qui donnoit les jeux. ( A. R. )
MARAEOUS ou MARBOLTS, f. m. (Hiß. mod,j
c’eft le nom que les Mahométans , foit nègres , foit
maures d’Afrique , donnent à des prêtres pour qui
ils ont le plus grand refpeél, qni jouiffent des plus
grands privilèges^ Dans leur habillement ils diffèrent
très-peu des autres hommes ; mais ils font ailes
à diftinguer du vulgaire par leur g ravi-é affbâée,
& par un air hypocrite & réfervé qui eh impofe aux
fimples, & fous lequel ils cachent l’avarice , l’orgueil
Si l’ambition les plus de mt forés. Ces maratous
ont des villes & des provinces entières, dont les revenus
leur appartiennent ; ils n’y admettent que les
nègres deftinés à la culture de leurs terres & aux travaux
domeffiques. Ils ne le marient jamais hors de
leur tribu ; leurs enfans mâles font deftinés, dès la
nsiffance , aux fonétions du facerdoce ; on leur enfei-
gne les cérémonies légales contenues dans un livre
peur lequel, après l’alçoran , ils marquent le plus
grand refpeét ; d’ailleurs leurs ufages font pour les
laïcs un myftère impénétrable. Cependant on croit
qu’ils fe permettent la polygamie, ainfi que tous les
Mahométans Au reffe ils font, dit-on , obfervateurs
exaéfe de l’alcoran ; ils s’abftiennent avec foin du vin
& de toute liqueur forte; Si par- la bonne foi qu’ils
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mettent dans le commerce qu’ils font les uns avec
les autres , ils cherchent à expier , les friponneries Si
les impoftures qu’ils exercent for le peuple ; ils font
très-charitables pour leurs confères , qu’ils punif-
fent eux - mêmes foivant leurs loix eccléfiaftiques ,
fans permettre aux juges, c iv ils d’exercer aucun pouvoir
for eux. Lorlqu’un marabou .paffe , le peuple fe
met a genoux autour de lui pour recevoir fe béné-
diéfion. Les nègres du Sénégal font dans la perfoa-
fion que celui qui a infoltè un de ces prêtres , ne peut
forvivre que-trois jours à un crime fi abominable«
Ils ont des écoles dans k{quelles on explique l’alcoran,
le rituel de l’ordre , fes règles. On fait voir aux jeunes
marabous comment les intérêts du corps des prêtres
font liés à la politique , quoiquils faflent un corps
féparé dans l’état ; mais ce qu’on leur inculque ave a
le plus de foin , c’eft un attachement fans bornes pour
le bien de la confraternité , une diferétion à toute
épreuve , &. une gravite impofante. Les marabous
avec toute leur famille , voyagent de province en
province en enfeignant les peuples ; le refpeéi que
l’on a pour eux eft fi grand , que pendant les guerres
les plus fanglantes , ils n’ont rien à craindre des
deux. partis. Quelques-uns vivent des aumônes Si
des libéralités du peuple ; d’autres font le commerce
de là poudre d’or Si des efclaves ; mais le commerce
le plus lucratif pour eux , eft celui de vendre des
gris-g: is , qui font des bandes de papiers remplis de
caraaères myftérieux, que le peuple regarde comme
d-:s préfervatifs contre tous les maux ; ils ont le
fecret d’échanger ces papiers contre l’or des negres ;
quelcu : s-uns d’entr’eux amaiTent des richeffes immenfes,
qu’ils enfouiffent en terre. Des voyageurs aflurent
que. ’es marabous. , craignant que les Européens ne
raflent tort à leur commerce , font le principal obftacle
qui a empêché 'jufqu’ici ces derniers de pénétrer dans
l’intérieur de l’Afrique & de la Nigririe. Ces' ptêrfes
les ont effrayés par des péri's qui ne font peut-être
qu’imaginaires ou exagérés. Il y a auftï des marabous
dans les royaumes- de Marod, d’Alger , de Tunis ,
&c. On a pour eux le plus grand refp e t , au point
de fe trouver très-honoré de leur commerce avec
les femmes.
MAR A C C I , ( Louis) ( Hiß. Litr.mod. ) de la
congrégation des clercs réguliers de la mère de Dieu ,
confefïeur du , pape Innocent XI ; né à Lucques en
1612 ; mort en 1700. On a de lui l’ouvrage foivant :
Alcornni textus univerfus arabicè 6* latine y avec des
notes explicatives & réfutatives. Maracci eut grande
part auffi à l’édition de la Bible Arabe , qui fe fit à
Rome en 16 7 1 , en 3 vol, in-fol.
MARAIS , ( Marin ) muficien célèbre , né en
à Paris, mort en 17.28, auteur de plufieurs opéra,
celui d'Ale q; e paffe pour fon chef-d’oeuvre.
MARAIS » ( Poyrç M a r e t s & R e g n i e r . )
MARALDI, ( Jacques-Ph lippe) ( Hiß. Litt.mod. )
neveu par fâ mère du grand Caffini, étoit né comme
lui à Périnaldo, dans le comté de Nice. Appelé
en France par fon oncle en 1687 > « m,t ^ °k"
■v - fervec
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îîrverle' ciel, Si perfonne de fon temps, n’en a I
-mieux connu tous les détails. Il entreprit un nouveau i
■ catalogue des étoiles fixes , qui l’occupa foute fe vie. 8
On ne pouvoir lui défîgner aucune étoile, qu’il ne
dît ‘for le champ la place qu’elle occupcit dans fa
conftellatron ; nul phénomène cékfte ne lui échappoit ;
la plus petite nouveauté1 dars le ciel frappoit aufiï-tôt
des yeux ft exercés à i’obfervation.
Il rravaillaföus M. Caffini en 1700, à la prclon -
•gation de la fàmeufe méridienne , jufqu’à l’extrémité
méridionale du royaume. Etant allé enfoite en Italie,
il fut employé par le pape Clément X I , à la grande .
affaire du calendrier ; Si M. B:anchini.,amidc M, Caf- i
fini, ne manqua pas -de copier' le neveu & l'élève I
■ de ce grand aftronome , dans la conftruéfion d’une I
méridienne qu’il traçcit pour l’éghfe des chartreux de j
Rome , à l’imitation de celle, de- Saint Pétrone de I
Bologne .,, tracée par celui qu’ ils rëconrioiffbient tous f
-.deux pour leur maître. ’ j
En 1718 , M. Maraldi , avec trois autres Académi- '
ciens , alla terminer la grande méridienne du côté du «
nord. A ces voyages près, dit M. de Fonfenelle, il d
n pafîé % vie rentèrmé dans le ciel. _ d
11 s’eft pourtant permis quelquefois , par forme, de .
délaffemeiit & de récréation, des obkrvations phy- |
fiques fur des infeôes, fur des pétrificaions curieufes, |
fur la culture dis plantes , &c. Son obfervation ter- 1
feftrë la plus importante , eft celle' des abeilles.
. Il mourut le. premier décembre 1729 ; il étoit né' I
ïe 21 août 16^65. Il fe diftingua for-tout par fe re- |
cbnnorffance envers le célèbre Dominique Caffini, j
fort oncle,. _ „ . ' g
MARAMBA, ( Hiß. mod. ßuperßition. ) fameufe
idc le ou fétiche adorée par les habitars du royaume
de Loapgo en Afrique , Si auquel ils font tous con-
fecrés dès l’âge de douze ans. Lorfque le temps dé
faire cette cérémonie eft venu , les candidats sadreflent
aux devins ou prêtres appelles gangas , qui les
enferment quelque temps dans un lieu obicur, où ils.
les- font jeûner très - rîgoureufement ; au fortir delà
il‘ leur eft défendu de parler à perfonne. pendant
quelques jours, fous quelque prétexte que ce foit -, à
ce‘ défaut, ils feroient indignes d’être préfentés aù-
dieu Mararnba. Après ,cè noviciat le prêa-e leur fait
furies épaules deux in ci fions en forme de croiflant,
& ie feng qui. coule de la blefîure eft offert au dieu.
On leur enjoint erifuite de s’abffenir de certaines
viandes, de faire quelque? pénitences, Si de porter
au col qiv lque relique de Mararnba. On porte toujours
cette idole devant le mani-hamma, ou gouverneur
de province, par-tout où il v a , Si il offre à ce dieu
les prémices de ce qu’on fort fur fa table. On le
confulte pour connaître l’avenir , les bons ou les.
mauvais luccès que l’on aura, & enfin pour découvrir
• ceux qui font auteurs des enchanteme. ts ou maléfices,
auxquels les peuples ont beaucoup de foi. Alors
faccufé embraffe l’idole , Si lui dit : je viens faire
T épreuve devant toi , ô Aîaramba 1 les nègres font
jperfoadés que fi un homme eft coupable , il tombera ,
Hißoite-, Totn# XI f
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mort fur le champ ; ceux à qui il n’arrive rien fon1
tenus pour innocens. ( A. R. j
MAR A N , ( dom Prudent ) ( Hiß. Litt. mod. )
favant bénédiébn de la cc ngrégation d;- Saint Maur,
a donné , une bonne édition de S. Cyprien , a eu
beaucoup de part à celles de S. Eafile 6c de S. Juftin,
& s’occupoit à en donner une de S. Grégoire de
Nazianze , lorfou’il mourut en 1762. On a de lui
quelques ouvrages théologiques & pieux, moins importa
ns.
MARANA , ( Jean-Paul) ( Hiß. Lut. mod. )
auteur de Ycjpicn Turc , ouvrage beaucoup lu autrefois
, & qui l’eft bien moins depuis que les lettres
perfennes nous ont offert un fi parfait modèle dan«
un genre à - peu - près femblable. Marana étoit un
Génois-qu’on avoit accufé d’avoir eu part à la conjuration
de Raphaël de-la T o r re , qui avoit voulu
livrçr Gênes au duc de Savcye. Il fut quatre ans
en pr'fon pour cette affaire, dont il écrivit enfoite.
riiiftoire qu’il fit imprimer à Lyon en 1682, &-qui
contient des particularités curieufes. Ce fut à Paris oit
if vécut quelques années, qu’il donna YEfpion Turc«
Il mourut en Italie en 1693.
MARANES, f m. ' ( Hiß. mod. ) nom que l’on
donua aux Maures en Efpagne. Quelques-uns croient
que ce nom vient du fyriaqne maran-atha , qui fignW
fie anathème, exécration. Mariana , Scaliger Si Du-
cange en rapportent l’origine à l’uforpation que Marvat
fit de la dignité de calife fur les Abafiides , ce qui
le rendit odieux lui Si fes partifens à tous ceux de la
race de Mohammed , qui-étoieat auparavant en
poffeffion de c-ette charge.
Les Efpagnols fe fervent encore aujourd’hui de ce
nom pour défigner ceux qui font defeendus de ces
anciens maures , & qu’ils foupçonnent retenir dans
le coeur la religion de leurs ancêtres: c’eft en ce pays-là"
un - terme odieux Si une injure auftï. atroce que
l’iionncur d’être defeendu des anciens chrétiens eft
glorieux. (A. R.j
■ MARATTES MAEIAR A T AS , ( HIß mod. )
c’eft le nom qu’on donne dans l’Indoftan à une nation
de brigands, fojets de quelques rajahs ou fou->
vera-ns idolâtres , qui defeendent du fameux rajah-
Sevagi, célébré par les incurfions Si les conquêtes,
qu’il fit vers la fin du fiecle pàffe. , qui ne purent
jamais être réprimées parles forces du grard mogok
Les focctffeurs de xe prince voleur fe font bien-
trouvés de foivre la meule prcfefiîon que lui, & le
métier de brigands eft le feul qui convienne aux
Marâtres leurs fujets. Ils habitent des montagnes inac-
ceffibles , fi tuées au midi de Surate, Si qui's’étendent
jufqu’à la rivière dë Gongola , au midi de Goa
efpace qui comprend environ 250 lieues ; c eft de
cette retraite qu’ils fortent pour aller infefter toutes
les parties de l’Indoftan , où ils exercent quelquefois
les cruautés les plus'inouïes, La foibleffe du gouvernement
du grarid-môgol a empêché jufqu’ici qu’on ne
mît un frein aux entreprises de ces brigands, qui
font idolâtres, Si qui parlent un langage particuUçgfr
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