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JUNIE, ( Hiß. Rom. ) nom de deux Dames Romaines
, célèbres par leur beauté & par les évènements
de leur vie ; favoir , Junia Salaria, &L Junïa
Calvina.
JUN1US , ( Hiß» Litt. ) c’eft le nom que prenoient
plufieurs favants modernes, dont; le nom véritable étoit
Du Jon ou Du ioqgli,
i®. Adrien , favaut hollandois. On a de lui des
commentaires for divers auteurs latins , des traduirions
d’ouvrages gre.cs ; ûx livres d’Animadverforum, que
Gruter a inierés dans fon T ré for critique ; le Nomen-
clator omnium rerurn. Colominès rapporte air fojet de
ce livre , ’que Jean Sambuc étant allé en Hollande
exprès pour voir Junius, on lui dit qu’il étoit à boire
avec des charretiers, ce qui ayant perfoadé à Sambuc
qu’un homme fi crapuleux. îfétoit pas digne de< fa
curiofité ,. il repartt for le champ l'ans vouloir le voir.
Junius l’ayant fou 3 crut devoir le juftifier ; il Contint
que le Norr.enciatcur de toutes .chofes , devoit voir
toute forte de gens, n’y en ayant point qui ne puiffent
lui apprendre les noms & les termes de leur art, de
four métier, de leur profeffion. Junius avoit beaucoup
voyagé , ce qui apprend, encore 3 ne dédaigner aucun
état.
Né à Horn en Hollande , en 15 1 1 , fa réputation
répandue for-tout dans le nord, l’avoit. fait choifir
peur précepteur du prince royal de Danemarck;
mais n’avant pu s’accommoder ou du climat ,. ou
de la nation, ou de la cour, il revint en Hollande
en 1564, St mourut en 1575 ,à Armuiden »près Mid-
delbçurg, de chagrin d’un malheur bien fenfible en
effet pour un homme de lettres , celui, d’avoir vu fa
bibliothèque pilîqe par les Efpagnols dans les guerres,
qu’entraîna le foulevement des Pays- Bas.
2°. François, né à Bourges en 1545 , mort en
.1602 , à. Leyde , ou il avoit été fait prefefleur de
théologie en 1597. On a de lui des commentaires
d’autres ouvrages for l’Ecritnre-Sainte. Nous ignorons
s’il étoit de la même famille que le précédent.,
30. François , fils de ce premier François étoit
très-verfé dans la connoiflance des langues feptentrio-
nales & des, langues, orientale^ Né à Heidelberg, il
pafla trente ans en Angleterre , chez le comte d’A'ron-
d.el ; il mourut à Windfor, chez le fam«.ix Ilaac Voffius
fon neveu > en 1678, étant alors âgé de quatre-vingt-
neuf ans.- Il a beaucoup écrit auffi for la Bible & for
- la concorde des quatre Evangiles. On a encore de lui
up Traite -,de Pieturâ Vetcrum, & un gloffaire en cinq
languesou il- recherche l’origine des langues du Nord.
Ce dernier ouvi'age n’a été publié que long - temps
• après fa mort , en 1745 , par un favant andois,
M- Edouard Lyç. - , -
JUNTES, (Les) {Hiß. Lut. modJ) célèbres imprimeurs
ci’Italie. Philippe commença en 1494, à imprimer
à Gênes ; il mourut vers1 l’an 151-9. Bernard, fon
frère ou ton coiifm , n’eut pas moins de célébrité. Les
éditions grecques de Philippe Junte font fort eftimées.
J.UREUR , f. m. jurator, ( Hiß. mod.) .on nom-
mo\< qin.fi,. qelui qui parmi les Francs, fe purgeoit par
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forment d’une accufation ou d’une demande faite contre
lui.
Il faut favoir que la loi des Francs ripuaires, différente
de la. loi falique, le contentoit pour la décifiôn
des affaires, des feules preuves négatives. Ain f i , celui
contre qui on formait une demanda ou une accula-
tion ÿ pouvoit dans la plupart.des cas , fe juftifier en
jurant avec un certain nombre de témoins qu’il rfavcÿt
point foit ce'qu’on- lui imputoit ; & par ce moyen il
étoit abfous de l’acculàtion..
Le nombre des témoins qui dévoient jurer, aug-
mentoit félon l’importance de. la chofë ; il alloit quelquefois
à foixante-douze , & on les appelloii jtireurs,
juratorcsu
La loi des Allemands porta que jufqua la demande
de fixfols, on s’en, purgera par fon ferment, & celai
de deux jureurs réunis. La loi des Frifons exigeoit fept
jureurs pour établir fon innocence dans le cas d’accu-
fation .d’homicide. On voit par notre ancienne hiftoire
que l’on requéroit dans quelques eceafions , outre le
forment de la perfonne , celui de dix ou de douze
jureurs , pour pouvoir obtenir fa décharge ; ce qu'^n
exprimoit par ces. mets, cum fe xu î, Jeptïmd, oéiavd ,
decimâ %&Lc-manu jurare.
Mais perfonne n’a fu tirer rm parti pkis heureux
de la loi des jureurs que Frédégonde. Après la mort
de Chilpéiic , les grands du royaume & le refte de
la nation, ne vouloient point reconnoître Clotaire
âgé de 4 mois, pour légitime héritier de la couronne %
la conduite peu régulière de la mère faifoit douter
que fon fils fut du fong de Clovis. Je crains bien
difcit Gontran fon propre oncle, que mon neveu ne
foit le-fils de quelque feigneur de la cour ; cétoit même
bien honnête à lui de ne pas craindre quelque choie
de pis : cependant trois cents perfonnes confidérabjes
de la nation ayant été promptement gagnées par la
reine , vinrent- jurer avec elle » que Clotaire était
véritablement fi’s de Çhilpéric. A fouie- de ce forment
, & à la vue d’un fi grand nombre de jureurs ,
les craintes & les ferupules s’évanouirent ; Clotaire fut
reconnu de tout le monde , & de plus fut furnemmé
dans là fuite Qotaire le Grand, titre qu’il ne méritott
à aucun égard. ( D. J. )
JÜRIEU , (Pierre) {Hifl. du Cdvinifme.) 0 %
peut dire de ce fougueux miniftre , la main de
Jurieu contre tous & la main de tous contre lui. 11
écrivit contre les Catholiques & contre .les Kéreticues
contre les amis & contre les ennemis ,_ contre
le P. Maimbourg contre Bayle, contre Eafnage de
Beauyal, contre Saurin , contre Jacqueîbt', contre
Arnauîd, contre ' Nicole , contre Bofiuet , & tous-
ces auteurs, écrivirent contre lui ; mais prelque tous*
lui firent trop d’honneur , for-tout Bcffiiet, qui daigna
réfuter prelque férieufement toutes les induâicns prophétiques
que Juneu tiroit de l’Àpccalypfe &' de
Daniel, pour prouver dans le temps de la révocation
de l’édit de Nantes, que la peifécution contre le cal-
vinifme finiroit en l’an 1710 ou 1715 , plus ou moins;
car j difoit le prophète ^ Dieu dans fès prophéties, nry?
tegdFé;
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regards pas ds f i pris ; .& apoes t o u t fm m nsyodtut
pas marquer le jour précis de la mort dè Louis XIV
ou de M- de Louvois.
La fureur de Jurieu contreBayle , avec qui l’intérêt '
d’une même' caufe fembloit devoir l’unir, vient,.à ce
qu’on croit, de ce qu’au ingement de tous leurs frères,
Bayle avoit mieux défendu '-cette caufe contre le P.
-Maimbourg ; que 11e l’avoit fait Jurieu ; d’autres attribuent
cette haine à une autre jaloufie ; -ils difent que
Madame Jurieu & Bayle, qui pour un favant étoit
«fiez aimable -, avoient du goût l’un pour l’autre^ &
qu a force de répéter que Jurieu, qui voyoit tant de
chofes dans l’Apocalypfe, ne voyoit pas ce qui fe
pafloit chez lui, on parvint, à lui ouvrir les yeux for
ce commerce.
Jurieu étoit françois, il étoit né dans le diocèfe de
Blois ; il étoit fils d’un miniftre , auquel il foccéda
■ dans le miniftère. Il étoit neveu de Rivet & -de .du .
Moulin. Il avoit d’abord enfeigné la théologie & l’hébreu
à Sedan. Ce Fut là , dit-on, que Madame Jurieu
•connut Bayle & l’aima. Dans la fuite , Jurieu s’étant
retiré à Rotterdam, ce fut, dit-on, le motif qui en-
-gagea Bayle -à choifir le même afyle. Quoi qu’il en
•Soit, Jurieu, aprèsétretombé en enfonce, long-temps
avant l’à^e où ce malheur arrive lè plus communément
, mourut en 17 13 , à Rotterdam. Il étoit né en
1637.
TURIN, Jacques {Hifl. Lut. mod. ) fecrétaire de la
Société Royale de Londres, & président des médecins
de cette ville. Ses écrits ont beaucoup contribué
à répandre la méthode de l’inoculation. 11 a rendu les
obfervations météorologiques plus communes "êc plus
exaéles ; il a utilement concouru aux progrès &. de
la médecine & des mathématiques. Il étoit-zélé Newtonien.
Mort en 1750...
JURTES ou JURTI, ( Hifl. mod. ) c’eft ainfi que
les Ruffes’ nomment les habitations des nations tar-
tares qui font en Sibérie. Chaque famille occupe une !
cabane formée par des échâlas fichés en terre , &
recouverts d’écorce de bouleau ou de peaux d’animaux,
pour fe garantir des injures de l’air. _On la;lfe
au milieu du toît, qui a la forme d’un cône , une ouverture
pour, la lbrtie de la fumée. Quand un tartare
ne trouve plus cjue l’endroit o"ù il avoit placé fa jurte .
lui convienne , il l’abandonne , & va avec fa famille
conftruire une autre jurte dans un iieu.plus commode.
Voye\ Gmelin, voyage.de 'Sibérie. { A . R.)
JUSSIEU, (.Hifl. I.itt. mcd.) nom à jamais illuftre
dans la botanique. Antoine & Bernard fières , tous
.deux de l’Académie des Sciences, tous deux grands
. botaniftes , tous deux nés à Lyon , Antoine en 1686 ;
Bernard en 1699 ; tous deux attachés au Jardin du
R oi, ont porté au plus haut degré la fcience qu’ils
profeffoient, &ont beaucoup voyagé dans cette vue.*
, On a d’Antoine un Difoours imprimé for les progrès
de la botanique j &une multitude de Mémoires très-
curieux ; tant for la botanique que for d’autres objets,
dans le Recueil de l’Académie des Sciences. Il mourut
le 22 Avril 1758.
Hijloire. Tome L1I.
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Bernard le f o fp a ï ïa encore par les connoiflances
botaniques. Ceft à lui qu’on doit l’édition de TIEftoire
des Plantes qui naiffent aux environs de Paris , par
M. de Tournefort.On lui doit auffi le Cèdre du Liban ,
qui manquoit. au Jardin du Roi. Il eut le plaifir de
voir lès deux pieds de cet arbre , qu’il avoit apportes
d’Angleterre dans fon chapeau , croître par fes foins,
porter leurs cîmes au-deffus des plus grands arbres.
Le célèbre Lfnné, quand il igneroit quelque chofe en
•botanique , difoit : il ny a que Dieu ou f/l-. de Jujfieu ,
qüi le fâche, aut D eus , aut dorninus de Jujfieu. M. de
JuJJieu fut appellé par Louis XV , à Trianon , pour
préfider à l'arrangement d’un Jardin des Plantes. Il eut
de fréquents entretiens avec le monarque , qui goûteit
également fon favoir, fa fimplicité, fo candeur ; mais
il ne retira de ce commerce, dit M. le marquis de
Condorcet, ce que le plaifir toujours piquant, même
» pour un philofophe, d’avoir vu de près un homme
» de qui dépend le fort de vingt millions d’hommes.
>fll ne. demanda rien , Le on ne lui donna rien, pas
» meme le rembourfement des dépenfes que fes fré-
31 quents voyages lui avoient caufés. Ce trait rappelle
un petit foit du même genre, dont les aéteurs ne peuvent
pas encore être nommés. Un homme du caraélere
de M. de Jujfieu., rempliffoit en province , un emploi,
auquel il étoit très - fopérieur ; un magiffrat qui voya-
geoit.pour s’inftruire, parce-qu’il étoit déjà tres-inftruit,
devoit paffer & féjôurner dans le Heu qu’habitoit cet
homme; un homme d’état, & par fo place grand difo
penfàteur d’em p lo isd it au voyageur : vous verrez
un tel homme ; je vous prie de le diftinguer & de
l’honorer ; c’eft un homme d’un talent rare & d’un
-défintéreflement égal .à fon talent. 11 mérité ce que les
autres demandent, & il ne m‘a jamais rien demandé.
Le voyageur, qui aknoit à plaire, fe fit un plaifir de
rendre ce propos obligeant à celui qui en étoit l’objet.
— Il vous a dit, Monfieur , que je n’avois jamais
rien demandé ? — Oui, Monfieur , en propres tenues.
— - Et voits a-t-il dit ce que f avois obtenu ? Le voyageur
rendit auffi cette r.éponfe à l’homme d’état, lequel -
rougit en homme jufte , qui fo font convaincu d’un
tort auquel il n’avoit pas même penfé. M. de JuJJieu
mourut en 1777. Ceft à lui qu’ on doit la découverte
de l’efficacité de l’eau de Luce ou Lufle, contre la mor-
fore des vipères. Voici l’hiftoire de cette découverte ,
telle qu’on la trouve dans le Mercure de feptembre
■ 1747, pages 8 & 9. ‘ .
« Un homme qui foivok à une herborifation du 2 6
» juillet 1747 , M. de Jujfieu, ayant voulu prendre
n une vipère, en fut mordu à la main droite d’abord,
n e iifo k e à la gauche, & de nouveau encore à la
» main droite , parce qu’il repaftoit a lte rn a t iv em e n t
» l ’animal d’une de fos mains d an s l’ a u t re .; il n’avoit
» d’abord pris cette vipère que pour une couleuvre;
» mais il fut bientôt défabufé par M. de JuJJieu, qui
» avant heureufoment for lui de l’alkali volatil liquide ,
» (c’étoit de l’eau de Lufle) imagina d’en foire prendre
» au malade dix gouttes ; fes bras , maigre cela, en-
» fièrent jufqu’auprès de l’épaule ; on lui avoit nus des
» ’ligatures, qu’il fallut lui ôter , parce qu’il en, étoit