
& fur Frédéric, neveux de Henri V. Lotaire IL. ifi.it
couronné à Aix-la-Chapelle, en prélence des légats
cTHonorius I I , qui lui prêta le fecours de lès anathèmes
peur écarter lès concurrens. Conrad bravant les excommunications
du pontife, palTa à Milan, ou il le fit la-»
crer & couronner roi de Lombardie. La mort d’Hono-
rius arrivée dans ces conjonctures, fut une cir confiance
malheureulè pour Lotaire. Rome fut partagée en deux
fefiions ; le peuple nomma Innocent I I , pour fuccéder
au pape défont ; & les cardinaux qui prétendoient avoir
le droit exclufif de nommer au louverain pontificat,
■ élurent Anaclet II. Celui-ci plus riche que fon concurrent
, le force de fortir de Rome, & de fe réfugier en
France, afyle ordinaire des papes opprimés. Conrad
appuya Anaclet de toutes les forces de fon royaume,
& trouva en lui un puilïànt foutien. C’étoit donc un
■ devoir de la politique de Lotaire de fe déclarer pour
innocent II. Ce pape s’étant rendu à Liège, Lotaire
alla l’y vifiter , & eut pour lui les plus grands égards.
On lui fait même un reproche d’avoir compromis la
Wiajefté du louverain devant ce pontife. Il efl vrai que
{ans perdre la réputation d’un prince pieux qu’il ambi-
tionnoit, il eût pu modérer au moins en public fon
xelped pour Innocent II. Il lui rendit tous les devoirs
•de domefticité : dans les cavalcades de ce pape, il lui
fërvoit tantôt de coureur, tantôt de palfrenier & de
valet-de-p’ed. Il tendit' la bride de ion cheval, écartoit
la foule, quelquefois il courait devant, &. revendit à
Fétrier Pépin en àvoit fait à-peu près autant, mais dans
des cirednflances bien différentes. Cependant Lotaire '
paffe en Italie pour chaffer Anaclet & Conrad. Les \
préparâtes de cette expédition furent confidérables.
Ci étoit un ulàge d’annoncer le voyage en Italie, plus
dun an avant de-^entreprendre. Tous les Vafîaux de
la couronne fe rendoient dans la plaine de Roncailleoù
fe faifoit la revue générale. Les vafîaux qui refofbient
de s’y trouver * étoient privés de leurs fiefs , ainfr que
les amère-vaffaux qui refolcient d’accompagner leurs
fèigneurs. Conrad n’àyant point d’armée capable d’ar-
-ïeter les progrès du monarque, abandonna l’Italie, &
repaffa en Allemagne. où iî effaya, mais inutilement,
de ramener fon parti. Lotaire I l y après la retraite,
«u la fuite de fon concurrent, fè rend -maître de Rome,,
inftalle fe- pape, & fe fait couronner empereur. Pour
prix de fès fi upleffes & de fes ferviees, i f obtint pour
lui & pour Henri, duc de Bavière, fon gendre, l’ufo-
ffuit des biens de Mathilde, cette ccmteiîè fifameufe
par fes intrigues , par fon zèle pour les papes, & fa haine
Contre la domination. Allemande. Le pontife exigeoit
«ne redevance annuelle au faint. fiége ; mais c’étoit
moins un bienfait de fa part, qufone aliénation de celle
de Lotaire. En effet les papes n’avoient qu’un droit
fort é invoque for ces biens, dont la fôuveraineté appar-
tenoit rncont-: ftabk- ment aux empereurs. C’était, dit
Voltaire, une femerce de guerre pour leurs fuccefîeurs..
Le pape , jaloux de perpétuer la mémoire de fon ayè-
Beraent au fouveram pontifieat, fit faire un tableau peu
tnodefte, dans lequel il éioit repréfenté avec tous les
attr butsde la fouverafoeté ; & Lotaire étoit à fes pieds r
Kife étoit h légende de ce tableau ; « Le roi vient, à
» Rome, & jure devant les portes de lui confèrvêt
n tous .fes droits. Il fe déclare vaffal du pape qui lu*
» donne la couronne. » On ne fait fi Lotaire eut con-
noiffanee de ce tableau ; mais il efl bien certain que
fes fucceffeurs ne fe contentèrent point du-titre de valfaï
des papes. II efl cependant à croire que cette inferip-
tion injuripufe ne parut qu’après un fécond voyage que
Lotaire entreprit en Italie pour achever de détruire Anaclet
II, que Roger , roi de Sicile , srobftinoit à faire re-
connoître pour vrai pape. Roger, viélime de fon attachement
pour fon allié , fut chafle jufqu’au fond de la.
Calabre, de privé, de la Pouille que l’empereur conféra
au duc Rcnauld ; quoique les fuccès appartinrent a
Lotaire 11 entièrement, le pape lui contefta îe droit
d’en inveflir Renauld, &. partagea l’honneur de la cérémonie
, en portant la main fur l’étendard de la province
, à linflant qu’on le donnoit à ce duc. Il ne paraît
pas que la religion lût intérefl’ée à ce que fes chefs jouiffent
de cet honneur. Lotaire , peu après ce voyage , mourut
à Bretten , petit village de Bavière-
Entre les diètes qui fe tinrent fous fon règne, la première
efl 'h plus mémorable. Les états afïemblés à Ratis*
bonne, lui tracèrent plufieurs loix qui L-mitoient foa
pouvoir. Il fut décidé que les biens des proferits. appartiendraient
aux états, & non à l’empereur, que les-,
princes coupables de féloniene pourraient être jugés,
que dans les alfemblées générales • c’étoit une loi ancienne,
mais les Henri y avoient porté atteinte. On lui
défendit d’adopter aucune province de préférence pour
y fixer là cour 3 & on lui fit un, devoir dé parcourir
focceflivement toutes les villes de l’empire. li ne fut plus
permis aux empereurs de faire conftruire des citadelles ,,
pas même de fortifier les anciennes. Les états fe réfer-
vèrent encore fe droit d’établir de nouveaux imp iis y
celui de délibérer for îa paix , for la guerre : enfin les
grands &les évêques ne voulurent voir dans l’empereur
qu’un chef & nullement un maître. Son règne rut re*»
marquable par la découverte du Digefte qu’il trouva
au fiège de Melphi. Après avoir fait tirer dès copiés
de ce précieux ouvrage , il envoya l’original aux
Pifans qui lui fournirent un fecours de quarante galères^
fans lequel il n’auroit pu fë rendre maître de cette ville-
rebelle. Pife partageoit alors la gloire du ' commerce
avec Gênes & Venifè. Ces trois villes rivales voitü-
roient dans leurs ports Tes riche fies de l’Afie^ôt c’étoient
les feules, avec Rome dans l’Occident, que le gouvernement
féodal n’avoit pas défigurées- Lotaire confirma
les hérédités dés .fiefs & arrière-fiefs, & fournit les officiers
des villes aux fèigneurs féodaux. C’étoit le moyen-,
de tenir l’Allemagne dans la ferv-itude & la misère. On-
place fous le règne de ce prince l’extinéfion des rois
Venetes ou Vandales , anciens fouverains du Meker-
bourget, d’une partie de la Poméranie. Ces rois avoient
été fournis à un tribut par plufieurs empéreurs, Sc s’en,
étoient affranchis pendant les troubles exe tés par l’àm-
bition des grands vafîaux & des papes. Lotaire donna
. l’inveftiture de ces provinces à.Canut, roi des Danois ,
poutles-tenir en fief de l’empire. C’eft depuis cette éporue
c;ue les fucceffeurs de Canut portent le titre de roi des
Vandales, quoique leur domination for ces provincis
Sfè fubfifle plus. Il eft incertain fi ce fut fous le règ e de
Lotaire //, ou fous celui de Henri V , fon prédécefleur,
que les fèigneurs prirent le titre de coimper antes, fe
regardant comme vafîaux de l’empire, &. non de l’empereur.
Lotaire IL eut de fon mariage avec Rebecca ou Riche
nfà , un fils qui,mourut jeune , & deux filles Gertrude
& Hedvige ; la première épouià Henri le Superbe,
l’autre Louis le Barbu, langrave de Thuringe & de
Heffe. (Af—r .)
LOTICHIUS, Hifl. Lia. mod. ) c’eft le nom de
plufieurs allemands de la même famille , diverfement
célèbres dans les. lettres.
i°. Pierre , né en 1501 , mort en 15 76 , abbé
cfun monaftère appelle Solitaire, en allemand Solda -
chtern ; il traduifit le luthéranifme dans fon abbaye.
II eft auteur. de quelques ouvrages peu connus.
2°. Pierre fon neveu, l’eft davantage ; il paffe
pour un des plus,grands poètes que l’Allemagne ait
produits. Ses poëfies font latines. Jean Hagius , médecin,
en les publiant, a donné la vie de leur auteur ,
qui étoit aulfi médecin. Il, étoit né en 1528 , dans
l’abbaye de fon oncle. Il mourut en 1560 ^ avant
cet oncle.
30. Chriftian , frère puîné du précédent, eft auteur
auflï de vers latins eftimés, autant que peuvent l’être
des vers latins modernes. Mort en 15 68.
4°. Jean-Pierre, petit-fils de Chriftian , étoit médecin
& poète. On a de lui des livres de médecine,
un commentaire fur Pétrone , des opulculés en vers
êc en profè. Il fut encore hiftorien. On a de lui une
hiftoire des empereurs Ferdinand II & III.
LOU PÈRE, (Simon de la ) ( Hijlz Litt. mod.)
de l’Académie Françoife & de l’Academie des Billes-
Lettres. Né à Touloufe en 1642 , d’un des principaux
officiers du préfidial de cette ville , & d’une
mère nommée Bertrand où Bertrandi, qui étoit de
la famille du cardinal Bertrand ou Bertrandi, garde
des fceaux , fous Henri II , cultiva les lettres, mais
s’attacha plus particulièrement à la politique ; il fut
d’abord fecrétaire d’ambafîade en Suiffe ; il alla en-
foite à Siamen 1687 , avec le titre d’envoyé extraordinaire.
On a fe relation ; elle eft eftîmée. Chargé
enfoite d’une commifîion- fecrètê. & apparemment
délicate, en Efpagne & en Portugal , il fut arrêté à
Màdr d; il fallut pour le ravoir , ufer de repréfailles
en France , for les Espagnols qui s’y trouvosent.il tut
reçu à l’Académie Frauçoife en 1693 , & préféré
peut-être par le crédit de meilleurs de Pontehartrain ,
fes protecteurs & fes amis , à La Fontaine , qui s’en
.vengea par ces vers connus ;
Il en fera, quoi'qu’on en die ;
C’èft- un impôt que Pom-Ciiartrair>.
Veut mettre for l’Académie,
En 1694 , iî fut un des-huit feuls académiciens , dont
l'Académie' des Baltes-Lettres étoit alors compofée,
& qui étoient tous de l’Académie Frauçoife. Peu de
temps après il fe retira dans fa patrie, s’y maria, y
établit l’Académie des Jeux Floraux, alors dégénérés,
& y mourut en 1729. Il difoit qu’il n’avoit jamais
fait de faux ferments, pas même en amour. On a de
lui des poëfies répandues dans divers recueils ; il cu’ti*
voit aufîi les mathématiques , & il eft auteur d’un
Traité de U réfolution des Equations ou de Cextraction
de leurs racines.
LOUET , ( Georges ) ( Hifl. Litt. mod. ) confeiller
au parlement de Paris, & agent général du clergé,
n mméà l’évêché de Tréguier , mais mort en 1608 ,
fans ert avoir pris pofleflion, eft auteur d’un recueil
d’arrêts, auquel on joint les commentaires de Brodeau.
( Voye^ Brodeau. )
L O U IN IG U IN , f m. terme de relation, nom
donné par les Sauvages d’Amérique, au trajet de
terre qui fait la diftai.ee du paffage d’une rivière à
une autre , pendant lequel trajet on eft obligé de porter
fon canot for la tête ou fur les épaules. Il fe trouve
aufîi des endroits dans les rivières, où la navigation
eft' empêchée par des fauts , par des chûtes d’eau entre
des rochers, qui retréciffent le paffage , & rendent
le courant fi rapide, que l’on eft forcé de porter îe
canot jufqu’à l’endroit ou le cours de la rivière permet
qu’on en fafie ufage ; quelquefois le portage du
canot eft de quelques lieues , & fe répète afiez fou-
vent ; mais ce portage ne fatigue ni nariêce les Sauvages
, à caufe de la légèreté de leurs canots. Nous-
indiquerons ailleurs leur fabrique & leur forme (A. R.)
LOUIS , Ç Hifl. de Pologne. ) roi de Pologne & de
Hongrie. 11 etoit déjà for le trône de Hongrie lorf-
qu après la mort de Cafimir III, il fut appelle à celui
de Pologne l’an 1370. La Pologne étoit en proie aux
brigandages des Lithuaniens j il ne lui maaquoit plus
pour comble de malheurs, que d’être gouvernée par
Louis. Ce fantôme de roi difparut tout-à-coup,. emportant
avec lui toutes les marques de la royauté ,
le fedptre, la couronne, le globe dor & l’épée. Il
laifloit dans fes nouveaux états Elifabeth fa mère ,
afiez fage pour les gouverner, mais trop foible pour
les détendre. Les défaftres de la Pologne ne firent
que s’accroître jufqu’à la mort de Louis , arrivée l’an
1382. Il avoit défigné pour fon luccefieur Sigife-
mond, marquis de Brandebourgfon gendre. M. D£
Sa cy.)
L ouis IV ,- furnommé Y Enfant , ( Hifl. d Allé*
magne. ) roi de Germanie & de Lorraine r ce prince ^
le dernier de la race de Charlemagne qui occupa
letr. ne de Germanie , naquit l’an 893 ,-de l’empereur
Arnoul , & de l’impératrice Oda. Son exemple prouve
la vérké de la remarque que nous avons faite à l’article
de fon père, eue l’enfonce des princes François
n’étoit point un obftacle à leur élévation & quels
refus de couronner Oiarlgs-le-Simp-e,. par rapport
à fon extrême jeunefie , n’étoit. qu’un prétexte peue
colorer l’uforpation d’Eudes.. En effet, Louis IV «f>j
voit que fèpt ans ,. torique les Germains, dans use
afierablée libre, tenue à Fôrcform , kn donnèrent
.la couronne. On dit dans une affemblée libre ,