
r epréfeatc- comme un impofteur qui trcmpoit les
peuples pour leur plaire, vivoit dans le temps de
l'irruption des Saxons en Angleterre, & annonçoit peut-
être aux Bretons opprimés par ces Saxons, la fin de
leurs m sères pour les engager à fe défendre. Selon
d’autres auteurs, quelques conno; (Tances des mathématiques
, connoiffances trop étrangères à fon fiécle ,
lui valurent cette réputation de prophète que lui donnèrent
les poètes, & celle de forcièr que lui donnèrent
les moines. Les uns & les autres a {Turent allez communément
qu’il étoit né .d’un incube. Il avoit transporté
d’Irlande en Angleterre, les grands rochers qui s’élèvent
en pyramide , près de Salisbury. Rien de fi connu
dans les vieilles fables britanniques que les enchan-
temens de Merlin.
Merlin ( Jacques) ( Hifl. du Luthéran.) do&eur
de la maifon de Navarre, chanoine de Notre-Dame,
grand pénitencier , & vicaire général de l’évêque de
Pâtis, & dans la fuite archi-prêtre & curé de la Madeleine
; on lui doit la première collection des Conciles
& quelques auties ouvrages. Noël Beda ( voir fon
article ) vouloit qu’on le brûlât pour avoir effaye de
juftiner Otigéne. Merlin oublia dans la fuite qu’il avoit
penfé être la viâime du faux zèle, il devint perfécuteur
à fon tour ; il fe plaignoit fi amèrement & fi publiquement
de ce qu’on ufcit. d’indulgence envers les hérétiques,
qu’il fallut ufer de rigueur envers lui. On l’enferma
au Louvre le 11 avril 1 5 27. Il n’en fortit qu’au bout 4e
deux ans révolus.,Je 12 avril 1529, & alors il fut exilé
à Nantes; mais le roi le rendit l’année fuivante, aux
voeux du chapitre de Nptre-Dame , qui fqlliçitoit
fon rappel ; car les perfçcuteurs trouvent toujours de
l’appui , & en ■ trouvoient fur-tout alors. Jacques
Merlin mourut en 1541.
’ MERLIN CÔCCAYE. ( Voye^ Cocaye ou
Folengo.
MERÔUÉE, IIIe roi de France , ( Hifl. de Franr-
ce. ) fuçceffeur de Clodion. L’origine de çe. prince eft
incertaine :on fait feulement, qu’il étok fils de la femme
de Clodion : on lui donnoitpour père une divinité de la
mer : cette fable qui prouve la grofiièreté des peuples
qui l’adoptèrent, rendroit fufpeéle la vertu de la femme
de Clodion, fi Ton ne favpit quelle etoit la faintete des
mariages parmi lès Francs, dans les tems voifins de leur
origine: cette princeffe put recourir à ce ftratagême pour
enchaîner là vengeance du roi qui devoit refpeéler dans
cette adultéré la maîtreffe d’un dieu. Peut-être aufli que
la reine ayoit eu Mérouée d’un autre lit : & ce conte put
être imaginé pour lui faire obtenir la préférence fur
fes frères, qui dans cette foppofition avoient plus de
droit à la couronne ( nous parlons ici par figure, car la
couronne nfetoit point encore le fymboje de la
royauté parmi les Francs ) auprès d’un peuple qui nad-r
mettoit pour le gouverner que les princes du farig le
plus illuftre. Toujours eft-il certain que Mérouée eUt à
foutenir une guerre longue & fanglante contre un fils de
Clodion que r’hiftoire ne nomme pas, & qu'il ne parvint
à l’exclure delà royauté qu'enfeifant alliance avec
les Romains ; on a prétendu qpe Çhilderiç, fon fils .
étoit allé à Rome cimenter les noeuds de cette alliance ;
qui prouve que les Francs dès-lors oftroient.une puif
lance refpeélablë. Cette conjcéhire eft fondée furie rapport
de Prifcus qui dit avoir vu dans cette ancienne capitale
du monde un prince Franc dont les traits conviennent
affez au fils de Mérouée. Cette guerre civile excitée
par la rivalité de ces princes, accéléra la chute dei ’empire
d’Occident & de celui d’Orient ;.car celui-ci ne fut
plus qu’un fantôme dès que l’autre fut détruit. Le fils de
Clodion qui voyoit fon ennemi foutenu par une puif-
fance aufli formidable que les Romains, lè mit fous la
protection des Huns , les lèuls peuples en état de les
vaincre ; & telle fut la caufe ou Toccafion de la fameule
invafion d’Attila dans les Gaules. Mérouée voulut en
vain défendre Cologne contre un aufli terrible ennemi,
il en fut chaflé: cette ville fut brûlée, & Çhilderiç fon
fils tomba au pouvoir du vainqueur. Des écrivains ont
prétendu qu’il fut dépouillé du paysque les Francs oc-
cupoient au, delà du Rhin ,#& que fon rival en refia
paifible'pofTefleur. Cette opinion eft en quelque forte
juftifiée; les rois de Thuringe dont parlent les éçrivains
de la première racé, pourvoient bien defeendre de ce
prince. Au refte Mérouée fut bien dédommagé dé cette
perte après la défaite des Huns, à laquelle il eut f>eau’'
coup de part ; les Francs , à l’époque de'fa mort,
étoient en poffeflion de Soiffons, de Çhalons , du Ver-
mandois, d’Arras, de. Cambrai, de Tournai, de
Seniis, de Beauvais, d’Amiens, 4e Terouane1 & de
Boulogne. Mérçuée mourut en 457, après un règne d’environ
dix ans, laiffant fes états à Childeric fon fils.
L’hifioire ne nous a pas confervé le nom de fa femme ,
elle eft également muette for celui, de fes enfans,
( M-y . )
MÉROVINGIEN, fubft. & ad), mafe .(Hifl. de
France ) nom que Thiftoire donne aux princés de la
première race des rois de France , parçe qu’ils defeen-
doient de Mérovée. Gette race a régné environ 333
ans , depuis Pharamond jufqu’à Charles Martel, & a
donné 36 fouverains à ce royauftie.
M. Gibert ( Mem, de Vacad. des Belles-Lettres ) tire
le mot de Mérovingien, dé Marobcduus, roi des Germains
, d’où les Francs ont tiré leyuaorigine, & ont formé
le nom- de Mérovée par l’analogie de la langue germanique
rendue en latin. M. Freret, au contraire, après
avojr effayé d’établir que je nom de Mérovingien ne fut
connu qué fous les çommencemens de la deuxieme race
( çe que nie M. Gibert), dans un tems où il étoit devenu
néceiïaire de diftinguer la famille régnante de celle à qui
elle fuçcédoit, rend à Mérovée, l’ayeul de Clovis,
l’honneur d’avoir donné fon nom à la première race de
nos rois ; & fa raîfon, pour n’avoir commencé cette race
qu’à Méioyée, eft que, fuivant Grégoire de Tours,
quelques - uns doutoient que Mérpvée fut fils 4e Clodion,
&le croyoient feulement fon parent, de flkp.e ejus, au
lieu que depuis Mérovée la filiation de cette race n’eft
plus interrompue. C ’eft unprocès entre ces deux làvans,
& je crois que Mr. Freret le gagneroit. ( D. /. )
MERRE , ( le ) ( Hifl. Litt, mod. ) père & fils,
tous deux nommés Pierre , tqu$ deqx avocats au
Parîefcteftt de Paris & profeffeurs en droit canon au
Collège Royal. On leur.doit lè grand recueil des aâes.,
titres & mémoires , concernant les affaires du clergé
de Frante. On a de plus, du premier , un Sommaire
touchant la jurifdiéiion, & un mémoire intitulé : Juflifi-
xation des ufages de France, furie mariage des enfans
de famille, faits fans le confentement de leurs parens.
Le premier mourut en 1728 ; le. fécond en 1763.
MERSENNE , ( Marin ) ( •■ ■ Hifl. Litt. mod. )
minime , compagnon d’études , correfpondant a&if
& ami fidèle de Defcartes. Il fut lui-même grand
Mathématicien & inventeur en géométrie. On a de
lui un traité de l'harmonie univerfelle , contenant la ■
théorie & la pratique de la mufique un traité des
Sons , de fonorum naturâ , caufis & ejfettibus ; Cogitata
Phyficp Mathematicd ; la vérité des fciences ; les
Queftions inouïes. Le goût du père Merfenne pour les
mathématiques ne lui faifoit pas oublier ce qu’il devoit
à fon état. Il a peut-être même un peu trop payé
le tribut à cet état, lorsque dans fes Quaflicnes cehbres
in Genefm, en parlant de Vanini, il a donné naïvement
la lifte des athées de fon temps ; cette lifte a été
•fopprimée,,& par conféquent elle'eft très-recherchée,
mais il eft difficilede trouver des exemplaires où elle
foit. Tout n’appartient pas au père Merfnne dans fes
écrits. On lui trouvoit le talent d’emplo) er ingénieu-
fement les penfées - d’autrui ; & la Mothe-le-Vayer
J’appelloit le bon larron. Le père Hilarion deCofte,
fon confrère & fon difcipîe , a écrit fa vie.
M E R V E I L L E , ( Hifl. mod. ) L’affaflïnat de
TEcuyer Merveille fut la caufe de la fécondé guerre
entre Charles-Quint & François Ier. C’étoit un gentilhomme
miîanois, qui ayant fait fortune en France ,
par les bienfaits de Louis XII & dé François Ier. , eut
la vanité allez naturelle d’étaler cette fortune aux
yeux de fes* parents & de fes concitoyens. Il fit un
voyage à Milan; le duc (François Force), avoit
pour chancelier , Taverne , neveu de Merveille.
L’oncle fut'accueilli dans cette cour, & plut au due.
Quelques .temps après fon retour en France, Taverne
y vint, & fit entendre à François Ier. que le duc de
Milan feroit flaté d’avoir à fa-cour un ambaffadeur
François; que cette anibaffade pourroit n’être pas
infruétueufe au roi ; qu’elle .donneroit ’ les moyens de
traiter d’affaires également avantageufes & à la France
& au duc de Milan ; mais comme le duc ,. placé
entré l’empereur & le roi de France, étoit obligé de
•les ménager l’un & l’autre , Taverne ajouta qu’il
^fallait dérober avec foin à Tempereur, la connoiffance
.de ces: liaifons ; qu’il ne falloit point que celui qui
feroit envoyé , prît publiquement le càraâère dam-
baffadeur , content d’êlre connu du duc fous ce titre ;
•que pour difliper les foupçons qui pourroient naître
dans l’efprit dé Tempereur , lè roi , par des-lettres
expreffes , recommànderoit ■ au duc cet ambaffadëur,
‘comme un homme que des affaires particulières-avoient
' conduit-à Milan. Taverne défigna Merveille fon onde,
comme un homme qüi feroit agréable au duc : lè roi
approuva tous. ce$ arrangements ; Aîerve lk çxirth avee
des lettres de créance qui ne dévoient être montrées
qu’au duc -, & des lettres de recommandation , qui
dévoient être montrées à Tempereur à tout événement.
Peut-être la même vanité qu> lui faifoit étaler fes ri-
cheffes dans fa patrie, rendit-elle Merveille indiferet fur
fon caradère d’ambaffadeur. Quoi qu’il en foit, l’empereur
ou.fot ou foupçonna que cet homme avoit un titre
pour réfider auprès du duc ; il fit des reproches &
des menaces. Sforce lui envoya les fauffes lettres de
recommandation; ce ftratagême n’étoit pas afilz fin
pour tromper Charles-Quint : d’ailleurs , la même
indiferétion qui lui avoit appris que Merveille étpk
miniftré de François Ier. , pouvoit lui avoir dévoilé
l’artifice des lettres de recommandation, il comprit
que Sforce joignoit, la fourberie au myftère , il parut
doublement irrité ; Sforce trembla , 8c promit à l’empereur
de lui donner bientôt des preuves éclatantes
'de fidélité.
Merveille paffoit un jour dans les rues de Milan ,
à la fuite du duc ; un gentilhomme de la chambre du
duc , de la maifon de Caftiglionê, les voyant paftèr ,
demande , d’un ton fier , à un des domeftiques'de M:r~
veille, à qui il eft ; le domeftique répond qu’il a l’honneur
de fervir le feigneur Merveille , de France, Cafl'i-
glioné dit un mot qui marquoit peu d’eftime pour le fei-
gueur Merveille. Un autre domeftique. de Merveille ,
moins endurant, eu plus zélé que le premier, demande
raifon à Caftiglionê,. des difeours injurieux qu’il a tenus
fur fon maître. Après des démentis donnés & reçus.,
Caftiglionê , foit prudence , foit honte de fe commettre
avec un domeftique , fe retire, &. laifle à fes domeftiques
fe foin de le venger. Deux d’entr’eux fondent fur celui
de Merveille ; on lès fépare. Merveille , inftruit cïe
tout par fon domeftique , prie un de fes amis, parenc
de Caftiglionê, de lui demander ce qu’il devoit penfer
de ce rapport. Caftiglionê protefte qu’il n’a point tenu
'fes difeours qu’on lui impute. L’ambaffadeur , content
de ce défaveu , envoie faire dès exeufes à Caftiglionê
"fur Tétourderte & Tinfolence de fon domeftique. Le
duc défend aux deux gentilshommes toute voie de
fait. Merveille répond qu’il obéira d’autant plus vo-
loiftiers , qu’il n’a point d’ennemi, & qu’il n’a ni fait
ni reçu d’mfulte. Cependant on voyoit Caftiglionê,
paffer & repaffer devant l’hôtel de -Tambaffadeur -,
accompagné de dix ou douze hommes armés ; un
foir ayant rencontré cinq ou fix domeftiques cte
T ambaffadeur , il les attaqua & les mit en fuites
Merveille en porta fes plaintes au magiftrat, qui promit
juftice , & refta trancuille-. Caftiglionê attaqua de
nouveau les gens de Merveille , qui étant fiir leurs
gardes & déterminés à tout, repoufsèrent vivèment
Fin fuite ; le combat fut fenglant ; Caftiglionê refta mort
fur la place. Les liens , épouvantés, prirent la fuit».
Le. lendemain matin ( 4 juillet 1533 ) 1e même
magiftrat, qui n’avoit pas voulu prévenir ce malheur,
fe tranlporte chez Tambaffadeur , le mène en prifon ,
fait mettre - fes gens au cachot , leur fait donner ia
queftion , n’épargne pas même un domeftique de plus
delquatre-vingt ans , que Tâ^ avoit rendu, lourd ’T ïi