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qu’il l’enverroit bientôt au fond de cette mer contaminer
fon mariage, ce peut n’être que la plailanterie
amère ou la bravade d’un ennemi en colère ; mais ce
voeu exécrable & plufieurs fois répété d’exterminer
jufqu’au dernier des chrétiens, eft-il d’un grand homme
ou d’une bête féroce ? Il mourut en 1481 à cinquante-
deux ans. Il avoit transféré le fiège de l’empire à Conf-
tantinople. Il étoit né à Andrinople en 143Q , avoit
fuccédé à fon père Amurat IL en 1451. Il ne refpeéfoit
pas plus fa religion que celle des chrétiens. Mahomet le
prophète n’étoit à fes yeux qu’un chef de bandits, St il
ne l’appelloit jamais autrement.
30. Mahomet î l l . fut plus barbare encore que Mahomet
11, St ne fut point comme lui un grand homme,
Succeffeur d’Àmuratlïï, fon père, en 1595, il commença
par faire étrangler dix-neuf de fes frères St noyer dix
des femmes de lorrpère , & ces femmes on les croyoit &
il les croyoit groffes. S’il fut mauvais fils St mauvais frère,
il ne fut pas meilleur père ni meilleur mari ou amant; il fit
étrangler l’aîné de fes fils & noyer la fultane qui en étoit
la mère. Il parut d’abord vouloir acquérir quelque gloire
par la guerre; il vint avec deux cent millehommes alnéger
Agria en Hongrie, qui le rendit; la garnifon, en lortant de
la place , fut maffacréé àü mépris de la capitulation.
Mahomet n’aimoit pas fans doute les cruautés, quand ce
n’étoit pas lui qui les commettoit ; celle-ci qui d’ailleurs
étoit mêlée de perfidie , le révolta, & il fit trancher la
tête à l’aga des Janiffaires qui l’avoit permifè. Il gagna
le aTSdéfobre 1596, contre l’archiduc Maximilien, frère
de l’empereur Rodolphe, une bataille qu’ il avoit d’abord
perdue, mais averti que le vainqueur fe lailToit entraîner
par l’ardeur du pillage, il revint à la charge & lui arracha
la viétoire, retour du fort dont l’hiftoire offre à
chaque pas une foule d’exemples qui devroient bien
nous inftruire. Dans la fuite , Mahomet, moins habile
ou moins heureux ne fit plus que des pertes. Réduit à
demander la paix aux chrétiens , il ne put l’obtenir,
il ne l’obtint pas davantage dans fes propres états où
tout étoit en eombufton. Il prit le parti de fe livrer aux
voluptés, de devenir inacceflible St d’ignorer tout. Quand
les Janiffaires murmuroient trop hautement, il leur
facrifioit fes meilleurs amis; il leur facrifia même fa mère
à laquelle on imputôit les défordres de fon règne ; il
l’exila & mourut de la pelle en 1603 à trente-neuf ans.
4 Mahomet IV. né en 1642, reconnu empereur
des Turcs en 1649 après la mort tragique d’ibrahim I.
fon père, étranglé par les Janiffaires. C ’eft fous fon
règne que le grand vifir Coprogli, ( voyez fon article )
battu d’abord à Raab par Montecuculli, prit Candie
en 1669; mais ce fut auffi fous fon règne que Sobieski
roi de Pologne, remporta tant d’avantages for les Turcs
& leur fitlever-le fiège de Vienne eh i68y, ce qui
coûta la vie au vifir Gara-Muftapha que Mahomet fit
étrangler ; ce fut-encore fous fon règne que le prince
Charles V. de Lorraine, gagna contre les Turcs la ba-
-taille de Mohatz en 1687, St que Morofini, général des
Vénitiens, prit aux mêmes Turcs le Péîoponnèfe ou la
Morée qui valoit beaucoup mieux que Candie. Les Janiffaires,
outrés de tant de difgraees déposèrentAfoéoîTz^
fV.iQ 8 o&obre 1687. Soliman 111. fon. frère y fut.
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mis en fa place, St Mahomet entra dan6 la prifon d’où
fortoit Soliman. Mahomet accoutumé aux exercices de
la chaffe, ne putfoutenir l’inaâion où iife vit condamné ;
il ne fit que languir jufou’à fa mort arrivée en 1693.
50. Mahomet V. fils de Muffaphall fuccéda en 1730
à fon oncle Achmet III. qui fut dépofé. 11 fut en guerre
prefque continuelle avec la PerXe. Thamas KouK-Kan
lui enleva la Géorgie St l’Arménie. Son règne d’ail'eurs
fut fans orages St dura jufqu’à fa mort arrivée en 1754.
MAHUDEL ( Nicolas ) ( Hiß. Litt. moi. ) doéleur
en médecine. Nous trouvons le nom de ce favant for la
lifte de l’académie des infcriptions St belles-lettres en
1717. Nous voyons qu’en 1744 fa retraite St non fa
mort fait vaquer dans l’académie une place qui fut remplie
par M. l’abbé Belley ; nous ne voyons point que
M. Mahudel ait reçu dans l’académie l’éloge funèbre
que l’ufage femble affurer à chaque académicien. Nous
ignorons ce qui l’a pu déterminer à quitter l’académie
après tant d’années pendant lefquelles il avoit tiès-bien
rempli fes devoirs d’académxien, comme il paroît par
une foule de mémoires de lui inférés dans le recueil de
l’académie, & dont quelques-uns font très - curieux,
entr’autres fa differtation for le lin incombuftible, terne
4. pages 634 St fiiivantes ; fon mémoire fur'l’origine de
la foie, tome 5. pages 218 & fuivantes; fon mémoire
for l’autorité que les fobriquets ou fornoms Hurlefques
peuvent avoir dans l’hiftoire. (Hift. de l’acad. vol. 14
pages 181 & foivantes.) Il y a encore de lui d’autres
ouvrages imprimés hors des mémoires de l’académie ,
quoique dans fon genre; une Dijfertation hiflorique fur
les monnoies antiques d Efpagne ; une lettre fur une médaille
de la ville de Carthage. Nous voyons ailleurs qu’il
fut quelque temps détenu à la Baftille. Il eft mort en
*747-
M A I , ( Hiß. mod. ) gros arbre ou rameau qu’or*
plante par honneur devant la maifon de certaines
perfonnes confidéfées. Les clercs de la Bazoche plantent
tous les ans un mai dans la cour du palais. Cette
cérémonie fe pratique encore -dans, nos villages St
dans quelque s-unes de nos villes de province. (A. Ri)
MAJESTÉ, f f. ( Hiß. ) titre qu’on donne aux
rois vivants , & qui leur fert fouvent de nom pour
les diftinguer. Louis XI fut le premier roi de France
qui prit le titre de majeflé, que l’empereur foui por-
toit , St que la chancellerie allemande n’ a jamais
donné à aucun roi jufqu a nos derniers temps. Dans
le douzième fiécle, les rois de Hongrie St de Pologne
étoient qualifiés d’excellence ; dans le quinziéme fiécle,
les rois d’Arragon, de Caftille & de Portugal av.oient
encore les titres d’altejfc. On difoit à ce’ui d’Angleterre,
votre grâce ; on auroit pu dire à LoüiS-XI, votre défi
potifne. Le titre même de majeflé s’établit fort lentement
; il y a plufieurs lettres du lire de Bourdeille
dans lefquelles on appelle Henri III, votre altcffe ; St
quand les états accordèrent à Catherine de Médicis
. l’adminiftration de royaume , ils ne l’honorèrent point
cki: titre de majeflé.
Sous la république Romaine, le titre de majeflé ap-
, partenoit à tout le corps du peuple St au fénat réuni;
M A I
^où vient que majeflatem minuere , diminuer, bleffer
la rn fle(lé , c’étoît manquer de refpeél pour l’état. La
pu ifance étant paffée dans la main d’un feul , la
flatterie tranfporta le titre de majeflé à cé feul maître
Sl à la famille impériale , majeflas augufii, majeflas—
divinat domus.
Enfin le mot de majeflé s’employa figurément. dans
la langue latine , pour , péindre la grandeur des cho-
fes qui attirent de l’admiration, l’éclat que les gran- -
des aclions répandent fur le vifage des héros , St qui
infpirent du rcfpeél St de la crainte au plus hardi.
Siîi.is Italicus a employé ce mot merveilleufement
en ce dernier fens, dans la defeription d’une confpiration
formée par quelques jeunes.gens de Capouë. Il fait
‘parler àinfi le père d’un des conjurés : «Tu te trompes,
» fi tu crois trouver Annibal défarmé à table : la
» majeflé qu’il s’eft acquife par tant de batailles, ne
m le quitte jamais ; St fi tu. l’approches, tu verras
v autour de lui les journées de Cannes , de Trébie
» & de Trafymène, avec l’ombre du grand Paulus :
Fallit te menfas inter quod credïs inermetn :
Tot bellis qiicefita viro , tôt cadibus, armat
Majeftas otterna ducem : f i admoyeris ora ,
Cannes & Trebiam ante oculos, Trafimenaque bu fia 3
Et Pauli flare ingentem miraberïs umbram.
MAIGNAN ou MAGNAN , (Emmanuel) {Hifi.
Lut. modi) M n'.me de Touloufe, maître de ma-
thémat ques , qui. l’étoit devenu fans maître. T e père
Ki.ker lui difputa quelques-unes.de fes découvertes.;
ma s il parçît que les fàvants furent plus favorables
au . père M.iigmn qu’au père Kirker. On dit que
: Louis XiV , paffa:ît par Touloùfe, fit une vifite au
père'Mdignan ; les. rois font fûrs de s’honorer en
honorant leurs fujets qui le méritent. On a du père
M.iignan , fous le titre de Perjpetfiva horaria , un
Traité de Çatoptrique , dans lequel l’auteur donne
des règles fur cette parue de la per.pcéVive. Les lunettes
d’approche que le père Maignan fit conformément à
fes règles , étoient les plus longues- qu’on eût encore
vues. Il y a aufii du même auteur un T raité de ufu
licito pecunïce , où il eft beaucoup plus favorable à
'ce qu’on appelle i’ufure, c’eft-à-dire , au prêt à intérêt,
que ne l’étoient les théologiens de fon temps. Il fit ~
des efforts foperflus , mais eftiraables, pour concilier
les différentes opinions de l’école fur la grâce. Ce fut
en tout mj religieux laborieux, inftruit & vertueux.
Né à Touloufe en 1601, il y revint après avoir pro-
feffé ' pendant quelque temps avec éclat, les mathématiques
à Rome, li y étoit en 1660. Il y mourut en
1676. La ville, plaça fon bufte , avec, une infeription
honorable , dans la galerie des hommes, illuftres. Sa
vie a été écrite parle père Saguens, fon élève, fous'
ce titre : de vitâ, moribus & fcriptis Emtnan. Magnant.-
MAIGROT , ( Charles) ( Hifl.EccUf ) milfion-
naire a- la Chine, nommé depuis évêque de Conon ,
, ^ vicaire apoftolique. 11. fe fit un nom par fon oppo-
fition aux Jéfuites dans l?affaire des rits Chinois. Les
janfoniftes Européens trouvèrent bon quç .Maigrot re-
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préfentât tous les lettrés Chinois comme athées &
matérialiftes, pourquoi en réfoltât que la condefcen-
dance jéfoitique toleroit à la Chine l’athéifme &. le
matérialifine. Les Jélùites, de leur coté , n’oublièrent
rien pour lui témoigner leur reffentiment ; ils le
déférèrent à l’empereur de la Chine comme un ennemi
de fes états & comme le calomniateur de là foi ; ils
obtinrent, vers l’an 1700, un ordre pour l’arrêter ;
&. afin que le foin de leur vengeance ne fut remis
qu’à eux , ce fut dans, leur maifon de Pékin qu’ils le
firent enfermer. Mdigrot en fortît dans la foite, & fut
banni de la Chine'; il alla s’établir à Rome , & il y
mourut. Il a écrit contre l’hiftoire des Jéfuites du
P. Jouvenci, toujours au fojet des rits Chinois. Cétoit
l’objet qui l’intéieffoit le plus. Maigrot étoit François,
doéleur de Sorbonne , & avant de partir pour la
Chine, il demeuroit à Paris, au féminaire des Miffions
étrangères.
MAILLA ou MAILLAC, ( Jcfoph-Anne-Marie
de MoyriuC de ) ( Hiß. Litt. mod. ) Le père de Maillac,
millionnaire jéfuite, très-favant dans la langue & la littérature
Chinoifes. 11 paffa en 1703 , à la Chine. Il leva
la carte de la Chine & de la Tartarie Chinoife, qui
fut gravée en France en 173-2. Il traduific les grandes
Annales de la Chine, première hiftoire c.omplette de
cet empire. Il fut agréable aux divers empereurs fous
lelquels il vécut , for-tout à l’empereur Cam-hi, mort
en 172-2.11 mourut, à Pékin le 28 juin 1748,
MAILLARD , ( Jean ) ( Hifl. de France ) citoyen
courageux St fidèle , capitaine d’un des quartiers de la
ville de-Paris , cpai délivra cette ville St le royaume
des fureurs St des perfidies du prévôt dès marchands ,
Marcel, le 31 juillet 13.58- ( Voye^ l’arrcn; Marcel.)
Ce traître devoit livrer aux Anglois St aux Navarrois ,
la porte de St. Antoine 8t celfo de StT Honoré. Ce fut
près dé la porté cle, St. Antoine que Maillard le rern
contra. Ou alleç-vous, lut dit Maillard , du ton d’un
juge qui interroge un coupable l Que vous importe,
répond Marcel, .qui depuis long-temps avoit perdu
l’habitude de s’entendre parier en maître. « Mes amis,
dit Maillardà fa troupe , voyez^-vous- dans les mains
» de ce perfide, les. clefs des portes qu’il va livrer
» aux Anglois ? » Marcel confterné balbutia un démenti
Maillard s’élance fur lu; , la. hache à la main ,
St lui fend- la fêté ; les fatellites de Marcel font
màffacrés.
Tel eft en fubftançe le rée’t de Froiffart dans les
éditions que nous avons de lui ; mais- M. Daçier ,
, focrétaire perpétuel de l’Académie- des BellesTettres ,
qui prépare une meilleure édition de çet auteur, a
trouvé d’anciens manuferits de Froiffart, qui ne s’accordent
pas avec ceux for lefquels- ont été faites les
éditions âélurilement 1 e-xiftantes. . En Conféquence
dans- une differtation imprimée au. -volume des
Mémoires de Ktttératwe,. pagt 363 St fuivantes , fous
ce titre' : ‘-que(lion -kifèoriqàe A qviv dojt iort attribuer
: la gloire de- la révolution qui fiuva Paris pendant la
prifon du roi Jean f : Mv Dâcier eWève à Maillard une
: grande parfie. de cette .gloire. Il réfulte de fos rechey^
I i i a