
St. Denis-en-France. C ’eft un jour de vacance pour
les jurifdiâions de Paris & pour l’univerftté. Ceft le
reéieur qui ouvre le lundi. Il fe célébroit autrefois
a Aix-la-Chapelle, Charles-le-Chauve l’a transféré à
Saint-Denis avec les reliques. les doux &. la couronne
de N. S.
Lundi fe difoit encore d'un felaire que les écoliers
payoient à leurs maîtres vers le temps de la
foire de ce nom. C ’étoient fix ou fept écus d’or ,
qu’on fichoit dans un citron , & qu’on mettoit dans
un verre de cryftal. Cet argent fervoit à défrayer le
reéteur & lès fuppôts lorfqu’ftp aboient ouvrir la foire
à Saint-Denis. ( A . R. )
LANDINOS, ( Hiß. mod. ) c’eft le nom fous lequel
les Espagnols défionent les Indiens du Pérou qui ont été
élevés dans les v»Iles & dans les bourgs ; ils lavent la
langue elpagnole, & exercent quelque métier : ils ont
l’efprit plus ouvèrt & les moeurs plus réglées que
ceux des campagnes ; cependant ils çonfervent prelque
toujours quelque chofe des idées & des ufages de leurs
ancêtres. Il eft fur-tout un préjugé dont les Chrétiens
n’ont point pu faire revenir les Indiens du Pérou.; ils
font perfoaaés que la perfonne qu’ils époufent a peu
de mérite s'ils la trouvent vierge. Auffi-tôt qu’un jeune
homme a demandé une fille en mariage., il vit avec
elle comme fi le mariage étoit fait, & il eft le maître
de la renvoyer, s’il fe repent de fon choix après en avoir
fait l’effai ; ce repentir s’appelle amanarfe. Les amants
éprouvés fe nomment ammanados. Les évêques &
les curés n’ont jamais pu déraciner cet ufage bizarre.
Une autre difpofition remarquable de ces Indiens,
çft leur indifférence pour la mort ; ils ont for |cet
objet , fi effrayant pour les autres hommes , une
infenfibifoé que les apprêts du foppliçe même ne
peuvent point altérer. Les curés du Pérou exercent
for çes pauvres Indiens une autorité très-abfolue ;
fou vint ils leur font donner la baftonade pour avoir
manqué 4 quelques-uns de leurs devoirs religieux.
JM d’Üiloa raconte qu’un curé ayant réprimandé
un de ces indiens, pour avoir manqué çfaller à la
rneffe un jour de fête f Iip fit donner epfoite pn certain
nombre de coups. A peine la réprimande &
îa baftonade furentrelies finies , que l’indien s’approchant
du çurp , d’un air hujnble ßt. naïf, le pria
pe lui foire donner Je même nombre de coups pour
Je lendemain , parce qu'ayaqt envie de' boire encore
, il prévoyoit qu’il ne pourroit alfifter a la
ineffe. Voye^ P hiß, générée des voyages f tottu XIJJ.
( A .R . )
LANDRI, (Hiß. de Fri) {Voye^ FrÉdÉGONDE.)
Un perfonnage de ce nom, plus refpeâable , eft
St. Landri, évêque de Paris, qui nourrit les pauvres
de fon diocèfe dans une famine, Van 6 5 1 , &. qui vers
le même temps, fonda FHôtel-Dieu de Paris.
LANDSASSE, f. m. ( ///ƒ?. Mod, ) on appelle
ainfi en Allemagne celui dont 4 'perfonne & les biens
font fournis à la jurifd CtiCiion d’un fouverain qui re’ève
lui-même de l’empereur & de 1 Empire, & qui a fixé j
&n domicile c|ans les états de ce fouverain : ou bien
un landfa.Jp: eft toujours fojet médiat de l’Empire.'
Il y a en Allemagne des pays où tous les fojets g
tant ceux qui poffédent des terres & des fiefs que les
autres, font landfajfes, c’eft-à-dire, relevent du prince
à qui ces états appartiennent. Telle eft la Saxe, la
Heffe, la Marche de Brandebourg, la Bavière, l’Autriche
: on nomme cos états territoria claufa. Il y a
auffi d’autres pays où ceux qui poffedent des fieft
font vaffaux ou fojets immédiats de l’Empire, & ne
font fournis à aucune jurifdiâion intermédiaire , tel*
font la Franconie , la Souabe , le Rhin, la Wet?ra*
vie Si l’Alfaee. Ces pays s’appellent territoria non
claufa,
Il y a des pays fermés ( territoria clau fa ) où U
fe trouve des vaffaux qui ne font point landfa jfes c ceux-
là ne font obligés de reconnoître la jurifdiétion de
leur fozerain qu’en matière féodale ; mais ceux qui
font vaffaux & landfajfes font entièrement fournis en
tout à la jurifdiéiion du fozerain.
Un prince ou tout autre vaffal immédiat de l’Empire
peut être landfajfe d’un autre, en raifon des terre*
qu’il pofféde for fon territoire. Voyez Vitriarii Infiil.
juris publici. ( A . R .)
LAN FR AN C, f Hijl. Eccléf) prieur du Bec,
puis abbé de St. Etienne de Caën , enfin, archevêque
de Cantorbéry , eft for-tout fomeux par le zèle 8c. le
foccès avec lefijuels il combattit dans divers conciles ,
nommément dans celui de Rome en 1059, les erreurs
de Bérenger for l’Euchariftie. ( Voyez Bérfnger. )
Lanfranc mourut en 1089. Guillaume-te-Conquérant,
qui avoit été l’auteur de fa fortune , & qui l’avoit fait
enfin archevêque $fe Çantorbéry, defiroit avoir pour
focceffeur en Angleterre , Guillaume-le-Roux , fon
feeond fils ; il lui donna des lettres de recommandation
pour le primat Lanfranc, qui le fervit bien , 5t
lui procura en effet cette couronne. Guillaume laifla
d’abord adoucir fa férocité aux fages confeils de Lanr
franc ; mais quand il fe vit affermi fur le trône, il
revint à fon caractère avec d’autant plus de violence,
qu’il avoit fait plus d’effort pour le dompter ou pour
le diffimuler. Sa conduite né fut qu’une fuite d’mjuf-
tices & de violences. Le pieux Lanfranc crut que fon
âge, fon caractère, fes fervices , l’intérêt de Pétât,
l’intérêt même du prince pouvoient l’autorifer à élever
la voix ; une difgrace fut le prix de & franchife,
il mourut peu de temps après, de douleur d?avoir
don: é ce tyran à fa patrie. Ses ouvrages ont été rer
eu illis par dom Luc d’Achery , en 1648. Il étoit fils
d’un concilier du fénat de Pavie.
Un autre Lanfranc , médecin de Milan au treiziéme
fiècle , étant venu s’établir en France , où il étoit en
1295 , y e/* regardé comme le fondateur du collège
des chirurgiens de Saint-Côme. Originairement les
chirurgiens n’étoient pas diftingués des médecins ; un
même' homme exerçbit Si la médecine proprement
d te , & la chirurgie , felon la nature de îa maladie
& les befoins du malade. Dans la fuite , les médecins
avoient abandonné la chirurgie aux barbiers. Larifnme
fit naître une claffe mitoyenne entre les médecins &
Içs barbiers ; çe font les chirurgiens d’aujourd’hui. 0 »
a
A de lui un livre intitulé : chirurgicamagna & parva.
LANGALERIE, (Philippe de Gentils, marquis de)
/ Hiß. de Fr. ) d’une -famille diftinguée de la province
de Saintonge, dont il étoit premier baron , acquit
beaucoup de réputation au fervice de France^ dans
trente-deux campagnes , &. fut fait lieutenant-general
en 1704. Mécontent à tort ou avec raifon , de M. de
•Chamillart, dont il n’étoit pas aime , il fit ce que
des hommes fenfibles* fe font plus d’une fois permis,
ce qü’un bon citoyen ne fe permettra jamais ; il quittai
le fervice de France pouf un fervice non feulement
•étranger, mais encore ennemi ; il s’attacha aü fervice
de l’empéreür en 1706 , ou plutôt il ne s’attacha plus,
a rien : fa conduite hors de la France fembla tarte
pour juftifier Chamillart; ce ne fut plus qu’inconllance
■ Si légèreté. Il quitta bientôt l’empereur pour le roi
de Pologne , qui ne l’éprouva pas plus confiant.
Comme il étoit annoncé par une grande réputation
S i des talents éprouvés, on lui offroit par-tout de
grandes placés ; dans l’Empire & en Pologne, il fut fait
général de la cavalerie ; ayant quitté ces deux emplois
oc ces deux pays, il erra en divers fejours, a Francfort’,
st Berlin, à Hambourg , à Brême , à Caffel,
paroiffant toujours vouloir fe fixer & 11e-fe fixant
jamais ; il paffa en Hollande ; il vit un turc , envoyé
du grand-feigneur, à La Haye ; il fe lia étroitement
avec lui, & par fon moyen il fit un traité pour s’attacher
au fervice de la Turquie ; il paroît même que ce
traité avoit pour objet une expédition particulière que.
îa Turquie méditolt, & dont Langdléri'e dévoit avoir
la conduite ; il paffoit à Hambourg -, ou il vouloit,
dit - on , foire équiper des vaiffeaux, fôit pour cette
expédition , foit pour paffer à Conftantinople, lorfqae
l’empereiiralarmé de fes projets , & mécontent1 de
fon infidélité , le fit arrêter à Stade em 1716. On le-
cohduifrt à Vienne , où il mourut en 1757* ^ ^ Paru
en 1757 , de faux Mémoires du marquis^ Langalérie,
qu’on luppofe avoir été écrits dans fa prifon a Vienne;
LANGE , ( François ) , ( Hiß. Lite. mod. ) avocat
au parlement de Paris, connu par fon Praticien ffpnçpisi
Mort en 1684. •
LANGE A C , (Jean de) prélat, homme d’état &.
ami des lettres , fous le règne du Père des Lettres,
François Ier. Ons’eft plu à donner la lifte des différents
emplois qu’il a remplis, fur - tout des innombrables
bénéfices qu’il a poffédés , mais nous devons obferver
qu’il les a tous ouprefque tous poffédés focceffivement,
tandis que plufieurs prélats de fon temps ne fe fai-
foient ras fcrupule de les accumuler jufquau fcandale ,
même les évêchés ; il remplit prefqùe autant d’arri-
baffades qu’il eut de bénéfices : auffi Etienne Doîet
lui dédia - t - i l fon Traitè de Legaiis ; ce malheureux
Dolet, ( Voye^ fon Article ) eut un- protecteur dans
ce prélat pieux & charitable ; il en eut un auffi dans
du Chatel, ( Caftellanus ) évêque de Tulle , puis de
Mâdon, & enfin d’Orléans ( Voye[ fon article); il
parôît que tous les prélats éclairés & humains pre-
noient fo défenfe ; ce qui doit redoubler l’horreur
qu’infpire fon foppliçe, en foîfànt voir que fon malheur
Hißoire. Tome IIJ.
fut le- trrôniphe de l’ignoranc& intolérante St fonatique.
En quittant levêchécfAvranch^ pour paffef àcêlurde'
Limoges ,1 Jean de, Lingeac -fit donner M premier à'u;i
homnïe de ..lettres, au favànt Robert Cbnal ( Voyc^
fon article. ). Ldrîgeac n’a befoin que d’un mot pour fon
éloge ; fa mémoire s’eû cônfervèe a Limoges , où on
ne l’appelle que le bon Evêque , comme on y appellera
toujours feu M. Turgot, le bon , le fenfiblè & S utile
Intendant. Jean de LangeaC mburut en 1541 •
LANGEVIN (Raoul) {Hiß. modf) nom célèbre V
Bâyeux par le càrtulaire de:èetté égîilè, que c t Lan-
gevin, qui en étoiq.chanoine, compofa en 126cj .Sc
qui fait loi encore en matière- d’ufages ôc de cérémonies
»
LANGLADE ( le Marquis de ) (T/ÿ. de F r .) condamné
aux galères pour un vol qu’il n’avoit pas fait.
L’arrêt eft du 14 février ' 1688 ; le voleur véritable
arrêté pour d’autres crime* en 169p avoua celui-là.,
Le ■ hazard.femäöit avoir pris plàïfir à rafEmbler contre
ce malheureux Langlade dés apparences fi fortes Si. des
circonftances fi décifives, .quon plaint fes juges fans
trop pouvoir lés' condamner. ,
LANGLE (Pierrede) {Hiß. de Fr. ) évêque dé
Boulogne, célèbre fur-tout par fon oppofition à la bulle
Unigenitus, d’ailleurs ferme .&. vertueux., Il avoit été
précepteur du comte deToujoufe, père de M. le duc de
! Penthièvre, & on dit qüe ç’étpit, M. Boffuet qui l’avoit
propofé pour cet: emploi LJéveehé de Roiilognei avoit
été fa récomppnfe de fes foins pendant lécours de cetté
éducation. En 1717; fon mandement' contre la bulle fit
du bruit. En 172.0, il s’oppofa». aux arrangemens qu’on
voulut faire; pour la bulle Si dont l’unique objet étoit
de procurer le chapeau à,l’abbé Dubois. Le cardinal
de Noailles, iekifTa-yainere ou féduire, M. de Langle ,
avec l’évêque de MontpeUier , Colbert, réfta inflexible;;
Il (ut exilé; -daps fon diôçéfê & il y moùrut..en 1724.
Il étoit n;é à Eyreux en 1644. Umgouvernementtdiffolu *
tel que celui de la régence,.& auquel il-ne ireftoit. pour
fe foire eftimer,que l’indulgence ôç les lumières, .n’ayoifl
ni le droit ni l’intérêt dufer de,rigueur envers un prélat
auffi. vertueux que l’évêque de.Boulogne. C ’eft un triftè
& révoltant fpe<ftac|e que celui-du vice .ofant punir
la vertu, l’abbé Dubois, aüroit- du J e fentir ; mais da
mauvaife habitude p-ife fous Louis XlVr, J ’éxiler. pour
janfénifme, prévalut en cette o.çcafton for-l’efprit general
de la régence , qui étoit de démentir en tout l’ad*
miniftration précédente, dejonner peu d’importance
aux 'querellés- théôlbgiqüès& dé foŸorifer même
un peu,-frnon le.janienifme, du moins lès janféniftes.
LAN GOUTI, f.m. {termede relation) ; c’eft, félon
M. de la Boulaye , une petite pièce d’étoffe ou de
linge , dont les Indiens Te fervent pour cacher les
parties qui diftinguent ;le fexe. ( A. R. ) ’•
LAN GU ET, {Hiß: mod. ) diverfes peifonnes^
; toutes de la même famille, ont illuftré ce nom.
Hubert Languet, né en 1:518 à Vitteaux en Bourgogne
x fut attiré à la réforme par Mélanchton; il
! s’expatria & fe retira auprès de l’éleôeur de Saxe *
i protecteur du Luthéranifcie ; en 1570, il vint elt
P P.