
& pour fe diftinguer des idolâtres de l’Inde, ils fe
ceignent tous d’un cordon de lain^ou de poil de chameau.
Vs aflurent reconnoître un Dieufuprême,créa-
teui; 8c cenfèrvatëùr de la lumière ; ils lui donnent fèpt
minières, .8c c:s miniftres eux-mêmes en font d’autres
qu’ils invoquent aufli comme génies intercefleujs : l’être
foprême eft fopérieur aux principes 8c aux cauf3 ; mais
il eft vrai que leur théologie ou leur fuperftition attribue
tant de pouvoir à ces principes fobalternes, qu’ils n’en
là'1 fient guère au-fouverain ,..ou qu’il en fait peu d’ufage ;
ils admettent. aufti.. des-intelligences qui réfident dans
les aftres & gouvernent les hommes, & des anges ou
créatures inférieures qui gouvernent les corps inanimés ;
& chaque arbre , comme chaque homme , a fon patron
8c fon gardien.:,.
Ils ont perftflê dans le dogme du bon 8c du mauvais
principe ; cette antique héréite , & peut-être la première
de toutes-, n’a. été vraifemblablement qu’une fuite
de rimprefîion que fit for les hommes le fpeékcle
affreux des anciens, malheurs du monde> & la confë-
qienca des premiers raifonnemens qu’on a cru reli-
g'eufement devoir faire pour ne point en accufèr un
dieu créateur 8c eonfervaieur. Les. anciens théologiens-
s’embrouilîoient autrefois fort, aifément dans les chofes
qu’ils ne pouvoient comprendre;' & l’bn peut juger
combien cette que ftion doit être épineufè pour de
pauvres gens -, fëls -qùe les Guebres,, puifque: tant 8c
de fi grandis génies ont eflaÿé en vain de la. réfoudre
avec toutes les lumières de la raifon.
Au relie les Guebres n’ont aucune idole 8c, aucune
image, 8c ils font- vraifemblablement les feüls peuples
de la terre qui n’ën ont jamais eu ; tout l’appareil de
leur religion confift-e à-entretenir le feu facré ,. à
refpeâer en général cet élément, n’y mettre jamais
rien de fàîe ni qui puifle faire de la fumée, & à ne
point l’infcébr même avec leur haleine en voulant le
foufffer ; c’efl devant le feu qu’ils prient dans leurs
maifons, qu’ils font îés aéles oc les fermens j & nul
d’entr’eux n’ofëroit fê' parjurer quand il a pris à
témoin cet é'ément terrible 8l vengeur :par une foite
de ce refpeél, iîs entcetiennent- en tout tems. le feu
de leur foyer, ifs n’éteignent pas même leurs lampes-,?.
8c ne fe fervent jamais d’éau. dans lés incendies, qu’ils
s’efforcent d’étouffer avec la terre. Bs ont-aufli diverses
cérémonies légales pour tes hommes pour- les
femmes ,..une efpèee dé baptême à leûr- naiflaftee,.
&• une forte de eonfeffion a. ta mort ;. ils prient cinq
fois le jour en fe tournant vers, le foleil , .lorfqü’ils ,
font hors de chez -eux ; ils ont des jeunes • réglés ,
quatre fêtes par mois ,„8c for-tout beaucoup de .vénération
pour le vendredi,. &: pour le premier^ 8c
fe: 20'de chaque lune : dans leurs jours de dévotion,
ils ont entr’eux des repas communs où l’on partage
également ce que chacun y apporte fuivant fes facultés.
Ils ont horreur de l’attouchement des cadavres,
n’enterrent point leurs morts ni ne les brûlent ; ils fe '
contentent de les. déposer 'à l’air dans des. enceintes
murées, en mettant auprès d’ëiix divers uftenfiles de
ménage. L’air 8c la . fécherefle du pays permettent
fa-as dpute ||| ufagè qüï forint dangereux 8c défagréabfe
. pour les vivaris dans tout- aütrê climat ; mais It êft
eft forti chez les Guebres cette foperftition finguliere».
d’aller obferver de quelle façon les oifeaux du ciel
viennent attaquer.ces corps; fi lë corbeau prend l’oeil
droit, c’eft un ftgne de falut, 8t l’on fe réjouit ; s’il
prend l’oeil gauche, c’eft une marque dé réprobation ,.
8c l’on pleure for le fort du défont t cette efpece de,
' cruauté envers les morts, fè trouve réparée- par un
! autre dogme qui étend l'humanité des Guebres jufqué
.dans l’autre vie ; ils prétendent que le mauvais principe
8c l’enfer feront détruits avec le monde; que
les démons feront anéantis avec leur empire, et que.
les réprouvés, après leurs, fouffrances ; retrouveront
à. la fin un dieu clément-8c miféricordieux dont la
contemplation fera leurs délices.. Malgré l’ignorance
des. Guebres, il fëmble qu’ils ayent voulu prendre un.
milieu entre le paradis extravagant de Mahomet 8c le
; redoutable enfer du Chriftianifme.
Des peuples qui ont un culte fi {impie 8c des dogmes
fi pacifiques , ‘n’auroient point dû fans doute être l’objet
de la haine 8c du.mépris des Mahométans ; mais non-'
feulement ceux-ci les. détellent -, - ils les ont encore'
accules dans tous les temps'd’idolâtrie , d’impiété,
d’athéïfme j.:8c des crimes, les plus infâmes. Toutes les
- religions perféeutées & obligées de'tenir leurs aflem-
blécs fècrettes ont'. efluyé de la part des autres feéles
des calomnies 8c des- injures, de ce genre. Les payens
ont accufé Ils premiers xhréfiêns de manger des enfants
, 8c de fë'mêler fans diflinélion d’âge 8c de fixe t
quelques-uns denos» hérétiques à leur tour ont efluyé
un pareil traitement y èd- c’èft de même le venin calomnieux
que répandent les- difputes de religion,, qui a
, donné aux reftes des anciens Périls le nom de guebre, qui
; dans la bôuche des Perfans , dëfigne en général unpaye'n,
un Infidèle, un homme aefannè au crime contre nature.
Quelques-uns les ont aufli nommes Parfis-, Pharfis ,
8è Parfis ; comme defeendants des Perfes ,: 8c d’autres
Magious.parce qu’ils defèendent des -anciens mages ,
mais leur nom le plus connu 8c le plus ufité eft l’infame:
nom dé Gùèbrè.
i Ce qu’il y a de ftngulier dans ce nom,.e’éft qu’il.
. eft d’ufage chez plufieurs,nations d’Europç 8c d’Auë ÿ
8c. que fous differentes formes .& en différents dialeéles ,
il' eft par-tout l’exprefliôn d’une- injure groffière.
Le changement du b en zi donne gaut , autre nom.
des Guebres ± une inflexion légère dans les . voyelles,
donne giaour chez les Turcs , qui ont fréquemment -
ce mot à la bouche ,. 8c qui le prodiguent pàrticuliéc rément
en faveur des.. Juifs., des Chrétiens , des infi*-
dèles, 8c de tous ceux qu’ils veulent outrager 8c in-
folter : le changement du g en k , donne kebre , qui eft
aufli d’ufàge ; 8c celui du b. en ph., prodai? kaphje 8c
kafre, nom que plufieurs peuplés d’Afrique ont reçu?-
des Arabes leurs voifins, parce qu’ils ne foivent point-
la loi de Mahomet.
L’inverfè '8c la méthathèfe des radicaux de ce nom
<îe gebr 3 qui dans l’hébreu font gabar, gibor , giber, 8c
geber, ont porté-dans l’Europe par le canal- des Plié--
niciens ou des Arabes efpagnols, les expreftions poç
pulairés cfe bogri ; borgi 9 bougarï , 8cAougeri 3 qpk
feonîervent encore Vidée du crime abominable dont
les Guebres font accufés par les-Perfans modernes J nos
ayeux n’ont pas manqué de meme d’en décorer y les
: Éérétiques du douzième, fiécle, , 8c nos. etymologiftes .
ont fçavamment dérivé -ces. mots des Bulgares.., a
Bldgarïs. .
Les racines primitives de ces noms divers ne .portent
cependant- point avec ,elles le mauvais fins que
le préjugé leur > attribue'; gabar faxis l’hébreu ,fignifie
être fort 3 être puijjant, être valeureux 3. dominer : gibor _
-8c giber y font des,épithèt.es qui indiquent la force 3
le courage, la puijfance, S i Vempire. Geber défigne le
, maître , le dominateur;; ' 6>t‘gebereth 3 \a. maître (fe : d ou
nos ancêtres ont formé berger & bcrgeretlu^zs £ k ’A-
, déens dérivent aufli de -cette - fource guberin, en Jatin
gubertuuores ,'8c enfrançois gouverneurs. Les-Orientaux
. anciens <8c modernes, en ont tiré Gabriel 3 Kebrail 3
.Kabir 3 Giaber 3 8c Giafar 3 nomsilfoftr.es d’archanges ,
,8c de grands hommes.
.Les dérivés de gibor 3 dzfiogri., de borgi^ défi- :
.^gnent encore chez les Flamans, un bel homme, un ;
Pomme pùifiant Sc de. taille ayanjageufe. ; 8c nous ex- |
primons le-contraire par lediminutif rabougri : ce qui j
prouve que nos anciens ont connu le fens naturel ,8c ;
^véritable- de ce s dénominations.
Si cependant elles font devenues injurieufes pourti
la p lû p a r tc ’eft: par une allufion dont il fautici cher-
tcher la fource dans'les légendes des premiers, âges du _
.monde .; elles nous, difent qu’il y, eut autrefois des hommes ~
.qui ont rendu leur nom .célèbre par leur puiffance 8c j
•leur grandeur ; que ces hommes .-couvrirent la terre dé J<j
leurs crimes -8c de" leurs forfaits , 8c qu’ils furent, à la
;;fln exterminés par le feu du ciel *. cette race fuperbe
eft la même queeelle-ries géants., que les Arabes nom- ’
„ment encore giabat 8c au pluriel giabaroum 3 po- •
tentes ; 8c que" les anciens pnt uppejjé gibot&l gibborim 3 \
ainfi qu’on le voit en plufieurs endroits de la bible.
>Nous devons donc préfomèr ,que»£’ell fous cet afpeél .
.particulier que le nom de gibor ^avec fes dialeéles ,
gobri 3 bogri, borgi , ,8c leûts -xlériyés font devenus
..chez tant de peuples differents des termes infoltants ; V
.‘8c que .. c’eft „delà qu’eft fortie l’application prefque /
générale qu’on çn a faite.à tous, ceux que la juftice .
.-ou le fanafilme calomnieux ont accufés de- ce meme
crime qui ,a. fait tomber le-feu du ciel for la tête des •-
puiflants., mais abominables gibborim. Article de AL
JBoul^nger.
GUEBRIANT ., Ü’ean-Bapffte -Budes ) .maréchal
.rie) (Hi-fi., de Fr.) Weimar 8c Banier lui léguèrent ,
leurs armes ; il fit avec eux -8c fans eux de grandes ,
,-chofes en Allemagne depuis 163.8 jufqu’en 1643. En ,
.1641, commandant feül , il fot vainqueur à Wol-
. -fembutel 8c àClopenftal. En j 642s, il battit à Kempen,
le 17 janvier ,, les généraux Lamboi 8c Merci, 8c les
•rit prHonniers. Cette viâoire lui -valut le bâton de ma- "
céchal de France. L’année fuivante., au commencement
.du règne de Louis XIV il fot bleffé mortellement
..au fiège de Rotweil en Suabe ;8c voyant qu’on s’em-
.prefloit pour trouver un chirurgien , il dit avec le
fi;oid .d’un ..Général qui ne fonge qu'.à {a feule affaire , .
c’èft-à-dire , à vaincre : aller plus doucement , il ne
faut, jamais effrayer le foldat. l\ entra mourant dans la
place ; il y expira vainqueur le 19 , ou félon d’autres,
le 7 novembre, La reine mère , Anne d’Autriche, le
fit enterrer foltmnellepient dans l’églife de Notre-Dame?
de Paris., 8c voulut que les cours -fouveraines aflifè
taffent ri cette cérémonie. La vie du maréchal de
Gucbriant a été * écrite par Le Laboureur.
’ La maréchale de Gucbriant, Rénée du Bec Crefpin ,’
fille du Marquis de Vardes Réaé ,: 8c tante de François
René-, fi fameux fous Louis X IV , par fon efprit, fes
galanteries., fes intrigues 8c fa difgrace , fut chargée
de-conduire, avec le titre dyambaffadrice en Pologne ,
la princefle Marie de Gonzague, -quiavoitépoufepar
procureur, le- 6 novembre 1645 » Ladiflas IV , -roi
de Pologne* Ladiflas fit cendre .à la maréchale de
Gucbriant,, les mêmes honneurs qu’avoit eus l’archi-
duchefle d’Infpruck , Claude' de Médicis.., -iorfqu’en
1637 ■» èlle -.avoit amené à Varfovie la reine- Cécile^
fille de l’empereur Ferdinand I I , première.-ffemme de
Ladiflas.-La maréchale de Gucbriant mourut en 1659.
C ’étoit une femme d’un grand caraâère 8c d’un' grand
courage. : -Le Laboureur, dans la relaüon qu’il a faite
du voyage de la maréchale de Gucbriant.çxt Pologne,
donne de grands ’ éloges à cette ambafladrice. Gui-Patin
8c d’autres auteurs en difent aiïez de mal. Bayle prend
le .milieu entre .ces différents, avis:.: elle étoit défignée
pour être dame d’honneur de la reine.
ÇUELPHESo# Guelfes. Voye^ Gib e l in s. (Hifi.
raodî) nom de la faélion oppofée ,à celles des Gibelins.
„Les étymologies différentes.., aufli puériles qu’incertaines
du nqm de ..-ces deux faélions, recueillies dans
les Boliandiftes, le diéliqnnaire de Trévoux 8c autres
lexicographes., ne*fe retrouveront pas ici.
-Nous nous -contenterons de rappeller à la mémoire.,
que les Guelfes, tenoient pour le pape .8c les Gibelins
pour l’empereur ; qü’après des difîènflons qui fèm-
bloient pauagères , ia querelle de la couronne impériale
8c.de-la tiare s’échauffa violemment, divifa l’Italie
au commencement du,i3eflècte,, la-remplit de carnage,
de meurtres , d’aflaflinats, 8c produiflt d’autres malheurs
qui ont troublé le monde : .mais il faut lâcher
de les. oublier 8c: porter 'fes yeux for la r.aiflance des
beaux-arts qui-foccédèrent a ces femelles défolatiouf.
M
GUENQIS , (Pierre) (Hifi. Lut. mod.) lieutenant
particulier à, Iffoudun, au 10e flècle , auteur d’une
conférence.'des ordonnances & d’une .conférence des
coutumes.
GUERIKE ou G uericke, (Othonde) (Hifi. des
Sciences) bourguemeftr’e de Magdebourg, inventeur
de la machine pneumatique ., 8c -auteur de plu fleur*
autres découvertes en Phyfique. qui ont été perfectionnées
depuis. Né ;e.n vi6Q2.,s . mort , en 1686 , à
Hambourg.
GUERIN,^ ;(Guillaume) ( Hift. de Fr.) avocat
général au parlement d’Aix,, pendu en 1554. V oyeç
l’irticle Gaede ( la ).