
3325 , enterrée dans l’églifc des Cordeliers de Paris.
y . Jeanne de Bourbon, fille de Pierre Iir , duc de
Bourbon, femme dfi rci de^France Charles-le-Sa^e.
Ceft peut - être l’union la mieux affortie & la puis
con-ftamment heureufo qu’on ait vue , non feulement
parmi les rois, mais en général parmi les hommes.
-Tous deux également fages, modeftes, pieux, vertueux,
fenfibles, bienfaifanxs, occupés de leurs devoirs,
•du bonheur de l’humanité 3 du bonheur l’un de l’autre,
ils s’honoroient réciproquement d'une tendreffe, d’un
reipeéi, d’une confiance fans bernes. La reine étoit,
fans le fa v o ir la plus belle femme ÔC la plus fpiri-
ttjelle de fen temps. Morte en 1377.
4°. Jeanne de Francs. Louis XI avoit forcé Louis XII,
a1 ors duc d’Orléans, d’époufèr Jeune de France , fa
fille , princeffe vertiicufe , mais difforme , mal faite,
incapable d’avoir des enfants ; il fallut fubir ce joug,
une vengeance terrible eût fuivi de près le refus. La
même crainte engagea le duc d'Orléans à la traiter
en femme, il continua même d’en ufer ainfi fous le
ïCgne de Charles V.I1I , malgré fos projets de mariage
avec la princeffe de Bretagne , qu’il aimoit, 8e à
laquelle 0 étoit cher. On fait que ce généreux prince ,
fàcrifiant fa p.afîion au bien de l’état, ne fe fervit du
pouvoir qu’il avoit fur l’efprit d’Anne de Bretagne,
que pour le déterminer à rompre fon engagement avec
Maximilien , & à prendre Charles VUl pour époux.
Apres la mort de ce prince, Louis XII lui ayant fuc-
cédé , fentit renaître plus vivement que jamais fes
dégoûts pour Jeanne , fa première paffion pour la
veuve de Charles V I I I , & le defir d’avoir des enfans ;
il prefiâ l’affaire du divorçe; il mit le pape Alexandre
VL dans fes intérêts , par les bienfaits dont il
combla Céfar Borgia , fon bâtard ; les commiflaires
déclarèrent le mariage nul| comme ayant été l’effet
de la .contrainte , 8c fo contentèrent du ferment que fit
le roi ; quod non cubucrat nudus cum nudâ , cum
femper haberet ipfe fuatn çàpv.fiant cubando cum eâdem
domina,
Louis XII libre & maître, fe hâta d’offrir là couronne
& fà main à la reine douairière, qu’une deftinée
bizarre plaça deux fois fucceffivement fur le mène
trône, &c toujours par la rupture de quelque engagement.
La modeffe Jeanne , fans témoigner ni joie ni douleur
de cet évènement , fe montré digne, par fa
confiance, du rang dont elle étoit. déchue, & de
l’eftime que le r.01 lui .çonforvja toujours •: retirée a
Bourges,'elle y inftitua l’ordre de l’Annoncfode, &
s’y coniàcra elfo-même à Dieu, elle vécut dans la
{jrâtlque .des vertus, 8c mourut en odeur de fainteté,
e 4 février 1505. Les protestants violèrent ion tombeau
, .& profanèrent fa cendre en 1562, Elle étoit
enterrée dans fon monaffère à Bourges elle a été '
béatifiée en 1743. On raconte que Louis X f f , encore
duc d’Orléans., s’étant permis un jour , en préfence de
Louis X I , des plaifanteries un peu amères fur Jeanne
de France, & ayant fait un éloge ironique de fon
mérite & même de fa beauté, Louis XI voulut bien
ne s’en venger qu’en employant à-peu-près les mêmes
armes. Vous en dites trop, répondit-il, & vous n’en
dites pas ajp.{ ajoutej qu’elle ejl vertueufe & file dune
mère dont la vertu n’a jamais été foupçonnée. C’eft qu’on
n’em difoit pas autant de Marie de Ciéves, mère du duc
d’Orléans , qui avoit époufé le fire de Rabodanges
un de fès cfhciers, qu’elle avoit aimé du vivant de
fon mari.N
5°. Jeanne d’Efpagne , dite Jeanne la folle, étoit
fille de Ferdinand & d’Ifabelle ; elle avoit époufé
l’archiduc Philippe, fils de l’empereur Maximilien 8e de
Marie de Bourgogne ; elle fut mère des empereurs
Charles - Quint oc Ferdinand ï. Philippe mourut' en
1306. Sa femme , qui l’a voit aimé vivant, jufqua
devenir folle de tendreffe & de jaloufie, devint plus
folle encore par le chagrin de l’avoir perdu ; elle
erra, imbécille & défblée, dans toute l’Efpagne, traînant
à fa fuite le cadavre de fon mari , nourriffant fa démence
8e faydoüleur de ce fpeéfacle affligeant : elle
s’enferma enfin, ou on l’enferma dans le château de
Tordefillas ; le refte de fà vie ne fut plus qu’un trifte &
humiliant témoignage de la misère humaine & du
néant des grandeurs ; elle grimpoit comme un chat,
le long des tapifferies 8c des murailles de fon château.
Cependant à la mort de Ferdinand-le-Catholique, les
Efpagnols refusèrent de reconnoître Charles fous un
autre titre que celui d’affocié de fa mère à la couronne ;
& dans des mouvements excités en Efpagne par les
intrigues de la France , des rebelles s’étant emparés du
château de Tordefillas, mirent le nom de Jeanne à
la tête de toutes leurs délibérations. Les droits de cette
malheureufe princeffe, à qui la couronne appartenoit,
fi elle eût été en état de la porter, fervirent pendant
un temps , de,prétexte à toutes les violences de ce
parti, dont enfin la fortune de Charles-Quint triompha.
Elle ne mourut qu’en 1^55» ayant furvécu. près de
cinquante ans fon mari, qu’elle avoit époufé en 1496 ;
elle avoit alors un frère ; elle avoit réuni dans la fuite,
toute la fùceefïion d’Efpagne, pour n’en jouir jamais,
8c feulement pour la tranfmettre à l’heureux Charles-
Quint.
6°. Jeanne cTAlbret, fille du roi de Navarre , Henri
d’Aibret, femme d’Antoine de Bourbon , à qui elle
apporta en dot, ce titre d’un royaume ufurpe par les
Efpagnols, fut la mère de notre roi Henri IV. Lorfque
Marguerite-He-Valois, Foeur de François Ier, & femme
'de Henri d’Albret , accoucha de Jeanne d’AIbret, les
Efpagnols, qui redoutoient toujours les droits de la
maifon d’Àlbret à la Navarre, difpient en triomphant
& en faifànt allufion aux armes du Béarn , qui eft
une vache .* miracle , la vesche a fait une brebis ; Henri
d’Albret, à la naîffance de Henri IV 9 fe fouvenant de
ce mot, difoit en triomphant à fon tour ; la brebis 4
enfanté un lion.
Antoine de Bourbon , père de Henri I V , en combattant
& mourant pouj les perfécuteurs, 'laiffa Jeanne,
pour ainfi dire, à la tête du parti qu’il avoit combattu.
( Voye^ l'article A n t o in e d e Bo u r r o n . ) Elle déploya
en faveur de ce parti, de rares talens , d’utiles
vertus & toutes les reffourecs d’une ame grande 8c forte
(Voyc^ l’article N o u e (la). Cette princeffe, trompée
par la perfide diflimulation de Charl.|TX , qui té-
jtioienoit la plus vive impatience f e voir & d’em-
braffer .cette chère tante / t k de marier enfemble les
deust religions , par le mariage de Marguerite fa foeur,
avec le roi de Navarre, fils de Jeanne, oublia le
confeil que fon. mari lui avoit donné en mourant, de
ne jamais venir à la cour de Franc?. Elle mourut a
Paris , quelques jours avant la Saint Barthélémy , au
milieu des préparatifs du mariage de fon fils, non
fans foupçon <r poifon-:
Je ne fois point injufte, & je ne prétends pas
A Médicis encore imputer fon trépas; ..
J’écarte des foupçons- peut-être légitimes, _
Et je n’ai pas befoin de lui chercher des crimes.
Elle étoit née en 15 31 , 8c s’étoit mariée en 1548.
JEANNIN , ( Pierre ) ( Hifl, de Fr. ) connu fous
le nom du préfident Jeannbi, naquit a Autun en 1 ^40,
de Pierre Jcannïn , échevin de cette Ville. Dans le
temps de fon élévation, un prince qui cherehoit à
l’embarraffer, lui ayant demandé de qui il étoit fils, il
lui répondit, de mes vertus. Dans fa jeuneffe , un homme
riche, qui , charmé de fon éloquence , voulut en faire
fon gendre, lui demanda l’état de fon bien, Jeannin
lui montra fa tête & fes livres ; voilà, dit-il, toute
ma fortune. Iî étudia le droit fous Cujas ; mais ce ne
fut qu’après avoir quitté deux fois fon école, par difii-
pation & par légèreté, qu’il fe livra férieufement à
l’élude du droit ; il fut reçu avocat au parlement de
Bourgogne le 2 1 'novembre 1569*. Il y plaida,fà première
caufe le 3Ô;janvier 1570 , pour la ville d’Autun
fa patrie , qui d.fputoit à. celle de Châlons , la pré-
féance dans l’affemblée des Etats , & qui l’emporta
il fut choifi , en 1571 , pour être le confeil de la province.
N’étant encore qu’avoeat, il fe trouva au confeil
quî.fe tint chez le comte de Charny , lieutenant-général
de Bourgogne , au fujet des ordres pour le niaffacre
de la Saint-Barthelemy ; Jeannin, qui opinoit le premier,
comme le plus jeune & le moins qualifié , cita
la loi de Théodofe , qui,. touché d’un jufte repentir
d avoir ordonné le meurtre de Theffalonique , défendit
aux gouverneurs d’exécuter de pareils ordres avant
trente jours, pendant lefquels ils enverroient demander
dé nouveaux ordres à l’empereur 5 Jeannin conclut à
envoyer demander. au roi, des lettres-patentes ; cet
avis entraîna les fuffrages, & fauvà la Bourgogne.
Deux jours après il arriva des- ordres contraires aux-
premiers.
Jeannin fut député aux états de Blois pour le tiers-
état de la part de la ville de Dijon * il fut un des deux
orateurs qui portèrent la parole pour le tiers-état dm
royaume: il pénétra de bonne heure les vues ambi-
fieufes & violentes de la maifon de Guife, & les tra-
verfa de tout fon pouvoir ÿ il fut ligueur cependant ;
fon zèle pour la » ligion catholique l’entraîna dans ce
parti ; mais il n’r \ fut que plus utile aux rois par fon
ardeur à défendra'leur caufe parmi les rebelles , par
.fes remontrancescoùrageufèsau duc de Mayenne, pour
|empêcher, de livrer la France aux- étrangers pour
l’engager à fauver l’état, lors même qu’il en combatt i t
le chef. Envoyé à Madrid par un confeil de féditieux,
il vit avec horreur les projets ambitieux de cette cour.
De retour en France,.il laiffa éclater cette horreur,
il n’oublia rien pour réveiller dans tous les coeurs, le
peu de patriotihne que le fanatifme & la rébellion
avoient pu y laiffer. Seul de tous les ligueurs, il rejetta
conflamment l’argent du. roi d’Efpagne ; il confondit les
intrigues du duc de Savoye, &. lui arracha la ville,
de Marfeille , dont le duc s’étoit rendu maître par
forprife. Quels fer vices auffi grands eût-il pu rendre,
aux rois , s’il fe fût féparé du paiti de la ligue ? Henri J II
lui donna différentes places, & enfin une charge de
préfident au parlement de Bourgogne ; Henri IV le fit
premier préfident‘du même parlement, &'le fit enfoite
entrer au confeil. Dès-lors Jeannin partagea toujours
avec Sully, la confiance de ce grand roi, au point
d’avoir quelquefois infpiré à cet illuflre Sully, une
jaloufie dont on apperçoit des traces dans fes mémoires.
it Jeannin , dit M. de Péréfixe, étoit plus confidéré-
j> que le duc de Sully, pour les négociations 8c les
n affàires étrangères. » Ses négociations fervirent d’infli-
tutions politiques au cardinal de Richelieu*,; qui les
lifoit tous les jours dans fa retraite d’Avignon..
Jeannin étoit à peine entré, au. eonleil lorfqu’uiv
fecret de l’état fe trouva révélé par un indifcret ou>
par un trakre.; des regards calomnieux fe tournoient
vers Jeannin , qui fe taifoit par prudence ou par indignation.
Le roi parle &.le venge ijeréponds- de Jeannin ,v
dit-il aux miniftres voyeç entre vous qfu \ révélé ce
fecret. P- Saumaife, qui a fait un éloge pifforiquë du-
préfident Jeannin, rapporte ce fait avec une fimplicité-
pleine d’énergie. Voici fes termes. «- Je réponds pour
» le bon homme ;. ainfi. l’àppelloit-il par tendreffe ÔC.
yr par amour pour lui, qui a fait que ce fage monarque
yy a toujours mis en dépôt fés plus fecrètes penlées dans.-
yy le foin de ce fage vieillard fermé- de tous côtés par
yy le filence & la.' fidélité yy.
Jeannin fut chargé de négociations importantes en?
Hollande pendant les anné s jl6o7 s 1608 & 1609;.
Les,- Etats - Généraux remercièrent folemnelkmenf
Henri IV de leur avoir envoyé un miniffre .fi fage
fi éclairé. A fon retour, îè roi l’émbraflànt& prenant
la- main de la reine-qui l’accompagnoit « vous. voyc^ r
lui dit-il , yy Hun des plus hommes de bien de mon*
yr royaume , le plus affectionné à mon fervice, le plus
yy capable de fervir l’état ; & s’il arrive que Dieu:
j> difpofe de moi , je vous prie de vous repofer fur fa-
yy fidélité & fur la paffion que je fais qul-il a pour le bien*
yy de mes peuples, yy Henri fo reprochoit de n avoir pas-
fait affez de bien à Jeannin , & d’avoir trop focondè
fon déffntéreffem. it par négligence ;.il difoit qu’il doroit
plufieurs de fes Jujetspour cacher leur malicemais que:
pour le préfident Jeannin il en avoit toujours-dit du
bien fans lui en faire.
La reine parut fo reffôuvenir de ce que Henri îun
avoit d itlo ffq u a la- retraite de Sully , elle chargea:
• Jeannin de l’adminiffration des financés ; mais clans quels*
temps, 8e combien cette adminiftratian avoit augmenté:
de difficultéL Jeannin neceffa de fervir la patrie jufqua^