
*> donnant avec lâcheté, il découvrira fa fcihlefle &
» le peu de cas qu’on doit faire de foi} alliance. L’effet
” naturel de ces deux ccipbinaifons efl de flétrir fa
» gloire & de faciliter mes deffeins. » -
Fort bien ; voilà donc ce que vous faites quand
■ vous avez un de (Te in malhonnête, injufle contraire à
vos engagernens, & îHa foi donnée, mais enfin çe
deffem ; l’approuyez-vous > le condamnez-vous | ü? efl
évident que vous l'approQvez & que vous le recomr
mandez,
C’cfl: avec peine encore que nous voyons un chapitre
porter le titre fuivant ;
• Lu prince fie peut vivre avec fécuritç tant qu’il laifie/
Icjcxtr à ceux qd il a dépouillés. \ •
Quel mal efl-il arrivé ji Charlemagne ' pour avoir
.M c y ivro Didier, roi des Lombards, dont il ayeit envahi^
les états ? & du temps même de Jylackiavcl quel
ç ete peur François I. rinçonyénient d’avoir lçilfïe la
vie à Maximilien Sforçe , fluc de Milan ? Nous çrain- ;
dnons ^bien plutôt que cette maxime Machiavellifte :
ne devait funefte au prince ufurpatëur ou récupérateur,
en mettant le prince dépouillé dans la nécenfié doter i
l.a \nç au vainqueur 9 pour pouvoir Ig conferver; En
devenant plus-redoutable à fon ennemi, pn rend çet
ennemi rupine plus redoutable.
il faut cependant avouer que Maçhiavcl efl un des
plus grands penfeûrs qui ayent écrit, que fon ouvrage çfl
yeni de vérités qu; importent au genre humain , que
iîs_?erreurs mêmes font d’un efprit très-étendu §£ très-
éclurç. C ’efl lui qui nous a emèigné à tirer de l’hif-^
tpvrç ja plus grande utilité dont elle foit fufeeptible, en
la fa faut fervir d’exemple & de preuve aux principes
polit crues cuM établit : jamais on n’g fait de l’hifloire
un plus bel y.fage., jamais on ne I’g mieux appliquée |
à fk verkable deftination. Machiavel a fourni beaucoup
d’idées aux éct ivains politiques qui font venus après ;
Ipi, &C Montefquieu même peut, à quelques, égards,
palier pour fön difciple. Chaque chapitre donne beaur
çcLp a penfer, & il y en a un grand n om b r e qu’on
peut regarder comme d’excdjens traités fur des par
U<-tp délicates & çurieyfes, oit comme des dpmonl-
tr?. fions très - piquantes de proportions paradoxales
qui avoient d’ abord étonné. Tels font les chapitres dont
voici les titres î Combien il importe à la liberté 'cL’au?
îorïjer les accufations. Qu autant les acçuftitionspeuvent
{lire utiles dans une république, autant la calomnie y
efl pernicieufi. Qu autant il efl du de louanges aux
fondateurs d une république ou dune monarchie t autant
H'cftjufte âç blaser les auteurs d un gouvernement tyra^fh !
nique. Qu’un peuple corrompu qui devient libre , ne peut
prefque pas réufiir à conferver fa liberté. Que les états
foiblcs font toujours indécis, <£ eue la. lenteur à fe déterminer
eft toujours nuifible. Que les places fortes font en.
général beaucoup plus nuftbles qu utiles, Que l’on prend
un mauvais parti lorfquon veut profiter de la défumoji
a une vihe pour ( attaquer & s’en rendre maître. Que les
Romains Liffoient leurs généraux parfaitement maîtres
de leurs operations. Qu'un chef vaut mieux que plu-
fieury , &. que leur multitude nuit au bien. Que la corruption
du peuple vient toujours de celle des prinçes,
Qu un trait d humanité fervit plus à vaincre les Falift
ques que la prudence des Romains. Comment en rétablit
la paix dans une ville divifée, & qu’il efl faux que
pour conferver fon autorité il jaille entretenir la défunion.
Ce dernier chapitre efl peut-être celui dont on doit
favoir le plus de gré à Machiavel. Il prouve au moins
que l’odieufe maxime : Divide & impera, n’appartient
pas au code m&chiavglifle ; mais dans ces chapitres
mêmes qui femblent annoncer la doéfrine la plus pure ,
‘Inventas etiam disjeéîi membra. pdètiz.
Tout n’eft pas exempt de ce venin quon appelle Machiavélisme.
Machiavel a écrit fur beaucoup d’autres matières. On
a de lui i’niftoire de Florence & la vie de Caftruccio C af
racani. ( Vcyeç cet article, ç’eft le dernier du premier
volume de ce diétionnaire biflorique,) on a de lui encore
des comédies &'des poèmes, il a imitél’âne d’or de Lucien
& d’Apmée. La Fontaine a imité fon 'conte de B eh
pkegor ôl fa comédie de la Mandragore, mais il a fait
de cel'e-rci un {impie conte.
Machiavel mourut vers 152.7 ou 1529.
MACKENS1E ( George { Hift. But. mod. ) lavant
moralise & jurifcohfiilte fcçoflois, il a foiitenu ce paradoxe
moral, très-vrai & très-utile , qu’il eil plus aifé
d’être vertueux que vicieux ! En effet quelle peine on fe
donne pour être méchant ! Combien fl faut réfifler à ce
penchant nature), à cet attrgit puiflant qui porte à la vertu
& à la raifon ! avec quel pénible effort on fe précipite
dans les regrets, les remords, & les craintes î Combien il
efl plus lacile, plus doux & plus heureux de coYn-
battre fes pallions que dé les lâtisfaire. Les hommes^
dit Montagne, tâchent d’etre pires qu’ils ne-peuvent.
Mot d’un' grand fens & qui contient la théorie de
Mackenjîe. On a encore de ce dernier auteur un traité*
en latin de la foibleffe de l'elprit humain. -Il nous a,
donné aulîi les loix & coutumes d Eco fi}. Né vers ï 6111
Mort en 1691.
Un autre George Mackenfie, médecin d’Edimbourg,
a donné en 1708 &. 1711, àdsH’ies des écrivains Ecofidis.
MACKÏ ( Jean, )•* ^ LTifi dAnfit. ^ gentilhomme
Angîois, intriguant & efpion fameux qui fui vit le roi
Jacques lï en France, pour rçvéler fes démarches,
fes fecrcts $c fes delfeins au roi Guillaume. Il préparé
par fes' perêdes avis le fuceès de la bâta 11;; de la Hogue
ep 1692. En iyc<f il fit manquer l’entrepi-ife de Jacques
3ÏL fur l’Eccffe. Ayant prévariqué- même dans,
fon efpionage, félon la Coiuume de-s efpions, il fut
rpis en prifon fous le règne de la reine Anne , &.nç
fut mis en liberté qu’à l'avènement de Geofge I. Il
mourpt a Jloterdam en 1726. On a de lui un tableau
de la cour de Saint-Germain , cù il traite indignèment
le prince infortuné qu’il trahilfoit ; on a aufh de lui
des mémoires de la cour A ’ Angleterre fous Guillaume
I I •• & Anne, ils font traejuks en françois,
MACLAUR1N ( Colin, ) : Hift. lia . „;*!,) célèbre
mathématicien anglois. On a de lui un traité d’algèbre
fort cüime v une expofttion des découvertes philofo-
phicjues de Newton, traduite par la Virote ; un traité
<k*
'des fluxions, traduit par le P. Peïenas. Né à Kilmoddan,
d’une famille noble, mort en 1746 à quarante huit ans.
MAÇON ( Antoine le ) ( Hifl Litt. mod. ) tra’
dufleurdu Dicaméronde Bocace, Editeur des oeuvres
de Jean le Maire & de celles de Clément Marot, auteur
des amours de Phydie 6- de Gilafine. Il étoit attaché
à la reine de Navarre, Marguerite, feeur de François I.
à la follicitation de laquelle il traduifit Bocace,
MACQ UART (Jacques Henri) {Hifl. l i a mod.)
né à Rheims de parens pauvres, fut choifi par M. de
Pouilly pour diriger, fous fes yeux, les études de fonn-s,
aujourd’hui Aflocié libre regnicole de l’académie
des inferiptions & belles-lettres, dont fon pere ot
fon oncle étoient affociés ordinaires. Pendant que M.
de Pouilly le jeune étoit le difciple de M. Macquart ,
M. Macquart rétoit de M. de Pouilly le père refit
avec lui & fous lui ces fécondes études qui murifient
les premières , & fans lefquelles celles-ci fe réduifent
bientôt à rien; il étoit à la fource des belles connqifïances,
& il en profita : mais ce fut vers la médecine qu il tourna
principalement fes études ; il fut médecin de la faculté
de Paris, médecin de la charité ; il s’enflamma d’abord
pour l’inoculation, il crut s’être trompe dans la
mite, & l’avoua hautement. Il efl dû quelque eflime
à un favant qui dit : je me fuis trompé, quand il ne
fe tromperoit qu’en le difant. Il avoit forme le projet
de fe livrer tout entier à l’étude & aux traitemens des
maladies des artifans, qui proviennent de leur art ou
métier, il mourut en 1768 à quarante-deux ans, d’une
fièvre maligne dont il fut attaqué dans le cours de fes
vifites à la charité. Il travailla pendant fept ou huit
ans avec beaucoup d’affiduité au journal des favans,
oii il avoit remplacé pour la partie de la medecine
M. Barthès, qui a fi bien rempli depuis les grandes
efpérances qu’il donnoit dès-lors.
A M. Macquart foccéda au journal des favans, dans
la même partie, M. Macquer, célébré par fes élemins
de chymie, homme lâge &. doux, &quin’avoit pas
la même averfion que fon prédéceffeur pour les idées
nouvelles & pour les découvertes de fon fiècie.
M. Macquer avoit un frère nommé Philippe ,
avocat, auteur de divers abrégés chronologiques de
l’hifloire eccléfiaflique, de l’hiftoirè d’Elpagne &, de
Portugal, des annales romaines , autre abrégé chronologique.
M. le préfident Hénault avoit eu part à l’abrège
chronologique de l’hifloire d’Efpagne & de Portugal.
M. Macquer fut a‘dé aufïi dans la compofition de
cet ouvrage , par M. Lacombe, ainfi que dans la tra-
duôlion du Syphilis de Fracaflor. Le même M. Macquer
eut part encore au di&ionnaire des arts & métiers,
en deux volumes in-8°. Né en 1720. Mort long-temps
avant fon frère, le 27 janvier 1770.
MACRIEN, {Hift. Romé) (’ Titus-Fulvius-Julianus-
Macrianus ) né en Egypte , d’une famille obfcure ,
élevé par fon mérite ou par fon bonheur, aux premiers
emplois , voulut s’élever à l’empire , lorfque
Valérien qu’il accompagnoit dans fon expédition contre
les Perles , fut fait prifonnier en 258. Mais il fut
défait par les généraux de Gallien , fils de Valerien,
Hifioïre, Tome III,
& fes foldats, à fa prière même, le tuèrent avec 1e jeune
Macrien fon fils, en l’an 26a. Deftinée ordinaire de
ces prétendans à l'empire, lorfqu’ils ne rcufiifToient
pas.M
ACRIN , ( Marcus-Opilius-Severus-Macrinus )
( Hift. Rom. ) naquit à Alger de parens fi pauvres,
qu’il n’eut d’autre refîburce que de fe faire gladiateur.
Il fut chargé dans la fuite d’acheter les bêtes fauvages
deflinées à combattre dans les jeux publics. Dégoûté
de tous ces états , il fut fucceffivement notaire , intendant
& avocat. Son efprit fin & délié prit une grande
connoiffance des affaires, & ce fut par-là qu’il fut
élevé à la dignité de préfet du prétoire. Le crédit que
lui donna cette place , ne fit qu’allumer fon ambition ;
& honteux de n’occuper que le fécond rang, il voulut
monter au premier. Il monta fur le trône en 218 ,
après avoir fait affaffiner Caracalla. Les premiers
jours de fon règne en firent heureufement augurer :
les impôts furent abolis, & le fénat fut charge de
rechercher & de punir les délateurs qui avoient ete
■ en faveur fous le dernier règne. Les frontières étoient
alors dévaflées par Artaban , roi des Parthes, qui
vouloit tirer vengeance de la mort de fes fujets, que
Caracalla avoit fait maffacrer. Macrin lui oppofa une
armée qui l’arrêta dans le cours de fes conquêtes.
Mais enfin 11 fe vit réduit à demander la paix a ce
roi barbare, qui ne l’accorda qu’à des conditions hon-
teufes. Macrin, plus occupé de fes plaifirs que de fa
gloire, s’abandonna à la balfefie de les penchans. Indifférent
aux profpérités de l’empire, il oublia les
. affaires pour fe plonger dans les plus fales voluptés. Il
s’éloigna de Rome, & fixa fon féjour à Antioche,
pour n’avoir plus le fénat pour témoin de fes débauches.
Tandis qu’il étoit noyé dans les délices delà
‘ mollèffe, il exigea du foldat une obéifl.mce d’efclave :
la difeipline militaire devint cruelle-, fous prétexte de
I la rendre exaôle. Ingrat envers ceux qui l’avoient élevé
à l’empire, il oublia qu’ils pouvoient détruire leur ouvrage.
L’armée, laffe de fupporter fa févéritéoutrée,
proclama Héliogabale dans la ville d’Emeffe. Le bruit
de cette révolte ne put réveiller Macrin affoupi dans
les voluptés : il fe contenta de lui oppofer une armée
fous Jes ordres de Julien. Ce général fut défait &
maffacré. Un foldat eut l’audace de porter fa tête à
Macrin, en difant que c’étoit celle d’Héliogabale, fon
concurrent. Ce foldat, après avoir été bien récom-
penfé, s’enfuit avec précipitation. Macrin, revenu de
. don erreur, reconnut trop tard le danger que fa négligence
avoit dédaigné. Comme il n’avoit point d amis,
il fe vit abandonné des adorateurs de fon ancienne
fortune. Empereur fans troupes & fans fujets , il fe
déguifa pour n’être point connu dans fa fuite. Il fut de-
couvert dans un village de Cappadoce par oes foldats
qui avoient fervi fous lui, & qui avoient éprouvé la
fé vérité de fa difeipline : ils lui tranchèrent la tête qu’ils
portèrent à Héliogabale, qui la reçut comme une offrande
digne de lui. Son fils Diadumene, qui étoit d’une beauté
raviffante , fut enveloppé dans fa malheureufe deftinée.’
Il l’avoit affocié à l’empire; 6c ce/uf cet |lûnneur
qui lui coûta la vie. Macrin mourut âge de cinquante