
«tans' «ir li t , ni celle que trouvent tous les malheureux
à v o t quon les plaint & qu’on cherche à les
fecourir. On a trouvé dans des caveaux des malheureux
qui,. par défèfpoir ou pour affouvir une faim enragée
, s’étoient dévoré les bras. Ce n’étoient pas les
plus à plaindre, ils avoient du moins un efpaee libre
qui permettait à leur défèfpoir cette explofion affreufe
mais qui femble fôulager pour fe moment. Qufon fe
repréfente des malheureux privés même de cette ref-
fburcexdont une pui fiance fùpérieure a tous leurs efforts,
enchaîne les mouvemens dans l’èfpace étroit d’une
bière * qui n’attentent pas fur eux-mêmes parce qu’ils
ne le peuvent pas, qui ne. peuvent qu’étouflsr , qui
ne peuvent qu’attendre dans les eonvulfions de cet état
violent, dans des tourmens qui effrayent l’imagination &
qu'on ne conçoit peut-être pas tous, une mort inévitable
, mais qui peut les fuir long-temps. Voilà, pourtant
à. quelle dèftinée on expofe tousles jours fans y penfer,
un grand nombre d’hommes par des inhumations,
précipitées.
On a fait en 1783 des exhumations confidérablès dans
Pènceinte de l’églife de St. Eioi à Dunkerque, M.
Hecquet, chirurgien major des hôpitaux, dans une
relation imprimée de ces exhumations,. rapporte le fait
fùivant Je ne puis palier fous fîlence une circonftance
qui a.- jette, une triffeffe particulière dans mon travail..
» Comme je fâifois ouvrir les cercueils lés uns- après
» les autres, il s’èft . rencontré un cadavre entier couché
«. for le côté droit,, la tête & les genoux fléchis,.
pouffant la planche latérale droite , & ayant le bras
» gauche, les feffes- & les talons contre la planche
» latérale gauche. L’on m’a dit qu’il’ étoit enterré de-
m puis environ huit ans. Sa pofition , la feule que j’aie
» rencontrée de cette efpèce,.laiffe croire que ce corps a-.
» pu être mis dans là-bière dans un état léthargique;
U qu’en revenant de cet accès il fê fera débattu, ÔL
n que mort au milieu de fes efforts ,.il aura confervé,1’at-
u titude dans laquelle il'a. été trouvé.
M.. Maccjuer qui cite ce récit, de M, Hecquet-
ajoute les reflexions fuivantes : :
» Il eftaiféde fe figurer l’horrible fituation où.a
» dû fe trouver, ce malheureux entreprenant connoif-
». fance , l’affreux défèfpoir dont il a éfé. accablé
» quand l’inutilité de fes efforts la, convaincu,qu’il fal-
») loi: fe réfoudre à mourir dans ce lieu.horrible ,.de la-
» plus cruelle de toutes les morts:& lès funeftes- accidents'
» que doivent cccafionner les enterremens faits avec.
» précipitation fur defimples apparences de mort. Nous
99 avons quelques loix faites pour prévenir de pareils -
» ma'heurs ; mais font-elles; bien exécutées.? fonh-eilès
» même fuffifantes?- c’efl un objet; qui mérite, toute
01 l’attention du gouvernement.
LÀ-MIAQUE (G uerre) ( Hifl. ancienne ) guerre
«ntreprife par les Grecs ligues, enfemble, à l’exception
des- Béotiens, contre Anripafer ; & c’eft.de la bataille
donnée près de Lama ,.que cette guerre tirafon nom.1
Lamia. (D . J ) ,
LAMIE, {FLifl. anc; ) courtifàne Scjouêufë dè flûtes
dte profeffionfille, fpimuriie, aimable,, féconde, en.
bons mots & en-reparties vives, au rapport d’AtHenéë,
fut la maureffe de Ptolomée Soter, rc-i d’Egypte, lur. des
fueccffeurs d’Alexandre. Elle fut prife dans: la bataille
que Demetrius Poliorcetes gagna contre ce prince près
de Pile de Chypre, ôc amenée au vainqueur,. qui bientôt
s’avoua.vaincu par elle, & qui' l’aima éperdument,.,
quoiqu’elle fût déjà d’un certain âge, & qu’il fe fût dégoûte
de Ph là fa femme, parce qu’elle étoit dans fe
même cas. On difoit dès autres maîtreffes de. Demetrius,.
qui en avoit beaucoup, qu’èl lès l’aimoienf, & de
Lamie que c’etoit lui qui l’àimoit. Jaloux de recueillir
pour elle tous les fuffrages ,.il demandôit un- jour à une-
autre courtifàne ce qu’elle penfoit dè Lamie ? que ceJE-
une vieille femme,.. répondit la courtifàne ; un moment
après, lui montrant des bagatelles dont Lamie lui avoir
fait préfent : voye^ ,. liai dit-il, tout ce que Lamie m envoyé.
Ma mère,. répondit la courtifàne vous- en enverra
bien davantage f i vous voule* la prendre pour
maître fie. Cette mère avoit été maîtrefie d’Antigone
père de Demetrius , & Demetrius même- avoit eu
quelque goût pour elfe. Cètte Lamie, comme toutes les;
filles-de Ion efpèee, étoit d’une énorme dépenfe & d’uni
fafte royal..;, elle fit conftruire dans Sicyone un magnifique
portique ;-, elle donnoit à Demetrius dès feflîns-
fplendîdés. Un poëte comique l’àppella- Xhelepole de lai
Grèce, faifànt allufion à une tour ou machine a dé*-
truire les villes, dont Demetrius avoit fait tjfage au- fa*-
meux fiège dè Rhodes, Lamie étoit fille d’un Athénien
, nommée Clèanor. Demetriïis tiroit dé fortes*
contributions dè toutes les: villes, dè la Grèce, & en:
avoit kir-tout tiré dè très-fortes d’Athènes pour enrichir
Lamie & fes autres maîtreffes, ce qui n’empêcha
pas lés Athéniens dè pouffer la bafféffe jufqu’à élèver-
à Lamie un templè fous le nom de Venus Lamie ;;
Demetrius.en fut fTaté pour elle & pour lui ,.il en-
fut honteux pour eux. Demetrius. ôc Lamie vivoient :
trois fiècle-s avant-J. C.
LAMOIGNON, ÇHiJLdè Fr.') là maifon de Lamoignon,
fi célèbre dans la robe, oîï elle a fourni, urr-
chancelier, .un gardé dés fécaux, gendre d’un gardé des-
fcëaux,.un premier piéfident du parlèment-de Paris, plu» -
fieurs chefs d’autres compagnies fouveraines ,/fîx préfi-i -
dents a mortier, plùfieurs intendàns de grandès provinces,.,
dés maîtres des requêtes, dés confeiîlers d’étât , un>
fecretaire d’état, appelle -au miniflère par là voix publique,..
& qui l’â quitté-malgré le public, & que là-',
voix publique.y a fait rentrer,.d’ailleurs;appel'é'àtout-
par fës talèns:& digne dè tout par fes vertus ; là mai—-
fon de Lamoignon a.une origine militaire, très-reconnue
; elle eft une-des plus anciennes dû Nivernois 9>
elle étoit difiinguéè dans îaproféfîion des armes, même-
avant le régné de Saint-Louis ,.&L continua de s’y diftin- -
guer depuis.. Charles de Lamoignon fèrvoit en 1340:
dans l’armée- dé Philippe de Valois, contre lès anglois;
c’éft de fa. femme Jeanne d’A n lè z y q u ’on regardoit.
comme deftendue de cadets de la maifon de Bretagne,..
que vient le franc-»quartier d’hérmines, que portent les-
Lamoignon dans leursarmes , d’ailleurs lofangé :s d’argent
&.de fàblé. Pierre cîe I-amCgn on fçrwo't en-: 1412^
dans, l’àiméë dè-Charles,VI. en Beiry.. François de Las-
L A M
Æ ,;g„oa fût tué an fi'ège Rnchélte en *5»«. j
ün vot dans les «Sffirens temps les L.imaijnon foccd-
Ifivement attachés aux comtes de Nevers , de- a maifo
de Flandre, de la maifon de Bourgogne, de la maifon
d» Oèves. Charles d£ Lamoignon fut chef du conleil
dè François de Clèves , premier du nom, duc de
Nivernois , qui lui donna par contrat du Prera
février 15 53 , la terre de Launay - Courfon , pour
laquelle il rendit foi & hommage au rot Henri f l ,
■ entre-les mains de Jean Bertrand*, garde desfceanx.de
.France , le 13 du même mois. Cette terre , qui eto
fortie de là famille, y eft rentrée fous M. le premier :
préfident de Lamoignon , par les jufles libéralités de
Louis X IV , contenues dans fes lettres - patentes, du .
-30 juillet 16 67, enregiftrees au parlement & a .a
■ chambre des comptes ; &ncn point par la vm..qui ■
diqueune anecdote faiiffe & calomnieufe , mferee dans
le premier volume du recueil qui a pour ;
.méftffmut 6- peu connues pour fervir a I J ig u t . •
Bruxelles .17.81. On peut en trouver une-réfutation
.complette’ à la fuite de la vie de M. le premier pm-
fident de Lamoignon , imprimée à la fin du quatrième
& dernier -volume de l’iuiloire de Charlemagne , qui
.a paru en 1782. . ,
. Charles de Lamoignon, dont nous venons de parler,
. .né le premier juin 1514, fous le règne de Louis X I I ,
,eft le premier de fa maifon qui entra dans la ma-
® Un defes fils,(il en avoit eu treize & fept filles)Pierre
de Lamoignon, prodige de fcience des lage le plus
■ tendre, ami des faVantS, objet de leur admiration &
de leurs éloges,mis par Bailletaunombre des enfonts
ïUuftres, câèbré par Théodore de Beze, fon ami
-confumé par l’étude & le travail, mourut de vieilleffe
à vingt-neuf ans , fans avoir eu ni jeunefle m enfance.
11 avoit compofé à douze ou. treize^ ans , en
vers latins, deux poèmes qu’il avoit en meme temps
traduits en vers grecs ; ces deux poëfies eto.ent intitulées:
Depkreuh calamitatum Gallue. Le temps oh
ils furent faits ne juflifioit que trop ce titre. Ils parurent
imprimes en 1570 , au milieu des horreurs des
■ guerres civiles & reiigieufes. . c .
Chrétien de Lamoignon, fon ftere puîné , fut fait
préfident à mortier en 1633. C ’eft le pere du premier
préfident. Celui-ci (Guillaume) , n’eut point la charge
de préfident à mortier de fon père ; des arrangements
de famille la firent paffer au préfident de Nefmond ,
fon beautfrère ; & Guillaume de Lamoignon etoit iim-
ple maître des requêtes , lorfque le cardinal Mazaun,
auquel il demandôit une charge de préfident a mortier,
lui donna, en 1657 , la .première préhdence, lans le
ccnnoître particaîièrement, & feulement fur fa réputation
de talent & de vertu. Il accompagna meme
■ cette grâce des propts les plus obligeants & dengage-
ments*plus obligeants encore pour bli. de Lamoignon^
ide ne lui jamais demander de complaifances qui cou-
taiïent rien à fon amour pour la jufrice. Leifouvenir
encore récent des troubles de la Fronde faifoit Tenta
au cardinal l’intérêt qu’il avo it de mettre dans cette
place un homme éclairé , ^vertueux & modéré, bon
A
jam a is
2 0 l
attente fut .r.:mpu , - i . , . .p ■■
pàifïble, ni i’autorité plus rcfpeélee , ni 1 adnûmuratiou
de la jaftice plus -régulière &L plus pure que fous M. de
Lamoignon. Lorfqu’après la mort du cardinal , on ht
le procès au Iurir,tendant Fouquet , le premier pre-
fident fut -mis d’abord à la tête de la çommifüon
chargée, de le juger : la raifon qui avoit lait chodir
ce magiftî a t , malgré fon intégrité , etoit qu U avoit
eu à fe plaindre de Fouquet. Mais quand on vit que
foulant aux pieds tout reflentiment , il avoit pour
Fouquet les égards dus au malheur ; quand on vit
qu’il répondoit toujours en magiftrat, & jama s en
eourtifan , aux miniftres ? qui vouloient fonder les
difpofitions, fon impartialité déplut , on voulut^ lui
donner des dégoûts; on fit venir le chancelier a la
commifiion , pour en -ôter la preficence a M. de
Lamoignon ; enfuite on prit pour la commifiion, les
heures où le premier préfident étoit occupe au palais.
Alors il fe retira de la commifiion, fins bruit, fans
, plainte, fans éclafe ce nefi point moi , difoit-il , qui
quitte la chambre , ce f l elle qui me quitte;
On lui offrit, pour l'y faire rentrer , de partager la
préfidence entre le chancelier & lui , de donner le
matin au chancelier , & le foir au premier prefident*
On a1 la enfuite jufqu’à offrir d’exclure entièrement
de la chambre , le chancelier , & de rendre ati
premier préfident la préfidence entière , pourvu quii
voulût conférer en particulier des affaires de la chambre.-
avec les juges qui avoient la confiance de M. Golbert.
On en vint enfin jufqu’à lui propofer de reprendre
feul la préfidence entière comme auparavant, & fans
condition. , , . _
C ’étoit un grand hommage rendu a fa vertu 6C
un aveu bien glorieux de la faveur que fon nom
donnoit à la chambre dans le public, v.
N’importe , il perfévera dans fon refus ; u diloit a
fes amis: lavavi manus meas , juomodo mquinabo eas.,
De plus, deux choies lui avoient toujours fait de
la peine dans fa.fonâion de juge de M. Fouquet ; 1 une ,
étoit l’amitié qui les avoit unis autrefois ; 1 autre ,
l’efpèce d’inimitié qui avoit fucçédé à ce premier fen-
timent. La première le rendoit fufpeél a la cour ; fe
fécondé pouvoit le rendre fufped au peuple.
Lorfque M. Colbert, qui vouloit être chancelier ,
aidé de M. Puffort, qui ne'renonçoit pas non plus
à l’être,^ fit rédiger là célèbre ordonnance civile de
16(37 , leur premier projet étoit que ^ ce travail fut
fecret, & que l’ordonnance , fans avoir ete^ communiquée
à aucune perfonne du parlement^, fut publiée
par la feule autorité fouveraine , c eft - a - dire,,
enregiftrée dans un lit de juftice. M. de Lamoignon
averti de ce projet, le fit manquer & le fit autonfer
p * Louis X IV , à conférer avec M.iiieuvs Co.bert
& Puffort : ce fut ainfi que s’entamèrent les coine-
rences , dont le procès-verbal imprimé prouv e àflez
combien elles, étoient néctffaires , puifque quantité
d’articlês’ de. l’ordonnance ont été reformes ou modifiés
en conféquence , M. Golbert & M. Puffort ayant
voulu profiter, pour la cornélien de leur ouvrage
de l’obligation où ils fe virent de le communiquer
O o s