
«.Tu t'imagines donc, dit le comte de Gratnontafon ami
Matta , que je ne connois pas les Menodores (Menaud
» d’Auro ) ni les Corifendes ; moi 1 je ne fçais peut-être
«pas qu’il n’a tenu qu’à mon père d’être fils d’Henri
» IV. Le Roi vouloit, à-toute force , le reconnoître,>
jamais ce traître d’homme (ce n’eft que de fon
père qu’il parle ) , n’y voulut eonfentir, Vois un peu
» ce que ce léroit que les Gramont , làns ce beau
v travers ! ils auroient le pas devant les Céfers de
» Vendôme jr.
Ceft à ce même comte de- Gramont, petit-fils de
• Confonde cPAndouins, ainfi que le. premier maréchal
' de Gramont, que fe comte Antoine Hamilton adreffe
les fameux mémoires dont il eft le h é r o s p a r une
ïêpître qui commence ainfi r
Honneur des rives éloignées >
Ou Confonde vit le jour,
De Menodore (.Menaud d’Aure ) heureux féjour
D ’oh vos errantes deftmées
' Semblent vous bannir fans retour, &c.
Le comte Hamilton étoit beau-frère du comté de
Gramont ; celui-ci avoit époufé Elizabeth Hamilton,
fa foeur y dame du palais de la reine Marie-Thérèfe.-
■ Le père du maréchal & du comte de Gramont avoit
® «été fait duc à brevet le 13 décembre 1643.-
Le maréchal de - Gramont , fon fils aîné ,. frit- le
premier pair de fo maifon. Il fut fait maréchal de
France le 2,2 feptembre 164il II effuya un échec au
combat d’Honnecourt, le 2.6 mai 1642. Il fervit avec
gloire en 1644 & 1645 , fous Turenne & Condé;.
■7k. en 1646 , fous le duc d’-Orléans Gafton ; il avoit été
feit prifonnier à la bataille de Nortlingue en 1645. Il
• contribua,, en 1648 » à la vîâoire de Lens. il fut fait
duc & pair en 1663 ; accompagna le Roi à la conquête
de Flandre en 1667 <,-•& mourut à Bayonne le 12
juillet 1678, ayant perdu,-le 29 novembre 1673, le
.comte dè Guiche fon fils aîné , célèbre par plufieurs
faits de guerre mémorables , & par les intrigues galantes
, reelles ou fuppofées, à la cour du Palais-Royal.
Le fécond maréchal de Gramont étoit petit-fils du
premier, & neveu du comte de Guiche ; il fe fignala
au combat d’Ekeren, le 30 juin .1703 à- la:bataille
de RamÜBes , le 23 mai 1706, il fut bleffé dange-
' reufement la- veille de la bataille dè Malplaquet ;• il
contribua, en 1713 ^ à là prife de Fribourg; il fut
fait maréchal de France,- en 1724,- le 2 Février ,-
& mourut Te 16 feptembre 1725. Il fut le premier
“colonel des-Gardes-Françoifes defe maifon.-Le dernier
a été le duc de Gramont,- tué à-la bataille de Fontenoy
cir r74^ .
Le cardinal de Gramont , Gabrielévêque de Tarbes,
puis archevêque de Bordeaux , puis dè Touloufe, qui
• îervit utilement François I‘r dans les négociations relatives
à fa délivrance, &qui mourut en 1534, étoit
de la première maifon de Gramont, frère de Claire ,
qui porta le nom' &. les biens de la maifon de Gramont
à Menaud d Aure.
GRANCEY, (Rouxel de Medavi d Hiß. de Fr.}
ancienne uu.ion ue Bretagne, dont étoient ?
ï 6" George Rouxel , feigneur de Medavi, tué $
la bataille de Guinegafte, en 1479.
20. Fleuri Rcuxel , tué à la bataille de St. Quentin
en S I I 1 BS „ „ !
3°. George fon frèrê, feigneur de Pierrefite tué.a-
Gravelines, en 15 58.
4°. Denis , leur frère , feigneur de Crocq , qui
ayant été mis hors d’état de fervir , au fiege de
Domfront, fe fit eccléfiaftique.
50. Pierre Rouxel , baron de Medavi , comte de
Grancey homme d’une force extraordinaire & d’une
grande valeur. On raconte qu’ayant tué dans un combat
unfieur de Trepigny, il le porta tout armé ôt enferré'
de fon épée , plus de quatre pas en l’air. Il avoit
époufé-, en 1585, Charlotte de Hautemer, comteffe
de Grancey. Il mourut le dernier décembre 1617.
s* 6°, Il rat père du premier maréchal de Grancey,
Jacques Rouxel,- comte de Medavi mort le 20 no^
vembre 1680.
70.- Le fécond maréchal de Grancey, ' ( Jacques
Léonor Rouxel, comte de Medavi ) étoit le petit-fils
du premier ; il fut fait maréchal de France en 1724 ,
& mourut le 6 novembre 1725.
8°. François, marquis de Grancey, fon frère, maré-1
ehai-de-camp , fut bleffé dangereulement à la bataille
de Luzzara, en 1702.
90. Dans la- branche des comtes de Marei, Guillaume
Rouxel de Medavi , troifième fils de Pierre
Rouxel ( article 5 ) & de Charlotte de Hautemer,
comteffe de Grancey, mourut en 1652 des bleffures
qu’il avoit reçues au combat de Bleneau. Il étoit mat
réchal-de-camp.-
io°. Jofeph Rouxel, comte de Marei , f e n f i l s 5-
fut tué en 1668, au feçours de Candie.
GRANCOLAS , (Jean) {Hifl. Lut. Mod.)
doéieur de Sorbonne ,. fort redouté des étudiants en
Théologiequi vouldient prendre des grades en
Sorbonne ; peut-êtrè fon nom contribuoit-il à infpirer
cette terreur ; c’étoit d’ailleurs un.-homme très-fçayant
dans les antiquités eccléfiaftiques, & un des plus grands
liturgiftes de France. On a de lui un Traité des Liturgies
, où il décrit la manière dont'on a'dit la meffe
dans chaque fiècle , tant en Orient qu’én Occident.
L’ancien Sacramentaire de PEgiife, ou on trouve toutes
les anciennes pratiques obfêrvees dans radminiftration
des focremens, tant chez les Grecs que chez les Latins,
Un Commentaire hiflorique fur le Bréviaire Romain.
Un Traité de P antiquité des cérémonie? des Sacrements.
Une Hiftoire abrégée de l’Eglife de Paris. Des traductions
de quelques Pères , &c. Mort en 1732,
G R A N D , (le),. Nom célèbre dans plus d’un
genre :
i°. Pierre-le-Graiid , fameux armateur de Dieppe:,
homme d’une intrépidité extrême, prit avec un petit
vaiffeau de quatre pièces de canon, & monté de vingt-
huit hommes feulementun gros navire efpagnol, cfe
cinquante-quatre pièces de canon, abondamment pourvu
de vivres & chargé de .richeffes. Il fe trouva que
c’étoît le vice-amiral des galions d’Efpagne, qui avoit
été féparé de |à flotte par pii-coup de vent. Le Grand y
fans daigner employer aucun ftratagérilô î aborde
fièrement ce navire qu’il auroit dû éviter, foute dedans
avec fes vingt-huit hommes, armés de deux piftolets
8L d’un coutelas ; il court à la chambre du capitaine,
lui met le piftolet fur la gorge, le force de fe rendre ;
il cbnduifit la prife en Europe, &. fut riche pour toujours.
Cet évènement arriva vers l’an 1640.
2°. Joachim Le Grand, connu fous le nom de
l’Abbé Le Grande d’abord Oratorien, difciple du P.
Le Cointè , puis fecrétaire de diverfes ambafîades,
auteur de plufieurs écrits hiftoriques & politiques for
la fucceffion à la couronne de France & à la couronne
d’Efpagne & autres fujets femblables. Il a fait aufli
VHiJloirt du divorce de Henri V i l l ^ Se des traduSlions
des voyageurs Portugais. Ceft cet abbé le Grand qui
a raffemblé les matériaux d’une Hiftofre de Louis XI.
Mort en 1733.
3°. Marc-Antoine Le Grand , aâeur & poète fran-
çois. Comme aâeur, il étoit fiflé , parce qu’il étoit
laid; il parvint à fe foire tolérer , en haranguant le
parterre , & en lui difent un mot qui parut fous réplique
: Mejjicurs , il vous efi plus aifé de vous accoutumer
à ma figure , qu’à moi cP en changer. Son talent
fit le refte ; & il parvint, dit-on , à jouer fort bien
les rôles dé rois dans la tragédie , & de payfans
dans la comédie. Comme auteur comique, il eut encore
plus de foccès. On joue plufieurs de fes pièces : Le
Roi de Cocagne ; P Amour Diable ; la Famille extravagante
y la Métamorphofe amoureufe ,* V Ufurier gentilhomme
; P Aveugle clairvoyant ; la Nouveauté, &c.
Il .avoit feit une comédie de Cartouche, qui fut jouée
le jour même ou cé malheureux fut rompu, ce qui
• yappelle ces mets de Rouffeau ;
Eft-il permis de braver for l’échelle,
Un patient jugé par la Tournelle ;
Laiffons-le pendre au moins fans l’infolter,
Le Grand avoit feit encore une comédie du Luxurieux
,.dont on difoit dans le temps, qu’un des commanr
dements de Dieu étoit :
Luxurieux .point ne Feras,
On a remarqué que Le Grand çtpit né le jour de la
mort dè Molière , comme pour le remplacer , mais
il ne le remplaça point. Il mourut £n 1728,
GRANDIÉR, f Urbain ) ( Hiftt de Fr. ) L’exemple
de cet infortuné eft un .des plus décififs qu’on pufffe
oppofer à ceux qui voulant .excijfer le xardiiul de
Richelieu., difent <^ie s’il fut cruel, il 11e fot pas formellement
injufte ; .comme s’il n’çtoit.pas mjuite.d’être
cruel! Mais enfin , ne confidérons.quel’injuftice.pro-r
prement .dite ; le cardinal dé Richelieu a fait condamner
par Laubardemont, fJrbain Grandier comme forcier,
Richelieu & Laubardemont l’ont-ils ç ru, ontrilspule
croire forcier ?
Urbain Grandier étoit curé de Saint-Pierre & chanoine
.de Sainte-Croix de Loudun ; il avoit contefté
au cardinal de Richelieu, quelques droits honorifiques
que celui-ci réclamoit dans cette dernière églife , en
•vertu de fon prieuré de Courfoi, peu diftant de Loudun;
déplus, connue Grundier .ctoit fort cauftique, on lui
attribuoït une fatyre contre le cardinal, inthuée : la
Cordonnière de Loudun. Vers le même temps , les
Urfolines de Loudun prétendirent être pcflcdées du
démen. Le cardinal attentif à tout, envoya , dit-on ,
à Lcudun, le P. Jofeph, pour juger fi c’étoit quelc « e .
chcfe dont fes ennemis puffent abufer contre lu i, ou*,
dont il pût abufer contr’eux. Le P. Jofeph n’y vit que
des fottifes monachales , dont il n’y avoit aucun
parti à tirer ; mais le fameux Laubardemont paffant
a Loudun pour d’autres affaires , vit tout d’un coup
le mal qu’on pouvoit faire avec ces fottifes, & pro-
pofe au. cardinal de fe donner le plaifir d’une veiv
geance bien facile & bien atroce. La caufiicité de
Grandier lui avoit feit une foule d’ennemis dans Loudun,
& il étoit actuellement en procès avec prefque toute
la ville. Les poffédées , infimités par leurs parents &
leurs amis, s’en prirent à Grandier, de leur pcffefiion.
Diable lui-même , il leur avoit envoyé des diables;
forcier , il leur avoit jette des forts ; & pour preuves ,
on indiquoit des marques fur la peau , des paquets
d’os & de cheveux cachés dans des trous ; on établit ,
pour juger de cette affaire, une commiffion compofêe
de juges pris dans le voifinage de Lcudun , & pré»
fidée par Laubardemont. C’étoit annoncer déjà qu’on
vouloit rendre les chofes bien criminelles ; Grandier
rioit d’abord & despoffeflions & des exorcifines, & des
allégations des poffédées, ne pouvant pas imaginer
que des gens raifonnables donnaffent la moindre atten*
tion à de pareilles folies ; mais un de ces exorciftes ,
fon ennemi, ne manqua pas d’obferver que cette affaire
reffembloit beaucoup à celle du curé de Marfeiîle ,
Gofridy , brûlé comme forcier en 1611. Laubardemont'
&. fes cafoiftes établirent pour principe , que le
diable duement exorcifé, étoit contraint de dire la vérité i
auffi ,t;out ge que dirent les poffédées, fut vrai. On
font toutes les conféquçnjçes d’un pareil principe &
toute fon eflicacffé pour perdre un innocent. Des Médecins
quelques honnêtes gens ^’expliquèrent avec
franchife for cette indigne force , & l’attribuèrent chez
les uns à fourberie , chez d’autres à maladie ; Laubarde*
mont leqr fit dire feçrètcment, qu'ils eu fient à ceffef
leurs plaifen,teries & leurs remarques; on commença
même.bientôt à .dire publiquement, que de femblables
difçours ne po^voient être tenus que par des complices
du criminel» on par des hérétiques., fans foi aux exprcilmes
& ènnémis de l’églife ; on afficha une défenfe, fous
des peines graves, de parler rmff des juges, de la pre*
cédure, des exorciftes & des poffédees. La précaution
manifeftôit le doî, On auroit peine en effet à imaginer
les prévarications monftmeufes de tous les mimftre*
employés dans cette procédure , juges , exorciftes , chir
rurgiens. On chprchoit ce qu’on appelloit des fignes
des paéles faits par .Grandier ayec le démon, & on
étoit çonyenu que i’infenfibilité de certaines parties du
corps, étoit un des plus infaillibles de ces fignes. Des
chirurgiens nommés par les juges , lui enfonçoient des
aiguilles dans la chair en cherchant ees parties infenfi-
blés ; le malheureux pouffoit des cris aigus ; cependant
on vouloit trouver des preuves d’infenfibilité, on s’en
procura* Uu de chkurge&s empfoyoh une fonde à