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France a données depuis intendâns de lès provinces,
MISS I L IA , £ m. pl. ( Hiß. anc. ) prefens en argent
qu’on jettoit au peuple. On enveloppoit l’argent
dans des morceaux de drap , pour qu’ils ne bleffaflènt
pas. On faifoit de cespréfens aux çouronrjemens. 11 y eut
deS tours bâties à cet ufage. Quelquefois au lieu d’argent,
on diftribuoit des oifeaux, des noix , des dattes , des
figues. Qn jetta aulli des déj. Ceux qui pouvoient s’en
faifir alloientenfuite fe faire délivrer le bled, les animaux,
l’argent, les habits défignçs par leur dé. L'empereur
Léon abolit ces fortes delargeflès qui cntraînoient toujours
beaucoup de défordre. Ceux qui les faifoient ,
fe ruinoient ; ceux qui s’attroupoient pour y avoir p a rt ,
y pordoieut quelquefois la vie. Les largeffes véritables,
ç eft le foulag .ment des impôts. Donner à un peuple
qu’on écrafe de fobfides, c’eft le revêtir d’une main, &
lui arracher de l’autre la peau. ( A. R .)
M l SS ON , ( Maximilien ) ( Hiß. Litt. moà. ) zélé
proteftant, dont on lifoit beaucoup autrefois le voyage
d Italie , & parce qu’on n'en avoit pas encore de
meilleur, & parce qu’il abonde en petites anecdotes
fabriques contre l’églife romaine. On a encore de
Miffbn des mémoires d’un voyageur en Angleterre , &
un petit ouvrage fanatique & polémique, intitulé : le
théâtre [acre des Cevennesoh il veut qu’on croye
à toutes les prophéties & à toutes les petites myfH-
cités frauduiéufes qui accompagnoient la révolte des
Cevennes au commencement de ce fiècle. MijTon
mourut à Londres en 1 7 z i .
5 M i t e l l a f f f. ( Hiß. anc. ') elpèce de bonnet qui
s’attachoit fous le menton. C ’étoit une coëffùre des femmes
que les hommes ne portaient qu a la campagne. On
appella auffi mitella des couronnes d’étoffe de foie ,
bigarées de toutes couleurs, & parfumées des odeurs les
plus précieufes. Néron en exigeoit de ceux dont il Tîoit
le convive. Il y en eut qui", coûtèrent jufqu’à quatre
millions de fèfterces. (A. RI)
M IT H R ip A T E , ( Hiß. rem. en Afie ) nom de
plufieurs rois de Pont : Mithridate VI. fornommé
Eupator, ce grand ennemi des romains, eft le plus
célèbre de tops. Il étoit d’un fang des. plus nobles
de l’Univers , Racine a dit :
Qu i voit jufqu’à Cyrus remonter fès a y eux,
C e qui ne feroit pas exaélement v r a i, f i , comme le
penfènt plufjeufs lavants , il defoendoit de Darius,
Hs d’Hyftafpe par Artabazane , fils aîné de Darius &
frère ainé de Xerxès ; car Xerxès defoendoit de Cyrus
par Atoffe, fa fille, line des femmes de Darius, &
ce fut la raifon pour laquelle il fut préféré pour le
trône à fon frère aîné Artabazane, qui, né d’une
autre mère, étoit étranger à Cyrus , fondateur de
l’empire des Perfes. Artabazane obligé de céder «et
empire à Xerxès & l’ayant cédé de' bonne grâce,
obtint de lui un érabiiffement lur la côte du Pont-
Euxin : de là Je royaume de Pont.
Le père de Mithridate, nommé Mithridate Ever-
gfcte, étoit le premier de fa race qui eût fait alliance
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avec les rômains. L ’avénement fe Mithridate Eupator
ou le grand, peut fe rapporter à l’an de rome 620
avant 7. C. 123. Il fut élevé par dès tuteurs perfides
qui tentèrent tous les moyens d e le, faire périr, mais
leur mauvaife volonté tourna toujours à fon avantage ;
ils lui faifoient monter un cheval farouche & indompté,
ils le condamnoient aux exercices les plus violens ôç
les plus dangereux ; il arriva de là qu’il devint le
meilleur cavalier 9 l’homme le plus robufte & le plus
adroit de fon royaume. Ils tentèrent le poifon , le
jeune prince qui s’en défioit , fe. pré eau donna par
l’ufage des contrepoifons , & feul entre tous les hommes,
dit Pline, il contraria l’habitude de prendre tous
les jours du poifon après s’être muni d’Antidotes. Il
inventa même des contrepoifons, dont un avoit retenu
fon nom.
... Des plus chères mains craignant les tra'hifons
J'ai pris foin de m’armer contre tous les poTons,
J’ai-fil par une longue & pénible indnftrie
Des plus , mortels venins prévenir la faire,
La chafTe & la guerre, dont il fit un ufage continuel,
. r a c c o u t p n è r é i i t au fàng & le rendirent féroce &
cruel autant que.hardi & vigoureux. Juftin dit d’après
Trogue Pompée, qweMithridate véçut fept ans entiers
dans les forêts , y paffant les. nuits comme les jours ,
fans entrer non-feulement d a n s , aucune ville , mais
même dans aucune maifon de p a y fa n . Quand il eut
quitté cette vie fauvage & innocente , où du moins
il ne tuoit que des bêtes , il fit mourir fès tuteurs,
fa mère, fon f r è r e . , fis fils, Tes filles, fes femmes ,
fes maîtreffes , Laodiçe fit foe u r dont il a v o i t fait auffi
fa femme , & qui lui ayant été infidèle pendant une
de fès longues abfènces, avoit te n té de Pempoffonner
à fon retour ; cependant il eft moins diffamé par cç$.
crimes que célèbre c om m e un grand r o i :
Q u i feul a durant quarante ans
Laffé tout ce que Rome eut de chefs iipportans ?
Et. qui dans l’Orient balançant la fortune
Vengeoit de tous les rois la querelle commune....^
Qui de Rome toujours balançant le deftin,
Tenoit entre elle & lui l’univers incertain;
Et qui nous plaît enfin par fa feule haine pour les
Romains, peuple conquérant, peuple aulli odieux
qu’admirable. Mithridate auffi conquérant Sf auffi
injufte qu’eux , mais moins heureux & par-là -plus
intérefîant, chercha d’abord à s?aggrand r du coté
du nord du Pont - Éuxin & vers les Palus Méotides,
mais bien-tot'tournant fes vfies vers le mid i, l’Afie
Mineure devint l’objet de fon ambition ; elle étoit
alors partagée.entre les romains & Mithridate & quelques
autres lois dont les rômair.s fe rendoient ou
les protecteurs ou les. oppreffeurs , filon les intérêts
de leur politique ; il réfolut de cfcuiffer les Romains
de l’A fie & de dépouiller ces autres rois. 11 attaqua
d’abord ceux-ci, fur que les romains prendroient
leur défenfe, non par zèle pour eux , mais pour
empêcher fon aggrandiflèment ; il parut d’abord voulofi
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ménager les romains jufqu’à ce qu’il eut formé contre
eux une ligne allez puiffante pour éclater. Tigrane,
fon gendre, Roi d’Arménie , lui fourniffoitdes troupes
, tous les rois de l’Orient étoient dans fes intérêts, f Egypte & la Phénicie fourniffoient fa flotte de pilotes
expérimentés ; tout lui réuffit d’abord , toute l’A fie
Mineure fe fournit à lui ; il fait prifonnier Oppius ,
général romain & le traîne par-tout à fa fuite , comme
les romains dans leurs triomphes traînoient les rois
vaincus à la. fuite d’un char ; ayant auffi vaincu &
pris Aqùilius, autre général,Romain, il le traita encore
avec bien plus d’outrages, il le fit charger de chaînes,
battre de verges , promener publiquement fur un
âne , attacher par une chaîne à un Baftarne d’une
hauteur démefurée', qui étoit à cheval & qu’il étoit
obligé de fuivre à pied ; il finit par lui faire verfèr
de l’or fondu dans la bouche, pour infulter à l’avidité
qu’il lui reprochoit & qu’on lui reprochoit.
De ces cruautés particulières, Mithridate s’éleva par
degrés à . des cruautés publiques. Il envoya un ordre
a tous les gouverneurs des provinces & des villes de
-fon obéiffa.ice dans l’A f ie , de maffacrer en un feul
jour tout ce qui fe trouvoit de Romains dans f Afie.
L ’brdre fut exécuté avec autant de barbarie qu’il avoit
été donné. Il èn coûta... la vie à cent raille Romains,
hommes, femmes, enfans. C ’eft un de ces grands
maffacres , une de ces horribles perfidies qui fouillent
les annales du monde, & cependant Mithridate n’infpire
point d’horreur, parce qu’il s’agiffoit des Romains.
Aipharès dit à Mithridate :
N’en attendez jamais qu’une paix fanguinaire,.
Et telle qu’en un jour un ordre^de vos mains
La donna dans l’A-fie à cent mille Romains.
Xipharès veut ici complaire à Mithridate, &. applaudir
à fa haine pour les. Romains ; mais il fèmble
que le perfonnage intéreffant de la pièce, perfôn-
nage réputé vertueux , ne devroit pas applaudir à ce
lâche affaffinat, où la foi publique eft fi indignement
trahie. Il avoit d’autres éloges à donner à Mithridate 3
6c des exploits plus glorieux à célébrer ; celui-là eft
trop infâme ; un fils n’en devoit point rappeilef la
mémoire*
Mithridate aÿant pris Stratonicée, ville de Carie,
y vit cette Monime que Racine a célébrée. Il l’aima ;
mais cet amour ne l’engagea d’abord qu a la féduire. Il
lui envoya quinze mille pièces d’or, croyant, dit Racine :
Q u ’elle lui céderoit une indigne viÇloire.
Sa vertu & fes refus n’ayant fait qu’irriter l’amour
de Mithridate, il lui envoya le bandeau ro y a l, &
l’époufa foiemriellement. Elle n’en f it que plus mal-
heureufe. n La pauvre dame , dit Am y o t , traduélion
de Plutarque , depuis que ce roi l’eut époufée, avoit
» vécu1 en. grancje déplaifance, ne faifant continuel-
» lement. autre chofè que de plorer la malheureufe
w beauté de’ fon c o rp s la q u e lle . au lieu d’un m a r i,
m lui avoit donné un maître, & au lieu de compagnie
» Conjugale, & que doit avoir une dame d’honneur,
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m lui avoit baillé une garde & garnifon d’hommes
» barbares , qui la tenoit comme prifônnière loin du
» doux pays de la G rè c e , en lieu oh elle n’avoit qu’un
>» fonge & une ombre de biens , & au contraire
» avoit réellement perdu les véritables dont elle jouiffoit
» au pays de fa naiffance. « Mithridate, vaincu par
Lucullus, craignit que fes femmes ne tombaffent au
pouvoir du vainqueur ; & les fit toutes tuer. Plus il
aimoit Monime, moins fa jaloufie pouvoit l’épargner
dans cette conjonéturê » Et quand l’eunusue fut arrivé
39 devers elle , pourlùit Am y o t , & lui eut fait com-
» mandement de par le roi,qu’elle eût à mourir ; à don€
n elle-» s’arracha d’alentour de la tête fon bandeau royal
» & fe le nouant à l’entour du-col, s'en pendit ; mais
v le bandeau ne fut pas allez fo r t , & fe rompitin-'
w continent ; & lors elle fe prit à dire : ô maudit
» & malheureux tiffu , ne me ferviras-tu point au
>j - moins à ce trille fervice ? En difant ces paroles , elle
» le jetta contre te ire , crachant delïus , & tendit la
» gorge à l’eunuque
Philopémen, père de Monime, n’avoit rien de commun
avec le fameux chef de la ligue achéenne.
Quant à Mithridate, on l’a beaucoup comparé avec
Annibâl, qu’il paroiffbit avoir pris pour modèle. X ipharès
, qui partageoit la haine de fon père pour les
Romains, pouvoit lui dire comme la choie du monde la
plus propre à le flatter ;
Rome pourlùit eti vous un ennemi fatal ,
Plus conjuré contre elle &. plus craint qu Artriibafi
Mais h o r^ e cette fttuation, peut-on juftement comparer
à cet Annibal, qui pendant dix-fept ans ravage^
l’Italie avec une. armée viélorieufe, épouvanta & preffa
Rome même , l’humilia &raffoiblit par tant de grandes-
batailles, ne laiffa enfin à fes généraux, après la bataille
de Cannes, que l’honneur de n’avoir point défefpéré de
fon làlut ? peut-on , difons-nous, lui comparer pour les
fuecès ce Mithridate toujours fucceffiveraent vaincu par
■ Sylla, par Lucullus, par Pompée; jamais heureux que
contre les alliés des Romains, tels qu’Ariobarzane, roi
de Cappadoce , & Nicomède, roi de Bithynie, ou
contre des généraux Romains de peu de gloire, & dont'
l’avantage le plus fignalé fur les Romains , fut ce lâche
& odieux maffacre qu’il en fit faire dans toute l’Afie.
Mithridate fut bien moins redoutable aux Romains par
la force de fes armes, qu’incommode & fatiguant par'
le renouvellement perpétuel de fes efforts toujours opiniâtres
&. toujours malheureux, qui l’ont fait comparer'
par Florus à un ferpent menaçant encore de la queue
iorfque fa tête eft écrafée. More anguiumdit-il, qui
oktrito caphs , podremum couda minantur. S’il eft uit
général auquel on puiffe le-comparer , ce n’eft point
Annibal, auquel il ne reflemb'.oit que par la haine de
Rome, c’eft Jugurtha, dont il avoit en effet les talens
& les v ices, & dont il eut à peu près fe fort, excepté'
qu’il fut échapper à l’humiliation d’être traîné en-
triomphe. S’il étoit poffible de dire qu’ il eft jufte-
qu’un père périffe par les complots de fis fils, on 1er
dircit de Mithridate : il avoit fait périr prefque tous1