
s’attacha à prouver qu’il avoit fait fa découverte dès
l’an 165o , ôc Hayghens n’avoit publié la fienne cju’en
1674. C’eff en'grande partie fur Je plan préfente par
Robert Kci'k'j que Londres fut rebâtie, après le grand
àncendie du 13 feptembre 1666: On a de lui des
Ejfais de Michanique, ÔC la Micro [copie', ou la Def-
erïption des Corpufcules obfervés avec le micràfeope.
Outre ces "ouvrages imprimés de fon vivant, on a
imprimé après là mqrt, un volume in-folio d’autres
ceuvres du même auteur, avec la vie à la tête. Il étoit
né en 1633 , dansl’ifle de Wight. Il mourut en 1703.
On a d’un autre M. Kooke, père du bibliothécaire
Jaâuei des Quatre Nations (en 1788), une Hiffoire
Romaine en anglois, fort eftimée. •
HOÇITAL ou HOSPITAL, (Hifl. de F r .[ U
jmalfon de YHôpltal-Choify ôc V itry, fort, à ce qu’on
croit, de la maifon de Galluci, déjà confidérable clans
le royaume de Naples, au douzième fiècle; Jean de
VHôpital fut le premier de cette maifon qui s’établit en
France au quatorzième fiècle. Son arriéré.- petit - fils,
Adrien de Y Hôpital, chambellan du roi Charles V III,
Commanda l’avant-garde de l’armée royale à la bataille
de faint Anbin-du-Cormier en 1488. Cette maifon a
produit deux maréchaux de France , frères. Le premier,
Nicolas de Y Hôpital - Vitry,' capitaine des Gardes-du-
Corps, quoique par fa naifiance ôc par fes fervices, il
lût en droit d’alpirer à tout, fut fait maréchal de France
pou? avoir tué, ou , fi l’on veut, après avoir tué le
maréchal d’Ancre; il fut fait aufii, deux ans après,
chevalier des Ordres. Il tomba dans la difgrace ; voici
à quelle occafion. Les Eipagnols en 1035 , s’étoient
emparés des iftes de Sainte Marguerite & de Saint'
Honorât; l’archevêque de Bordeaux , Sourdis , qui
iè eroyoit & que le'cardinal de Richelieu croyoit un
grand homme de mer, & leçomte d’Hàrcoun-Lorraine,
qui alloit être un des grands capitaines de l’Europe ,
chargés en 163.6, de reprendre ces Mes , ne* réu/firent
pas ; ils accusèrent de ce mauvais fuccès, le maréchal
de Vitry , gouverneur de Provence depuis 1632, qui ,
chargé de leur fournir tous les fëcours néceffaires, les
avoit mal fécondés. L’archevêque ofa le lui reprocher
en face. Vitry , non moins emporté que Parcheveqne,
lui donna vingt coups de canne , & voulut fè battre
^contre le comte d’Harcourt. A ces procédés , fe joi- -
gnirent quelques exactions & quelques violences dans
ion gouvernement I] fut arrêté le 27 oâobre 1637,
Sa mis à la Baftille, d’où il ne fortit qu’après la mort .
du cardinal de Richelieu, le 19 Janvier 1643. Il rentra
en grâce, & l’année fuivante , le roi érigea pour lui
en duché-pairie, fous le nom de Vitry , la terre de j
Château-Vilain en Champagne. Il mourut le 28 îep-
îembre 1644.
Du Halîier fon frère, fécond maréchal de France
de cette maifon , deftiné d’abord à l’état eccléfiaftique,
avoit été abbé de Ste. Geneviève , & nommé à l’évêché
de Meaux. Son inclination pourries armes l’emporta fur
les difpofitions de fa famille. Il le fignala dans la guerre
contre les huguenots , fous le règne de Louis XIII,
for-tout au fiège delà Rochelle en 1627 ôc 1628;
dan$ la guerre de Savoye, en 1631 j dans la guerre
de Lorraine en 1630. Il fut bielle au fiège de St. Ofhëf j
en 163 8. La même année il reprkle Càtelet. Il contribua,
en 1640, à la prifo d’Arras. En 1641 , il fit encore
plufiêurs conquêtes en Lorraine ; en 1643 , après s’être
oppol'é à la bataille de Rocroy, par des raifons de
prudence, il contribua beaucoup par fa bonne , conduite
, au gain de cette, bataille. Il reprit le canon dont
les ennemis s’étoient emparés ; il y fut dangereufement
bleffé. 11 eut %ceflivement les gouvernements de
Lorraine, de Champagne, de Paris il fut capitaine
des Gardes & chevalier des Ordres' du roi, ainfi que
fon frère ; il fut fait maréchal de France en 1643 > &
prit alors le nom de maréchal de Y Hôpital. 11 mou'rut
à Paris le 20 .avril 1660.
Le fameux marquis de Y Hôpital ( Guillaume-'
François ) étoit de la branche de Sainte - Mefme.
Il eff affezeonnuparfon Analyfe de/ infinimentpetits
qu’il publia en 1696 ; fils d’un lieutenant-général des
armées du roi, il fèrvit comme tous ceux de fonnom.’
Il fut capitaine de cavalerie ; mais la foibleffe de fa
v vue qui .étoit fi courte qu’il ne voyoitpas à dix pas ,
l’obligea de quitter le fervice alors il fô. livra tout
entier à la géométrie, ôc devint un des plus grands
géomètres de l’Europe. Son goût ôc fon talent pour
cette fcier.ce , qu’il communiqua même à Marie-
Charlotte de Romilley de la Chefnelaye, là femme 9
s’annoncèrent en lui dès l’enfance ; à quinze ans les problèmes
les plus difficiles , n’étoient déjà qu’un jeu pour
lui. Il mourut le 2 février 1704 , à quarante-trois ans;
Hô pital, (Michel de 1’ ) ([H ifl. de Fr. ) Qui
croiroit que ce règne affreux de Charles IX ôc de
Catherine de Medicis fà mère , rè^ne fouillé par le
crime de la St. Barthélémy, .ait été l’agé d’or dé la
ïégiilation ? La gloire en efl due à ce Chancelier dé
Y H ôp ita l, le plus grand magiflrat dont la France s’enor-
gueiliifle? Il oppofoit la puiffance des loix à la décadence
des moeurs, ôc luttoit foui contre fon fiècle;
« Le chancelier de Y Hôpital veilloit .pour la patrie,
dit le préfident Hénault ; il penfoit que la fainte -ma-
Y> jeflé des loix avoit des droits imprefcriptibles for
» le coeur des hommes, w L’ordonnance d’Orléans
(1 5 6 0 ) fut en grande partie, l’ouvrage du" chancelier
deYHôpital, ainfi que l’édit des fécondes noces (1360),
l’édit pour l’établiflèmént ' des confignations (1363) ,
L’ordonnance de Rouflillon f 1564), l’édit pour l’etablif-
fèment de la jurifdiétion des confuls ( 15.64 ) , l’ordonnance
de Moulins (136 6 ) , l’édit des mères ( 15 6 7 ) ,
& plufiêurs autres loix , monuments éternels de fà
fageffe 6c de fon amour pour l’état. Pendant tout lé
cours du règne de . Charles IX , on voit le chancelier de
Y Hôpital occupé à prévenir, à éteindre l’incendie que
des furieux allumoient dans le royaume ; il fut l’auteur
de tous les édits de pacification , & ce fut toujours
I’inobforvation de ces mêmes édits , qui fit renaître les
troubles ; toujours contredit, toujours traverfé, il ne
fè rebuta jamais ; les différents intérêts, les querelles
de religion, les divifions des grands, les fureurs de
parti , le partage ôc l’affoibliffement de l’autorité
royale étoient des obflacles prefque infurmontables au
bien que le chancelier voffloit faire ; lui fe.ul fut con£j
fejnnitnt occupé de l’intérêt pubhc, tand’S (^’autour
de lui, tout etoit emporté par le tourbillon des intérêts
particuliers. „ .
La cour de Rome perfécuta.ouvertement 1 Hôpital ,
elle vouloit détruire les proteflants , Y Hôpital vo\i\ù\t
fàuver des citoyens.. Le pape Pie IV , irrité de1 la
condamnation de la thèfe de Tanquerel, thèfe.qui lui
accordoit le droit de dépoferjes rois ôc les empereurs
hérétiques ) , irrité encore de l’oppofition qu apportoit
le chancelier à la publication du concile de Trente, ôc
de fon indulgence envers les proteflants, offrit au roi
une bulle qui permettoit l’aliénation des biens eccle-
fiaftiques jufqua la concurrence de cent mille écris, à
condition que le roi feroit enfermer le chancelier de^
l’Hôpital ôc fon ami Montluc , évêque de Valence.
La calomnie venôit à l’appui de cette perfecution.
Raynuldi ôc d’autres auteurs ultramontains , foit de
haiflànce, foit feulement de doétrine, comme Beaucàirc,
ont accufé d’irréligion Ôc d’athé'ifme le pieux ôc vertueux
Y Hôpital. Ce ne font là que des déclamations^ qui ne
méritent pas d’être réfutées. Mais on a plus généralement
accufé Y Hôpital d’un calvinifme focret, ôc le
foupçon fur cet article a é:é affëz répandu pour avoir
fait palier en proverbe à la cour cette phràfe : Dieu
nous garde de la mjfl de M. le chancelier. Le meme ■
Rayua’di accufé encore Y Hôpital d’avoir confpireavec
le préfident du Ferrier, ambaffadeur de France au
eoncile de Trente , pour rompre les liens de l’unité. Il
faut fçavoir gré au cha ncelier de s’être attiré toutes ces
Calomnies par fon zèle à défendre nos libertés Ôc à
combattre le fanatifme. Le chancelier de Y Hôpital fe
Voyant fofpeéf à la reine Mère, ôc traité avec froideur
par le ro i, prit le -parti en 1568, de quitter une cour
qui n’avoit jamais été digne de lui. Quatre ans après,
la St. Barthelcmi éclata. La rage du fanatifme alla chercher
le chancelier jufques dans la folitude où il vivoit
dans fa terre de Vigny en Beauce , entre Etampes ôc
Malesherbes. On vint lui dire qu’une troupe de gens
armés s’avançoit vers fa maifon. Si la petite ports ne N
fujfit par pour qu ils entrent, dit l’Hôpital, qitofi leur
ouvre la grande. C’étoient des furieux qui ', fans ordre
de la cour , venoient pour le tuer ; mais ils furent
atteints dans l’avenue ôc prefqua la porte, par des
•perfonnes chargées des ordres du roi. Ces ordres exceptaient
Y Hôpital de la profeription ; les' autéurs de
la St. Barthekmi voüloient bien lui pardonner de s’être
autrefois fi fou vent oppofë à leurs defl’eins. Cette modération'le
fit fourire. ƒ avais donc mérité la mort,
dit-il, <S* l’on m’accorde ma grâce ! Cette grace fùt vaine,
Y Hôpital ne put fut vivre long-temps à de pareilles
horreurs; J mourut Je 15 mars 1373 , biffant une
mémoire plus refpeétée que fa vertu ne l’a voit été pendant
fà vie. Il étp. t né à Aigueperfe , d’un médecin
qui avoit fùivi le connétable de Bourbon dans fa révolte,
ôc qui avoit été enveloppé dans fà difgrace,
Conffdéré ffmplement comme un homme de lettres,
le chancelier de Y Hôpital eût eitcore ét.é un des perfonnar
gesles plus illuftres de fon fiècle. On a de lui des harangues
&. des mémoirés fur divers points de droit public :
« parle dajas fon teflaaaem , d’un travail qu’il »voit
fait for le droit civil ; mais fes véritables titres 1
raires font fes poëffes latines ; on voit qu’il a pris pouf,
modèle , Horace dans fes fatyres ôc dans fes épures, ÔC
qu’il imite tout en lui, julqu’à f s négî-.genc. >. Seévok de
Sainte Marthe le met au-deilùs ci’Horace , Joie- h
Scaliger !e met trop au-tlefîoi.s. il nous pan î: que. la
reifemblance entre ces deux poètes eff: marqve , ÔC
.que c’efi celle qui fe trouve entre un dJciple efl mable
ôc un excellent maître. Si le chancelier de Y Hôpital
a moins de nerf ôc de précifion qu’Horace, c’ fl que
tout auteur qui égrk Sans une langue étrangère, s’occupe
principalement de la; clarté , è l emploie prefque toujours
un peu plus de "mots qu’il ne faut.
M. de Fouilly, lieutenant général de Reims , affocié-
libre-régn’cob de l’Académ-.e des Infor;,pt ons ôc Belles^
Lettres, fils&'neveu de.d ik membres diftingués da
cette Académie, a donné la vie du chancelier da
Y Hôpital, en un volum in-11.'
HORÀCE fc(Quintus*Horatiu:-Flaccus) Hifl. Rom
Horace, l’ami du bon fens ,
Ph.’lofophe fans verbiage,
Et poète fans fade encens.
C ’eff: de tous les poètes du fiècle d’Augufle , celui
qui ell le plus à l’üfage de tout le monde ôc >•. ù l’ame
trouve le plus de remède à fes maux Ôc de confoîatio»
dans fes peines. Les occafions d’en parler ôc' de citer
ou d’appliquer quelques traits de lu; , font fi fréquente*
dans ce D'éliofinaùe, qu’il reffe peu de chofes à en dire
à fon article. Toute fon hifloire eff da ;s fes ceuvres,
non feulement parce qü’en général la vie d’un hemme
.de lettres n’a guère d’autres évènements que fes p ro-
duélioas, mais parce qu’en effet, c’-ft d’Horace fui-
même qu’en apprend toute fon hiffoire ; fa patrie
( Venufe) , fa fiiite à la bataille de Phihppes , ce qui
a fait dire qu’après le courage, J1 n’y avoit rien de
plus courageux que l’aveu de la 'âch-te ; fa ter.dr-fîe ,
fa reeonnoiilance refpeclueufe ôc refpeélable peur un
père affranchi ôc fergent ou crieur public , qui avoit
tout facrifié pour lui procurer une bonne éducation ;
tout ce c/YHorace dit à ce fujet, lui fait infiniment
d’honneur , Ôc fait chérir égalera..ne le père ôc le fils^
C ’efi; aiiffi par Horace qu’on apprend la r.aiflance ÔÇ
quelques details de l’amit-é qui régna entre Mécène ÔC
lui ; Ion voit dans les oeuvres combien il étoit fier ÔÇ
flatte des fuccès que fes talents lui avoient procurés
dans le monde Ôc auprès des grands ; on y voit ccmb.eii
il aimoit la .campagne , combien -il aunoit Vanus ÔC
Virgile, combien il en étoit aimé : fur c la nous femme?
tentés j de croire que les poètes ôc les beaux-efprits de
l’antiquité , n’avoient point les foibleffès jaloufçs des
auteurs modernes; mais fi Virgile ôc Horace s’a meient ,
peut-être parce qu’ils ne travailloient pas dans le même
genre , comme parmi nous Racine ÔC Boileau , ils eu
naïffoient ôc en maltraitoient d’autres. ( Voye^Tartide
Moevius. ) Il y a beaucoup à rabattre -de la. critique
que fait d’Horace le fénateur Poco-curantc dans Candide;
mais tout n’en eff pas injufte. On fe pafferoiî fort bien
en .effet, (des injures grofffèrçs ôç dégoûtantes qu’ii<^