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fes 61s , il venait d’égorger Xipharés fon fils innocent,
pour punir fa mère coupable , & cette mèr.e maSheu-
reufe vit , du rivage oppolé du Bofphore, tomber cette
déplorable viélimé de la vengeance d’un père &. de
l’infidélité d’une mère. 11 reftoit Phamace, objet de la
prédilection de Mithridatc, &. qu’il défignoit pour fon
ïucceffeur; mais aucun fils ne pouyoit prendre confiance
en un tel père. Phamace confpira contre Mîthrîdate.
t e projet lut découvert, il alloit être guni ; l’ordre
étoit donné d’arrêter Pharnace; l’armée fe fouleva,
proclama Phamace, affiégea Mithridatc dans un château.
C e malheureux père fut réduit à demander la.
vie à fon fils, qui rejetta la prière. Mithridate défefoéré,
empoilonna fes femmes &. les fill. s , voulut s’empoi^
former lui-même, ôf. comme le dit Racine :
D ’abord il a tenté les atteintes mortelles
£)es poifons que lui-même a cru les plus fideles.
Il les a trouves tous fans force &. fans vertu.....
Auffitôt dans fon fein il plonge fon épée ;
Mais la mort fuit encor fa grande ame trompée.
J1 fe fit achever par quelques guerriers ; mais ce
«e fut pas fans avoir prononcé contre fon fils la ma-
lédiÇfipn des pères outragés.
JDiris agam vos, dira detestathf
Nullâ expiatur viQimâ.
Sa mort tombe è l’année 689 de Rome, avant
7 . C . 6 3 .
M IT O T E , f.f. Hifl. mod.') danfe fSlemnelle qui
fe failoit dans les coùrs du temple de la ville de México ,
à laquelle les rois même ne dédaignoient pas de prendre
part. On formoit deux cercles l’un dans l’autre : le cercle
intérieur, au milieu duquel les infirumens étoient
placés , étoit çompofé des principaux de la nation ;
le cercle extérieur étoit formé par les gens les plus graves
d’entre le peuple , ornés de leurs plumes & de leurs
bijoux les plus précieux. Cette danfe étoit accompagnée
de chants, de mafearades, de tours d’ adreffe. Quelques-
uns montoient fur des éckaffes , d’autres voltigeoierit &
•faifoient des fauts merveilleux ; en un m o t; les Espagnols
étoient remplis d’admiration à la vûe de ces diverti
fTemens d’un peuple barbare. (A . R.}
M1T T A , f. £ ( Hifl. mod. ) étoit anciennement une
Jffiefure de Saxe, qui tenoit 10 boiffeaux. (A . R.)
M O A B , ( Hifl. Saçr. ) né de L oth, ainfi qu’Am-
fnon, dans le .défort, après Tembrâfoment de Sodome &
des autres villes de la Pentapole, fut le père & le chef
d’un peuple nommé de fon nom les Moab'ites. Ceux-ci
habitoient à l’orient du Jourdain & de la mer morte,
lur le fleuve Arnon y dans un pays qu’ils avoient conquis
fur les géans Enacim, & que les Amorrhéens reprirent
dans la fuite en partie for les Moabites. ( Gén'efe,
çhap. ig & ailleurs. )
M O A T A Z A L 1T E S ou M U T A Z A L ÏT E S , (H J .
Turq.) nom d’une feéle de la religion des Turcs, qui figni-
faefépqrés 9 parce qu’ils firegtyne efpèce de fchifme ayee
M O D
les autres fefles, ou parce qu’ils font divifés d’ elles dani
leurs opinions. l!s prennent le titre de tunité & de la juf-
tice de D ie u , & difont que D ieu eft éternel, fage , puik
Tant, mais qu’il n’eft pas éternel par fon éternité, ni Tage
par fa fageffe , & ainfi de les autres attributs, entre
leiquels ils ne veulent admettre aucune diftiriclion, de
peur de multiplier Teffence divine. La lèéle qui leur eft
la plus oppolée , eft celle des Séphahtes, qui foutiennert
qu’il y a en Dieu plufieurs attributs réellement diflnv»
gués, comme la fageffe, la juftice, &c, Rieaut de l’Empi
ottum, (A. R.)
M O A V IA S , ( HIß. des Califes. ) général du Calife
Othman, connu pa, des çlelh ud ons^ en.r’autres par
celle du coloffe de Rhodes, ouvrage memoiable de
Çharès. Moavias le fit bnfor , & en fit porter les morceaux
à Alexa.id. ie fur neuf cent chameaux. Mort
en 68o.
M OCEN IG O - ( H:fl. de Vénifle.) Ç ’ eft le nom
d’u .e mailon illulbe chez lés Véniééns Ôç qüi a donné
à Vemfo piufieurs Doges cé’èbres, & plufieurs citoyens
utiles : i°. And ,é Almnigo qui v- yoit u n i 522,
fut "employé dans les plus g and-s affaires par fa république
, qui eut à fo louer de ton zélé & de fes talens*
Il a laiffé deux morceaux d’h iftoire, Tun en latin :
De hello Turcarum ; l’autre en italien-: La guerra di
Cambrai. Ce dernier ouvrage n’a pas été inutile à
l’Abbé Dubos pour la compofition de fon hiftoire
de la ligue de Cambrai.
2.0. Louis Mocenigo, nommé D oge en 1570. Lorfque
les Turcs eurent pris Tille de Ch ypre, ce Doge fo
ligua contre eux avec le pape & le roi d’Efpagne, &
ce fut alors que ces trois puiffances gagnèrent la célèbre
bataille de Lepante, le 7 oêlobre 15 7 1 . Louis Mocenigo
mourut en 1576. Son gouvernement avoit été agréabl®
à là patrie, 8t brillant aux yeux des étrangers.
3°. Sébafüen Mocenigo, un des defoendans de Louis,"
élu Doge le 28 août 1722 j après avoir été provéditeur
•général de la m e r , gouverneur de la Daîmatie &
commiffaire de la république, pour régler avec les
commiffaires Turcs les limites des deux états. Mort
en 1732.
M O D E L ,' ( Hifl. Litt. mod. ) médecin & lavant
' A llemand, établi en 1737 en Ruflie , ou il eut la direction
des apothiçaireries impériales, mort à Pé-
tersbourg le 2 avril 1775 > a Pu^ ‘^ plufieurs ouvrages
qui qnt été traduits en françois par M. Parmentier,
fous le titre de Récréations phyfiques, économiques
& chimiques.
M OD EN E. Voyc^ Est.
M O D IM P E R A TO R , f. m. ( Hifl. anc. ) celui qui
défigrtoit dans un feftin les fantés qu’il failoit boire ;qui
yeilloit à ce qu’on n’enivrât pas un convive, & qui
prévenoit les querelles. On.tiroit cette dignité au fort.
Le modimperator des Grecs s’appelloit fympçfiarque ; il
étoit couronné. ( A . R. )
M O D IO L U M , f. m. ( Hifl. anc. } elpèce de bonnet
à l’ufage des femmes grecques. Il reffembloit à un
petit feau. ou à la mefure appellée modiolus. (A . R .)
, M O D IQ U E
M O H
M O D IO LU S , f. m. ( Hifl. anc. ) c’étoit la quamè-
tne partie du modius. C ’étoit auffi un vaiffeaila b oire,
& un (eauàp’uifer de l’eau. C'eftla configuration qui
avoit raffemblé ces objets Cous une meme deiiomina-
tion. (A . R.")
M ODIUS , f. m. ( Hiß. anc. ) mefure antique qui
fervoitè meforer les chofes sèches, & tous les grains chez
les Romains ; elle contenoit trente-deux hemines ou
feize fetiers , ou un tiers de tamphora ; ce qui revient à
un picotin d’Angleterre. Il a huit litrons, mefure de
Paris. {A. R. )
MOEBIUS. ( Hifl. Litt. mod. ) C ’éft le nom de
deux favans médecins allemands, père &L fils, tous
deux ayant pour nom de baptême Godefroy. Lé père
& beaucoup écrit fur diverfes parties de la médecine.
Ü mourut en 1664.
C ’eft auffi le nom d’un .théologien Luthérien ,
(G e o r g e ) mort en 16 9 7 , auteur d’un TraitéÂe
îorigine'de la propagation & de la durée des oracles
des payais , contre Vandale, Le père Bakus s’en eft
fervi contre M> de Fontenelle.
. MOENIUS , ( Caïus ) ( Hifl. Romaine.. ) confol
fomsin, 11 attacha autour de la tribune aux harangues
lus becs $L les éperons des navires qu’il avoit pris
à la bataille'd’Antium , Tan 338 avant J. C . , & c’eft
ce- qui a fait donner à la tribune aux harangues ie nom
deRoflra. . ■ -
Horace, dans la fàtire quinzième du livre premier,
parle d’un Mtcnius-, fameuxdiffipateur.
Moenius. ut rebus materais atque pat émis
Fortiter abfumptis , &c.
Ayant*mange tout fon bien, il vendit aux cenfours une
maifon qu’ila'yohudans .la place publique, & ne-s’ên
refer va qu’une colonne fur le haut de laquelle il pratiqua
une. loge pour voir les jeux. Moenius columnam
çum exciperet, dit Lucilius.
>Ce Moenius étoit auffi renommé & redouté pour
•fes médifances. ' ’■ ’
Quoelibet in quemvis opprobria fingere foevus ,
dit Horace dans l’endroit cité & dans la troifième fàtire
■ pn livré premier,
Moenius abfentem Novium cum carperet heus I tu
Quidam ait, ignoras te an ut ignotum dare nobis
Veria putas ? egomet■ mi ignofeo , Mamïtis inquit,
, Stultus & irnprobusMc amor efi dignufque notari.
, ,MOESTLI,N , ( Michel ) (Hifl. Litt. mod. ) mathématicien
célébré qui découvrit le premier la raifon
ne cette ioible lumière quiparoît fur la lune lorfqu’elle
eit renouvellêe ou lorfqu’elle eft près de l’être mort
a Heidelberg en 165®.
. M OH O CK S ou M O H AW K S , ( Hifl. moi. ) c’eft
ainli qu on nomme une nation de fauvages de l'Améri-
feptentnonale, qui habitent fe nouvelle Angleterre.
flaire. Tome III, 6
M O I jgft
Ils ne fe vétiffent que des peaux des bêtes qu’ils tuent 3
la chaffe, ce qui leur donne un afpeél très-effrayant ; il»
ne vivent que de pillage & traitent avec la dernièr®
cruauté ceux qui ont le malheur de tomber entre leur»
mains, mais ils ne fon t, dit-on, rien moins que braves %
lorfqu’on leur oppofe de la réfiftance ; on affure qu’ils
font dans Tufage d’ enterrer tout vifs leurs vieillards, lorfi
qu’ils ne font plus propres aux brigandages & aux ex*
péditions. En 1 7 1 2 , il s’éleva en Angleterre une troupa
de jeunes débauchés qui prenoient le nom de mohocks
ils parcouroient les rues de Londres pendant la nuit, <5c
faifoient éprouver toutes forces de mauvais traitemens
à ceux qu’ils rencontroient dans leurs cour fes nocturnes*
( J .R . )
MOINE. ( le ) ( Hifl. mod. ) divers perfonnageé
ont iiluftré ce'nom de le Moine...
i° . Le Cardinal le Moine, ( Jean ) évêque de M eaux*
qui a fondé à Paris, rue S Vi&or, le collège de fon
nom. C ’étoit un célèbre Ultramontain, digne m’niftre
du pape Bonifàce V I I I , qui Tenvova légat en France
Ta*- 1303-, dans le cours de fes démêlés avec Philippe*
le-Bel. Il mourut à Avignon en 1313. On a de lui un
commentaire fur les décrétales: -
2°. Etienne le Moine, miniftre proteftant, auteur du
Varia facra. On lui doit la publication du livre de Nïlus
Doxop,itrms touchant les cinq, patriarchats. Morgen
1089.
3°. .Pierre le Moine, Jéfuite , auteur du poëme de
S. Louis, & de quelques autres ouvrages moins connusj
Defpieaux difoié de lui : Il eft trop fou pour que fern
dife du bien; il efl trop poète pour que f en dife dit
mal. Son poëme feroit une preuve de Tun & de l’ autre*
Il ne feroit que trop ailé d’en tirer une multitude de
mauvaifes épigrammes, de penfées puériles, de traits
fofcés, de vers gothiques ; mais le P. le Moine a quelque»
fois tiré parti fort ingénieufoment de certaines circonstances
hiftoriques, relatives à fon fujet. T o u t le monde
çonnôît ce conte vrai ou faux rapporté par tant d’hifto*
riens que le Vieux de la Montagne avoit fous fes"
ordres une multitude d’affaffins qu’il envoyoit en différentes
contrées égorger les rois & les princes qu’il leur
défignoit. II en en vo ya, dit-on, deux en France pour,
tuer St. Louis ; mais depuis, touché de la vertu de ce
grand r o i , il fo hâta de le contremander, & en attendant
qû’on les eût trouvés, il fit avertir le roi de
prendre garde à lui. V o ic i comment le P. le Moints
déguife & embellit ce fait r
A u milieu d’un tournoi que donnoit S. Louis enf
réjoüiffance-de la prifo de Damiette, parut tout-à-coup
un chevalier inconnu qui portoit dans fes. armes deux
haches en.fautoir for des têtes, de rcis; il demande à
courir contre fix des plus braves de l’armée, qu’il ren-
verfo tous. Enorgueilli par ces fuccès, il demande U
courir contre le roi lui - même , qui veut bien y.
çonfontir. L ’inconnu prend pour ce combat :
Un pin noueux & vert •
Armé d’un long acier fous Técorce couvert«
C ’étoit violer les Ioix des tournois qui n’admettoienf
E- e e e