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«les.titres l:s plus ridiculement pompeux, &. chez leurs
Terviteurs les noms les plus humbles. Les bachas du
grand-feigneur s’intitulent .-fes efclaves ; & Thamas
Kouli Kan , qui de nos jours a fait crever les y eu x à
Thamas fon maître, ne s’appelloit que ion dcluve,
.comme ce mot même Kouli le témoigne.
-Ces mammducs étoient les maîtres de l’Egypte depuis
nos dernières croifades. Ils avoient vaincu & pris
faint Louis. Ils établirent depuis ce,temps un gouvernement
qui n’eft pas d lièrent de celui d’Alger. Un roi &
vingt-quatre gouverneurs de provinces étofeut ohoifis
entre ces foldats. La möllerte du climat n’artbiblit point
cette race guerrière, qui d’ailleurs fe renouvellent tous
les ans par Taffiuence des autres Circafles , appelles
fans celle pour repnplirce corps toujours fobfiftant de
.vainqueurs. L’Egypte fut ainfi gouvernée pendant environ
deuxçent foliante ans. Tomjin-Béy fut le dernier
roi mammeluc; il n’eft ^célébré que par cette époque,
&L par le malheur qu’il ept de_tomber entre les mains
"de Sélim. Mais il mérita d’’être connu p^r une ûngu-
laçité qui nous paroît étrange.., & qui ne Té toit pas chez
les Orientaux , e’eft que le vainqueur lui.confia.le gouvernement
de l’Egypte dont il lui ayoit ôté la couronne.
Toman-Bey, de roi devenub3cha,eutle fortdèsbaehas,
il ,fut étranglé .après quelques ^inois de gouvernement,
Air.fi finit- la dernière dynaftie qui ait régne en Egypte. '
jC ftpavs devint, par la conquête de Sélim en i-$ .ty, une
province de l’empire turc, çomme il i’cft encore, {£>.. J,)
MAMURRA, ( Hiß. Rom. ) chevalier romain ,
qui fervoit fous Céfàr, dans les Gaules , en qualité
d’intendant des machinés; Céfar n’én parle pas, &
.on ne le connut que par ce qu’en ont ait Cicéron ,
Catulle &Plineie Naturalifte. Ce n’eft pas le connoître
avantageufe.ment. Çicpron, dans lès lettres à Atticus,
parle des richeftes acquîtes clans les’ Gaules par Mà-
miirra , comme d’une ciiofe odieufe. Catulle s’indigné
aufli de ces fcapdaleufes richeffesj
Quis hoc poteß vide/e 9 quis poteß paß
N i f i impuaicus , & vopax, & helliip ,
' Mcmurram habere quod comata G allia ,
Habe bat omnis ultima & Britannia ?_&c.
Jplîne , liv. y '), èhap. 6 , de fon Hiftoire Naturelle ,
parle du luxe , de la prodigalité de ‘Mamurra de fa
dêpenfe éxeeflive qu’il fit à Rome , dans,une maifön
•fifiiée fur le mont Ccelius. Il 1a fit incruftef de marbre
eii-dêdans & en-dehors ; toutes les colonnes' étoient
d’un marbré thé des carrières de Câryftos 'dans l’île
.d’Eubée 3 ou des carrières de Luna \ ville dë Tofcane,
voifirte de la Ligurie. Il fut lé premier romain qui
donna l’exemple! ’ de cè farte ruineux. ! <
Horace parle de-la vHle des Mamurra i
In Mamurrarum lajfi deindè urbe manemus.
Cette ville des Mamurra eft For mies, ville du Latium,
IvôTmé de la Campanie ,'dont la famille 'des Mamurra
étoit originaire.
M ANAH, {Hiß. ancienne) idole adorée par les
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a n c ien s arabes idolâtres. : c’étoit une greffe p ie r r e
à qui l’on ortVoit des facrificcs. On croit que cMVU
mêaiechofe que Ment, dont parle le prophète I fa ïe ;
d’autres croyent q u e c’étoit une conft.lla.tion. (A. RI)
MAN.ASSÈS eu MANASSÉ {Hifi. Sacr.) deux
perfonnages .de c e nom .fo n t célèbres dansTEcriture-
Sainte. L’un fils’aîné de^Jofeph & d’i^fenet h , chef de la
î r ib u de fon nom. Il en eft parlé aux. chapitres 46 ÔC
48 de h1. Genèfo, J
L’autre roi de Juda, fils indigne .du pieux Ezécliiag.
Son hiftoire tft rapportée au quatrième livre des rois,.,
chapitre 21 & au livre . fécond des Paralipomènes^,
chapitre 3 3. Il fit périr le prophète Ifaïe, âgé de plus de
;ceilt ans.
-MAMCA, f. £ {Hifi mod.yètoit autrefois -une ..pièce
qiiarrée d’or , eftimée communément 30 fols ; màncufi
■ étoit autant qu’un marc d’argent. Voyeyles loix de Canut ;
on Tappelloit maneufa , coïnme manu cufii. (A. RI)
MANCINI, (Hifi. mod. ) ancienne maifon romaine,
elle ne figure en France que depuis le cardinal Mazarln.
Elle séft prefoue toujours diftinguée par l’amour des
l e t t r e s . ' ‘
Paul Mancini, baron Romain, fut l’inrtituteur de
l’académie des Humoriftcs ; il vivoit en 4600. '
Son fils aîné, M;chd-Lau’rent Mancini, epoufa Jéro-‘
nymc-Mazarin', feeur du cardinal.
De.ce majuage nâqiîireùt toutes ces belles Mancim)
fi^célèbres à la cour de Louis XIV , par leur figure, par
leur efprît , par leur éclat, par Uurs intrigues,_pàr
leurs fuccès, par leurs.difgi^ces ; la.connétable Colonne,
qui avoit penfé epoufer Louis XIV.’ & dont rhiftoiré
eft le fuj’et de la tragédie de Èérénice ; îa çointeffe de
Soifibns, inère du prince Eugène ; la duchéffe de Ma-
■ zarîn, tant'célébrée p'ar Saint-E'èré*nont; la duchefle
de"Bo.utHon , leur feeur aînée ;îa duchefTe de Véndeme;
Elles efirent auffi phjîieurs'frèrés : i°. lé comte de
Mancini, tué au combat de Saint-Antoine éri 1657 ;
un abbé de M a n c in i , tué malheureufement au .college
: en jouant avec fes compagnons d’étude; un autre mort
jeune ; le feul qui ait vécu a été lé. duc de Ne vers, Philippe
Julien Mzzznm-Mqjicini ? fi .connu par fon ef?
p r i t p a r fon goût pour .lès .lettrés, par fon talent pour
la poëfié, .par Tes démêlés avec Racine'au fujet de
Phèdre & du Sonnet de Madame Deshoulières contre
cette pièce, fonnet qui fi.it mâl-à-prôpos attribué au due
de" Ne vers.
Ce duc de Nevers étoit Tayeul de M. le duc de Ni-
vernçis'qui réunit tout ce qu’il y a jamais eu dans la
maTon d’efprit, de grâces , 'de talons, & qui joint à tous
les agrémens de l’homme de.eoùr le plus aimable,les
lumières & -la capacité d’un homme d’état.
MÂNCOïCAPAÇ., {Hifi du Pérou.) fondateur^
législateur &L premier Inca de l’empire du Pérou ; û
‘pajroît qu’il fit adorer aux Péruviens, fous le nom de
Pachacamac, le D i e u Suprême, créateur & confer-
vateur de Tuniver^, ç’eft même à peu près ce que lignifie’le
mot Pachaçamac. Mais ce Dieu eft invifible-, il
crut qu’il, falloit au peuple un Dieu vifible , il lepn
‘donna le fpleil ; & , pour participer à la divinité de cef
M A N
ttfire, ilfe dit fon fih. Bientôt les Péruviens furent les
*nfans du foleil; fitués fous la ligne & aux environs,
ils reffentoient plus vivement fes influences, ils étoient
donc, la nation chérie &. favori fée de ce Dieu. Delà
ce culte du foleil, le plus raifonnable de tous les cultes
idolâtres, & qui eft indiqué par les fensà ceux à qui
la fagefle éternelle n’a point parlé,.
MAND, ( Hiß. mod. Ccmm. ) efpèce de pcids ufité
dans llndoftan, & qui varie dans les d fiérentes provinces.
A Bengale le manâ eft de 76 livres, à Surate
il eft de 37 livres \ ; en' Perlé le mand n’cft que de
6 livres. (A. R.)
MAND AJORS ( J ; an-Pierre des Ours de, ) ( Hiß.
Litt. mod. ) né à Alais en Languedoc le 24 juin 16.7p »
étoit fils, du bailli général du comté d’Artois. Il fut
reçu à l’académie des inforiptions & belles-lettres en
1712. Il fit imprimer en 1732 une Hifloire critique du
Languedoc. Il y a de lui plufieurs mémoires dans le
recueil de l’académie, entr’autres un fur la marche
d’Annibàl dans les Gaules; des recherches'fur les ar.-
ti uites de la ville d'Alais là patrie, &C. Ceft lui qui
eft l’auteur de i’mlcription placée fous la ftatue de
Louis XIV. à Montpellier : à Louis XIV. aprèsJa mort.
M. de Mandajors mourut en 1747 dans la foixante-
neuvième année~dMbn âge.
MANDANE, {.Hiß. anc. ) fille d’Aftyage, roi des
Modes, feeur de Cyaxare, femme de Carhbyfe, roi des
Perfes, & mère de Cyrus. ( Voycp les articles : Aßyage,
Cyaxdre & Cyrus. )
Mand ânes eft le nom d’un philofophe Indien, qui
fe moqua de la divinité d’Alexandre, & qui refufa de
fe. trouver au banquet oh ce prince devoit déclarer
cette divinité & reconnaître Jupiter pour fon père.
Alexandre Tavoit invité foLmnëllement par des am-
baffadeurs qui n’épargnèrent pour l’engager à la comptai
lance, ni les promeifes ni les menaces. Les promcjjes,
leur dit-il , ne me tentent pas, je fais vivre de ce que
j ’ai. Les menaces ne ni épouvantent pas, je fais mourir.
MANDARIN , f. m. ( Hiß. mod. ) nom que les
Portugais donnent à la noblelFe & aux magi-ftrats, &
particulièrement à ceux de la Chine. Le mot mandarin
eft inconnu en ce lèns parmi les Chinois, qui, au lieu
de cela, appellent leurs grands & leurs magiftrats quan,
ou quan-fu, ce qui fignifie ferviteur ou miniflre .d’un
prince. Il y a 3 la Chine neuf fortes de mandarins ou
dégrés de nobleffe qui ont pour marque divers animaux.
Le premier a une grue, pour marque de fon rang;
le fécond a un lion.; & le troifième a un aigle ; le
quatrième a un paon, &c. U y a en tout 3 2 ou 33 mille
mandarins ; il y a des mandarins de lettres & des
mandarins d’armes. Les uns & les autres fubiflent plusieurs
examens ; il y a outre cela des mandarins civils
ou de juftice. Depuis que les Tartares fe font rendus
maîtres de la Chine, la plupart des tribunaux font
mi partis, c’eft-ft-dire , a.u lieu d’un préfident on en a
établi deux, l’un tartare & l’autre chinois. Ceux de
la fèâe de Confucius pnt ordinairement grande part
.0 cette diftinéiion. Dans les gouvernemens qu’on leur
Sonfie, & qui font-toujours éloignés du lieu de leur
Hiftoire. Jom III.
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nalftance,pour éviter les injuft'ces que Ta mit é ,1a proximité
du lang pourroént leur faire commettre, ils ont
tm vafte & riche palais; dans la principa’e falle eft
un lieu élevé oh éft placée la ftatue du roi, devant
laquelle le mandarin s’agenouille avant que c*e s’affeoir
fur fon tribunal. On. a un fi grand refpecl pour les
mandarins qu’en ne leur parie qu’à genoux; 1« s voyageurs
vantent fort leur intelligence &. leur é. uité. Le
mandarinat n’eft pas héréditaire , & l’on n’y élève que
des gens habiles. {A . R.)
MANDE5L0 (Jean A ’bert,) {Hiß. Litt, modi )
Allemand qui voyagea en M-:feovie, en Perfe, aux
Indes. On a une relation de fes voyages, traduite par
Wicquefort.
• MANDLVÎLLE ( Bernard de ) ( Hiß, Litt. mod. )
auteur de la Fable des Abeilles & des Penfses libres
fur la religion, & beaucoup plus connu par ces ouvrages
, mis au rang des livres impies , que par fes
Recherches fur l’origine de ihonneur & fur l’utilité du
Chrifiianifine dans La guerre; ouvrage ou il fomble
revenir fur diverfes idées hazard.ées dans les précéd-ms,
Mandeville éto't un médecin hollandois, il mourut à
Londres en 173 3.
Un autre Mandeville ( Jean de ) msdec’n anglois
du quatorz;ème fiècle, voyagea en Allé & en Afrique,
& compofà une relation de fes voyages, qui eft im*.
primée. Mort à Liège le 17 Novembre 1372.
MANDIL, f. m, ( Hifloire moderne) nom d’une
efpèce de bonnet ou turban que portent les Ptrfes#
Le mandil fe forme premièrement en roulant autour
de la tête une pièce de toile blanche, fine, de
cinq à fix aunes de long , en tournant enfuite fur
cela & de la même manière , une pièce de foie
ou éçharpe de la même longueur , qui fouvent eft-
de gran d prix. Il faut, pour avoir bonne grâce , que
l’écharpe foit roulée de telle forte que fes diverfes couleurs
, en fe rencontrant dans les difïérens plis, fartent des
ondes, comme nous voyons furie papiermarbré. Cet ho
billement de tête eft fort majeftueux, mais très-pefant :
il met la tête à couvert du grand froid Si de l’ardeur ex>
ceflïve du foleil. Les coutelas ne peuvent entamer un
-mandil ï la pluie le gâteroit, fi les Perfes n’avoientune
efpèce de capuchon de gros drap rouge dont ils couvrent
leur mandil dans le mauvais temps, La mode
du mandil a un peu changé depuis quelque temps ;
pendant le règne de Scha-Abba 11. le mandil étoit rond
par le haut; du temps de Scha-Soliman, on faifoit
fortir du milieu du mandil &L par defius la tête un bout
de l’écharpe ; & récemment fous le règne de Scha-
huflein, au lieu d’être ramafle, comme auparavant,
on Ta porté pluTé en rofe, les Perfans ont trouvé que
cette nouvelle forme avoit meilleur# grâce ; & c’eft
ainfi qu’ils le portent encore,
MANES, ( Hiß. Eccléf. ) Héréfiarqne du troifième
fiècle..Ceft de fon nom que s’eft afiez mal & allez
mal-à-propos formé le nom du JManiçheïfme ou héré-
fie des Manichéens pu des deux principes ; erreur aufli
ancienne que le monde. Des écrivains e.ccléfiaftiqùe§
nous difent grayement que c’eft Théréfie qui a duré 1^
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